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Critiques de Kéthévane Davrichewy (345)
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Quatre murs

Quatre murs, quatre frères et soeurs dont la maison de famille de Sommanges a bercé l’enfance et forgé des liens inaliénables. Mais le deuil du père et la vente de la propriété semblent casser cette unité. On pourrait dire que le père était le toit de la maison, et que, ce toit envolé, les quatre murs menacent de se désolidariser, de s’effondrer. Les deux aînés ne se parlent plus, le cordon qui reliait les jumeaux qui les suivent a bel et bien cassé.



Au fil de ce récit polyphonique, l’enfance resurgit, avec ses images, ses parfums, ses émotions parfois violentes, l’amour fraternel poussé à l’intime, presque à l’impudique. L’enfance et le rude passage à l’âge adulte, marqué par l’accident qui a bouleversé la vie de la fratrie. Que sont alors devenus Saul, Hélène, Elias et Réna ? C’est dans la maison de substitution, en Grèce, la maison de l’aîné, que les noeuds pourront se dire, se dénouer peut-être.



Chez Kéthévane Davrichewy, tout est d’abord suggéré, ce n’est qu’à petites touches sensibles, tantôt douces tantôt douloureuses, que se révèle le drame qui a marqué cette famille. La maison joue évidemment un rôle important, et surtout, le changement, le passage d’une maison à l’autre, de la France aux racines grecques de la famille, même si la valeur symbolique de ce passage est seulement suggérée.



Je ne sais si ce roman me restera longtemps en tête, mais j’en ai apprécié la finesse et la sensibilité.
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L'autre Joseph

Un titre intrigant avec un bandeau qui en accentue l'effet, un contexte historique prégnant, un livre qui avait l'art de se faire remarquer sur son présentoir de librairie, autant d'appâts pour que je le choisisse et pourtant je suis passée à côté de cette lecture. L'auteure qui relate l'histoire de son arrière grand-père, Joseph Davrichewy, a adopté une posture factuelle et distante. Le personnage n'est sans doute pas simple à appréhender. Né en Géorgie, à Gori, à la fin du XIXème siècle, il évolue dans l'environnement proche d'un autre Joseph, ayant pour nom Djougachvili, autrement dit, Staline mais que l'on surnomme dans son jeune âge "Sosso". Les deux enfants sont rivaux d'autant plus que Joseph accepte mal l'intérêt tout particulier que son père Damiané, préfet de Gori, accorde à Sosso. La ressemblance entre les deux Joseph alimente les rumeurs. N'auraient-ils pas le même père ?

Aux bagarres de l'enfance succède une forme de concurrence entre les deux jeunes hommes gagnés par le sentiment révolutionnaire.Ils rêvent d'une Géorgie indépendante, libérée du joug tsariste et de la russification forcée. La révolte couve dans les rues de Tiflis où Joseph étudie en compagnie d'un certain Lev Rosenfeld, le futur Kamenev.

Inquiet car il le sait repéré par la police du tsar, Damiané expédie son fils à Paris. Dans le quartier latin, Joseph retrouve alors une communauté d'étudiants russes, militants marxistes pour certains ainsi que des réfugiés politiques, une diaspora à laquelle en succèdera une autre, après 1917. S'il fréquente ces milieux révolutionnaires, Joseph reste cependant assez confus sur ses motivations intimes. N'est-il pas porté par une tendance plutôt que véritablement convaincu ? Que vaut son engagement en comparaison de celui de Sosso qui se fait appeler désormais Koba, dont la réputation est grandissante après son évasion de Sibérie ? La révolution de 1905 donne l'occasion aux deux hommes de se réunir autour d'un même combat sans que la méfiance entre eux ne s’estompe.

L'auteure nous fournit des éléments précis sur cette révolution somme toute assez méconnue. Elle ne nous parlera pas de l'autre, celle de 17 car son arrière-grand-père n'y a pas participé. Traqué, désabusé (c'est ce que je pense avoir compris), il s'exile définitivement pour la France.

Ce livre est bien documenté, précis, honnête mais il m'a tenue à distance et même m'a parfois ennuyée, justement en raison de ce côté informatif. Pour faire simple, j'attendais sans doute plus de romanesque (et moins de faits) mais l'auteure pouvait-elle se permettre une autre voie étant donné les balises imposantes que représente de part et d'autre l'ancrage à la fois historique et familial ?

J'ai cependant apprécié les passages où l'auteure analyse ce que cet arrière-grand-père mythique représente pour sa descendance. Dans ces aspects plus intimes, l'émotion se libère et là, j'ai eu la sensation de lire un roman.




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L'autre Joseph

Dans La mer noire, Kéthévane Davrichewy nous a émus en mettant en scène sa grand-mère maternelle géorgienne exilée en France. Après quelques romans moins ancrés dans la mémoire familiale, elle revient en ce début d’année avec l’histoire de son arrière grand-père paternel, né à Gori en Géorgie. Joseph Davrichachvili, fils de Damiané, préfet de Gori a partagé sa jeunesse avec un autre Joseph, Joseph Djiugachvili autrement dit Staline.

Deux garçons idéalistes, bercés par les histoires de brigands caucasiens qui les enracinent dans un pays qu’ils auront à cœur de défendre contre la russification, mais rivaux surtout dans le cœur de Damiané.

Pour la protéger d’un mari violent, Damiané a pris la mère de Staline (appelé Sosso dans son enfance) à son service et s’occupe souvent de l’éducation du jeune garçon. Les attentions de Damiané, les ressemblances physiques entre les deux garçons font courir les rumeurs.

Très vite, les deux jeunes garçons s’adonnent à la violence dans des jeux de lutte, au vagabondage, s’organisent en bandes rivales.

» En Karthli, les bandits sont à l’honneur. Hors-la-loi, ils s’opposent aux coutumes de l’administration russe, si différentes de celles de la population locale. »

Lorsque Joseph part au collège à Tiflis chez son oncle, il se lie d’amitié avec Lev Rosenfeld ( le futur Kamenev du triumvirat soviétique), jeune garçon timide malmené mais très érudit. Pendant ce temps, Sosso est au séminaire, lui aussi à Tiflis.

Les deux adolescents se croisent régulièrement, se toisent.

Choqué par les injustices ou influencé par un professeur d’histoire qui sera d’ailleurs renvoyé, les deux garçons s’engagent rapidement dans les mouvements révolutionnaires du Caucase.

» On ne laisse pas une jeunesse se faire, on fait la jeunesse. »

Abandonnant le séminaire où l’autorité veut le transformer non seulement en prêtre mais surtout en russe, Sosso remplace la religion par le marxisme. Il crée le mouvement Koba, sera déporté en Sibérie en 1903.

Joseph a plutôt la volonté de défendre son pays. Son père l’envoie à Paris pour suivre ses études. » Moi, je voudrais simplement faire quelque chose pour la Géorgie, qu’on y vive mieux, qu’on nous laisse être géorgiens. »

Toutefois, lorsque le tsar Nicolas II accorde la Douma aux peuples de l’Empire en octobre 1905,les deux Joseph forment chacun leur milice, organisent vols d’armes et rackets. Staline est plutôt un organisateur de l’ombre alors que Joseph s’engage sur le terrain et devient un renégat, accusé de pillage à main armée.

» L’héroïsme se transforme en crime, et le crime en héroïsme selon la comédie que jouent les hommes, dira Joseph à Guivi lors d’une ultime virée parisienne. Une seule chose reste intacte, c’est la valeur de l’homme qui se bat pour un idéal. »

Expulsé en Suisse, Joseph repart à Paris, abandonne Aneta ( arrière grand-mère de Kéthévane) vit de petits boulots, perd sa fierté et son amour propre jusqu’à ce qu’il s’engage dans l’aviation.

Il refusera de rejoindre Staline en Russie.

» Craignait-il Staline? Il est évident que la destinée de son camarade a forcément pesé sur toute sa vie. »

C’est bien après la mort de son père, très proche d’Aneta, que Kéthévane prend conscience de cette part d’ombre de Joseph dans la vie de son père. Lors d’un salon du livre sur l’île de Ré, une coïncidence veut que Charles Aznavour lui parle de Joseph.

» Il n’y a plus personne pour répondre à mes questions, je ne peux qu’inventer les réponses et faire de sa vie un roman. »



Un roman qui nous apprend beaucoup sur la situation en Géorgie au début du XXe siècle mais qui, restitué sous la forme d’un récit à la troisième personne, entrecoupé de chapitres sur le travail de l’auteur, n’a pas la sensibilité et l’émotion de La mer noire, mon roman préféré de l’auteur.



Avec son talent d’écrivain, Kéthévane Davrichewy ne pouvait passer à côté d’un tel héritage et nous priver de cette vision inédite et romancée de la jeunesse de Staline en rendant un bel hommage final à son pèr
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Les séparées

Ce titre a été choisi en raison de mon vécu.

Une amitié peut se briser aussi facilement que l'amour.

Les propos de cette auteure sonnent justes.

Le déchirement et l'éloignement des deux protagonistes sont le résultat des aléas de la vie, des non-dits et bien des malentendus
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Les séparées

Ayant eu un coup de cœur pour La Mer Noire, je ne pouvais qu’ouvrir ce nouveau roman de Kéthévane Davrichewy. Cela ira mieux en le disant tout de suite, les thèmes entremêlés du premier me parlaient davantage, et je suis un peu déçue, mais il n’est pas si courant de voir abordé celui du désamour amical dans des romans. C’est un sujet peu traité, du moins parmi mes lectures, voilà donc ce qui a su attiser ma curiosité.

La trame du livre est faite de sauts temporels, de 1981 à 2011, puis la fin des années 70 et le milieu des années 2000. Il n’y a aucune difficulté à suivre cet enchevêtrement, presque davantage à différencier Alice de Cécile et vice-versa, tant elles sont comme deux facettes d’une même personne. L’une vit dans une famille éclatée, l’autre dans une fratrie de trois sœurs, mais dès lors qu’elle se sont retrouvées au collège, rien ne semble devoir les séparer.

Pourtant, les passages contemporains nous montrent les deux femmes éloignées l’une de l’autre, et même brouillées irrémédiablement. Cécile dans le coma, après un accident, et Alice peinant à tenir debout à la suite d’une rupture avec son compagnon de longue date.

On aurait pu craindre que l’auteur n’épilogue sans fin sur les raisons de cette désaffection réciproque. Le roman est plus et mieux que cela, un retour nostalgique sur le début des années 80, les parcours de deux femmes par rapport à leurs idéaux de jeunesse, les illusions perdues qui les détournent l’une de l’autre. Ce sont des amoureuses de la littérature, des arts, aussi leurs amours, et peut-être aussi leur amitié, sont-elles parfois plus imaginaires que réelles.

J’avoue ne pas être très intéressée dans les romans par les tourments adolescents, même très bien racontés comme ceux-ci, je n’ai pas le moins du monde la nostalgie de cette époque. Aussi ai-je été plus touchée par les réflexions adultes d’Alice et de Cécile, par la révélation des secrets non partagés qui ont fini par les éloigner l'un de l'autre. Pourtant, je suis sûre que d’autres au contraire apprécieront davantage la petite musique mélancolique qui s’échappe de certaines pages.
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Nous nous aimions

Un récit émouvant sur l'exil, le deuil, emportant les liens qui unissent les familles.



Nous nous aimions est le récit de Kessané, comme un appel à sa mère. Pour, comme elle l'écrit "mettre des mots à la place du chagrin".



Les étés de sa jeunesse passés en Géorgie avec sa mère et sa soeur chez ses grands-parents sans leur père qui attend leur retour.

Les difficultés de l'exil, la brusque rupture avec cette terre, leur histoire et leurs grands parents lorsque la guerre éclate en Abkhazie.



Kessané décrit une famille soudée jusqu'à la mort du père. le deuil insurmontable pour sa mère auquel succède l'accident de sa soeur la privant d'une carrière de danseuse qui s'essouflait déjà avant même cet accident.

La peine incomensurable de sa mère et la colère de sa soeur se transforment en ressentiment envers Kessané qui fait face à ces tragédies avec courage. Elle porte à bout de bras cette famille en deuil sans aucune reconnaissance. le fossé entre elles trois se creuse de plus en plus, jusqu'à ne plus pouvoir se parler.



Je ne sais pas si c'est un récit autobiographique, en tout cas il se dégage une force incroyable dans le témoignage des émotions.

Jalousie, interprétations, rancoeur laissent des traces indélibiles et une douleur profonde. Et pourtant, elles s'aimaient !



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La mer noire

Deuxième lecture de l'autrice française d'origine géorgienne Kéthévane Davrichewy, piochée à Emmaüs. Je suis une nouvelle fois bluffée par son talent à donner une chair à ses personnages, à rendre le tortueux et l'ambivalence de leurs chemins de vie, dans une intensité, une densité qui étonne en si peu de pages.

J'ai eu une très grande et simple émotion à lire et refermer ce livre qui s'attache au personnage de Tamouna, née avec le 20eme siècle, entre flash back sur sa vie d'exilée et préparatifs en famille de la réception pour son 90eme anniversaire. Peut être parce que cette femme nous est montrée dans sa grande vulnérabilité et ses secrets, avec justesse.



Force est de constater que les deux livres que j'ai lus, Nous nous aimions et La mer noire, se ressemblent énormément dans leur construction et leur thématique, plongeant dans l'intimité de familles géorgiennes exilées, par le point de vue des femmes, de leurs émotions, heurtées par la violence absurde de l'histoire. Pourtant aucune lassitude ou sentiment de redite pour le lecteur-ice.



Faisant résonner des émotions universelles à travers ses personnages, Kéthévane Davrichewy rend sensible la complexité des choix ou des non-choix qui façonnent leurs vies. D'où peut être l'empreinte que laissent ses livres dans l'esprit et le cœur, bien après avoir les refermés.
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Nous nous aimions

Dans la complexité politique de la Géorgie, une représentation du ballet de Géorgie à Paris et sa rencontre avec Tamaz va sceller le destin de Daredjane qui s'étabira en France. Accompagnée de ses deux filles, chaque année elle retourne dans les montagnes d’Abkhazie jusqu’à ce que la guerre éclate et sépare les générations. Les années passent, les enfants grandissent, Tamaz disparaît et ces tournants disloquent l’amour familial.



Sur fond politique et historique, Kéthévane Davrichewy dépose toute la nostalgie des belles années sur une querelle familiale sans grand fondement apparent, montrant la fragilité des liens familiaux profonds face au quotidien, à la sensibilité personnelle de chacun… enfin, face aux choses de la vie.



Je ne peux pas dire que je n’ai pas apprécié certains côtés de ce roman, la psychologie de ses personnages et l’écriture acérée entre autres, mais j’aurais aimé plus de profondeur dans la première partie.


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Nous nous aimions

Croyez-vous à la puissance d'un coup de foudre de jeunesse ?



Daredjane et Tamaz, oui. De Paris, il a remué ciel et terre pour se rendre en Géorgie et demander en mariage la belle danseuse de ballet avec qui il n'avait partagé que quelques instants.



Sans l'ombre d'une hésitation elle a accepté et à son tour soulevé les montagnes administratives qui l'empêchaient de le rejoindre. Elle n'a pas pris le temps de se retourner, n'a pas su voir les traces laissées dans la poussière de son départ.



Du fruit de leur amour sans ombrage sont nées Kessané et Tina. C'est ensuite dans l'interstice de leurs sourires que se sont glissées les virées en voiture où l'on chante des tubes de Joe Dassin, les vacances passés en Abkhazie avec leur mère, avant l'indépendance, les promesses de s'aimer pour toujours et plus fort que tout.



Et puis la vie. Les fissures dans les sentiments blessés, les éclats des reproches dans les voix, les silences confortables. Comment en sont-elles arrivées là ?



Comme j'ai été touchée par ces personnages ! L'écriture y est intimiste, mélancolique à souhait. Elle se révèle comme parée de ces habits d'éternité revêtus par l'été avant que l'on réalise qu'ils étaient conçus en taille enfant.
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Quatre murs

Histoire de famille avec son lot de secrets, de culpablité, de devoir, de liens difficiles... sans originalité. Atmosphère pesante, dialogues artificiels. La lecture est ennuyeuse et le texte parait long bien que ce ne soit pas le cas. J'ai sauté plein de pages et j'oublierai très vite...

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Les séparées

Belle surprise que de découvrir un livre des éditions Wespieser que j'affectionne tant, dans une ancienne cabine téléphonique qui occupe actuellement la fonction de boîte à livres publique! Je savais, pour avoir déjà lu La Mer Noire de cette auteure que je ne serais pas déçue !



Effectivement, Les séparées est le témoignage d'une longue amitié, dans laquelle s'immiscent des non-dits, des secrets. Fugue à deux voix, nous revisitons cette histoire d'amitié entre Alice et Cécile, qui s'étale sur 3 décennies. Puis, nous comprenons cet effritement, et découvrons ce qu'il reste de cette histoire.



Kétévane Davrichewy nous touche avec cette plume, cette écriture qui est toujours aussi magnifique !



Challenge Plumes Féminines 2019

Challenge Multi-Défis 2019
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L'autre Joseph

J'étais très motivée pour lire "L'autre Joseph" de Kéthévane Davrichewy parce que je vais bientôt en Russie et parce qu'il a obtenu le prix des deux magots 2017 où je viens de fêter mon anniversaire de mariage. Malheureusement cette lecture n'a pas été à la hauteur de mes attentes même si je ne me suis pas ennuyée.

En fait, je suis mitigée ayant adoré le côté historique mais n'ayant pas aimé la construction du livre car il revoie un sentiment d'hésitation permanente entre récit, roman et biographie, ce qui a perturbé un peu ma lecture.

L'auteure relate l'histoire de sa famille et notamment de son arrière-grand-père prénommé Joseph qui a été élevé dans le même village de Géorgie que Sosso, surnom de l'enfant qui deviendra Staline. Mais si les deux joseph partagent bien des choses comme les héros qu'ils vénèrent, figures solitaires révolutionnaires qui se battent contre l'armée russe sous le régime tsariste ou l'ambiguïté d'une possible fratrie, ils ne sont pas amis.

En cette fin du 19ème siècle, on voit leur conscience politique et leurs caractères s'affirmer. La narratrice raconte ces enfants un peu rebelles qui ne veulent pas apprendre le russe, qui vont devenir chefs de milices organisées mais elle alterne trop vite avec le Paris des émigrés russes du 20ème siècle et les membres de sa famille dont l'histoire a été influencée par Coba alias Staline.

Dans confusion des genres j'ai quand même apprécié la description de la naissance de la sociale démocratie et les basculements entre espoir et déception (notamment avec la douma en 1905). Puis la séparation au nom du prolétariat et les querelles entre bolcheviques et mencheviques, sur fond de Marseillaise chantée dans les manifestations contre le tsar.





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Les séparées

Les séparées un tout petit roman contemporain mettant en avant une histoire d'amitié perdue entre deux femmes. Alice et Cécile ont vu leur amitié fusionnelle s'éteindre avec le temps pour de multiples raisons, nous allons les retrouver toutes les deux se posant mille et une questions, chacune de leur côté, chacune de leur manière elles vont exposer leur point de vue et essayer de comprendre cette rupture amicale.



L'histoire en elle même est vraiment belle, on découvre deux femmes fortement liées l'une à l'autre malgré cette coupure mais on découvre aussi que cette amitié est parsemée de jalousie, de trahison. L'alternance des points de vue nous permet de cerner le caractère de chaque personnages en profondeur et donc de mieux comprendre pourquoi aujourd'hui elles se détestent, alors qu'hier elles étaient tout l'une pour l'autre. Des années Mittérand à nos jours elles nous transportent au gré de leurs souvenirs tout en confiant les secrets inavoués, ces choses si bien cachées qui ont fini par ronger ce lien si fort.



Ce roman a la qualité de mettre en avant un thème fort connu de tous, l'amitié dans toute sa splendeur, la véritable amitié celle qui lie les gens, celle qui peut décevoir et rester en suspend ou complètement s'oublier. Mais ce roman a aussi le gros défaut de manquer cruellement de structure, un gros point noir qui peut vite faire perdre tout repère au lecteur. Je n'ai pas non plus adhéré à la fin qui se termine bien trop vite à mon goût, c'est une fin facile alors qu'il y'aurait eu encore tant de choses à dire...



J'ai beaucoup apprécié cette histoire d'amitié même si le fait qu'elle manque de structure m'a parfois dérangée en effet passer du présent au passé et vice versa c'est bien mais lorsque l'on ne s'y attend pas, c'est vraiment désagréable ! La fin m'a également laissé sur ma faim, je ressorts donc de ce roman avec un avis mitigé.


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La mer noire

Tamouna a l'esprit embué ce matin en se réveillant, car cette journée qui s'annonce est particulière : ce soir, la vieille dame soufflera ses quatre-vingt dix bougies entourée de ses proches. L'émotion l'a saisit d'autant plus que Tamaz, l'amour de sa vie, devrait être là.

Le temps passant, son corps est devenu fragile, ses déplacements difficiles, son appareil respiratoire toujours à proximité, mais son sourire n'est pas feind. Sa vie a été bien remplie. Sa famille prend soin d'elle. Tamouna est lucide, elle sent bien qu'elle basculera bientôt de l'autre côté mais elle est aujourd'hui sereine et apaisée.

Kéthévane Davrichewy déroule, le temps d'une journée, l'existence entière de Tamouna. Par aller-retour incessant entre le passé et le présent, elle retrace l'histoire de cette femme, née en Géorgie et contrainte à l'exil. En attendant la fête organisée pour son anniversaire, Tamouna se remémore son enfance joyeuse à Tbilissi, ces étés à Batoumi près de la Mer Noire, ses grands-parents, ses cousins, son père militant de la première heure, sa rencontre avec Tamaz... Puis c'est le déracinement. Les russes veulent s'emparer de son pays. Un bateau l'emporte elle et les siens vers la France. La terre que Tamouna chérissait tant s'éloigne, avec son grand-père et sa grand-mère qui ont souhaité demeurer là.

Mais la vie continue malgré le chagrin : retrouvailles près de Paris avec d'autres géorgiens, intégration difficile dans un pays inconnu, barrière de la langue, désir de garder traditions et coutumes, mariage, enfants, séparation, décès, pauvreté, travail, renoncements, décisions à prendre, parenthèses enchantées avec les apparitions soudaines de Tamaz – amour singulier qui pousse Tamouna à avancer quoiqu'il arrive.

Un beau roman qui évoque les exilés, thème à la résonnance universelle. Une histoire d'amour émouvante. Une femme en fin de vie, qui se retourne sur son passé. Avec tendresse, elle voit défiler des périodes de son existence, heureuses ou tristes. C'est sa vie. On quitte Tamouna entourée des siens, un amour incommensurable se dégage de tout autour d'elle. Elle respire, l'esprit tranquille.


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Les séparées

Toi aussi certainement, quand tu étais enfant ou adolescente tu as cru trouver ton amie pour la vie, entre vous c'était à la vie à la mort. Et puis l'éloignement, des choix opposés, la vie simplement ont fait que progressivement vos routes se sont séparées et que vous vous êtes perdues de vue, ou peut-être la rupture a-t-elle été plus brutale, une dispute, des points de vue devenus inconciliables, une trahison, un homme peut-être. Dans ce cas tu te reconnaitras dans les mots si justes de Kéthévane Davrichewy (auteur du déjà très beau "La Mer Noire"), et tu sentiras se réveiller ce petit nœud de regrets au fil des pages de ces "Séparées". Alice et Cécile se sont "reconnues" dès la petite enfance et ont été tout l'une pour l'autre pendant des décennies. Mais la fusion a fini par engendrer la lassitude, des secrets, une accumulation de rancune... Trente ans après, chacune se souvient, l'une se remémorant leur jeunesse en feuilletant les pages d'un livre, l'autre du fond du coma dans lequel un accident l'a plongée, et essaye de comprendre à quel moment la séparation a eu lieu, et ce qui a pu provoquer la fin d'une telle amitié. Un très, très joli livre dont j'ai bien failli annoter chaque page tant ces petites phrases touchent au cœur.
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La mer noire

Dans ce roman, deux histoires se chevauchent : c'est d'abord la narration d'une journée d'anniversaire où l'on fête les 90 ans de Tamouna, mais c'est aussi une histoire qui vient tout droit du passé, Tamouna lors de cette journée de préparation va se souvenir des moments forts qu'elle a vécus alors qu'elle était une adolescente.

Ainsi en miroir vont se dérouler deux histoires.

Un fil conducteur unit ces deux intrigues : Tamouna bien-sûr, mais surtout Tamaz, un homme qu'a follement aimé la jeune Tamouna. Et à 90 ans, voici qu'elle l'attend de nouveau à son anniversaire : cette attente est donc l'occasion de penser de nouveau à cet amour passionné.

En marge de cette histoire centré sur cet amour, c'est aussi l'histoire de toute une famille qui se déroule sous les yeux du lecteur. Une famille brisée et séparée à cause de l'exil.

Tamouna est encore jeune quand son père décide de quitter la Géorgie à cause du pouvoir communiste qui s'est mis en place. C'est un pays qu'il ne reconnait plus ; il préfère donc partir en France afin de continuer le combat pour son pays, même si ce combat doit avoir lieu hors de son pays natal. Les grands-parents de Tamouna, quant à eux, ne souhaitent pas partir de leur pays. Cette décision de partir brise donc une famille entière qui marquera à jamais Tamouna.

Ainsi s'entrecroisent deux histoires : la séparation d'une famille, mais aussi la séparation de deux êtres follement attirés l'un par l'autre. Tamaz et Tamouna ne peuvent vivre leur amour pleinement, non à cause de leur famille respective, mais à cause du pouvoir politique de leur pays : un Roméo et Juliette revu à la sauce politique en somme.



La Mer noire restera pour moi comme un livre totem. Tout d'abord pour son titre : cette mer noire est avant tout la mer située en Ukraine, pays cher à mon cœur, c'est aussi un roman qui parle de l'exil. En Tamouna, j'ai reconnu certaines pensées de ma grand-mère. Elle aussi se sent apatride : étrangère à la fois dans son pays natal mais aussi dans son pays d'adoption. Et puis, voir comment cette famille d'immigrés s'était agrandie, comment elle était devenue plus ou moins intégrée en France m'a interpelée.

Et pour finir, c'est un roman que j'ai commencé avant d'entrer à la maternité et que j'ai fini durant ces quelques jours passés là-bas. Du coup, cela fait plein de raisons d'aimer de roman.

En outre, j'ai aimé cette bascule entre le temps présent et le temps passé : du coup la vieillesse de Tamouna n'avait rien de triste. Et d'une parce que sa famille lui préparait son anniversaire, et de deux parce que la narration de sa jeunesse lui rendait son bel âge, même dans la partie où elle était devenue une vieille femme.

J'ai comme toujours du mal à parler d'un roman que j'ai aimé. A quoi cela tient-il, finalement ?

Ici, cela tient à un contexte, à un thème qui m'est cher, à une lecture qui est arrivée à un moment symbolique pour moi (un moment où les racines du passé me servaient enfin à faire grandir cette petite graine d'arbre, un peu comme Tamouna qui a besoin de se souvenir), mais aussi à une écriture limpide et tout en finesse.
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Nous nous aimions

Une histoire de famille géorgienne.

Une histoire d'amour entre Paris et la Géorgie donnant naissance à une famille aux doubles racines.

Le temps et l'Histoire faisant leur œuvre, la famille se délite : les rancoeurs personnelles, les fondations et les déchirements provoqués par l'Ailleurs.



Une mère et deux sœurs au centre du récit, en point de vue interne majoritairement de l'aînée, de temps en temps de la mère.



J'ai beaucoup apprécié l'évocation de la Géorgie, leurs séjours là-bas, leur côté picaresque pour Daredjane (la jeune fille) ainsi que leur côté historique et documentaire. J'avoue que le reste ne m'a que moyennement touchée. Un moment agréable tout de même.
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Nous nous aimions

« Leurs rapports s’étaient tendus depuis que Daredjane se consacrait à Tina et à ses fils. Comment Kessané pouvait-elle en prendre ombrage ? Elle aidait la plus faible, quoi de plus naturel ? Kessané avait toujours eu plus de chance. Depuis le début. Elle était née avec le cordon ombilical enroulé deux fois autour du cou. « Un signe de bonne fortune » avait lancé l’obstétricien. Pourquoi ne voulait-elle pas l’admettre et s’occuper de sa sœur ? Tina lui racontait la dureté de Kessané à son égard et ce n’était pas supportable. Tamaz n’aurait pas toléré cette attitude en famille. »



Daredjane, jeune danseuse de Géorgie, vit une belle histoire d'amour avec Tamaz, s'installe en France et donne naissance à deux filles, Kessane et Tina. La famille est unie et l'enfance est heureuse, malgré quelques retours difficiles au pays.

A l'âge adulte, les deux sœurs s'éloignent sans qu'il y ait d'explication.



Ce roman de l'intimité, que l'on suppose autobiographique, décrit la fin de l'enchantement de l'enfance en même temps que la situation politique de la Géorgie se dégrade. Partout, jusque dans le titre à l'imparfait, se lit la nostalgie d'un passé heureux avant la fin de l'Union soviétique et la guerre séparatiste de l'Abkhazie.

Si la fin de l'enfance se vit dans le déchirement des territoires et l'exil, la rivalité entre les deux sœurs apparaît à la mort du père, qui marque également cette fin de l'enfance. Il semblerait que lorsqu'il ne reste qu'un seul parent à aimer, il est encore plus difficile de partager.

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La mer noire

Quel plaisir de retrouver la Géorgie après La huitième vie ! Étrangement puisqu'il s'agit d'une autre autrice, ce roman de 200 pages et quelques, écrit dix ans avant, fait comme une branche de personnages secondaires parce que je sais maintenant à quelle époque cette histoire se rattache (l'exil des Géorgiens sociaux-démocrates qui essayèrent de gouverner l'indépendance du pays entre l'empire tsariste et le pouvoir bolchévique) et qu'on y trouve le même type de famille-entité où chacun, chacune garde pour soi ses pensées intimes. Ici, c'est par les souvenirs d'une arrière grand-mère, partie brutalement vivre en France alors qu'elle était adolescente - des souvenirs d'amour et d'absence - et par une écriture douce et simple qu'on se glisse dans ce pays que j'aime un peu désormais, sans le connaitre.
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La mer noire

Le roman nous fait voyager entre Paris et la Géorgie. On suit Tamouna, qui a dû partir précipitamment, à l'adolescence, de sa Géorgie natale, pour des raisons politiques. Elle y a laissé Tamaz, un jeune homme qu'elle devait retrouver l'été suivant, pour poursuivre leur idylle entamée l'été précédent son départ. Cependant, elle ne parviendra pas à retrouver la trace de ce Tamaz une fois arrivée en France. On la suit au fil des chapitres, parfois lors de son arrivée en France, durant les premières années de son exil, d'autres fois à l'aube de sa fête d'anniversaire pour ses 90 ans.

J'ai adoré ce roman, vraiment. Tamouna nous livre un aperçu de sa Géorgie, ses problèmes politiques, sa douceur, etc. Elle nous dévoile aussi quelques bribes de sa vie, sa vie de femme, sa vie de mère, sa vie maritale, etc. Et puis Tamaz... cet homme qu'elle attend depuis si longtemps.

Je vous recommande vivement ce roman, que j'ai tant aimé !
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