Citations de Khaled Hosseini (763)
Kaboul, c'est... c'est mille tragédies au kilomètre [...].
Un jour, en revenant de l’école, il demanda à son père qui se préparait un whisky s’il était un pécheur car selon les enseignements du mollah, il était en train de commettre un péché.
Son père le regarda très sérieusement et consentit à l’éclairer.
– Je vais te parler d’homme à homme, mon fils. Tu penses être à la hauteur?
Le fils acquiesça.
– Peu importe ce que prétendent le mollah et tous ces barbus, il n’existe qu’un seul et unique péché : le vol. Tous les autres en sont une variation.
1) lorsqu’on tue un homme, on vole une vie. On vole le droit de sa femme à un mari, on prive ses enfants de leur père.
2) lorsqu’on raconte un mensonge, on dépossède quelqu’un de son droit à la vérité.
3) lorsqu’on triche, on vole le droit d’un autre à l’équité.
– Un homme qui s’empare de ce qui ne lui appartient pas, termina le père, que ce soit une vie ou du pain, n’est pas un homme intègre. Et si Dieu existe, alors j’espère qu’il a mieux à faire que de s’occuper de savoir si je mange du porc ou si je bois de l’alcool.
Ce qu’Amir comprit, c’est que le vol était impardonnable.
Peut-être est-ce juste un châtiment, pour ceux qui se sont montrés cruels, de ne prendre conscience de leurs torts que lorsqu'il est impossible de revenir en arrière.
Il vaut mieux être blessé par la vérité que réconforté par un mensonge.
J'ai appris que le monde ne voit pas ce qu'il y a en vous, qu'il se moque complètement des espoirs, des rêves, des chagrins qui reposent cachés sous votre peau et vos os. C'est aussi simple, aussi absurde et aussi cruel que ça.
Baba avait évoqué ses voyages en Inde, en Russie, et ses diverses rencontres, comme ce couple de culs-de-jatte manchots à Bombay qui, marié depuis quarante-sept ans, avait élevé onze enfants. Passer une telle journée avec lui, à l'écouter raconter ses histoires, aurait dû être une joie pour moi. J'en rêvais depuis tant d'années. Mais à présent que mon voeu était exaucé, je me sentais aussi vide que la piscine mal entretenue sous mes yeux.
Elle ignorait alors que harami signifiait bâtarde. De même, elle était encore trop petite pour éprouver l'injustice d'une telle injure et pour objecter que ce sont les parents d'un enfant illégitime qui sont à blâmer, et non l'enfant lui même- lui dont le seul tort est d'être né.
Le mot insensé lui vient à l'esprit, avant qu'il le ravale. C'est ce que les gens disent toujours. Un acte de violence insensé. Un meurtre insensé. Comme s'il était possible de commettre un meurtre sensé.
Laila rentra chez elle cette fois-là avec le sentiment d'être un animal stupide et pitoyable. Couchée sur le ventre, elle gémit pendant que Mariam appliquait des linge humides sur son dos et ses cuisses ensanglantées. Mais il était rare qu'elle abandonne. En général, elle faisait mine de rebrousser chemin, puis essayait un autre itinéraire - quitte à être surprise, questionnée et réprimandée à deux, trois, voire quatre reprises en une seule journée. Les coups de fouet pleuvaient alors, les antennes sifflaient en fendant l'air, et elle retournait à la maison, brisée, sans même avoir aperçu Aziza. Elle prit vite l'habitude de porter plusieurs couches d'habits juste sous sa burqa, y compris par temps chaud, afin d'adoucir les raclées.
Elle attendit là qu'il se décourage et baisse les bras, et ecouta alors le bruit inégal de ses pas jusqu'a ce qu'ils deviennent inaudibles, et que le silence retombe autour d'elle - un silence que brisaient seulement l'écho des coups de feu dans les montagnes et les battements assourdissants de son coeur.
Au final, je restais un Pachtoune et lui un Hazara. J'étais sunnite et lui chiite. Personne n'y pouvait rien changer. Personne. Nous n'en étions pas moins des garçons qui avaient appris à marcher ensemble, et cela, l'histoire, les ethnies, la société et la religion n'y changeraient rien non plus.
Je songeai au rêve d'Hassan, celui où nous nagions tous les deux. "Il n'y a pas de monstre", avait-il affirmé, "seulement de l'eau". Il se trompait. Il existait bien un monstre, qui l'avait saisi par les chevilles pour l’entraîner vers les noires profondeurs du lac. Moi
Nul ne pourrait compter les lunes
qui luisent sur les toits
Ni les mille soleils splendides
qui se cachent derrière les murs.
Dans la rue, les talibans passaient près de moi comme si j'étais une vache en train de paître. Je les y encourageais en affichant une expression un peu bovine afin d'éviter inutilement l'attention. Je frémis à l'idée de ce qu'ils auraient fait de - et à - Nila.
Mariam n'ayant jamais porté de burqa, Rachid dut l'aider à enfiler la sienne. La partie rembourrée au sommet, lourde et un peu étroite, lui enserrait le crâne comme un étau, et le fait de voir à travers le grillage lui parut très étrange. Elle s'entraîna à marcher avec dans sa chambre mais, comme elle était déstabilisée par la perte de sa vision périphérique et que l'étoffe se collait contre sa bouche, l'empêchant de respirer, elle ne cessait de trébucher, se prenant les pieds dans l'ourlet de la robe.
Ainsi que le répétait Baba : " Enferme dix minutes dans une pièce deux Afghans qui ne se sont jamais rencontrés et ils se découvriront un ancêtre commun."
- Je constate que l'Amérique t'a insufflé l'optimisme qui lui a permis de devenir une grande puissance. Nous autres Afghans sommes trop mélancoliques. Nous avons trop tendance à sombrer dans le ghamkhori, à nous apitoyer sur nous-mêmes. Pour nous, non seulement le deuil et la souffrance vont de soi, mais ils sont mêmes nécessaires. Zendagi migzara , affirme le proverbe. " la vie continue."
Mariam s'habituait lentement à cette amitié balbutiante. Chaque jour, elle se réjouissait à l'idée de partager un thé avec Laila après le dîner. Le matin, elle guettait le bruit de ses chaussons claquant dans l'escalier et attendait avec impatience de retrouver Aziza, son rire aigu, ses huit quenottes et le parfum laiteux de sa peau.
Je vais être mère, dit-elle à voix haute.
Elle se mit à rire et répéta la phrase, dégustant chaque mot comme un bonbon.
Durant tout le trajet, Mariam pleura sa douleur, sa colère et sa désillusion. Mais surtout sa honte, son immense honte, à la pensée qu'elle m'avait vécu jusqu'alors que pour Jalil.