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Critiques de Kiku Hughes (46)
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Les indésirables

C'est encore une des bandes dessinées que j'ai lues grâce au prix en Bulles, mais j'en avais déjà entendu parler auparavant et j'avais envie de la découvrir !



Dans cette histoire qui se déroule aux États-Unis, nous suivons Kiku, une jeune americaino-japonaise qui ne s'est jamais vraiment intéressée à son histoire familiale, d'autant plus que sa mère ne lui en a jamais vraiment parlé. Alors qu'elles sont en vacances, Kiku va se retrouver dans une faille spatio-temporelle et atterrir en 1940, alors que les japonais•es étaient persécuté•es...



Dans cette bande dessinée fictive mais, d'une certaine manière, autobiographique, l'autrice part sur les traces de sa grand-mère avec cette intrigue au sujet difficile mais abordé finement, parvenant ainsi à ne pas choquer outre mesure les plus jeunes.



Avec son graphisme simple et épuré, ce livre évoque la Seconde Guerre Mondiale et le traitement des japonais•es aux États-Unis à cette époque. Les alternances entre passé et présent sont réussies et l'histoire est vraiment touchante !
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Les indésirables

Kiku est une jeune fille de 16 ans, americano-japonaise en quête de ses racines nipponnes. De nombreux non-dits de sa mère et sa grand-mère limitent sa compréhension de son histoire et perturbe sa relation avec sa mère.

Alors qu'elle est en vacances à San Francisco, elle va vivre une expérience déroutante : voyager dans le temps pour se retrouver à vivre dans des camps d'internement destinés aux japonais vivant aux Etats Unis en 1941, après l'attaque de Pearl Harbor.

Les conditions de vie sont effroyables évidemment et rappellent ce que d'autres personnes ont vécu à la même époque en Europe par exemple.

Kiku va y faire la connaissance de plusieurs jeunes japonais qui vont devenir des amis, ainsi que des familles. Aucun ne comprend la raison de cet enfermement, car tous se considèrent innocents. Kiku approche aussi sa grand-mère qui a connu ces camps.

Les réactions de résilience et de résistance y sont ici très bien décrites et j'ai trouvé ce roman graphique très instructif et plein d'humanité.

J'ignorais absolument l'existence de ces camps aux Etats Unis et le parallèle avec la politique de Donald Trump en matière de politique étrangère et notamment vis à vis des personnes musulmanes est très intéressante et amène à réflexion.

De même il est intéressant de voir que les japonais vivant aux Etats Unis ont été les oppressés alors même que peu de temps avant leurs compatriotes ont été les oppresseurs des coréens. (Appris pour moi dans ma lecture précédente : Hotaru, le poids des secrets tome 3 de Aki Shimazaki)

Enfin j'ai trouvé très intéressant la description des conséquences d'un traumatisme personnel sur les générations suivantes au sein d'une même famille. Elles sont ici bien décrites surtout lorsque les mots ne sont pas posés sur l'horreur vécue.

Une belle découverte que je conseille vivement.
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Les indésirables

Sur le même sujet que celui des camps d'internement des americano-japonais en 1942 suite à l'attaque de Pearl Harbor, il y a eu la lecture de « Nous étions les ennemis ». C'est absolument scandaleux de mettre une partie de sa population dans des camps de prisonniers sous prétexte qu'ils ont des origines avec un pays devenu ennemi. On renie la nationalité et le patriotisme de ces individus en les privant de tout les droits pour des motifs raciaux.



On va assister à un véritable voyage dans le temps d'une adolescente Kiku qui est trimballée par sa mère sur les lieux de l'enfance de la grand-mère ayant vécu les camps. En toile de fond, il y a le discours haineux de Donald Trump sur fond de campagne électorale. On sait qu'il n'a pas été de main-morte avec les musulmans ou les mexicains pour défendre la soi-disante intégrité nationale.



La conclusion de cette œuvre se situe dans le devoir de mémoire mais également dans le fait qu'il y a comme une condamnation également sur les générations futures de ces groupe de personnes marginalisés avec des traumatismes dont on hérite. Les descendants de ceux qui ont subi des génocides en savent quelque chose. Ils peuvent également trouver la force de se battre pour lutter contre ces injustices et c'est ce qui se passera précisément avec la famille que l'on suit.



On retrouve beaucoup de similitudes avec l’œuvre « Nous étions les ennemis » tant le sujet est le même jusqu'à l'exécution de cet homme qui a essayé de rattraper son chien près des barbelés et qui a été abattu par les gardes. Je me rappelle également de l'épisode du formulaire qu'avait d'ailleurs repris assez sournoisement l'administration Trump contre les musulmans.



Cette BD joue un peu sur le surnaturel pour revivre les instants dans ces camps et montrer une réalité qui a été caché pendant bien des années comme pour effacer une partie de l'histoire honteuse du camp. Bien entendu, ces camps n'étaient pas comparables à l'horreur nazie des camps de concentration mais c'était quand même assez inhumain et injuste pour ces populations innocentes.



Une BD qui a réussie son pari avec une rare intelligence sur un sujet dont on a peu parlé. Voilà où peut conduire les discriminations et l'intolérance. Gageons à ce que cela n'arrive plus jamais dans nos démocraties occidentales.
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Les indésirables

Voici un roman graphique passionnant et que j'ai beaucoup aimé.



Kiku Hughes nous plonge dans l'histoire des Japonais ou descendants de Japonais vivant sur le sol américain pendant la Deuxième Guerre mondiale. A partir de l'attaque de Pearl Harbor, ils sont considérés comme des ennemis de l'intérieur ou à minima comme de potentiels dangers. Le gouvernement américain décide alors de les réunir et de les enfermer dans des camps. Ils y resteront pendant de longs mois, quelques-uns pourront être libérés si ils ont des garants ou s'ils s'engagent dans l'armée, certains seront envoyés au Japon, même si ils n'y avaient jamais mis les pieds auparavant et beaucoup attendront dans la crainte la fin de la guerre.

"C'est ainsi que 120 000 Nippo-Américains seront expulsés de leur foyer et placés dans des camps d'internement, soupçonnés de mettre en péril la nation."



L'auteure part à la recherche de son histoire familiale et notamment de l'histoire de sa grand-mère Ernestina qui connut ces camps, enfant.

Mais elle ne fait pas un livre uniquement sur les souvenirs de sa grand-mère, dont d'ailleurs elle ignore beaucoup de choses. Elle va utiliser un principe pouvant surprendre un peu au début mais qui au final fonctionne bien, le voyage dans le temps. Elle sera ainsi transportée dans les années 1940 pour être au plus près du vécu de cette communauté.



Côté dessin, on sent beaucoup le côté américain, on a un peu l'impression d'être dans un Scooby doo.
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Les indésirables

Une période peu glorieuse et assez méconnue de l'histoire des Etats-Unis.



Au lendemain des attaques aériennes de Pearl Harbour, en décembre 1941, 120 000 américains d'origine japonaise vont être considérés comme des ennemis de la nation. Ils vont être arbitrairement privés de leurs droits, arrêtés et envoyés dans des camps de détention aux conditions de vie effroyables.



Ce thème, auparavant occulté, est de plus en plus abordé dans la littérature américaine et exporté en Europe. J'avais découvert avec stupéfaction cet épisode historique dans Quand l'empereur était un dieu de Julie Otsuka, puis plus récemment dans Nous étions les ennemis écrit par George Takei.



Dans Les Indésirables la jeune autrice Kiku Hughes, elle-même d'origine nippo-américaine, revient sur le passé de sa famille : un héritage et une histoire dont à vrai dire elle sait peu de choses, comme s'il valait mieux ne pas en parler et oublier. Elle aborde le sujet de manière insolite, par un voyage dans le temps.



A 16 ans, au cours d'un séjour à San Francisco avec sa mère, la voici brutalement transportée dans les années 40 auprès de sa grand-mère, violoniste, dans les camps d'internement de Tanforan en Californie puis de Topaz aux fins fonds de l'Utah. Conditions sanitaires précaires, nourriture exécrable, promiscuité, angoisse, humiliations, brutalité, mais aussi révolte... tel est le quotidien. Tout comme sa grand-mère autrefois, Kiku va partager la vie des déportés, faire des rencontres, nouer des amitiés qui influenceront le cours de son existence.

Cette expérience spatio-temporelle extraordinaire va permettre à Kiku de se familiariser avec ses origines et de mieux les comprendre. Elle va se rendre compte combien la parole, les dialogues intergénérationnels et les efforts de mémoire sont primordiaux.



Les Indésirables est un très bon roman graphique, le sujet historique est sombre, révoltant, la narration y est simple, factuelle souvent poignante et les graphismes dans des couleurs assez froides, comme le récit.



Kiku Hughes est jeune, engagée, elle se bat contre toutes les formes d'intolérance et de discrimination. J'ai beaucoup aimé la façon dont, dans cet album, elle fait le rapprochement entre les événements des années 40 et la politique raciste et xénophobe menée par le président Donal Trump. Elle en est une farouche opposante et n'hésite pas, à juste raison, à l'attaquer personnellement dans son récit.



"La mémoire est une force". Ne jamais oublier le passé pour que l'histoire ne puisse plus se répéter.





















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Les indésirables

Kiku Hugues raconte avec ce récit une partie sombre de l’histoire américaine peu connu, probablement effacé par les atrocités vécus lors de la seconde guerre mondiale sur un autre continent.

A travers une fiction bien orchestrée tel un voyage dans le temps, elle nous détaille peu à peu cette période vécue par sa grand-mère maternelle.



Kiku Hugues, donc par un jeu de voyages dans le passé purement surnaturels mais à la technique bien rodée, conte l’histoire et le traitement de ce peuple nippon émigré, après la déclaration de guerre du Japon aux Américains par le bombardement de Pearl Harbor en 1941.

L’auteur insiste particulièrement sur les sentiments probablement ressentis par les captifs de ces tristes camps de détention (pour ne pas les appeler camps d’internement ou camps de concentration).

On y devinera ainsi entre autre de la peur, de l’humiliation, de l’incompréhension, de l’indignation, de l’indifférence, mais à l’inverse aussi de l’amitié, de la solidarité, de l’entraide, de la patience, de la résignation, de la tolérance etc…

Ce scénario révèle la magie de la conscience humaine, de sa psychologie et son cognitif, de la faculté à se reconstruire et refonder les communautés quand le malheur frappe.

Ce qui est aussi remarquable dans ce script, c’est que l’auteure n’accable en aucun cas les USA, elle se contente simplement de raconter ce que cette communauté a pu ressentir.

Cependant, habilement et discrètement, Kiku Hugues évoque tout de même en parallèle de son récit, certains discours du président Trump, pour éveiller les consciences et interpeller le lectorat sur l’impact d’une telle politique qui n’a rien de nouveau car elle fut appliquée par le passé à l’égard des Japonais et autres peuples...

De ce fait, à la réflexion, cela devient donc très critique et moralisateur mais toujours en faisant preuve bienveillance et surtout sans animosité.

Au-delà de la leçon d’histoire et de l'avertissement politique, cette œuvre est aussi une quête de sens de la part de l’auteur, sur ses origines et ses valeurs, une sorte d’introspection sur sa famille pour ainsi trouver sa place dans la société dans laquelle elle vit.

Elle porte une réflexion pertinente sur son vécu et notament sur ses faibles connaissances des traditions, de la culture ou de la langue de son pays d’origine.

Les tragiques évènements relatés y sont pour beaucoup car ils ont fracturé et dispersé la communauté nikkei.

Ils ont encouragé les anciens à ne pas se faire remarquer à trop exposer leurs ascendances et leur culture, ne pratiquer que trop peu la langue japonaise pour ne pas passer pour un conspirateur ennemi etc…

En bref, la résultante de ce traumatisme en est donc une perte regrettable d’un patrimoine populaire au gré des générations.

Le discours politique anti racisme prend donc encore plus de poids après cette analyse et le travail de mémoire semble donc absolument nécessaire pour éviter de commettre à nouveau les erreurs du passé, mais aussi d’affirmer positivement son identité et ses différences.



Coté dessin, Kiki Hugues reste synthétique.

Pas de chichi, elle va à l’essentiel.

Ce dessin que je qualifierai de moderne peut ne pas plaire.

Peu de détails dans les compositions, tout est simplifié, épuré, parfois géométrique, stylisé et à la limite du conceptuel mais le rendu est cependant fort et puissant.

Les pages sont ainsi aérées et donc très facilement lisibles.

Ce concept nous permet de nous concentrer essentiellement sur la narration et les expressions des personnages, afin de mieux saisir les faits exprimés et les émotions des protagonistes.

La projection devient alors très efficace, et nous voyageons dans l’histoire au même titre que l’héroïne.

Le travail essentiellement informatique des mises en scène, et mises en page, nous saute aux yeux.

Les cases sont régulières et linéaires, les aplats de couleurs tous presque remarquablement uniformes, les traits souvent trop rectilignes, les perspectives convergent impeccablement vers le ou les points de fuite, etc…

L'ensemble est presque trop "parfait".

On imagine alors l’énorme patience que la dessinatrice a dû déployer pour obtenir une netteté sans pareille.

Les couleurs sont neutres et plutôt très claires dans l’ensemble.

Elles correspondent incontestablement à ce besoin de bienveillance et de ne pas choquer le public.

Et cela est très équivoque en regard ce qui a été dit précédemment : le fait de ne pas vouloir trop se faire remarquer…



En bref, cette BD reste essentielle pour connaître encore une facette historique sombre d’un pays puissant qui se devrait d’être exemplaire aux yeux de la planète, en regard des évènements qui l’ont construit.

Mais apparemment la réalité nous montre qu’il en est tout autre, l’ignorance et la bêtise gagne du terrain partout, mais heureusement ce genre d’ouvrage effectue admirablement bien un devoir de mémoire indispensable.
Lien : https://www.7bd.fr/2021/02/l..
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Kiku a 16 ans, c'est une jeune américano-japonaise. Elle est en vacances avec sa mère sur la côte Ouest à San Francisco. Sa mère veut retrouver la maison où la grand-mère de Kiku a grandi. Mais à la place de la demeure, il y une esplanade et un centre commercial. Une brume va se lever et Kiku va être transportée dans le passé, va assister à un récital donné par une jeune violoniste. De retour au présent, après avoir posé des questions à sa mère, Kiku découvre que la jeune artiste est en fait sa grand-mère qu'elle n'a pas connu. Kiku pense qu'elle a rêvé.



Par deux fois, la brume va revenir et plongé Kiku dans le sort réservé aux populations d'origine japonaise après décembre 1941 et l'attaque de Pearl Harbour par les avions de l'Empire du Soleil Levant. Son "voyage" sera prétexte à nous faire découvrir les conditions de vie dans les camps d'internement.



C'est une partie de l'histoire américaine que je ne connaissais que très peu. Kiku Hughes part à la recherche de ses racines, au moment de la montée en puissance du candidat extrémiste Donald Trump pour la magistrature suprême. Kiku va chercher à revivre ce que sa grand-mère a vécu mais dont elle a très peu parlé, elle part à la recherche de cette partie de son histoire familiale de peur qu'elle en soit perdue à jamais. Ce sera l'occasion pour elle d'en parler avec sa mère et d'établir ce lien avec le passé.



Kiku Hughes nous montre la diversité des sentiments des personnes internés vis à vis de l'état américain. Ceux qui se soumettent, ceux qui ne veulent pas oublier leurs origines, ceux qui résistent. Elle nous montre aussi la solidarité qui a pu exister, les gestes simples qui rendent la détention moins pénible.



C'est aussi une réflexion sur la politique protectionniste des USA à certaines périodes de son histoires et du traitement des minorités. C'est aussi une réflexion sur le revirement de cette même politique : les Américano-Japonais mis à l'indes en 1941 deviennent des modèles d'intégration et de réussite quant il est question de la situation des Afro-Américains.



Kiku Hughes insiste sur la nécessité du devoir de mémoire pour que chacun puisse se construire, en n'oubliant pas ses racines. Mais aussi pour éviter que les erreurs (ou horreurs) de l'Histoire ne se reproduisent.



Kiku Hughes a utilisé un trait graphique simple, clair. J'ai adoré son scénario et son découpage des cases des planches. J'ai aimé l'alternance des plans, alternance entre les plans rapprochés et les vues générales des camps. Certaines cases sont très "zen" dans leur conception graphique et leur mise en couleur. Le côté "magique" du voyage dans le temps ne m'a pas gêné au contraire.



C'est un beau roman graphique pour la qualité du trait et des couleurs, c'est aussi un moyen d'appréhender une période peu connue et peu glorieuse de l'histoire des USA. C'est aussi un moyen d'éveiller les consciences et de lutter contre le retour de l'obscurantisme. Il m'a donné envie d'en savoir plus sur le sort des Américano-japonais et grâce à d'autres lecteurs, j'ai pris des références. Merci à elles et eux.









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J’ai vraiment été conquise par l’histoire retranscrite dans cette BD. J’ai vraiment trouvé ce récit très instructif. Je ne connaissais pas du tout le sort de ces japonais déchus de leurs droits et enfermés dans des camps de détentions américains après l’épisode de Pearl Harbor. J’ai beaucoup aimé le fait qu’on puisse voir l’impact qu’à eu cette « déjaponisation » sur les générations suivantes. Quand on parle de la guerre, on parle peut de ce qui se passe pour les descendants des victimes. C’est un très beau témoignage et un bel hommage que rend l’auteur à sa famille.

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Ce roman graphique fut une vraie belle surprise.

Vous le saviez-vous que suite à l’attaque de Pearl Harbor (en 1941) des camps d’internement pour les personnes d’origine japonaise avaient fleuri sur le sol américain ? Jusqu’à 1/16ème de sang japonais et vous étiez contraint de tout quitter pour rejoindre ces camps… Personnellement je ne le savais pas et j’ai donc trouvé ce récit, mélange d’histoire et de fiction très intéressant.

La grand-mère de l’auteure en effet a été un temps retenue dans l’un d’eux, le traumatisme a été si grand que la parole s’est fermée, la langue s’est perdue et les souvenirs se sont enfouis. C’est donc dans une sorte d’enquête qu’elle s’est lancée pour retrouver les traces de cette héritage familial et culturel afin de nous offrir cette histoire afin de « démontrer les dégâts conséquents et durables que peuvent avoir des traumatismes sur l’ensemble d’une communauté et combien il est vital de combattre ceux qui seraient prêts à les infliger à nos voisins les plus vulnérables ».

Une très belle lecture que je ne peut que conseiller.
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Malgré un trait assez impersonnel, la force du propos de ce roman graphique de presque 300 pages reste intacte. Le style enlevé, presque minimaliste pourra aussi séduire un jeune public parfois éloigné des problématiques évoquées ici. Si le principe du voyage dans le temps peut sembler, à première vue, « tiré par les cheveux », c’est aussi pour l’autrice une manière de signifier l’impact et le rôle de la mémoire face aux zones d’ombre de notre Histoire.

« La mémoire est une force » déclare l’héroïne à la fin de l’ouvrage, Kihu Hughes en fait une brillante démonstration dans ce récit érudit et profondément attachant. Indispensable !
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Mêlant témoignage autobiographique et fiction, Kiki Hughes raconte le sort qui a été réservé aux Japonais aux États-Unis après l'attaque de Pearl Harbor, en prenant appui sur l'histoire de sa propre grand-mère.



Via le principe narratif du voyage dans le temps, elle va tenter de suivre les traces de cette grand-mère dont elle ne sait pas grand chose et comprendre pourquoi tout ce qui entoure le Japon et sa culture est comme tabou dans sa famille.



On ne croisera que quelques fois cette aïeule dans les différents camps où elle a été enfermée alors qu'elle était très jeune, elle restera mystérieuse pour le lecteur comme pour Kiku. Mais on va en apprendre beaucoup sur la situation complexe des Japonais et la résistance qui s'est organisée dans les camps, grâce aux différents personnages rencontrés et aux amitiés que va nouer Kiku.



J'ai été un peu déçue au départ qu'on n'en sache pas plus sur la grand-mère de Kiku, je pensais que ce serait son histoire qui serait racontée. Mais cela correspond au peu d'infos que l'autrice dispose sur elle. J'ai trouvé vraiment intéressant tout ce qu'on apprend, à la fois d'un point de vue historique, mais aussi plus personnel sur le poids des secrets dans une famille.



Cette BD montre aussi, à travers plusieurs interventions télévisées de Donald Trump dans lesquelles il vante son mur "anti-hispaniques", que l'histoire peut dangereusement se répéter...
Lien : http://ocalypso.canalblog.co..
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En décembre 1941, le Japon frappe la base navale américaine de Pearl Harbor. Suite à cette frappe, l’opinion publique américaine bascule. Un décret est alors signé accordant aux militaires de pouvoir arrêter et incarcérer toute personne d’origine japonaise. 120 000 nippo-américains seront donc arrêtés et incarcérés de force dans des camps d’internement à cette période… Les éléments racontés dans cet album sont un mélange de réel et de fiction. Kiku Hughes imagine en effet un procédé de déplacement dans le temps pour raconter l’histoire de sa grand-mère, qui a vécu ces événements alors qu’elle était encore adolescente. Nous retrouvons donc Kiku, adolescente d’aujourd’hui, transposée dans les années 40, prise contre son gré dans le groupe des nippo-américains détenus. Elle partage ainsi le quotidien de sa grand-mère, tout en n’osant guère l’approcher. Elle se rend compte qu’elle ne connaissait rien de ce passé. La langue japonaise a disparu de sa famille, et bon nombre de traditions aussi. Ceci s’explique par le traumatisme de cet enfermement forcé et surtout par la légende de « minorité modèle » dans laquelle les nippo-américains se sont ensuite enfermés dans les années 60. J’ai beaucoup aimé le procédé qui permet à Kiku Hughes d’effectuer des liens subtils entre présent et passé. Le lecteur ne croit pas deux secondes à la réalité de ce transport dans le temps mais bizarrement ne peut en vouloir à l’auteure tant tout ce qu’on apprend par ce biais est édifiant. Dans le présent, l’investiture de Trump et ses discours jettent un voile inquiétant qui aident à la remontée des souvenirs douloureux. Le graphisme est doux et simple et est au service de la découverte de ce pan de l’histoire méconnu, qui méritait effectivement que l’on s’y intéresse.
Lien : https://leslecturesdantigone..
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Il est des livres que tu prends au hasard de tes errances dans les allées de ta bibliothèque. Pourquoi celui-là plus qu'un autre ? Parce qu'il est en tête de gondole ? Peut-être tout simplement parce qu'il t'appelle ?

C'est ce qui m'est arrivé avec les indésirables de Kiku Hugues. Et je me suis pris une grande claque dans la figure car j'ignorais totalement cette partie de l'histoire des États-Unis.

Dans ce roman graphique, Kiku Hugues mêle fiction et témoignage pour nous parler de l'histoire de sa famille d'origine japonaise mais aussi des japonais vivant aux U.S.A lors de la seconde guerre mondiale.

L'auteure rend un véritable hommage à tous ces hommes et femmes qui ont été mis au ban de la société américaine à cause d'événements qui se passaient au Japon. Pour certains d'entre eux, ils ne connaissaient même pas ce pays, n'y avaient jamais mis les pieds.

En parallèle, Kiku Hugues nous rappelle que l'histoire se répète sans cesse car l'histoire se passe également au moment de l'élection présidentielle où Trump a été élu.

J'ai été très touché et ému par ce témoignage. À cela, il faut rajouter un formidable graphisme.



Merci Kiku Hugues d'avoir relevé mon niveau d'histoire. Merci aux éditions rue de Sèvres de publier de si beaux romans graphiques.
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​Kiku vit aux Etats Unis, c'est une adolescente aux origines japonaises qui ne se perçoivent pas au premier abord, d'autant que sa famille n'est pas ancrée dans cette culture.Alors en voyage avec sa mère à San Francisco, cette dernière souhaite se rendre à Japantown pour y percevoir la maison dans laquelle sa propre mère a vécu, grâce à une adresse retrouvée sur des lettres. Malheureusement la bâtisse n'existe plus, un centre commercial occupe aujourd'hui l'endroit. Kiku décide d'attendre à l'extérieur pendant que sa mère fait les boutiques.



Kiku se retrouve seule lorsqu'une étrange brume commence à l'entourer, lorsque celle-ci se dissipe Kiku se retrouve ailleurs, assise dans une salle de concert où une très jeune violoniste se produit. Tout autour d'elle a changé, les gens sont habillés différemment comme s'il s'agissait d'une autre époque. Kiku revient à la réalité en pensant qu'elle s'était assoupie et qu'il ne s'agissait que d'un rêve.



Rentrée à Seattle, cette brume refait son apparition et l’emmène encore plus loin, à la rencontre de personnes dont elle a entendu parlé mais face à une situation qu'elle n'avait pas imaginé. Vivre à l'époque de sa grand-mère quand après l'attaque de Pearl Harbor les américano-japonnais étaient considérés comme des ennemis de la nation et de se fait parqués dans des camps.



Kiku connait très mal ses origines, sa famille a tenté de les oublier afin d'oublier aussi les épreuves endurées. Dans ce roman graphique, où l'on trouve une large part d’autobiographie, l'autrice aborde un événement historique qui m'était totalement inconnu. Il est évidemment question de différences et de discrimination mais pas seulement, car de voir apparaître des camps de détention m'a ramené à l'histoire de notre pays.

J'ignorais que l'intolérance avait pu pousser les américains à établir un schéma identique à ce qui se passait en Europe à la même époque. Comme si ces années là avaient fait dérailler les bonnes consciences du monde entier.



Kiku est entraînée dans ces événements qui la dépassent mais aura la change de rencontrer des personnes formidables et surtout sa grand-mère. Malgré l'horreur de la situation, elle sera bénéfique pour Kiku qui découvrira ses origines et la culture de sa famille.



Les illustrations style comics sont simples et compréhensibles car la plupart sont sans texte. Je déplore un peu les couleurs choisies lors du bond dans le temps, sinon le narration est fluide et le sujet plus intéressant que je ne m'y attendais.


Lien : http://stemilou.over-blog.co..
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Dans ce récit autobiographique où se confondent réalité et fiction, Kiku Hugues, jeune auteure Américano-japonaise tisse une histoire fascinante et livre un témoignage poignant . Il interroge sur les choix entrepris par une société et sur sa capacité à reconnaitre ses erreurs au travers d'un épisode de l'histoire. Le thème de l'identité est également très présent.

Le 7 décembre 1941, alors que les familles des Etats-Unis s'apprêtent à fêter Noël, une terrible nouvelle tombe. L'empire du japon frappe la base aérienne de Pearl Harbor, les Etats-Unis entrent alors en guerre. Face à la pression publique et politique, et craignant que l'ennemi ne vienne de l'intérieur, Roosevelt signe un décret anticonstitutionnel accordant aux militaires le pouvoir d'arrêter et d'incarcérer toute personne d'origine japonaise. C'est ainsi que 120 000 Nippo-Américains sont expulsés de force de leurs foyers et placés dans des camps d'internement, soupçonnés de mettre en péril la nation. Un quotidien derrière les barbelés qui tire un trait sur les principes fondamentaux d'un pays libre. Pendant quatre ans, les lois contre les japonais vivant aux Etats-Unis vont s'intensifier pour les pousser à rentrer au Japon, où la plupart n'ont jamais mis les pieds.

En 1988, Jimmy Carter fera ouvrir une commission de travail en vue d'une réparation morale et financière. Les excuses viendront seulement de Bill Clinton et de Barak Obama.

Cet album de fiction raconte cette page tragique de l'histoire des Etats-Unis à travers les yeux d'une adolescente, l'auteure elle-même se met en scène, à la recherche de ses racines et de son histoire familiale.

Kiku,16 ans, Américano-japonaise se sent déconnectée de son héritage japonais et en sait peu sur l'histoire de sa famille qui cultive le secret. Alors qu'elle voyage à San Francisco avec sa mère à la recherche de la maison de ses grands-parents, elle se retrouve propulsée dans les années 1940 et notamment dans l' un des camps de détention qui ont fleuri au lendemain de l'attaque de Pearl Harbor. Elle va y partager le quotidien de sa jeune grand-mère.

Le fait que son voyage dans le temps ait lieu alors de Donald Trump en campagne électorale veuille construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique et chasser tous les musulmans du pays n'est pas vraiment innocent. Cela réveille chez certaines communautés les expériences traumatisantes qui marquent les descendants ,des générations plus tard.

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Mélangeant autofiction et science-fiction, Kiku Hughes s’empare de l’histoire de sa grand-mère japonaise et, à travers elle, celles de milliers de citoyens nippo-américains.



Kiku a 16 ans et accompagne sa mère en voyage à San Francisco à la recherche de l’ancienne maison de sa grand-mère et arrières grand-parents. Une recherche infructueuse tant la ville a changé depuis et qui agace un peu l’adolescente qui ne saisit pas les enjeux de ce voyage. De sa grand-mère d’ailleurs, elle ne sait pas grand-chose, comme un secret familial qui a toujours plané entre elles et qui l'a éloigné de ses origines japonaises. Soudainement, le vent souffle sur San Francisco et Kiku se retrouve propulsée dans les années 40. C’est ainsi que l’histoire se révèle enfin pour elle. La jeune fille découvre qu’à la suite des attaques de Pearl Harbor, tous les immigrés japonais et leurs descendants ont été déchus de leurs droits civiques et parqués dans des camps, le gouvernement les accusant d’ennemis de la nation… Kiku va vivre plusieurs voyages temporels jusqu’à se retrouver, elle aussi, bloqué dans le temps et dans le camp. Kiku nous relate la vie difficile des immigrés, mais utilise également ce schéma narratif pour nous présenter des figures historiques importantes.



L’autrice fait aussi le parallèle avec l’histoire américaine actuel qui, comme souvent, ne cesse de répéter ses erreurs et cherche ses boucs émissaires auprès des nouveaux immigrés. Ce qui m’a le plus touchée est sa relation et ses discussions avec sa mère sur l’importance du devoir de mémoire pour enfin panser les plaies traumatisantes des histoires familiales.



“La persécution d’un groupe de personnes marginalisées, ne constitue jamais un acte de violence isolé : il condamne les générations futures à vivre avec les conséquences de celle-ci, ces traumatismes peuvent nous affecter, mais nous pouvons aussi y puiser la force de nous battre pour que justice soit rendue à nos contemporains persécutés. “



Une superbe BD jeunesse, enrichissante et plaisante qui plaira à tous les âges

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Cette lecture graphique apporte un éclairage sur une période méconnue. Le personnage principal tente de comprendre le passé de sa famille. Ce retour vers le passé est à la fois riche en enseignement mais aussi déroutant sur les faits vécus par toute une génération de nippo-americains. Une lecture émouvante.
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Les indésirables

Kiku, Américano-japonaise de 16 ans qui ne connaît rien de ses origines nippones, à l'occasion d'un voyage à San Fransisco avec sa maman, sur les traces de ses aïeux, se retrouve propulsée dans les années 40, après Pearl Harbor, dans ces années où les Etats-Unis parquèrent les Nippo-américains dans des camps. C'est en partie le discours de haine tenu par le nouveau président du pays, tout juste élu en 2016 et qui parle de construire un mur entre les Etats-Unis et le Mexique qui réveille en Kiku et sa maman les blessures des Japonais venus vivre dans ce pays avant la guerre et désignés comme espions ou gens peu fiables pendant cette période.



Roman graphique de presque 300 pages qui mèle astucieusement fiction et réalité. La fiction est bien sûr la partie où Kiku se retrouve propulsée en 1940 dans les camps d'internement et où elle est la voisine de sa propre grand-mère, jeune fille, et de ses parents, les premiers immigrants de la famille. L'histoire n'est pas nouvelle, mais pas forcément très connue. Kiku Hughes parle de la promiscuité, des bâtiments à peine finis lorsqu'ils arrivent, des brimades, des humiliations quotidiennes (l'appel, la nourriture très mauvaise...), du sentiment profond d'être abandonnés de tous, d'être suspectés, de ne plus savoir à quel prix il faut rester dans ce pays sachant qu'il est impossible de retourner au Japon... et de l'adaptation pour améliorer la qualité de vie.



Le dessin est simple et se focalise sur les personnages, les décors sont tellement monotones qu'ils ne sont pas répétés. Les cases peuvent être muettes, ça n'est globalement pas un livre bavard, mais il raconte bien cette période. Très bel et bon album très coloré, ce qui tranche avec l'histoire racontée, qui fait le lien avec l'actualité. Et au vu des derniers événements aux Etats-Unis (la fin de mandat de Trump et l'entrée en force de ses partisans au Capitole), je ne suis pas certain qu'on aille vers du meilleur.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Les indésirables

Alors qu'elle est en vacances avec sa mère à San Francisco, Kiku, 16 ans, américano-japonaise se retrouve propulsée dans les années 1940 dans un camp qui a vu le jour comme beaucoup d'autres sur le territoire américain au lendemain de Pearl Harbor. En pleine seconde guerre mondiale, Kiku se retrouve comme beaucoup de japonais, internée dans un camp coupé du reste du monde. C'est l'occasion pour elle de découvrir le quotidien de sa grand-mère comme celui de 120000 citoyens nippo-américains, dans la misère, la famine et la promiscuité.

Aux frontières du fantastique, cette bande dessinée historique retrace le vécu de ces milliers de nippo-américains prisonniers dans ces camps américains, car potentiellement ennemis de la nation. Magnifiquement illustré, les couleurs, les planches donnent vie à ces conditions insalubres et au racisme omniprésent. Elle n'est pas sans rappeler le magnifique roman de Marie Charrel, les mangeurs de nuit, qui aborde le glissement qui va opérer entre la fin des années 30 et la 2ème Guerre Mondiale sur le territoire américain.

A lire, pour comprendre et ne pas oublier.
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Les indésirables

Je ne connaissais pas du tout l'histoire des camps d'internement japonais sur le sol américain au cours de la Seconde Guerre mondiale et j'ai beaucoup appris avec cette lecture.



Grâce à une sorte de voyage dans le temps effectué par l'héroïne, on est plongé au cœur de ces camps, on partage avec les personnages leur vécu de façon très vivante.



Mais le plus poignant avec cette bande-dessinée selon moi, c'est la manière dont l'auteure illustre le traumatisme générationnel causé par un tel événement. Se rendre compte que même deux générations plus tard, le sujet demeure tabou et fait l'objet de silence au sein de la communauté nippo-américaine était très fort.
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