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Citations de Laurence Cossé (313)


Les records sont faits pour être battus, les tours sont souvent vite ridiculisées. Jouer l’horizontalité est beaucoup plus fort. Les Invalides sont une œuvre éternelle du fait de son envergure et non de la hauteur du dôme qui est venu la compléter.
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Il voyait comment, en quelques semaines, la preuve de l'existence de Dieu peut ruiner l'équilibre laïc. Car l'équilibre tient à l'incertitude de l'existence de Dieu. L'absence de preuve de l'existence de Dieu oblige à respecter les incroyants ; mais l'absence de preuve de l'inexistence de Dieu à respecter les croyants
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L'illettré est français de souche et l'analphabète immigré .
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C'est que quatre-vingt-dix pour cent des romans qui se publient sont "des livres que c'est pas la peine", comme les appelait Paulhan.
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En âge scolaire, c'est clair, Fadila n'a pas quatre ans mais deux. Elle ne sait pas ce que c'est qu'une ligne, ni aller de gauche à droite. Elle ne fait pas la différence entre une courbe et une droite. Elle n'a pas idée que les lettres doivent être identiques, séparées les unes des autres, et par des espaces semblables. Peut-être n'a-elle même jamais dessiné. Quand il apprend à lire à cinq ou six ans, le petit Français a derrière lui trois ou quatre ans de pré-apprentissage pendant lesquels il a passé des heures un crayon à la main, dessiné, relié des points, repéré des directions et tracé des bâtons, des ronds, des tirets, toujours de la même taille, toujours sur une ligne horizontale, toujours de gauche à droite et de haut en bas.
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Vous n'avez pas l'impression que la plupart des gens logent au fond d'eux-mêmes quelqu'un qui ne leur ressemble pas? dit Van. Et ce dans un sens ou dans l'autre, quelqu'un de beaucoup moins plaisant, ou de beaucoup plus sympathique.
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Je me demande si on comprend jamais quoi que ce soit à autrui. Je veux dire : quand bien même on a la même langue maternelle, la même culture, le même âge. (p.195)
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Une fille de ma génération portait en elle, à vie, la conviction d'être par nature moindre, et dépendante, à jamais. Une petite fille des années 60 se savait par définition une demi-portion, un accessoire, tout au plus une future femme, c'est-à-dire, en attendant, rien : rien avant d'avoir été engrossée, unique compétence à laquelle elle pouvait prétendre, si l'on peut dire puisqu'elle n'y parviendrait jamais seule.
Elle se savait, qu'elle le veuille ou non, un spécimen du sexe faible, destinée à vivre dans un monde fait par et pour le sexe fort, un monde où les hommes régnaient, les hommes dotés, eux, par nature, de tous les talents, l'autonomie et l'intelligence, l'aisance physique et le droit de se faire entendre en société, le devoir d'agir et de prendre leur place, d'exceller, de se distinguer et d'être applaudis (ce qui comblerait leur mère de joie).
Variantes : la petite-fille se savait être une empotée, ou une geignarde, une chichiteuse, un bibelot.
Mon père, qui avait beaucoup désiré fonder une famille, qui aurait été désolé de n'avoir que des fils et qui était un homme bon, disait devant nous qu'il était bien content d'avoir eu "des fils intelligents et des filles jolies". Il ne le disait par misogynie, ni par tradition, mais parce qu'il aimait le bonheur et le souhaitait à ses enfants, et que c'était un observateur réaliste et sensible de la cruauté sociale.
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Elle travaillait toujours avec acharnement. La gloire du corps visiblement ne lui suffisait pas. Elle voulait être Nathalie Sarraute avec quelque chose de plus. Une femme qui s'impose par son esprit et dont on dit : « Et superbe, avec ça ».
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Quelle étrange substance, la mémoire, fluide et fuyante à la manière du mercure, avec des éléments plus solides que le silex. La précision de certains souvenirs... Il y a des phrases entières que j'entends comme si c'était hier qu'elles m'avaient clouées sur place. Je suis sûr d'elles au mot près. Des expressions sur un visage, glaçantes, des gestes. Et il y a d'énormes trous, des cratères où ont disparus des mois entiers avec les lieux qui leur servaient de cadre, des quantités de gens — sans doute les moments heureux et les personnes inoffensives ; car les plages paisibles s'enfoncent dans l'oubli quand les heures atroces ne perdent rien de leur tranchant, quel que soit le nombre de décennies qui nous en séparent, ou sont supposées nous en séparer. Et dans les heures atroces, je compte pour ma part les quelques instants de joie folle dont j'ai eu conscience en les vivant qu'ils étaient fulgurants et qu'ils allaient s'éteindre aussi brutalement qu'ils m'avaient éblouis.
(p. 12)
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Qu'il s'agisse du verre de la pyramide du Louvre - transparent ou teinté ? -, de la pierre du ministère à Bercy, des arbres du jardin de la Très Grande Bibliothèque, du tissu des sièges de l'Opéra Bastille, c'est François Mitterand qui a le dernier mot. Il aime particulièrement le bois, et il tient à choisir celui dont seront faits les fauteuils de ce même Opéra. Il faut entendre les témoins raconter cet épisode. "Nous savions tous que le président avait une dilection pour le poirier. Mais nous le connaissions, nous savions aussi qu'en public il ne disait jamais : Je veux. Il fallait donc organiser une discussion aboutissant à la solution préférée par lui sans qu'il ait à exprimer cette préférence. En l'occurrence, il était impossible de lui faire dire : Je voudrais du poirier, ni de lui dire : Connaissant vos goûts, nous avons choisi du poirier. Nous avions donc prévu qu'il y ait plusieurs échantillons de bois, qu'à un moment donné quelqu'un dise : C'est joli, ça, qu'est-ce que c'est ?, qu'un autre alors réponde : C'est d'un poirier, et qu'un troisième renchérisse : C'est vraiment bien, pour que le président puisse conclure en disant : Je me rallie à votre avis, je trouve également que ce bois conviendrait bien."
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Quelle étrange substance, la mémoire, fluide et fuyante à la manière du mercure, avec des éléments plus solides que le silex. La précision de certains souvenirs… Il y a des phrases entières que j’entends comme si c’était hier qu’elles m’avaient cloué sur place. Je suis sûr d’elles au mot près. Des expressions sur un visage, glaçantes, des gestes. Et il y a d’énormes trous, des cratères où ont disparu des mois entiers avec les lieux qui leur servaient de cadre, des quantités de gens – sans doute les moments heureux et les personnes inoffensives ; car les plages paisibles s’enfoncent dans l’oubli quand les heures atroces ne perdent rien de leur tranchant, quel que soit le nombre des décennies qui nous en séparent, ou sont supposées nous en séparer. Et dans les heures atroces, je compte pour ma part les quelques instants de joie folle dont j’ai eu conscience en les vivant qu’ils étaient fulgurants et qu’ils allaient s’éteindre aussi brutalement qu’ils m’avaient ébloui.
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Nous avons du mal à le croire, nous autres Français qui nous voyons rationalistes, organisés et pour tout dire très intelligents, mais aux yeux de beaucoup de nos voisins nous sommes des passionnels, des idéologues, des phraseurs, des agités, des individualistes, enfin des gens peu sûrs.
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Ici, sous « l’Arc de triomphe de l’homme »,
Les gens viendront du monde entier
Pour connaître les autres gens,
Pour apprendre ce que les gens ont appris,
Pour connaître leurs langues, leurs coutumes, religions, arts et cultures.
Mais surtout pour rencontrer d’autres gens !
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La littérature est source de plaisir, c'est une des rares joies inépuisables mais pas seulement. Il ne faut pas la dissocier de la réalité. Tout y est. Toutes les subtilités de la vie sont la matière des livres.
Il. ´y a pas que les situations d'exception dans les romans, les choix de vie ou de mort, les grandes épreuves, il y a aussi les difficultés ordinaires, les tentations, les déceptions banales; et en réponse, toutes les attitudes humaines, tous les comportements, des plus beaux aux plus misérables.
Lisant cela on se demande : Et moi, qu'est-ce que j'aurais fait ? Il faut se le demander : c'est une façon d'apprendre la vie à vivre. Des adultes vont te dire que non, que la littérature n'est pas la vie, que les romans n'enseignent rien. Ils auront tort. La littérature informe, elle instruit, elle entraîne.
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L'idée était qu'on ne peut opposer littérature populaire et littérature élitiste, qu'il est même sans intérêt de vouloir les distinguer, outre que c'est bien difficile. L'une et l'autre comptant quantité de livres anodins et quelques chefs-d'oeuvre, la seule distinction qui vaille consiste à promouvoir les grands livres, dont certains sont très simples et d'autes difficiles.
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Fadila connaît le haut et le bas dans l'espace réel. Elle distingue très bien ce qui se trouve sur la table et ce qui est dessous. Elle doit aussi différencier ce qui est sur le papier (le stylo posé sur la feuille) et ce qui est dessous (le bois de la table). Sans doute, au tableau noir, elle comprendrait « le point sur le i ». De là à distinguer sur une feuille à l'horizontale ce qui est au-dessus d'une ligne, il y a un abîme qui sépare le réel de la représentation, l'habitude de l'espace où l'on évolue et l'ignorance de ces figurations abstraites.
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"- Vous n'avez jamais eu envie d'apprendre à lire ? lui demande Édith.
– Si, j' commencé !", dit Fadila. Il y a quelques années elle a été inscrite à un cours, dans une paroisse, pas très loin de chez elle – elle ne sait plus le nom de l'église. "J'laissé tomber". La responsable du cours l'a rappelée plusieurs fois, insistant pour qu'elle reprenne. "Elle dit j'arrive presque". Les autres, au cours, ont toutes appris à lire. Fadila hausse les épaules. Est-ce que c'est la difficulté qui lui a fait lâcher prise ? Elle n'y arrivait pas ? Au contraire. "la dame elle dit j' tais celle il reconnaît le mieux les lettres". Elle montre en parlant, devant elle, du menton et de la main, comme un tableau noir. Mais le cours avait lieu le soir, et pas tout à côté de chez elle. Elle trouvait dur de ressortir après le dîner.
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“ Qu’est-ce que ça change, au fond, d’avoir la preuve de l’existence de Dieu?”
Le Dangeolet prit un air excédé, et d’autorité la parole:
“ Père Waldenhag, est-ce bien le moment de plai­santer? Je vous en prie! L’heure est grave, et il n’est pas question de divulguer la preuve avant d’avoir fait le tour de tous les effets que cela pourrait avoir sur le monde. Car une chose est sûre, le monde en serait bouleversé. Et une autre beaucoup moins sûre: que nous ayons a y gagner tant que ça.
“ Il n’y a pas de temps à perdre. Je ne sais comment, certains à Paris sont au courant de l’existence de la preuve. Dieu merci, ce ne sont pas des journalistes, mais des membres du gouvernement, ou tout comme. Leur sens de l’État devrait les empêcher de parler à tort et à travers. Mais enfin, l’information est lâchée. Si nous voulons l’arrêter dans sa course, il nous faut faire très vite.
“J’ai eu tout à l’heure un entretien avec notre ministre de l’Intérieur. Mes compagnons de voyage ici présents en ont été témoins, le malheureux n’avait pas pu me voir avant notre départ, et il a fait des pieds et des mains pour m’immobiliser au sol à Roissy avant le décollage de l’avion. Il tenait mordicus à me parler.
“Le gouvernement est terriblement inquiet de savoir la preuve établie. Et plus encore de l’imaginer diffusée. Il a fait plancher ses experts pour avoir une idée de ce que pourraient devenir nos sociétés, informées de la chose. Les prévisions sont alarmantes. Le premier effet serait évidemment le chaos.
“Nos économies si complexes et fragiles vont se trouver sens dessus dessous. Les hommes, éblouis par Dieu, n’auront plus de raison de continuer à travailler pour faire tourner comme avant la machine. Le primat de l’économique s’effondrera Quatre-vingt-dix pour cent des entreprises humaines apparaîtront dérisoires. Le publicitaire, l’esthéticienne, tous les marchands de rêve et d’évasion fermeront boutique. A fortiori les marchands de canons. Le seul comportement tenable sera peu ou prou celui des Contemplatifs: oraison et frugalité. Je ne vois pas qu’aient encore la moindre importance la recherche en général et la théologie en particulier, mes bien chers. Une économie archaïque s’instaurera Du coup, ce sont les salles de change qui fermeront, les Bourses du monde entier, les chaires de finance internationale, les écoles de commerce. Fru­galité et oraison.
“ Nous avons eu assez de mal à mettre un peu d’ordre sur terre, depuis vingt siècles. Et c’est l’ordre qui va être sapé à la base! L’ordre des priorités, le calendrier des urgences, le départ entre l’essentiel et l’accessoire... Les valeurs fondatrices des sociétés modèles en ce bas monde seront déboulonnées: la valeur travail, la valeur enrichissement, développement, la valeur organisation sociale. Finie, l’accepta­tion de l’autorité! Terminé, le respect des hiérarchies!
“ À plus long terme, un monde voué au bien n’a rien pour rassurer. Je conçois que le paradoxe vous choque. Mais croyez-vous vraiment qu’un monde d’orants soit vivable? Je reprends l’expression du ministre, elle-même empruntée aux experts de Matignon, ‘‘il faut imaginer la France comme un grand monastère”. La France, et l’Italie, et le Liechtenstein, et les autres. Ne parlons même pas des conséquences sur la démogra­phie: elles pourraient régler le problème par l’extinc­tion de l’espèce humaine. Non, posons que le monde se survit. Nous avons assez tonné contre l’esprit de lucre et l’exclusion sociale, on ne peut pas nous accu­ser d’avoir pactisé. Mais de là à jeter le bébé avec l’eau du bain... L’humanité ne s’est pas mal trouvée de l’électricité, des vaccins, du nucléaire, disons-le: de la bombe atomique. L’ivraie s’est toujours mêlée au bon grain, indissociablement, et au total on était à peu près à l’équilibre. Ça tournait. Pourquoi vouloir tout désé­quilibrer?
“ Le bien, le bien pur: on sait où ça mène. On les a vues à l’œuvre, les communautés idéalistes, les Cathares, les Vaudois, les Anabaptistes à Münster. Tôt ou tard, le sectarisme l’emporte, avec le fanatisme, l’éloignement du réel et la tentation du suicide. Le refus de la vie et de son ambiguïté, de sa féconde ambi­guïté, conduit, excusez la tautologie, à la préférence pour la mort.
“Croyez-moi, cette preuve est lourde de menaces. Un ange est passé: qui sait si ce n’est l’Exterminateur?”
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«  C’est la sécurité affective dont j’ai le souvenir , la sécurité absolue nous baignant comme une mer chaude qui me fait appeler amour ce que nous avons partagé , Sybil et moi .
Nous vivions là un privilège , une grâce que je ne pensais pas en ces termes mais dont toutes les fibres de mon être étaient sûres . »
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