Citations de Laurence Nobécourt (220)
Dans sa réalité triviale,la vie n’a réellement aucun sens.Dans son mystère, elle est sublime.
Elle arbore un gilet rouge avec des franges blanches et des pompons. L'un de ces vêtements qui font partie des mystères entiers de l'existence.
L'évêque affirme que le nombre d'humains a tant augmenté sur la terre qu'il en aurait modifié les vibrations. Et qu'ainsi le temps ne serait plus de vingt-quatre heures mais de seize heures par jour. De là que nous serions sans cesse débordés.
_ C'est qui schizophrène ? demande brusquement Élie, son neveu et allié.
_ Un superhéros.
Quel est son pouvoir ?
_ Il peut sortir de le réalité, mec !
_ Waouh !
Elle tire le mouchoir en tissu blanc brodé de sa grand-tante Madeleine, un tout petit mouchoir réduit dans sa main, une boule de peine intensément pétrie par son chagrin, qu'elle a enfoui dans sa manche comme un petit animal tout chaud où elle plonge son visage plusieurs fois par jour pour se réconforter à sa propre odeur et couvrir celle de l'hôpital ? -, pour retrouver le parfum de la maison au mimosas où elle allait toujours avec Madeleine.
C’est beau quand les êtres s’aiment,Dieu peut enfin aller à la plage.
_ Pour le caractère de chaque être. Il me plaît d'observer combien ils sont tous pétris de cette même matière divine unique parce que « une », mais aussi unique au sens de singulière.
_ Cependant, c'est un peu malheureux cette tendance qu'il ont à s'enliser dans si peu de chose.Cela crée une telle tension en eux qui les contraint à mourir de temps en temps pour supporter la vie.
_ J'ai connu un homme qui marchait à côté de son vélo pour ne pas user les pneus. Et qui a vécu dans une caravane devant sa maison pour éviter de l'utiliser au cas où il voudrait la revendre. Véridique. Mais c'était un Indien, et je croisq qu'il préférait sentir le sol sous ses pieds quand il se déplaçait et le ciel proche de son crâne lorsqu'il dormait.
Cloutés dans la brume, les rapaces tournoient comme des moulins à vent qu'un enfant invisible tiendrait au bout de ses bras dressés...
Plusieurs réalités existent, Yazuki en est convaincu, il pense que s'il arrive à écrire un livre suffisamment puissant, les personnages finiront par advenir dans une autre réalité, un autre temps, ce pour quoi il désire écrire maintenant le livre le plus heureux du monde pour ajouter du bonheur dans l'univers. Personne ne le croit quand il dit cela , et pourtant, il sait qu'il dit vrai.
" La seule réponse à la vie est de s'enfoncer dans la question."
Il appartient aux vrais pauvres, c'est-à-dire aux vrais riches : pauvres d'avoir mais riches d'être.
25 décembre
" La poésie est le seul espace qui résiste au saccage.Ce qui fût écrit, nul ne peut l'abîmer ni l'ôter. Pas même le détruire. Quand bien même les livres seraient brûlés. Le verbe porte une conscience sans fin.La poésie reste invisible et présente dans chaque pas de l' Histoire du monde".Yazuki n'a plus d'encre.Il fait froid mais il se sent doux.Le manuscrit est ouvert sur la table.Son désir d'écrire est intact.
( p.15
21 décembre
Il faut beaucoup d'années pour mettre sa vie en ordre. Mais c'est absolument nécessaire si nous voulons jouer correctement le jeu. Parce que la vie est un jeu que nous désirons gagner, un jeu profond, grave, innocent et obscur dont nous ignorons les règles aussi bien que la meilleure stratégie à adopter.Il m'est clair désormais que chaque partie se joue seulement contre soi-même , et pour avoir une chance de la gagner, nous devons rester conscients et éveillés. L'autre fait partie de mon jeu.Et je fais partie du jeu de l'autre.
( p.9)
Vous savez, cette mélancolie de fin août début septembre, cette charnière qui annonce la fin de l'été, le retour des enfants à l'école, l'automne à venir avec ses ors dorés, et l'humidité des feuilles dans les bois. L'automne en Europe... Quel charme précieux. Il me semble toujours, à cette époque de l'année, que quelque chose est irrémédiablement perdu et pour toujours, parce qu'encore une fois, nos bras pendant l'été se sont refermés sur le vide, tandis que l'on rêve à cette fête en soi que l'on pourra peut-être attraper l'an prochain quand l'été s'avancera dans les couleurs et les parfums de juin.
Je pensais sincèrement, enfant, que les adultes ne grandissaient pas seulement en taille mais aussi en esprit, qu'ils savaient tout ce que j'ignorais. Quelle étrange découverte de comprendre petit à petit qu'ils n'avaient grandi qu'en taille. Cela m'a longtemps désespérée.
Découvrir ce que la sexualité peut découvrir : c’est la seule raison d’être de la sexualité. La connaissance est sa seule morale. Tout comme la littérature, la sexualité sert à connaître. De là qu’elles soient intimement liées.
Écrire, c’est réactiver par les mots l’événement de ce qu’ils désignent : leur vérité originelle ensevelie sous les décombres du langage. Celui qui y parvient, celui-là est écrivain. Nous ne sommes écrivains que par brefs et fulgurants instants.
La sexualité n’est pas divertissement, elle est accomplissement et travail. Nommer, voilà ce qui se doit : être non pas seulement procréateur par le sexe mais créateur par le verbe, c’est ce à quoi la sexualité en l’amour nous appelle : par une syntaxe de caresses et de bouches faire de tout baiser une grammaire divine. Nommer voilà ce que je me dois et te dois.
La luxure est une luxation de l’âme. Je l’ai appris de ma vie. Mais pas de cette façon que la morale induit. Il y a aussi cette sémantique d’abondance que porte la luxure, d’où nous vient toute luxuriance.