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EAN : 9782204126335
247 pages
Le Cerf (12/01/2018)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Creusant livre après livre son chemin d'écrivain et de femme, Laurence Nobécourt poursuit son oeuvre littéraire avec deux textes d'une rare profondeur, à la recherche d'une véritable union entre l'âme et le corps. Dans Vivant Jardin, elle entame, sous forme d'un dialogue à trois voix, une réflexion nouvelle sur l'écriture et sur l'amour. Comment concilier l'exigence de l'art avec la passion amoureuse ? Dans Le Poème perdu, Laurence Nobécourt (est-ce bien elle ?) int... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Livre d'amour, "Vivant Jardin" est également un amour de livre. Tout d'abord dérouté par la forme du récit, la narration fragmentée, atemporelle et aérienne, par les courts paragraphes comme isolés les uns des autres, j'étais un peu perdu dans le premier chapitre, sans repères. Puis, progressivement, j'ai compris les relations particulières qu'entretiennent Laura (double fictif de l'auteur), Aru et Yazuki, les trois personnages de ce récit sur l'amour. Car paradoxalement, la seule façon d'aimer, c'est d'être trois. « Trois, c'est le bon chiffre. (…) À deux, c'est impossible. » Laurence Nobécourt encouragerait-elle le polyamour ? L'explication arrive bien vite. « L'un ne peut s'accomplir qu'en renonçant au deux pour accéder au trois : soi, l'autre et le divin. » Partager l'amour du divin, voilà les fondations et le chemin, mais affranchis de tout dogme social ou religieux. Cette recherche de transcendance anime les nombreuses discussions, les nombreuses interactions, les nombreux tête-à-tête entre Laura, Aru et Yazuki et dans lesquels ils nous révèlent leurs sentiments, leurs humeurs, leurs états d'âme. Ce qui rapproche ces trois personnages, c'est leur quête d'absolu et de vérité, la recherche du seul et unique amour, l'amour véritable. Yazuki a cependant un rôle à part, il est le langage qui agit comme un miroir, un catalyseur, un initiateur, un révélateur. Par exemple, lorsque Laura fait part de sa peur d'aimer, Yazuki lui fournit une réponse à la fois psychologique et symbolique très intéressante : « Le désir de contrôler l'autre, de le tenir, c'est la crainte d'être tué par lui, c'est la peur d'être blessé, altéré si on ne le soumet pas. Tu as toujours voulu garder le pouvoir sur l'autre, c'est-à-dire susciter son désir, par peur d'être tuée par lui. Or, c'est cela aimer : s'abandonner à l'autre sans la crainte d'être tué. La seule chose que nous possédons c'est notre manque de l'autre. » Ce genre de conversation va se répéter de nombreuses fois entre les personnages leur permettant d'avancer toujours plus loin dans leur quête amoureuse. La dimension sexuelle de l'amour n'est pas mise de côté, elle est même centrale. « Yazuki dit que la sexualité ne sert qu'à une chose : à comprendre. » Comprendre nos vies avec des passages d'une grande sensualité ou même de l'humour lorsqu'Aru repousse les avances d'une femme et honore Laura en reniflant « entre ses doigts l'odeur de [son] sexe imprégnée. » La sexualité élève, honore la vie et le divin, elle devient « poésie faite corps ». D'ailleurs, le rapport avec l'écrit est constant dans le récit. La vie et l'écriture sont absolument liées, l'amour et l'écriture sont inséparables. Pour Laurence Nobécourt, la vie nourrit l'écriture qui en retour sert elle-même à raconter la vie. Mais pas dans n'importe quelle condition. L'écriture ne doit pas servir le désir de toute puissance de l'écrivain, elle a à voir avec la beauté, avec la recherche des mots vrais, avec « la vérité des mots, (…) leur vérité originelle ensevelie sous les décombres du langage. ». Elle implique aussi d'accepter de se mettre à nu, de regarder en face ses propres démons. Cette lecture envoutante de "Vivant Jardin" m'a souvent renvoyé à mon propre rapport à l'amour et à l'écriture. Elle a fait écho en moi à ce même désir d'absolu, à cette même quête d'amour véritable qui brûle chez Laura, Aru et Yazuki. Elle a également ravivé mon envie d'écriture, cet espace personnel de liberté et de recherche de vérité. Laura confesse à la fin du roman qu'elle ne pouvait pas écrire "Vivant Jardin" tant qu'elle n'avait pas rencontré Aru, son amour. J'ajouterai que je n'aurais pas pu le lire si je n'avais pas rencontré moi-même ma bien-aimée.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Au moment où il n'y aura plus de mots pour s'asseoir
Nous resterons debout sans phrase pour nous soutenir
Avec entre les mains le fil de nos ourlets sauvages
Pour ne pas tomber mon petit,
Je me recouds chaque jour au grand tissu.
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Écrire, c’est réactiver par les mots l’événement de ce qu’ils désignent : leur vérité originelle ensevelie sous les décombres du langage. Celui qui y parvient, celui-là est écrivain. Nous ne sommes écrivains que par brefs et fulgurants instants.
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Découvrir ce que la sexualité peut découvrir : c’est la seule raison d’être de la sexualité. La connaissance est sa seule morale. Tout comme la littérature, la sexualité sert à connaître. De là qu’elles soient intimement liées.
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Vidéo de Laurence Nobécourt
365 jours dans la vie des humains sur la planète Terre… À New York, Laïal tente de se détacher des siens. Au Portugal, Perla apprend à mourir, et sa fille Wanda à devenir mère. À Venise, le Cardinal Luigi de Condotti parle aux abeilles. le jeune Kola, en Afrique, découvre ce qu'il en est de l'amour qui unit Mado, sa mère, à Youli. Dans l'hôpital de Sakhalin, en Russie, où un Indien se prend pour le patron de la CIA, Jozef ne fera peut-être jamais le deuil de sa femme… Voici quelques-unes des voix qui peuplent ce roman-monde : elles communiquent furtivement par élans charnels, émotionnels ou spirituels. Est-ce un hasard si toutes partagent la lecture des livres de Yazuki, cet écrivain japonais qui cherche son point final et dont chacun quête l'opus mythique, Opéra des oiseaux ? Ainsi se déploie la partition de Laurence Nobécourt, de pays en cultures différentes, de langages en paysages inattendus. Les destins s'entrelacent, à l'insu souvent des protagonistes : chacun poursuit l'équilibre de sa vie, et déséquilibre celle d'un autre. Chaque personnage est comme un passage vers un monde, une famille, une psyché ou un trouble. Parfois c'est un enfant, parfois une femme très âgée, parfois un homme dont la voix semble changer, traverser le temps et l'amour. Entrer dans ce livre gracieux et profond, c'est accepter de ne plus maîtriser tout à fait le cours des choses, s'abandonner avec délices à l'énergie déconcertante et vivace de la littérature.
Laurence Nobécourt est née en 1968 à Paris, où elle a commencé à écrire dès l'enfance. Elle a publié romans, récits, poèmes sous le nom de Lorette Nobécourt puis, depuis 2016, sous sa véritable identité. La plupart de ses livres sont parus aux éditions Grasset, dont La Démangeaison, La Clôture des merveilles, L'Usure des jours, En nous la vie des morts et Grâce leur soit rendue. Elle a quitté Paris pour Dieulefit où elle vit et anime des ateliers d'écriture.
En savoir plus : https://bit.ly/3ArXDis
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