Citations de Léonor de Recondo (1071)
Instants de bonheur fugaces où Céleste, à son insu, entre dans la danse de la nature, lui donnant corps.
《 CÉCILE N'EST JAMAIS AUSSI BELLE que lorsque nous sommes allongés sur le lit,quand elle ne voit pas mon regard posé sur elle, quand,de profil où de face ,je regarde ses yeux verts se perdre en rêveries un monde duquel je suis exclu, mais son attention ,alors déportée,me laisse le loisir de l'observer tout mon soûl, de découvrir une tendresse et un abandon inattendus dans ses yeux,sa bouche,ses épaules.Le corps est un mystère, ce pouvoir qu'il a de révéler ou de cacher la personne qu'il incarne me fascine.On ne connaît pas l'autre tant qu'on ne l'a pas vu se mouvoir,tant qu'on ne l'a pas vu habiter l'espace.(Page 93).
《 JE TE VOIS ASSIS SUR LE BANC EN MARBRE,le ciel sous les pieds.Tu regardes la vallée. Je m'approche lentement, la montée m'a fatigué.Tu as le dos courbé. Ça fait combien de temps qu'on ne s'est pas vus,Ernesto?Des décennies, dans les années cinquante sûrement, j'avais vingt ans ,et toi ,trente de plus.....(Page 11).
Il a l’impression que tous les fragments de son corps, mais aussi chaque minuscule parcelle qui le constitue, sont engloutis par une immense vague de tristesse. Et, quand Michelangelo commence à pleurer, il lui semble que les mots, désespérément cherchés depuis son enfance, coulent le long de ses joues, formant un verbe brûlant qui lui strie la peau.
On ne sait jamais d'où viennent les coups, et les pires viennent souvent des proches.
El pour l' Espagne, "Greco" " grec" en italien, et la Grèce.
Mon ombre se ratatine dans mes sandales.
Nous avons pu nous intégrer un peu à la vie d'Hendaye. Mais ceux qui arriveront demain seront-ils accueillis chaleureusement ?
Ce soir, j'ai peur de l'hostilité et de l'incompréhension. J'ai peur pour eux, pour nous.
Je ferme les yeux , je vois les jardins d'Aranjuez où nous aimions tant nous promener. Je vois Irún, la maison, Aïta, notre rencontre, son front si lisse et ses yeux perçants. Je vois la sage-femme qui entre chez nous avec sa chaise d'accouchement pliante. Trois fois entre ses mains se sont posés mes enfants, mes fils si silencieux ce soir.
Combien d'années, de décennies, pour être en adéquation ?
Adéquation de corps, adéquation de rêves, adéquation de pensées, avec ce que nous sommes profondément, cette matière brute dont il reste quelques traces avant qu'elle ne soit façonnée, lissée, rapiécée par la société, les autres et leurs regards, nos illusions et nos blessures.
Iduri, mon petit, c'est cela aussi l'exil. Ne pas savoir dire, ne pas être là où nous devrions. Et, à chaque instant, avaler sa honte indigeste qui nous brûle le ventre.
Iduri, mon tout petit, c'est cela aussi l'exil. Ne pas savoir dire, ne pas être là ou nous devrions. Et, à chaque instant, avaler cette honte indigeste qui nous brûle le ventre.
Perdre son pays et sa famille, devoir choisir entre l'un et l'autre... Au nom de quelle loi, de quelle idéologie? Les errements de l'âme humaine sont incompréhensibles.
Chacun de tes sourires abandonne, à son insu, une bribe de toi en moi. Ces bribes sont devenues un jardin fou, une forêt où chaque arbre porte un souvenir de nous. Je m'y promène à ma guise, toujours ébloui par ces instants passée ensemble et par l'espérance de ce qui nous reste à vivre.
Que reste-t-il de moi alors qu’il devient quelqu’un d’autre ?
Si je ne me suis jamais senti homme, je me suis toujours senti père.
Ce problème – car cette femme en lui en est un – est le sien, et uniquement le sien.
Le lendemain matin, au petit déjeuner, les visages sont tendus. on s'évite. On parle d'autre chose, on s'efforce de croire qu'on est encore hier, quand rien n'avait été dit...
Mais il y a autre chose que je veux que vous sachiez. Une chose dont je n'ai jamais douté. Si je ne me suis jamais senti homme, je me suis toujours senti père.
Mais Solange reste là, étranglée par l’incertitude. Ça va bien s’arrêter, on va sortir de ce cauchemar absurde, tout va se calmer, c’est un mauvais moment à passer. J’ai les épaules solides. Je m’en suis toujours sortie. Tout ce qui ne tue pas rend plus fort, n’est-ce pas ? Je vais finir bodybuildée. Et pourtant, je l’aime encore. Et pourtant, des images de notre complicité me reviennent. Et je n’arrive pas à croire qu’un lien aussi profond puisse se rompre. Alors, le vertige la prend, et tout se dérobe, elle n’a plus aucune prise. Le destin va décider pour elle sans qu’elle ait son mot à dire. Rien à part attendre, attendre et attendre encore.
Alors, elle a tout fait comme il faut, dans la norme, les bonnes notes, les sourires, la sécurité de l’emploi, la maison individuelle, et puis ses enfants merveilleux, c’est vrai qu’ils le sont. Et son mari idéal… Elle s’est enfermée, elle comprend, en balisant la route, des flèches et des panneaux partout, et maintenant elle est coincée et forcée d’en sortir. Elle se sent trahie. Je me sens conne surtout…