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Citations de Louise Browaeys (92)


C’est une grande défaite quand on comprend qu’une lettre qui a une importance considérable à nos yeux n’en a aucune pour la personne à qui on s’adresse. C’est une défaite et en même temps, sans que je puisse l’expliquer, une victoire. Comme une chose si cruciale pour nous peut-elle avoir si peu de poids pour un autre ? Plus on creuse cette question et plus on creuse sa propre solitude. Et comment supporter, par-dessus le marché, le temps qui passe et qui sans cesse redistribue les cartes en dépit du bon sens ?
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Une chose que j’ai apprise là-bas et que j’ai retenue : l’association (en particulier depuis la Renaissance) des femmes et de la nature. Toutes méprisables. Une femme naît avec un corps semblable à un champ - qui doit être ensemencé et qui doit donner la vie. Voilà ce que pensent, sans toutefois l’affirmer aussi crûment, la majorité des hommes. La nature de la femme est passive. Elle est un réceptacle attendant d’être rempli de semence, comme la terre. Voilà pourquoi il fallait, selon eux, coûte que coûte, les venger.
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Wajdi est entré dans ma vie avec un bruit de bouteille qu’on débouche. Il n’a pas comblé un vide, c’eût été trop facile avec moi, mais il a révélé un autre plan, un plan inconnu qui ne cherchait qu’à être traversé. Wajdi (dont le nom signifie en arabe, je l’apprendrai plus tard : qui trouve ce qu’il désire) avait la capacité de tout considérer comme équivalent : une élection politique, un poème, une chemise à carreaux, l’économie de marché, une émission de télé, le Coran, la Bible, le Nutella, le réchauffement climatique. Tout cela n’était que les signes à la fois terrifiants et merveilleux de notre temps irrespirable. Il fallait selon lui les considérer avec suffisamment de rigueur et avec joie. De là naîtrait la possibilité de l’enchantement. C’était le seul remède à la mélancolie. C’était le seul remède que pouvait encore s’offrir à moindres frais notre génération.
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(...) la domination historique des hommes les a usés bien plus rapidement que nous. Ils se sont fatigués à force d’esclavage, de guerres saintes, de sommets pour la planète, de viols, de bûchers, d’aménagement du territoire, de discours sur la francophonie, d’élections, d’édits de tolérance, de projets de loi, de dérogations, de jurisprudence, et une infime partie de cette usure, aussi frappant que cela puisse paraître, se conserve à chaque génération.
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Tu étais submergée de culpabilité. (...) Culpabilité sur l'état de la Terre : tu l'appelles Gaïa, chaque soir, tu fais une prière pour elle et tu pleures ; tu me répètes que c'est ta propre mère et que plus elle ira mal, plus tu iras mal, cette corrélation ne fait plus aucun doute pour toi.
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Je suis debout, les yeux ouverts, le cœur véloce, mais j'ai capitulé. J'ai perdu toute innocence, j'ai trahi tout le monde et tout le monde m'a trahie. Je suis quitte, seule, en route vers un dessèchement dont je ne mesure heureusement pas l'intensité. Je flotte, au ras de ma folie, en attendant de m'écrouler, dans la clarté du jour dont les reflets violets trahissent le déclin. Je me sens comme la mer. La mer qui monte après la dislocation de la banquise. Décousue et orpheline, je connais le secret de mon luxe.
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C'est toujours la limite de l'exercice de la sincérité. La sincérité est rare, presque inexistante, mais si elle advient tout le monde détourne le regard avec dégoût.
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le physicien québécois Jacob Tremblay, qui a succédé à Graham Turner et Dennis Meadows comme rédacteur coordonnateur, a confirmé que, si l'humanité continue à consommer plus que la nature ne peut produire, l'effondrement économique et la baisse de la population devraient se poursuivre et s'accentuer très prochainement.
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On ne guérit pas de sa non-appartenance au monde.
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J'ai compris à ce moment-là que nous ne traversions pas seulement une crise, mais que nous étions dans un tunnel dont nous ne verrions probablement pas la fin. J'ai compris que ça ne passerait pas, mais que c'était définitif. Qu'il fallait travailler à vivre avec, s'en accommoder jusqu'à en faire une putain de force.
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- La nanoparticules issues des plastiques accumulés depuis presque cent ans se répandent dans tous les organismes vivants, tu ne le savais pas ?
Il prend un air calme, résigné, connaisseur. Il mime les flux du plastique et sa décomposition avec les mains et les doigts. Il poursuit :
- Ces particules, gorgées de polluants organiques persistants, traversent les barrières tissulaires pour s'accumuler dans nos organes et en perturber le fonctionnement.
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Maman avait aussi écrit : les raisons que l'on a de vivre sont précisément celles qui nous poussent à mourir. Démerdez-vous avec ça.
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La femme explique, avec des gestes précis de la main, comment se forme la forêt. C'est une futaie jardinée dit-elle, une sylviculture de pointe, elle a l'air naturelle, mais elle ne l'est absolument pas. Il y a beaucoup de lumière, des fougères, des arbres de plusieurs âges, c'est parfaitement étagé, aéré, très élégant.
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Il y eut des journées où je ne faisais rien. Je pouvais rester en pyjama à regarder par la fenêtre la couleur du ciel changer ou fixer l'écoulement du temps sur le compteur électrique avec une indicible angoisse. Dans les bons jours, j'étudiais l'échelle des temps géologiques, qui me semblait plus pertinente que le calendrier que K avait acheté au facteur : je la contemplais de longues heures, cherchant à me souvenir de la date d'apparition du premier mammifère et essayant d'imaginer, d'après ce que j'avais lu et ce que je sentais, la date d'extinction du dernier.
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- Je ne veux pas rentrer à la maison, dit-il en se tenant la tête.
- Et moi, j'aimerais être une fleur d'azalée, lui répondis-je en me penchant vers le massif, comme pour embrasser les fantômes des fleurs fanées.
Et je continuai le phrase dans ma tête : j'aimerais redevenir une fleur à peine éclose, et conserver ce rose pâle malgré les intempéries. Ne connaître ni l'aigreur, ni la colère, ni la vengeance, ni même le découragement. Ne pas avoir ces mille facettes intraduisibles et encombrantes, mais un nombre bien défini de pétales, un nombre rationnel, que l'on peut aisément communiquer. Porter des nervures qui, sous le soleil d'hiver, sont à la fois le signe de la douleur, de la folie et de l'intelligence. Comment rassembler les pétales épars répandus autour de moi comme les brisures d'un coquillage ? Comment penser assez vite pour permettre aux mots de danser et d'user leur fraîche musculature ? Comment tout dire, et dire ainsi encore mieux ce que l'on tait ?
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Ses yeux dorés étaient comme deux jeunes abeilles, qui tantôt me considéraient avec intérêt et tantôt semblaient chercher un pollen plus sucré ou simplement plus accessible.
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Le présent que nous vivons, chacun plus ou moins intensément, est une fabrique de souvenirs. Mais seuls certains en bénéficient. Peu importe. D'autres vivent sans souvenirs. Les mains vides. Le cœur battant.
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K dit qu'il faut choisir les jours de pluie pour sortir. La pluie fait selon lui comme un voile opaque qui empêche de voir la réalité en face. Et ne pas voir la réalité a beaucoup de bénéfices dont celui de pouvoir se concentrer sur ses souvenirs, à l'intérieur, et les dérouler en toute tranquillité. La pluie implique un repli vers soi-même. Comme on l'observe avec les fleurs de pissenlit, de liseron ou de grand chardon, dont les pétales se rétractent à la première bruine.
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Relier les sphères environnementales et sociales, sentir que nature et société sont comme le yin et le yang, à la fois en nous et au sein des organisations, est primordial aujourd'hui où les tensions ne cessent de croître dans une opposition apparente entre "fin de mois" et "fin du monde".
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Les organisations qui ont inscrit la responsabilité au cœur de leur stratégie s'inscrivent dans une conversion à long terme: elles se savent sur un chemin de crête, se remettent en question, avancent pas à pas, tentent de distiller en interne et en externe les valeurs qui leur sont chères.
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