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Citations de Luc Ferry (465)


A la différence de celui des oiseaux, qui est semblable à un miroir, l’œil humain, par une qualité inexplicable, se laisse pénétrer par le regard de l'autre et s'avère porteur d'un sens dont nul ne peut décider à priori quel il sera.
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Le véritable ennemi de la pensée est le simplisme.
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Luc Ferry
La consommation, c’est l’addiction.
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Contrainte d’arrêter ses études en classe de seconde, ma mère a toujours eu une passion pour les livres. Aujourd’hui encore, elle lit trois ou quatre ouvrages par semaine, des romans comme des essais. Elle nous a élevés, dès la plus petite enfance, avec un exercice quotidien assez particulier. À chaque dîner, de façon quasi rituelle, elle nous incitait à réfléchir sur le sens des mots. Je me souviens, entre autres, de discussions sans fin sur des termes désignant des qualités ou des défauts : qu’est-ce que l’arrogance, l’orgueil, la vanité, la présomption, la différence entre l’envie et la jalousie, etc. Elle nous invitait sans cesse à discerner les nuances les plus fines entre ces notions voisines. C’était assez amusant et original quand on y repense, vu de nos soirées télévisées d’aujourd’hui. En fait, nous n’étions pas très loin d’une dissertation de philosophie. Cet exercice intellectuel m’a laissé un souvenir durable.
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Il est des moments où nous ne sommes pas là pour transformer le monde, mais tout simplement pour l'aimer, et goûter de toutes nos forces les beautés et les joies qu'il nous offre.
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Luc Ferry
Dans la plupart des ouvrages de vulgarisation, a fortiori dans les films hollywoodiens, Héraclès, qu’on appelle plus volontiers de son nom latin « Hercule », est présenté comme un héros de roman policier, comme une espèce de James Bond antique, une sorte de Superman dont la force ne servirait qu’à faire se pâmer les jeunes filles et à punir les méchants. La réalité est tout autre. Héraclès n’a rien du super-héros des temps modernes. Il n’est pas là, dans le monde, pour briller, séduire s’amuser, montrer ses muscles, mais pour maintenir en état, au prix des pires souffrances et sans jamais en tirer pleinement profit pour lui-même, l’ordre cosmique que Zeus a si péniblement instauré dans sa lutte contre les titans. Il ne fait, tout au long de sa malheureuse existence, que lutter, comme le fait avant lui son père, contre les forces toujours renaissantes du chaos.
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« Ce qui est incompréhensible, disait Einstein, c’est que le monde soit compréhensible ».
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La civilisation européenne est le creuset d'une formidable culture de l'autonomie qui marquera les sciences, les arts et la philosophie aussi bien que la politique et les mœurs : elle se libère progressivement de toutes les figures métaphysiques traditionnelles et dogmatiques de la transcendance. En cela, elle a quelque chose d'unique, de pionnier et de grandiose, que d'autres civilisations ne manqueront pas de reprendre à leur manière.
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Approcher la mort par la psychologie, c'est oublier un peu vite que la souffrance liée à la disparition d'un proche n'a rien de pathologique ni de "médical". Elle est au contraire intrinsèquement liée à la condition humaine.
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Comme sœur Emmanuelle, mon arrière-grand-mère avait deux robes : une pour la semaine et une pour le dimanche. Et si elle revenait sur cette terre, et qu'elle pouvait voir un grand centre commercial, je puis vous assurer qu'elle trouverait ces nouveaux temples élevés au dieu de la consommation dégoulinants de bêtise et d'obscénité. Tel est bien pourtant le monde dans lequel nous sommes entrés, pour le meilleur comme pour le pire, et si nous y sommes plongés, c'est bien parce que, derrière la critique des traditions par les bohèmes, c'est le monde bourgeois, le capitalisme moderne qui affleurait, qui soulevait la passion reconstructrice de nos jeunes artistes comme une racine de glycine est capable de soulever un mur de béton, afin que nos entreprises puissent tourner et se développer, que nous sortions enfin d'un monde où la rigidité des valeurs morales et artistiques traditionnelles freinait de toutes parts la logique hédoniste et fluide de la consommation généralisée. En quoi, j'y insiste, derrière la bohème couvait la mondialisation, cet autre nom du capitalisme moderne, ce deuxième trait fondamental du temps présent.
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On peut distinguer trois grandes conceptions de la transcendance. (...)
-La première est celle que mobilisaient déjà les Anciens pour décrire le Cosmos. Fondamentalement, bien sûr, la pensée grecque est une pensée de l'immanence puisque l'ordre parfait n'est pas un idéal, un modèle qui se situerait ailleurs dans l'univers , mais au contraire une réalité de part en part incarnée en lui. Le divin des stoiciens, à la différence du Dieu des chrétiens, n'est pas un Etre extérieur au monde, mais il est pour ainsi dire son ordonnancement même, en tant qu'il est parfait. Cependant, (...), l'ordre harmonieux du cosmos n'en est pas moins transcendant par rapport aux humains, en ce sens précis qu'ils ne l'ont ni crée ni inventé. Ils le découvrent au contraire comme une donnée extérieure et supérieure à eux. Le mot "transcendant" s'entend donc ici par rapport à l'humanité. Il désigne une réalité qui dépasse les hommes sans pour autant se situer ailleurs que dans l'univers. La transcendance n'est pas au ciel mais sur la terre.
-Une deuxième conception de la transcendance , tout à fait différente et même opposée à la première, s'applique au Dieu des grands monothéismes. Elle désigne tout simplement le fait que l'Etre suprême est, au contraire du divin des Grecs, "au-delà" du monde crée par lui, c'est-à-dire tout à la fois extérieur et supérieur à l'ensemble de la création. Contrairement au divin des stoiciens, qui se confond avec l'harmonie naturelle et n'est par conséquent pas situé hors d'elle, le Dieu des juifs, des chrétiens et des musulmans est totalement supranaturel -pour ne pas dire "surnaturel". Il s'agit donc là d'une transcendance qui ne situe pas seulement par rapport à l'univers lui-même conçu tout entier comme une création dont l'existence dépend d'un Etre extérieur à elle.
-Mais une troisième forme de transcendance, différente des deux premières, peut encore être pensée. Elle prend racine, déjà, dans la pensée de Kant, puis chemine jusqu'à nous à travers la phénoménologie de Husserl. Il s'agit de ce que Husserl nommait la "transcendance dans l'immanence".
La formule n'est pas très parlante, mais elle recouvre une idée d'une très grande profondeur. (...) : il n'y a pas d'omniscience, pas de savoir absolu car tout est visible se donne toujours sur un fond d'invisible (exemple d'un cube à six faces: il y a toujours trois faces visibles et trois faces cachées). En d'autres termes, toute présence suppose une absence, toute immanence une transcendance cachée, toute donation d'objet, quelque chose qui se retire.

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L'action vraiment morale, l'action vraiment "humaine" (...) sera d'abord et avant tout l'action désintéressée, c'est-à-dire celle qui témoigne de ce propre de l'homme qu'est la liberté entendue comme faculté de s'affranchir de la logique des penchants naturels. Car il faut bien avouer que ces derniers nous portent toujours vers l'égoisme. La capacité de résister aux tentations auxquelles il nous expose est très exactement ce que Kant nomme la "bonne volonté", en quoi il voit le nouveau principe de toute moralité véritable : alors que ma nature -puisque je suis aussi un animal- tend à la satisfaction de mes seuls intérêts personnels, j'ai aussi, telle est du moins la première hypothèse de la morale moderne, la possibilité de m'en écarter pour agir de façon désintéressée, altruiste (c'est-à-dire tournée vers les autres et non seulement vers moi). (...)
Sans l'hypothèse de la liberté, une telle idée n'aurait évidemment aucun sens : il faut bien supposer que nous sommes capables d'échapper au programme de la nature pour admettre que nous puissions parfois mettre notre "cher moi" de côté.
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Nietzsche disait: " toute opinion est aussi une cachette" . Le philosophe n'a jamais de conviction certaine, il n'atteint jamais la fondation ultime.

Nietzsche encore: " il n'y a pas de faits, il n'y a que des interprétations "
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S’il me fallait résumer ce qui dans la religion chrétienne scandalisait les païens, je dirais que c’était sa prétention à être la seule.
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...depuis toujours, les avancées de la recherche ont supposé de l'audace et des prises de risques plutôt que L'APPLICATION TATILLONNE DU PRINCIPE DE PRÉCAUTION. Du reste, si l'on suivait toujours CE FICHU PRINCIPE, même l'aspirine ne serait plus mise aujourd'hui sur le marché !
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J'ai déjà suggéré en quoi le sens et la portée de la première Critique étaient insaisissables si l'on ne mesurait d'abord l'ampleur de la révolution philosophique et scientifique que représente le passage de l'univers de la cosmologie ancienne à celui de la physique moderne, la rupture abyssale qui sépare le "monde clos" de "l'univers infini". Car c'est après cette rupture que pense Kant. (...)
En moins d'un siècle et demi (...) - une révolution scientifique sans précedent dans l'histoire de l'humanité s'est accomplie. Une ère nouvelle est née, dont Kant est sans doute le premier philosophe à prendre pleinement conscience.
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Enfin, il y a dans le contenu du christianisme notamment sur le plan moral, des idées qui, même pour des non-croyants, ont encore aujourd'hui une importance majeure, des idées qui vont, une fois détachées de leurs sources purement religieuses, acquérir une autonomie telle qu'elles vont pouvoir être reprises dans la philosophie moderne, et même par des athées.
Par exemple, l'idée que la valeur morale d'un être humain ne dépend pas de ses dons ou de ses talents naturels, mais de l'usage qu'il en fait, de sa liberté et non de sa nature, est une idée que le christianisme va donner à l'humanité et que bien des morales modernes, non chrétiennes voire antichrétiennes, vont malgré tout reprendre à leur compte. Voilà aussi pourquoi il serait vain de vouloir passer sans transition du moment grec à la philosophie moderne sans dire un mot de la pensée chrétienne.
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Les Evangiles, le quatrième en particulier, qui fut rédigé par Jean, témoignent d'une connaissance certaine de la philosophie grecque, et notamment du stoicisme. Il y a donc bel et bien eu confrontation, pour ne pas dire compétition entre les deux doctrines de salut, celle des chrétiens et celle des Grecs, de sorte que la compréhension des motifs pour lesquels la première l'a emporté sur la seconde est au plus haut point éclairante pour saisir non seulement la nature exacte de la philosophie, mais aussi pour percevoir comment, après la grande période de la domination des idées chrétiennes, elle va pouvoir repartir vers d'autres horizons -ceux de la philosophie moderne.
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« Commençons par l'essentiel : quel est le sens profond des mythes grecs et pourquoi faudrait-il aujourd'hui encore, aujourd'hui plus que jamais peut-être, s'y intéresser ? La réponse se trouve à mes yeux dans un passage d'une des œuvres les plus connues et les plus anciennes de la langue grecque, l'Odyssée d'Homère. On y mesure d'emblée à quel point la mythologie n'est pas ce qu'on croit si souvent de nos jours, une collection de «contes et légendes», une série d'historiettes plus ou moins fantasmagoriques dont le but serait seulement de distraire. Loin de se réduire à un divertissement littéraire, elle constitue en vérité le cœur de la sagesse antique, l'origine première de ce que la grande tradition de la philosophie grecque va bientôt développer sous une forme conceptuelle en vue de définir les contours d'une vie réussie pour les mortels que nous sommes.
Laissons-nous un instant porter par le fil de cette histoire que j'évoque ici à grands traits, mais sur laquelle, bien sûr, nous aurons plus tard l'occasion de revenir.
Après dix longues années passées hors de chez lui à combattre les Troyens, Ulysse, le héros grec par excellence, vient de remporter la victoire par la ruse - en l'occurrence grâce au fameux cheval de bois qu'il a abandonné sur la plage, près des remparts de la ville. Ce sont les Troyens eux-mêmes qui l'introduisent dans leur cité, autrement imprenable par les Grecs. Ils s'imaginent qu'il s'agit d'une offrande aux dieux alors que c'est une machine de guerre dont les flancs sont remplis de soldats. La nuit venue, les guerriers grecs sortent du ventre de l'imposante statue et massacrent, jusqu'au dernier ou presque, les Troyens endormis. C'est un atroce carnage, un pillage sans merci, si effroyable qu'il suscite même la colère des dieux. Mais au moins, la guerre est terminée et Ulysse cherche à rentrer chez lui, à retrouver Ithaque, son île, sa femme, Pénélope, et son fils, Télémaque, bref, à rejoindre sa place dans sa famille comme au sein de son
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"si la Providence avait voulu que nous fussions heureux elle ne nous aurait pas donné l'intelligence."
Kant
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