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Citations de Luc Ferry (465)


J'ai fait le test, j'allais dire l'épreuve : lire les quinze ou vingt ouvrages récemment consacrés aux méfaits de la société médiatique. La liste est impressionnante et l'on pourrait croire que la télévision a pris la place du Diable lui-même. Voici, sans ajout de ma part ni exagération d'aucune sorte ce que, pêle-mêle, j'ai pu rapporter de cette plongée antimédiatique : la télévision aliène les esprits, elle montre à tous la même chose, véhicule l'idéologie de ceux qui la fabriquent, elle déforme l'imagination des enfants, appauvrit la curiosité des adultes, endort les esprits, elle est un instrument de contrôle politique, elle fabrique nos cadres de pensée, elle manipule l'information, elle impose des modèles dominants, pour ne pas dire bourgeois, elle ne montre de façon systématique qu'une partie du réel en oubliant la réalité du monde ouvrier, elle marginalise les langues et les cultures régionales, elle engendre la passivité, détruit les relations interpersonnelles dans les familles, tue le livre et toute culture " difficile ", incite à la violence, à la vulgarité ainsi qu'à la pornographie, empêche les enfants de devenir adultes, concurrence de façon déloyale les spectacles vivants, cirque, théâtres, cabaret ou cinéma, génère l'indifférence et l'apathie des citoyens à force de surinformation inutile, abolit les hiérarchies culturelles, remplace l'information par la communication, la réflexion par l'émotion, la distanciation intellectuelle par la présence de sentiments volatils et superficiels, dévalorise l'école... À se demander comment chaque soir, l'immense majorité des citoyens se partage entre ceux qui sont devant leur écran, et ceux qui, tout en la critiquant, s'interrogent sur la façon la plus adéquate d'y accéder dans les meilleurs délais...
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Que signifie le mot sens ? …. « Qu’est-ce que cela veut dire ? » Formule étrange, s’il en est, tant on voit mal a priori ce que vient faire ici la volonté. Pourquoi, après tout, ne pas se contenter de demander : « Que dit ce mot ? » Pourquoi le vouloir, c’est-à-dire en l’occurrence, l’intention d’un sujet, donc la présence sous-jacente d’une personne, d’un Moi sont-ils si essentiellement liés à l’idée même d’un sens que nous ne puissions en faire l’économie dans une question pourtant aussi banale ?
La réponse s’impose d’elle-même. Pour qu’un mot, en effet, possède un sens, il faut qu’il fasse signe vers une double extériorité, ou si l’on veut, une double transcendance : d’une part la transcendance d’un signifié (ou d’un référent, peu importe ici) ; d’autre part celle de l’intention d’un sujet, nécessairement supposé en arrière-fond.
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La philosophie, elle, partage avec la religion le dessein de définir les conditions d'une vie bonne pour les mortels, mais elle entend au contraire y parvenir par l'autonomie de la raison et la lucidité de la conscience, avec les seuls moyens du bord, si je puis dire, grâce aux seules capacités dont l'être humain dispose par lui-même.
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" La liberté de pensée est absolue ou elle n'est rien "
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Portrait type de l'humanisme
les grands traits qui caractérisent ce mouvement philosophique.
J'en identifierai neuf, parfois de façon assez précise, certains des grands penseurs de cette école de pensée.
1- Le rejet des arguments d'autorité
...Dans un premier temps, ils'agit de révoquer en doute toutes les opinions reçues, tous les préjugés hérités, de sorte qu'il soit fait radicalement table rase de la tradition...
2- Le refus du dogmatique
3- Le recours à l'expérience et la critique de la métaphysique
4- De l'idée d'un univers infini aux droits de l'homme
...On peut dire que la rupture avec la cosmologie ancienne, hiérarchisée et finalisée, va être aussi l'un des ferments de la rupture sur le plan moral et politique qui va entraîner la naissance du monde de l'égalité et celle de la démocratie.
5- Le désenchantement du monde et le projet de maîtrise technique de la nature
Dans le sillage de ce désenchantement du monde, de ce retrait du divin, c'est un nouveau rapport à la nature qui va s'imposer, où celle-ci devient une simple réserve d'objets exploitables, manipulables, corvéables à merci, d'ailleurs intégralement explicables, au moins en droit, par une science qui ne cesse de se déployer pour la maîtriser davantage....
C'est la volonté d'abolir tous les obstacles que l'obscurantisme oppose à la marche du progrès, tout ce qui pourrait s'opposer à la légitimation des efforts de l'humanité pour maîtriser et utiliser la nature à ses propres fins.
6- L'optimisme et l'idée de progrès
C'est le progrès qui nous permettra de maîtriser toujours mieux cette nature hostile, pour nous en protéger, nous en libérer, nous en émanciper.
7- La démocratisation du savoir
C'est là le septième trait de notre esquisse de l'humanisme, qu'illustrent, plus que tout autre, le projet de la grande encyclopédie des sciences et des arts, mené par Diderot et d'Alembert, mais également la naissance des musées publics aux alentours de 1800.
Au cœur de l'esprit des lumières, il y a la conviction que la science, le savoir en général, peut, selon Voltaire écraser l'infâme, c'est à dire, combattre la superstition...et lutter contre la nature qui pèse sur les corps...
8- L'humanisme juridique, la laïcité et le rôle de l'Histoire
C'est la fin du théologico-politique (autrement dit, d'une conception de la politique comme soumise aux principes de la religion) et la naissance d'un humanisme juridique qui va fonder la loi sur la volonté et la raison des hommes et non plus sur la représentation du cosmos ou les lois de la divinité: la critique de la religion va ainsi accoucher de la définition moderne de l'Europe.
9- L'éducation et la ...colonisation
...On ne peut s'empêcher d'être stupéfait, sinon effrayé, de constater que l'humanisme, tout entier dédié à l'édification d'un monde construit par et pour la liberté, ait finalement débouché sur des visions de l'Histoire promptes à exclure tous ceux qui n'y participaient pas, au point d'en venir à justifier le colonialisme et même,hélas, une forme persistante de racisme paternaliste et autosatisfait.
Extraits, pages 202 à 251
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Luc Ferry et André Comte-Sponville sont de très bons pédagogues. Même s'ils ne sont pas de véritables philosophes, mais des continuateurs de la tradition qu'ils annotent de leurs remarques personnelles, ce livre est une petite perle. Clarté, et surtout, me semble-t-il, l'art à la fois 1) d'apprendre à correctement poser des problèmes (et non l'art de donner des réponses aux problèmes), 2) d'expliquer la raison d'être un problème, sa venue et survenance. Ce livre est une "somme", et il faut remercier l'éditeur d'avoir publié cet ouvrage, car peu de livres sont aujourd'hui, en philosophie, si volumineux (et à un prix fort raisonnable qui plus est). Art, démocratie, biologie, tout est abordé, commenté. Suite de textes où les deux auteurs exposent leurs points de vues, à quoi s'ensuit un débat entre eux et d'autres intervenants (Todorov). Ce qui dynamise l'ensemble et ne le rend jamais monotone, empêchant aussi d'enfermer le lecteur dans deux points de vue. C'est un très bon stimulant pour l'esprit, jamais dogmatique en raison du dialogue.
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Qu'est-ce que la philosophie? C'est penser sans preuve, c'est penser plus loin qu'on ne sait, tout en se soumettant pourtant - le plus qu'on peut, le mieux qu'on peut- aux contraintes de la raison, de l'expérience et du savoir. C'est comme une science impossible, qui ne se nourrirait que de sa propre impossibilité.
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Ce n'est pas la valeur qui commande le désir; c'est le désir qui engendre la valeur. La vie est donc bonne, si nous désirons vivre; et l'humanité, si nous l'aimons.
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La conception classique de l'artiste voué à dévoiler des vérités continuera de nos jours , dans le cubisme, par exemple, avec cette idée qu'il convient de briser la perspective pour atteindre à la réalité vraie
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L'idée qui vient de Descartes, c'est que le vrai réel , la vraie nature, cette nature dont nous avons dit que les classiques s'efforçaient de la dépeindre dans le théâtre, la peinture et la musique, n'est pas la nature saisie par les sens, mais la nature saisie par l'intelligence....
Bref ce que dépeint Molière, ce n'est pas un misanthrope, c'est l'essence de la misanthropie incarnée dans un personnage de fiction que seule l'intelligence peut comprendre véritablement.
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Trois voies vers le salut, vers le bonheur:
1. La première c'est l'art en tant que consolation. Nietzsche accordera à l'art une fonction rigoureusement inverse: non pas un remède contre les forces aveugles de la volonté de puissance, mais tout au contraire leur intensification la plus vive.
2. Morale de la pitié assez proche de celle de Rousseau.
3. Victoire sur les peurs, et notamment la peur de la mort.
Lucrèce et Epictète tiennent le mes discours: toutes nos pensées doivent tendre à vaincre la peur de l'Acheron le fleuve des enfers , symbole de la mort.
Schopenhauer pense que sans la peur de la mort, il n'y aurait jamais eu de philosophie ni de religion.
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Je suis convaincu, comme Octavio Paz, que l'avant-garde a trouvé ses limites, que la logique de la rupture avec la tradition, la logique de l'innovation permanente, a trouvé au XXe siècle sa limite. On est sorti des avant-gardes en ce sens. Jeff Koons et Damien Hirst ne sont que des clones de Steve Jobs, des hommes d'affaires avisés qui jouent sur les marchés et font travailler des dizaines, parfois des centaines de communicants. Quand ils lancent une exposition, ils la lancent avec les mêmes techniques publicitaires que pour un nouvel iPhone ou un nouvel iPad, comme n'importe quel industriel branché qui lance un nouveau produit. De là la réconciliation du bourgeois et du bohème dans la figure du bobo, c'est-à-dire dans la logique de l'innovation.
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La vraie question à se poser en philosophie politique, selon Popper, n'est pas "Qui doit gouverner ?" mais "Comment réfuter les gouvernants ?"
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La capacité spéculative qui est propre à l'intelligence humaine,conduit à élaborer,par l'activité philosophique,une forme de pensée rigoureuse et à construire ainsi,avec la cohérence logique des affirmations et le caractère organique du contenu,un savoir systématique.

Encyclique de Jean-Paul II, Introduction
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Peut-on faire une politique sans avoir fait de la politique ?
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Du moment que le sage a compris que les aléas de l'existence ne dépendait pas de lui, mais d'un ordre du monde par ailleurs harmonieux, dès lors qu'il s'est attaché à vouloir ce qu'il advient plutôt qu'à changer le cours de ce qui lui échappe, il sait non seulement combien il est vain de se plaindre, mais surtout, en quel sens plus subtile et plus profond il est lui-même divin, puisque partie intégrante de l'éternel cosmos avec lequel il aspire à la réconciliation parfaite.
(P61)
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Gagnons donc du temps : je vous propose de partir de l'idée que, fondamentalement, la philosophie, je veux dire toutes les grandes visions philosophiques de Platon jusqu'à Nietzsche et ce, sans exception aucune, est une tentative grandiose pour aider les humains à accéder à une « vie bonne » en surmontant les peurs et les « passions tristes » qui les empêchent de bien vivre, d'être libres, lucides et, si possible, sereins, aimants et généreux. Si on désigne par le mot « salut », comme nous y
invitent les dictionnaires, « le fait d'être sauvé » (c'est la même étymologie) d'un « grand danger ou d'un grand malheur », alors, les grandes visions philosophiques du monde sont d'abord et avant tout des doctrines du salut.
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[chapitre 9 la question du mal (sur Leibniz) explications sur la fable des Abeilles de Mandeville]
Tout ce passe donc fort bien dans ce monde où règne un égoïsme généralisé, du moins jusqu'au jour où la plus corrompue et la plus hypocrite des abeilles invoque Jupiter pour faire son intéressante : " Ah, s'écrit- elle, comme se serait bien si nous étions plus vertueuses! " Jupiter, exaspéré par tant d'arrogance dans l'hypocrisie, la prend au mot. Il décide de la punir... en exauçant son souhait!
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