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Critiques de Lucien Bodard (65)
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La Vallée des roses

Si vous souhaitez entrevoir le temps d`une lecture le monde incroyablement sophistiqué, cruel et secret de la Cité Interdite d`avant les destructions des "barbares a long nez" que nous sommes désormais pour les Chinois, il vous faut lire ce roman magistral de Lucien Bodard (dont tous les romans sont d`ailleurs magnifiques), librement inspiré de la vie de l`impératrice Tseu-Hi (1835-1908) dont le regne fut le dernier et tragique acte de la Chine impériale.
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Le massacre des indiens

Presque 500 pages noircies de la triste réalité des indiens d'Amazonie depuis le milieu du XIX ème siècle. Une réalité qui ne mène qu'à un constat, le massacre. Un massacre fait de tout ce que peut constituer une réalité, qu'elle soit bonne ou mauvaise, qu'elle soit juste ou injuste, qu'elle soit précise ou globale, peut importe, absolument tout ce qui est réalité est source de mort pour ces peuples. Il n'y a pas une once d'espoir si on se place du côté des indiens car même faire ou ne rien faire les tue. Pour qu'ils vivent il faudrait que nous n’existions pas, même à l'autre bout de la planète...
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La Vallée des roses

Histoire vraie et passionnante mais que de cruauté pas très courante dans les romans "grand public" de 1977!
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La chasse à l'ours

La chasse à l’ours // Lucien Bodard

En mission journalistique à Belfast en Irlande au moment de la guerre civile, une guerre qui n’en est pas une tout en en étant une, l’auteur se confie à la feuille blanche pour évoquer sa vie privée.

« L’Irlande et ses spasmes m’ont arraché opportunément à un autre bourbier, plus ravageur encore, dans lequel je me débattais comme un Pierrot: ma vie avec les femmes. » Une dilection ! Une aboulie !

Les femmes, ses bourrelles, l’auteur avoue qu’elles sont aussi ses victimes et que souvent il les a lacérées, déchiquetées, anéanties ! Mais le fait est là : ses épouses successives et ses maîtresses ont tourné « démones et sorcières, un tourbillon cyclonique, un sabbat prométhéen » qui à présent le concasse et le broie tel un vortex femelle.

« Passions des femmes ! Mon malheur… » écrit-il.

Alors il y a Clémence, sa femme, la légitime, la pire du lot. Vingt ans de moins que lui, mais une vraie nature ! « S’il y eut un temps merveilleux dans ma vie, ce sont mes premiers jours avec Clémence… Clémence de ma passion. Tout en elle est délectable… Clémence l’impudique dans une certaine qualité de pudeur…Elle pourrait être ma fille…Que voit-elle en moi ? L’homme, le père, l’amant ?...Elle, ma sémillante fillette, ma compagne, ma femme !...Ses imaginations, sa pétulance !... » Amoureuse de l’anathème, Clémence l’amante truculente… Hélas, elle est aussi reine de la félonie et quand elle endosse ses atours de Madone à la blancheur liliale, c’est qu’elle franchit les sommets de la trahison ! Hydre sous ses aspects charmants et son caractère primesautier !

Puis il y a Martine, la maîtresse en titre, tendre comme une walkyrie opulente et grand cœur, mais son goût féroce du pouvoir emporte tout avec son sourire de chef dominateur, son talent, sa réussite, son aura.

Sans oublier Paule, l’ex, épouse divorcée qui continue à se comporter en reine-mère en affirmant que dans l’univers de Lucien, elle est la seule femme qui ne soit pas une maladie. Elle se dit même guérisseuse des maux infligés par les autres femelles aux hommes qu’elle aime.

Enfin il y a les abonnées, une petite harde peu exigeante dont Ghislaine, une fidèle.

Anne-Marie est morte : c’est l’incipit de ce roman qui s’ouvre sur la mort déchirante d’une mère hors norme, mythique en vérité. « Anne -marie ma mère ma femme, mon amante. » Le temps est alors à la sidération : Lucien, cinquante ans, reste sans réaction et se confie…Anne-Marie : une mère qui l’a façonné à sa manière, qui l’a déglingué comme il dit, démoli pour la vie ; elle a tout fabriqué ses névroses, ses lâchetés, ses faiblesses.

« Anne-Marie passait de l’amour à la méchanceté, de la sincérité à la duplicité, ma mère pouvait multiplier ses facettes à l’infini… »

Après la vie avec sa mère et une minutieuse description de la maison de retraite où elle a croupi durant vingt ans à Cavalaire, l’auteur décrit son cadre de travail à Paris au journal France-soir avec une galerie de portraits étonnante. En fait grand reporter dans le monde entier, il ne reste jamais bien longtemps en les murs du journal. Lâché aussi bien dans la forêt africaine que dans la jungle parisienne, les femmes chasseresses le courtisent à tout va. Baroudeur désabusé, don Juan acharné, il est un infidèle possessif à l’appétit infernal.

Aucun des membres de sa famille ou presque n’échappent à la plume acérée de Bodard. « La dégueulasserie m’a entouré dès le berceau, une duperie permanente…Le cul-de-sac de leurs pauvres passions et de leurs sombres convoitises…Beaux messieurs, belles dames, de sales bêtes tournant en rond dans le bocal des bienséances. La méchanceté en épingles de cravates et robes décolletées, une fange à belles dentelles… »

Dans ce roman, Lucien évoque avec lucidité et émotion toutes ces femmes qui ont tourné autour de lui, tantôt mystérieuses, tantôt séduisantes et séductrices. C’est une véritable confession, sans détour, dans laquelle il avoue qu’il redécouvre constamment en lui avec découragement, une incapacité à résoudre les problèmes de sa vie : il les entasse, les accumule, ils s’enchevêtrent, ils l’écrasent…

Habilement, Lucien intercale des souvenirs d’enfance avec Anne-Marie sa mère. Les vacances bucoliques à Ancenis chez le frère et la belle-sœur d’Anne-Marie ont laissé un parfum de douceur et de nostalgie quand le petit garçon d’alors était choyé de tous. La messe dominicale était un moment privilégié : « Les lumières irréelles et les pénombres vacillantes, le capharnaüm, la sainte foire des objets religieux, ces gens statufiés en des positions incroyables, plutôt inconvenantes, la surabondance de christs barbus et nus… » Et les fidèles qui tous pratiquent, « confessant leurs petits péchés, se repentant suffisamment, communiant dévotement ; certains, plus inquiets, ont peur du diable et de sa rôtisserie. Somme toute, ce sont de bons chrétiens qui auront droit au paradis… »

Tout au long du roman, on notera l’extraordinaire talent de l’auteur pour dresser des portraits de personnages, le plus souvent au vitriol d’ailleurs comme celui de Mao Tsé Toung, et puis dans l’évocation des événements de mai 1968, le tout dans un style foisonnant, abondant, exalté, exubérant et toujours teinté d’humour et enrichi de mots inventés très suggestifs.

Et vers la fin du récit, Lucien se livre à des aveux, reconnaissant ses torts dans les conflits qui l’opposèrent à ses femmes et notamment à Clémence : « J’appelais amour mon vampirisme, cette obstination à métamorphoser Clémence en une bonniche ayant mission de dépoussiérer mes rides. » Clémence, son éternelle Clémence jusqu’à la dernière ligne !





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Anne Marie

Lucien Bodard , 10 ans, fils de consul, quitte la Chine pour quelques mois avec Anne-Marie, sa maman. Découvrir la France pour la première fois, c'était prévu, oui mais le bonheur du jeune garçon ne durera pas. Il est vite envoyé hors de Paris, dans un collège pour garçons, une prison pour élèves de la haute société à qui il faut donner une "bonne" éducation. Lucien en souffre, il est la bête noire, se fait traiter de sale Chinois, il souffre éloigné de sa maman.

Que manigance celle-ci, éloignée de son petit garçon ?

Un fort joli roman, Prix Goncourt, un peu long peut-être.
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La guerre d'Indochine : L'enlisement - L'hu..

L'un des meilleurs livres qui résume la présence française en Indochine entre la capitulation des Japonais et printemps 1951-periode de Roi Jean, richement décrite par l'auteur.

Lecture essentielle pour ceux qui s'intéressent à ce sujet.

Merci Lucien...
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Les dix mille marches

Mao va mourir, son agonie s'internise mais il ne désigne pas son successeur. Sa veuve veut son pouvoir en héritage, Jian Quin ne doute de rien, elle n'a jamais douté. Née au plus bas de l'echelle chinoise, armée de sa beauté et d'une ténacité sans faille elle va se battre pour le pouvoir comme elle a lutté pour sortir du caniveau.



Quand elle s'appellait Shumeng, Grue des nuages, Pomme bleue ou Jian Quin elle fût la même : déterminée, sans scrupules, sans limites avec pour but d'être au dessus de tous et surtout de toutes.

Le destin l'a placée dans un pays et une époque de grandes turbullences où la vague peut vous envoyer par le fond ou vous porter au sommet de la dune. Sa chance sera d'avoir trouvé un pygmalion, Kang Sheng l'homme de l'ombre du PC chinois qui la guidera aux bons endroits aux bons moments et pour finir dans le lit de Mao.



La grande histoire est le décor du combat de Jian Quin, la petite actrice qui joue surtout de ses fesses est au coeur de l'évènement quand Kuomintang et communistes se rendent coup pour coup, quand Staliniens et Trotskistes s'épurent sous les yeux de japonais avides et d'occidentaux repus.



Roman torrentiel, fiévreux, violent, sexuel, Les dix mille marches vous ballotte des campagnes à la misère innommable à Shanghai la ville extrême où tout est possible au milieu de l'argent et du vice d'une société pourrissante.

La langue de Bodard est luxuriante, lyrique et sensuelle, elle convient à un récit et à des personnages aux rêves fous, démesurés, sanglants. Un chef d'oeuvre qui sera poursuivit dans "Le chien de Mao"
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Les dix mille marches

Lucien Bodard était un grand connaisseur de l'Extrême-Orient, de la Chine en particulier. Il a été grand reporter, notamment pour couvrir la guerre d'Indochine. Dans le monde littéraire, il est surtout connu pour ses romans: "Anne-Marie" qui lui a valu le prix Goncourt en 1981. "Les dix mille marches", publié en 1991, a une importante composante historique. Il décrit en détails l'incroyable carrière de Jiang Qing (1914-1991), qui fut la dernière épouse de Mao Zedong.



Cette femme, belle (du moins quand elle était jeune), sans scrupules et très ambitieuse, réussit une ascension vraiment extraordinaire, alors qu'elle est partie de rien. Son enfance est très dure, comme c'était le cas en Chine dans le petit peuple. Devenue actrice à Shanghai, elle intrigue habilement, côtoie des personnages situés à l'extrême-gauche, collectionne les amants - notamment Kang Sheng, maitre espion du PCC - puis rejoint la zone tenue par les troupes communistes. Là, elle se fait présenter à celui qui n'est pas encore le maître tout-puissant de la Chine; il l'épouse en 1938. En raison de sa personnalité et de son passé sulfureux, Jiang Qing suscite une grande méfiance chez les dirigeants du PCC, qui la mettent à l'écart. Malgré tout, et grâce à l'appui de Mao, elle finit par jouer un rôle très important dans la politique du pays, notamment pendant la grande Révolution Culturelle. L'étoile de cette femme obsédée par le pouvoir est alors à son zénith. Plus dure sera sa chute… Tout de suite après la mort du Grand Timonier (1976), elle est arrêtée et accusée de complot, comme les autres membres de la "bande des quatre". Condamnée à mort, elle ne sera pas exécutée et mourra beaucoup plus tard (en 1991).



En décrivant dans ce gros ouvrage la vie de Jiang Qing, Bodard évoque la période la plus violente de l'Histoire de la Chine, qui est généralement méconnue ici. J'ai trouvé que c'était très intéressant. Le récit me parait conforme à la documentation que j'ai pu consulter. Mais je voudrais savoir si certains faits relatés ont été romancés, et jusqu'à quel point.

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Monsieur Le Consul

J'ai vraiment mais vainement tenté d'achever ce pavé de 540 pages et c'est dans la dernière ligne droite que j'ai fini par craqué. Tout y était pourtant: l'ambiance, le contexte, le style, l'histoire...

Mais à trop prendre de chemins détournés, l'on finit par ne plus y arriver. Je me suis perdu la-haut dans un monastère, dans les vapeurs de l'opium, entre un père et un fils, entre un consul et son gouverneur général. Une Chine pourtant fascinante mais qui est venu à bout de mon énergie.
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La Vallée des roses

Une lenteur sensuelle ignorée en Europe, sauf peut-être chez Sade, baigne La Vallée des Roses et ajoute à notre dépaysement. La prose de Bodard y gagne en calme et en maîtrise. Tout en décrivant les drames de la Chine d'il t a cent ans avec le halètement du reporter qui y aurait assisté personnellement, il se montre moins prompt que d'habitude à trouver fabuleux ce qu'il raconte, mmoins soucieux de mirobolant, moins friand de glauque et de rauque. L'écrivain est maintenant assez sûr de lui pour ne plus s'ingénier à accréditer fébrilement l'improbable. On le croit sur parole comme si le "bodard" traduisait à sa façon une culture et un continent inconnaissables autremant. La Vallée des Roses : le seul roman chinois écrit directement en français.



Bertrand Poirot-Delpech, Le Monde
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La guerre d'Indochine : L'enlisement - L'hu..

Lucien Bodard n'était pas un historien mais un grand reporter envoyé spécial en Indochine de 1948 à 1955. A ce titre, il nous propose une somme imposante (près de 1200 pages) consacrée au conflit en Indochine entre le mouvement indépendantiste communiste (le Viet minh) et le C.E.F.E.O. (corps expéditionnaire français en extrême orient) du démarrage de la guérilla au désastre de Cao-Bang (1950) et à la reprise en main par De Lattre début 1951.



Il est donc clair, malgré le titre, que l'ouvrage ne couvre pas la totalité de la guerre d'Indochine qui durera jusqu'en 1954.

L'ouvrage vaut assurément pour la qualité de la plume de l'auteur. Mais le contenu est parfois...



.../...
Lien : http://www.bir-hacheim.com/l..
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Le chien de Mao

Suite de l'ascension de Jian Qing, elle a mis Mao dans sont lit et l'épouse sans tarder. Le pouvoir est à portée de sa main mais elle ne fera que l'effleurer jusqu'à la mort du Grand Timonier. Mao n'est pas dupe devant sa femme il se reconnaît en elle : ambition forcenée, absence de scrupules, sensualité débridée. Elle est son miroir et il se méfiera d'elle jusqu'à la fin, mais elle l'amuse, elle l'aiguillonne le poussant à toujours plus de révolution, plus de traîtres démasqués, de sang versé.



De 49 à sa mort Mao défendra son pouvoir quelque en soit le prix, comme toutes les révolutions la chinoise dévorera ses enfants et finira en dictature. Aveugle en économie, incapable de construire une société nouvelle Mao est un idéologue retors, capable des manipulations les plus fines ou les plus brutales, jouant les uns contre les autres il affirmera son pouvoir dans le sang et finira benoîtement dans son lit.



Le mérite de ce second volume est de faire vivre de l'intérieur les grands soubresauts de l'ère maoïste , du Grand bon en avant (millions de morts et économie dévastée) à la Révolution culturelle (millions de morts et société dévastée). N'en déplaise à nos chers intellectuels français ces grands mouvements n'avaient rien d'inspirations idéologiques d'un Mao visionnaire mais tout à voir avec la vulgaire conservation du pouvoir d'un couple avide.

L'image qui reste de Jian Qing est celle d'une femme assoiffée de revanche qui, à l'image des impératrices qui s'accaparèrent le pouvoir dans les siècles passés, était prête à tous les crimes pour réussir. Quoi de surprenant que Mao, fait du même bois, se soit reconnu en elle. La figure la plus passionnante restera celle de Kang Sheng l'homme de l'ombre, le Vautrin de Jian Quin qui en fit sa torpille vers Mao, le roi des coups tordus, l'amateur d'art qui en esthète aura tiré toutes les ficelles depuis la coulisse.

Bodard est sans doute moins brillant que dans les dix mille marches et des longueurs s'installent, mais sa prose tellurique s'accorde superbement à cette fresque pleine de fureur.
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La mésaventure espagnole

Premier livre de Lucien Bodard (et 1er que je lis de lui) paru après la seconde guerre mondiale. 281 pages dans le Livre de Poche. Il décrit le Paris du début de la guerre et comment il veut passer en Espagne pour pouvoir aller en Afrique car il ne veut pas rester en France occupée. Un texte dense - pas de chapitres - juste 3 parties - et même peu de paragraphes pour souffler. C'est le récit très modeste de choses éprouvantes, inquiétantes, dangereuses, vécues par un déjà diplomate (mais l'opposé du genre flamboyant de Paul Morand). Ce titre un peu mou - la mésaventure espagnole - est finalement bien adapté : Bodard ne veut pas se plaindre. Comme si Primo Lévy avait titré l'un de ses récits de camps "la mésaventure allemande". Bodard semble tellement modeste qu'il ne parle quasiment pas de lui, n'écrit "je" que rarement- ou est-ce un parti pris de narrateur ? - que ce récit de choses vécues semble presque un roman. Il s'efface, il décrit, il disparait presque. Il ne se fait repérer dans le texte ( mais c'est toute la difficulté de ces événements : ne pas se faire repérer et parfois savoir se faire repérer) qu'au travers d'une rare et discrète mais bien réelle ironie pour décrire les choses (la corrida notamment p.236). Il se préparait à être diplomate : il l'est, dans son écriture. Pas d'outrance, peu d'humeur. De la patience et de la maitrise de soi. Aucun triomphalisme. Peu d'émotion. Après la moitié du texte (p.178) il écrit "je" pour décrire l'effet de la détention sur le mental (en effet il est détenu au camp de Miranda en Espagne). Le récit sur la détention est bien long à lire - moins bien sûr que la détention - assez étrange, de plusieurs mois dans cette micro-société très dure (mais Bodard ne se plaint pas. Il décrit) d'un fonctionnement subtil très complexe à comprendre et analyser (une mine pour les psychosociologues et les historiens de l'Institution militaire française), mais différente d'un camp de concentration nazi semble-t-il. La compacité de ce texte exprime parfois une accélération du temps (le passage dans la montagne la nuit) mais plutôt globalement une fuite sans cesse étirée du temps (tout est toujours repoussé à plus tard) , car Bodard a un espoir, un objectif, une attente : parvenir en Afrique. Sans dévoiler les détails, mon dieu que ce fut long, complexe, de pouvoir déjà partir de Paris vers le sud-ouest, le pays basque, pour pouvoir passer en Espagne, qui n'est malheureusement qu'un passage obligé avant le Portugal puis l'Afrique espérée. J'ai l'impression que le récit est si peu égocentrique qu'il doit être assez authentique, que Bodard n'a pas cherché à minimiser ou exagérer des faits et restitue finalement bien la confusion générale d'après "la débâcle".

3 étoiles et demi, seulement (mais avec moi c'est déjà pas mal) car j'ai trouvé ça long à lire quand même. Mais pas de défaut ni de choses agaçante majeure.
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Les grandes murailles

Allez encore un livre qui a compté et qui avait en partie opportunément servi de fil conducteur à un voyage en Chine en 1991.



L'auteur était un grand conteur et un parfait connaisseur de la Chine. Transporté dans mon bagage depuis la France ce récit faisait partie de ma petite bibliothèque de voyage, les bouquins en français étaient plutôt rares en Asie à l'époque.



Je me souviens l'avoir lu sur les plages des Philippines sans imaginer que je voyagerais bientôt sur ses traces, le passage par la Chine n'étant alors qu'une option parmi d'autres.

Je mentirais en prétendant que c'est précisément cette lecture qui orienta mes pas vers l'Empire du Milieu mais lors d'une escale à Hong Kong le projet de visiter "Les grandes murailles" de Bodard pris peu à peu forme dans mon esprit

Je décidais alors d'ajourner mon passage en Australie pour entrer en Chine à Canton via Macao.



La Chine de 1991 était encore très proche de celle de 1986 décrite par l'auteur et très différente de celle d'aujourd'hui. Je me souviens avoir expérimenté quasiment à l'identique certaines situations plus ou moins cocasses et énigmatiques qu'il nous raconte avec humour.



Que de souvenirs et quel compagnon de voyage !
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Le chien de Mao

Le Chien de Mao



Lecteurs, lecteurs, mieux vaudra correctement vous armer pour entrer dans l'univers de ce bien triste Chien de Mao, car c'est un Lucien Bodard fier et sec, impitoyable et exhibitionniste que vous affronterez dans cette fresque historique qui couvre le règne du grand Mao. Epopée flamboyante et renversante, l'histoire de cette Jiang Quing, cinquième femme d'un Mao Zedong plus furieux que jamais, vous mènera dans les bas-fonds les plus pitoyables d'une Chine mise à feu et à sang par la folie d'une poignée de fanatiques.

Le sexe, les alliances tortueuses et le dérèglement des sens y sont autant d'armes que l'auteur vous flanquera sans ménagement sous le nez, à l'instar de quelques scènes toutes plus édifiantes les unes que les autres : la visite primitive du bonze pédéraste et sadique prend une valeur initiatique dans cette Chine qui quitte délibérément les exotismes occidentaux pour laisser place à un peuple de sauvages affamés de chair et de sang. Car la Belle Chine, celle que l'on nous dépeint habituellement dans le faste impérialisme, se décime sous la plume d'un Bodard sanguinaire.

Rien ne vous sera épargné, du déshabillage outrancier et public de la belle Wang Guang-mei, au lynchage révolutionnaire d'un Liu Chaoqi, les scènes toutes plus terribles les unes que les autres vous tourmenteront quelques nuits si vous avez eu le malheur de refermer ce livre à une heure trop tardive.



Mais si l'on ne peut qu'admirer la maîtrise parfaite du cadre historique arborée par l'auteur, la mayonnaise ne prend pas car c'est une plume sèche et chirurgicale qui dépeint ce chaos innommable : une narration extérieure qui n'entre pas dans la psychologie des personnages, qui les réduit à une animalité meurtrière impensable, qui ne sait que décrire froidement et sans sentiment aucun autant de scènes de sauvageries, qui ne ménage pas le lecteur, déjà perdu dans une chronologie fastidieuse et devant une galerie de personnages aux noms obscurs dont les consonnances asiatiques restent difficilement identifiables… Bref, la mort dans l'âme et refusant de croire l'Homme capable de se perdre dans autant de dégénérescences, lecteurs, vous aboutirez à une impasse au bout d'au plus les deux tiers de ce tableau titanesque et, certainement accablés par tant d'émois qui ne semblent mener nulle part qu'à l'inéluctable vérité historique, vous déciderez de refermer la « chose » avant d'en avoir tiré la moindre substantifique moelle.



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Les grandes murailles

D'une grande richesse de détails, cet ouvrage nous plonge dans un univers cru, violent et passionnant par ses divers rebondissements.
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La guerre d'Indochine : L'enlisement - L'hu..

un pavé sur la guerre d'indochine par un grand reporter des passages parfois un peu en longueur mais cela reste un livre a posséder si l'on s intéresse a cette période .
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Le métier d'écrire

"C'est en écrivant qu'on devient écriveron" disait Raymond Queneau.

Et nos contemporains, que répondent-ils à la question "pourquoi devient-on écrivain?" Cette question revient en vrille dans Le métier d'écrire (de Jean-Luc Delbac collaborateur et reporteur indépendant de plusieurs magazines). Elle et bien d'autres, puisque l'auteur a conçu ce "document" à partir des interviews de 18 écrivains(de Dominique Fernandez à Françoise Giroud en passant par Henri Queffélec ou Robert Sabatier).

Suivant un plan précis identique pour tous (documentation,débuts d'écriture,lectures,panne d'écriture,plan,fétichisme,corrections,inspiration,message à transmettre,regrets, relations avec les confrères...) Jean-Luc Delbat cible les personnages clefs, les influences, les oppositions.. de chacun pour en parfaire le portrait (précédé d'une courte biographie).

Un ouvrage intéressant à lire mais comme le suggère l'auteur: "Il n'existe aucune loi qui régisse le métier de romancier".
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La Vallée des roses

La Vallée des Roses / Lucien Bodard

Yi, une beauté, jeune fille de la bonne noblesse mandchoue doit bientôt épouser le jeune Jung-Lu, un garçon de bonne naissance. Les familles se sont mises d’accord depuis longtemps pour ce mariage. Avant de célébrer les noces, il est convenu de consulter un astrologue pour connaître le jour le plus faste pour cette union. C’est alors que l’astrologue voit dans ses grimoires le soleil rouge devenir noir et par ailleurs l’empereur Tao-Koung vient d’expirer en pleine gloire. C’est un signe qui ne trompe pas, les auspices ont tranché : cette union ne peut avoir lieu.

Dès cet instant, Yi, dénuée de tout préjugés et scrupules, capable de tout, se sent investie de façon apodictique d’une mission : devenir impératrice en devenant la favorite des odalisques de Hieng-Fong, le Soleil Impérial, le fils successeur de Tao-Koung. Pour cela il lui faudra réussir le premier examen que fait passer l’Impératrice, la Mère Douairière assistée de deux eunuques, à toutes les prétendantes au gynécée du nouveau Saint Homme Hieng-Fong, un être dégénéré, ivrogne et débauché, un être sans foi ni loi. Trente concubines sont ainsi désignées dont Yi. Reste à Yi à séduire d’abord la Duègne Mère puis le nouvel empereur qui a une préférence pour ses gitons et que la simple vue d’une femme fait vomir, pour qu’elle puisse accéder à la Chambre du Repos Divin et le moment venu faire le nécessaire pour engendrer pour l’avenir du Grand Chariot.

Ainsi commence ce roman magnifique de Lucien Bodard de plus de 400 pages dont l’action se déroule au cœur de la Cité Interdite, la Cité Pourpre, dans la Chine de jadis, mettant en scène l’histoire d’une ambition folle, celle d’une fleur, d’une beauté à la grâce incarnée qui a pour nom Yi et qui caresse le rêve de devenir la femme de l’Empereur régnant, le Grand Timonier, puis en subjuguant celui-ci de gouverner la Chine aux 500 millions de sujets, pour devenir un jour la fameuse impératrice Tseu-Hi (1835-1908). Pour arriver à ses fins, elle est prête à toutes les ruses obreptices, aux paroles mensongères, captieuses et propitiatoires, à feindre une fausse soumission, aux avilissements les plus bas, à la cruauté la plus extrême, à l’inflexibilité du cœur et à l’inexorabilité dans l’action, à l’assouvissement de toutes passions aussi bien celle du sang que celle de la volupté. Femme superbe et cupide, elle veut se servir de son corps magnifique et désirable pour envoûter et même réduire en loque humaine un Empereur faible jusqu’à le conduire à son insu à la vallée des roses. Quoique vierge, elle se sent déjà emportée par le feu des lascivités alvines et des cruautés. Elle croit à la puissance invincible de son corps, mais elle ne sait pas encore qui est Hieng-Fong l’enamouré de ses mignons, protégé par ses castrats. Elle sait juste qu’une fille, une certaine Nu, a été désignée subrepticement en première ligne pour occuper le lit de l’Empereur. Une place qu’elle compte bien occuper au plus tôt…Mais il lui faudra patience et pertinacité… Et elle ne sait pas que son premier amant sera un eunuque auquel elle livrera la grâce de son corps pour vivre, pour survivre même, vivant alors la romance de la Belle et de l’Impuissant, une réelle complicité s’instaurant entre elle et lui, Ngan Te-hai, l’eunuque en chef, le Grand Surveillant qui devient son féal lige et inflexible. Des pages inoubliables d’une séraphique oaristys…

Une seconde partie mêle l’aventure de Yi à celle des envahisseurs anglais et français, les Barbares, un corps expéditionnaire qui a pour mission de contraindre l'empereur à ouvrir son pays à leurs commerçants et missionnaires. Un épisode épique et hallucinant d’horreur avec en point d’orgue le Sac du Palais d’été en octobre 1860, que l’auteur nous décrit puissamment avec parfois une pointe d’humour :

« Il n’y eut jamais plus belle Armée de la Civilisation Chrétienne et Nobiliaire, remplissant mieux les exigences et les subtilités de la Perfection Militaire, que celle se trouvent aux pieds des murailles de Pékin la Céleste, Pékin l’Interdite, qu’elle s’apprête à violer en tout bien tout honneur. »

Un pillage en règle suivi d’un incendie qui voit une des merveilles du monde partir en fumée. On a appelé cet épisode, la Seconde Guerre de l’opium. (Lire annexe)

Un fantastique roman d’aventures mêlant l’histoire vraie d’une réalité extravagante à la légende encore plus hallucinante, avec le Saint Homme, les favoris et autres sycophantes, les dignitaires auliques et les ombreuses concubines ! Sans oublier les ubiquitaires eunuques, ces scurriles sujets qui ne sont ni hommes ni femmes, de véritables limaces, êtres cauteleux doués de toutes les perfidies mâles et femelles, extraordinaires espions, conseillers des ténébreux complots, maîtres des potions funèbres, experts en voluptés ithyphalliques qu’ils ne pratiquent pas, châtrés exercés à faire souffrir, de loin les meilleurs bourreaux de Chine ; gardiens de femmes, la Cité Violette est à eux la nuit.

Une mention spéciale pour le style hors norme de Lucien Bodard, sensuel et d’un érotisme brûlant et poétique, une écriture flamboyante et luxuriante, foisonnante et méticuleuse, qui magnifie ce défilé de scènes fascinantes où se côtoient à chaque page l’horreur et l’insolite. Il y a du Flaubert dans cette œuvre titanesque, celui de Salammbô qui m’a tant enthousiasmé naguère.



Annexe.

Seconde Guerre de l’opium. 3000 Français et autant d'Anglais débarquent en septembre 1860 dans le golfe de Petchili (ou mer de Bohai) et prennent la direction de Pékin. Après la prise du pont de Pa-li-kao, le 21 septembre, le corps expéditionnaire ne rencontre plus d'obstacle. Il arrive le 13 octobre 1860 dans la capitale chinoise, d'où s'est enfuie la cour impériale. Cette splendide résidence des empereurs mandchous ou Qing, à la construction de laquelle ont participé des Jésuites, renferme de vastes collections d'oeuvres d'art et des livres de grande valeur. Les Anglais ayant rejoint les Français, ensemble, ils dévalisent méthodiquement le palais en vue d'approvisionner les musées d'Europe. Les Français envoient en cadeau certains objets de valeur à l'impératrice Eugénie, patronne de cette « glorieuse »( !) expédition en terre chinoise. Mais les soldats, qui ne sont pas insensibles à ces trésors, se servent pour leur propre compte. Jade, or, laque, perles, bronzes... tout suscite la convoitise des pillards. Les contemporains appellent cet acte de vandalisme caractérisé du doux euphémisme de « déménagement du Palais d'Été ». Avant de quitter les lieux, les soldats britanniques mettent le feu aux bâtiments, majoritairement construits en bois de cèdre, sur ordre de l'ambassadeur britannique, lord Elgin, qui veut ainsi venger les prisonniers torturés à mort par les Chinois.

Extrait (page 351) comparant avec humour l’attitude des Anglais et des Français :

« On voit la supériorité de la race anglo-saxonne qui a la flibusterie dans le sang, mais qui pille comme à la parade. Quand les Anglais sont bien gorgés de dépouilles fantastiques, leur peau devient encore plus blanche, leurs yeux encore plus clairs, ils ont toutes les pâleurs de l’innocence. Ils connaissent la valeur des choses, ancestralement, avec férocité, ce qui leur permet ensuite d’assumer cette expression de souveraine indifférence. C’est vrai qu’ils ont de l’entraînement. Comme ils ont pillé les joyaux des Indes, ils apportent leur héraldique entraînement à dépecer la Chine….Les Français n’ont pas la bonne éducation du vol…Ils se tortillent la pointe des moustaches en se demandant si ces trésors, c’est « du lard ou du cochon… »







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Les dix mille marches

Premier roman, avant « le chien de Mao » abordant la vie de Jiang Qing, l’impératrice Rouge.



Dans ce roman on touche la folie des dirigeants communistes, celle de Madame Mao. Meurtres, sang, pouvoir, sexe, folie destructrice, trahisons.

Lucien Bodard, dans un style assez éloigné de l’écriture des romans chinois, se concentre sur un personnage, Madame Mao. On est captivé par l’ascension et la chute de cette femme, sa déraison, sa barbarie.



Seul léger reproche, ce premier tome évoque peu les répercussions pour des millions de chinois, morts torturés, dans des geôles ou rééduqués. A voir si le second tome laisse place aux souffrances du peuple chinois, conséquences de la folie de Jiang Qing, de Mao et des dirigeants de l’époque. Ici Bodard se concentre sur les débuts d’actrice de Jiang Qing et sur la fin de cette dernière, à la mort de Mao (avant le procès de la bande des quatre).
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— Il s’en est fallu d’un cheveu ! Sans son regard rapide, sans ses yeux de lynx, XXX XXXX, en ce moment, ne serait peut-être plus de ce monde ! Quel désastre pour l’humanité ! Sans parler de vous, Hastings ! Qu’auriez-vous fait sans moi dans la vie, mon pauvre ami ? Je vous félicite de m’avoir encore à vos côtés ! Vous-même d’ailleurs, auriez pu être tué. Mais cela, au moins, ce ne serait pas un deuil national ! Héros de Agatha Christie

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