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Citations de Lucien Jerphagnon (149)


Être libre est essentiellement ne pas dépendre. (p.146-147)
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Les censeurs arrachent à son contexte ce qui a été dit ou écrit, et donc au mouvement dialectique qui lui donnait son sens, et la proposition ainsi disséquée devient, de fait, inadmissible. "On ne doit pas dire ceci ou cela". Bien. Mais l'auteur l'a-t-il vraiment dit ? Une oeuvre intellectuelle est un organisme. Un organe extrait d'un organisme cesse d'être un organe : un oeuil dans un bocal n'est plus un oeuil mais une pièce anatomique.
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Voir les autres à la lumière qu'ils ont inspiré, et qui les a définis pour toujours...Parce qu'enfin, je ne vois que cela qui vaille, dans les hommes : cette étincelle de rien, cette bulle irisée, fragile, précieuse, où se reflète un moment toute la beauté du monde.
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La mémoire collective est décidément fidèles aux légendes plus qu'aux faits, aux poncifs plus qu'à l'originalité vraie, et pour plus longtemps. Légendes souveraines, souverains poncifs. Évoquez Caligula et vous aurez le cheval consul, image résumant le règne d'un fou sanguinaire, qui de surcroît couchait avec ses soeurs. (...)
Tel est en gros le cliché ; telle est l'image courant de GaÏus Caesar Augustus, qui régna de 37 à 41 sur l'empire de Rome, dont la surface était de trois millions de kilomètres carrés, et qui était peuplé de soixante millions d'hommes.
L'histoire est sans doute moins simple - et plus instructive. On remarque d'abord qu'à peu près tout ce qu'on sait de Caligula procède d'ennemis : personnels, comme Sénèque, religieux comme Philon et Flavius Josèphe, politiques comme Suétone et Dion Cassius, pour ne rien dire des historiens postérieurs qui recopient sans critique ce qui traîne partout. Si bien qu'en plus de la question préjudicielle de son authenticité - dont on ne saurait discuter ici -, le dossier Caligula pose différents problèmes : le délire d'un malade qui se trouve, de facto, maître absolu, hegemôn, du monde civilisé ; puis l'articulation de ce délire sur la réalité politique infiniment complexe de l'époque julio-claudinienne ; enfin, l'utilisation de ce délire par les historiens et les polémistes en mal de message. Du délire lui-même, je ne dirai pas grand-chose ; nous ne sommes pas des médecins. En revanche, nous essaierons de déchiffrer le sens symbolique, la prétention signifiante politiquement, de ces comportements aberrants que rapportent les textes.
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Croire ? Il est relativement facile de réciter un credo, une profession de foi, bref, de dire ce que l'on croit. Il l'est déjà moins de dire pourquoi, et moins encore de dire comment. Il faudrait se regarder croire, car ce serait cet instant-là qui livrerait la clé de tout.
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Cette spiritualité très haute du devoir, cette disponibilité sans réserve à ce qu'il perçoit comme dicté d'en-haut et qui doit tout au stoïcisme, il la retrouvera, à partir de cette nuit-là, à tous les moments de sa vie, toutes les fois qu'il lui faudra prendre une détermination. Seul dans sa chambre en présence des dieux, Julien accueillait dans son âme, avec la foi d'un enfant, la vocation qui lui était assignée sans qu'il en connût rien, sinon les menaces, les dangers, les aridités. D'avance il acceptait de servir où on l'enverrait, sans attraits, sans consolations sensibles, lui qui les aimait tant, dans un milieu dont tout l'éloignait, isolé parmi des gens cruels, obliques, sans scrupule, et qui adoraient un dieu auquel il n'accordait aucune estime.
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Tout bouge, tout change, et c'est pourtant toujours de l'être. Il faut à tout cela une explication cohérente, conciliant les deux exigences dont l'évolution de la philosophie a permis de prendre conscience : la mobilité universelle qu'impose l'expérience et sur laquelle Héraclite a mis l'accent ; mais aussi la permanence de l'Être mise en lumière par l'intuition de Parménide. Sous des formes affinées, c'est bien toujours le même problème.
p. 79
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La vraie culture n'est pas un bagage, mais une forme... On se rappellera toujours que la vraie culture, en formant l'esprit, permet d'étendre notre capacité de sympathie à l'égard de toutes les préoccupations humaines.
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Il fallait aussi renoncer aux divers agréments que procure le divin Éros, sauf à contracter mariage, à s’en contenter et à s’y tenir indéfiniment. Un simple regard sur une fille appétissante et votre âme tombait comme une mouche morte 
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Ainsi la sagesse est une affaire de vie quotidienne. Elle s’exerce dans cette durée collective, redisons-le, où chaque durée personnelle unique s’inscrit, s’affirme ou se dilue.
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"Bien cher ami,

Ainsi tu veux à présent que je développe la Caverne de Platon.

Au Livre VII de la République, Platon illustre d'une comparaison ce qu'il avait expliqué en long et en large dans le Livre VI : les degrés de l'être et du connaître.

il y en a quatre :

1. Les ombres : on n'en retire que du flou, des illusions, des berlues.

2. Les choses matérielles, dont on a les sensations (jamais très sûres).

3. Les réalités mathématiques, dont on a une connaissance intellectuelle, mais forcément limitée.

4. Enfin, les idées, les Archétypes de ce qui est. A partir de là, on comprend que tout procède d'un absolu, l'Un-Bien, au-delà de tout ce qui est.

C'est cela que Platon montre par une image que tout le monde peut piger : la célèbre allégorie de la caverne. Imaginons donc une bande de pauvres types, vivant depuis leur enfance enchaînés dans les ténèbres d'une caverne, et tournant ainsi le dos au jour.

Que voient-ils ? - Des ombres sur le mur, qu'ils croient être le vrai monde. Dans leur dos, il y a même des salauds qui les font se tromper exprès par des jeux de marionettes, et les pauvres couillons - l'humanité ordinaire - croient que le monde, c'est ça.

Mais si on essayait de les délivrer ? Comment ferait-on ? On les détacherait, on les tournerait vers la lumière, ce qui en un premier temps leur ferait drôlement mal, les éblouirait. Ils ne verraient pas grand-chose au début, et ils râleraient car ils ne comprendraient pas encore qu'ils commencent à voir le vrai monde.

Peu à peu, ils comprendront, s'ils persistent, que ce qu'ils voyaient en bas, c'étaient des conneries, et que maintenant, enfin, ils connaissent le réel, le vrai. Même le soleil, ils peuvent maintenant, sinon le voir, du moins l'entrevoir, et comprendre que c'est de sa lumière que vient la clarté. Ce serait alors pour eux le vrai bonheur, et pour rien au monde, ils ne voudraient retourner en bas. Sinon pour aider les autres à sortir de là...

Cela, selon Platon, c'est l'aventure du philosophos, de celui qui est l'amant de la sagesse. Il a réussi sa conversion - ce qui veut dire qu'il s'est tourné du bon côté. il a changé de vie, maintenant qu'il a tout compris. Et il peut aider les autres... Et c'est justement ce que toi et moi essayons de faire !

Vale !

L'homme qui riait avec les dieux, Lettres à Lucilius de Lutèce, p. 25-26)
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J'adore les romans policiers, que je trouve très supérieurs aux tranches de quotidien que vous servent tant de raseurs, pourris d'idées mais dépourvus de talent. Leurs analyses sophistiquées, leurs laborieuses abstractions de quintessence m'assomment. À tout prendre, je préfère de beaucoup lire Kant.
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La peur-ma vieille compagne-la peur me reprend d'un coup : peur de crever sans en avoir assez profité, sans avoir épuisé ce qui me revenait de la beauté du monde...
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Pecunia non olet
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On ne ne jète pas en l'air une bêtise qu'un badaud ne la rattrape.
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Tiberius Gracchus: "Les bêtes sauvages ont leur tanière, tandis que ceux qui meurent pour la défense de l'Italie n'ont d'autre patrimoine que l'air qu'ils respirent; ils errent avec leurs femmes et leurs enfants sans un toit où s'abriter. Ils ne meurent que pour nourrir le luxe et l'opulence de quelques-uns."
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Je reviens encore une fois à l'inscription du temple de Delphes: "Connais-toi toi-même et "rien de trop". Autrement dit: connais tes limites, et pour génial que tu puisses être, la science n'a pas fait de toi un dieu. (p.206).
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"Plutôt que de se donner la peine de rechercher la vérité, les gens aiment mieux généralement adopter des idées toutes faites." [Thucydide, La Guerre du Péloponnèse] (p.143).
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Avec Trajan et ses successeurs, l'Empire allait connaître ses plus beaux jours.
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Lucien Jerphagnon
Les gens qui ont des certitudes sont sûrs de se coucher le soir aussi cons qu’ils se sont levés le matin.
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