Un ouvrage où brillent intelligence et érudition, une bouffée d'air frais en des temps obscurs.
L'écriture de
Lucien Jerphagnon est limpide et emmène le lecteur avec patience, humour et pédagogie, malgré des citations en grec et en latin pas toujours traduites. Mais il est bon d'exercer son esprit en tentant de déchiffrer, et de chercher à comprendre par soi-même.
L'essentiel du propos de chaque essai est de relire les textes des auteurs romains, historiens ou poètes, des plus anciens au plus proches de l'effondrement de l'empire, en fonction des sous-textes, symboles et sens cachés qui peuvent échapper aux humains modernes. Nous sommes tellement habitués à considérer, à revendiquer même, qu'un récit soit authentique, et basé sur des faits, que nous pouvons faire des contresens et passer à côté de l'essentiel.
C'est pourtant ignorer d'autres préoccupations, politiques, religieuses ou morales qui conduisent les auteurs antiques à user de thèmes ou de motifs tellement récurrents qu'ils posent question : pourquoi les philosophes meurent souvent si vieux, alors que l'espérance de vie ne dépassait pas 35 ans ? Pourquoi tant de morts infamantes ou ridicules ? Pourquoi les philosophes sont si souvent présentés comme des personnages dont la vie contredit les principes, plus souvent parasites, pauvres et crasseux que modèles de vertu ? Quelle a été l'influence réelle de la philosophie et des philosophes sur les empereurs romains ? Pourquoi autant de personnages stupides dans les premiers dialogues de
Platon ? Et quelques autres, tout aussi passionnantes.
La connaissance profonde des textes et de l'histoire romaine par
Lucien Jerphagnon éclaire chaque essai de ce recueil et en font un bonheur de lecture.