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EAN : 9782220055268
334 pages
Desclée de Brouwer (01/09/2004)
4.54/5   13 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
Les sages de l'Antiquité racontent dans leurs textes de nombreuses anecdotes, évoquent des situations réelles ou imaginaires, développent des argumentations raffinées sur le bien vivre et le bienmourir. Comment leurs contemporains les comprenaient-ils, les lisaient-ils ? En scrutant ces textes pour tenter d'en retrouver les pensées cachées, les messages codés que les auteurs adressaient à leurs lecteurs, Lucien Jerphagnon nous permet... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un ouvrage où brillent intelligence et érudition, une bouffée d'air frais en des temps obscurs.

L'écriture de Lucien Jerphagnon est limpide et emmène le lecteur avec patience, humour et pédagogie, malgré des citations en grec et en latin pas toujours traduites. Mais il est bon d'exercer son esprit en tentant de déchiffrer, et de chercher à comprendre par soi-même.

L'essentiel du propos de chaque essai est de relire les textes des auteurs romains, historiens ou poètes, des plus anciens au plus proches de l'effondrement de l'empire, en fonction des sous-textes, symboles et sens cachés qui peuvent échapper aux humains modernes. Nous sommes tellement habitués à considérer, à revendiquer même, qu'un récit soit authentique, et basé sur des faits, que nous pouvons faire des contresens et passer à côté de l'essentiel.

C'est pourtant ignorer d'autres préoccupations, politiques, religieuses ou morales qui conduisent les auteurs antiques à user de thèmes ou de motifs tellement récurrents qu'ils posent question : pourquoi les philosophes meurent souvent si vieux, alors que l'espérance de vie ne dépassait pas 35 ans ? Pourquoi tant de morts infamantes ou ridicules ? Pourquoi les philosophes sont si souvent présentés comme des personnages dont la vie contredit les principes, plus souvent parasites, pauvres et crasseux que modèles de vertu ? Quelle a été l'influence réelle de la philosophie et des philosophes sur les empereurs romains ? Pourquoi autant de personnages stupides dans les premiers dialogues de Platon ? Et quelques autres, tout aussi passionnantes.

La connaissance profonde des textes et de l'histoire romaine par Lucien Jerphagnon éclaire chaque essai de ce recueil et en font un bonheur de lecture.
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Au moment où l'enseignement du latin et du grec va probablement disparaître sans retour de l'enseignement secondaire, il vaut la peine de lire ce livre plein de sagesse, et d'humour. Jerphagnon ne plaide pas ; il nous rend simplement attentifs au fait que les textes qui subsistent de ces époques lointaines, textes tant de fois lus et relus, n'ont pas encore épuisé leur sens et nous interpellent, non parce qu'ils seraient plus sages, plus subtils, plus sacrés peut-être que les textes d'aujourd'hui, mais parce qu'ils nous invitent à confronter les questions jamais résolues de la philosophie avec un cadre de pensée en profond déclalage avec le prêt-à-penser actuel.
S'il faut résumer l'ouvrage, on dira qu'il traite principalement du destin, parfois grandiose, souvent comique, du sage dans l'Antiquité. Mais il est également, et à mon avis surtout, un précieux guide de lecture, suggérant d'aborder les textes sous une lumière rasante qui rend manifeste ces « idées de derrière » qui ne sautent pas aux yeux d'un lecteur normal, compte tenu du fait que l'univers mental et le champ collectif des représentations des hommes de l'Antiquité étaient profondément différents des nôtres. Il propose d'entrer dans les textes les plus rebattus par une porte dérobée, à travers des questions apparemment saugrenues qui opèrent comme des révélateurs et éclairent le texte autrement : Pourquoi les philosophes antiques ont-ils vécu si vieux et, bien souvent si mal vieilli ? Pourquoi y a-t-il tellement d'imbéciles dans les premiers dialogues de Platon ? Pourquoi St Augustin râle-t-il en permanence contre la stupidité des gens ? Pourquoi tant de fous furieux à la tête de l'Empire romain s'acharnent-ils à assassiner des femmes enceintes en leur administrant des coups de pied dans le ventre ?
Nous apprendrons aussi dans ce livre que Narcisse n'était pas narcissique, que les guérisons miraculeuses étaient au moins aussi fréquentes alors dans les temples d'Asklépios qu'à Lourdes aujourd'hui, et qu'il vaut la peine de lire ou de relire le de natura rerum de Lucrèce, juste pour le plaisir.
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Ce recueil d'articles de Lucien Jerphagnon intéressera le lecteur aimant l'histoire romaine, non des événements, mais des idées, des mythes et des personnes. La vaste compétence de l'auteur se dissimule sous un ton familier de conversation amicale, qui allège le propos mais n'ôte rien de sa richesse. On sera attentif aux références qu'il a soin de donner, et qui ouvrent la voie à d'autres lectures, en particulier des sources antiques, abondamment citées, mais aussi du dernier état de la recherche historique et philosophique. Ce livre est aussi le meilleur moyen d'entrer dans l'oeuvre même de Lucien Jerphagnon: il récapitule sous forme de courts articles les thèses majeures de ses livres plus volumineux sur L Histoire romaine, la figure de l'Empereur et du sage, la place du mythe et de la raison à Rome.
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C'est avec un plaisir non dissimulé que je me suis plongé dans la lecture de « Au bonheur des sages » du regretté Lucien Jerphagnon. Historien de la pensée, spécialiste de l'antiquité grecque et romaine, ce conteur hors pair qui savait plus que nul autre manier l'érudition (prodigieuse) et le plaisir de nous raconter l'histoire en la débarrassant de tous les poncifs et autres copeaux de bois prisonnier de la chair, s'est éteint il y a peu. Michel Onfray était d'ailleurs l'un de ses élèves. L'on retrouve chez ces deux hommes, la même simplicité, le même désir de rendre compréhensible ce que d'autres préfèreraient conserver pour un petit milieu de la pensée philosophique et historique. Jamais jargonnant mais néanmoins toujours d'une précision redoutable, Jerphagnon nous présente ici plusieurs articles qui ont pour but d'affiner, de dépasser tous les stéréotypes courant sur les penseurs antiques sous l'Empire romain. Il démonte soigneusement les mécanismes de la pensée antique, abordant là l'influence des philosophes auprès des Césars, ou bien encore insistant avec un humour ravageur sur la « damnatio memoriae », les décès ubuesques de plus d'un penseur ou qui tout du moins se présentait comme tel.. Les sujets sont riches et variés et ce ton, son ton employé nous réjouit nous lecteurs, d'apprendre ainsi avec délectation tant de belles choses sur le fonctionnement de la pensée antique et son histoire.
Lien : https://thedude524.com/2013/..
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Dans "Philosophie et humour", Lucien Jerphagnon réfléchit sur ce que signifie l'étalage des imbéciles dans les Dialogues socratiques, en exposant que l'imbécile le plus pénible est, encore et toujours, le "semi-cultivé", celui qui répète, énumère, mâchouille l'air du temps et enfile niaiserie sur niaiserie,. Variantes contemporaines : "Sans religion, y aurait plus de guerres" ; ou "l'islam c'est la violence intrinsèque"; ou "sous l'Ancien Régime 95% des gens vivaient dans la misère" (oui cela se lit aussi) ; ou "Si je me sens coupable de baiser à tout va, c'est la faute à l'héritage judéo-chrétien" ; ou "la critique est facile et l'art est difficile" ; ou "on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui"; "On n'a pas le droit de juger moralement quelqu'un"; "l faudrait une femme noire lesbienne à la Maison blanche et tout irait mieux"; ou "mieux vaut une franche dictature qu'une pseudo-démocratie" ; "les noirs ont le rythme dans la peau"; "On se croirait revenu au au Moyen-Âge" (petite phrase qui sert à commenter commodément absolument tout ce qui n'a rien eu à voir avec le Moyen-Âge, des "chasses aux sorccières aux lapidations des femmes adultères ou à la pudibonderie corporelle) ; "Les juifs n'ont pas d'avenir dans une société multiculturelle" ; ou "la blessure identitaire des musulmans réside dans l'antériorité de la Bible sur le Coran".

Lien : http://vitanova.blogspot.com..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
incipit :
Il faut bien le reconnaître, on parle le plus souvent pour ne rien dire, ou dire des riens. Nécessités de la vie quotidienne, bien sûr, de l'implantation sociale. Enchaînement de répons dans la liturgie de la communication, contribution plus ou moins généreuse à la pérennité des milieux qu'on traverse au jour le jour.
Il arrive cependant qu'on ait quelque chose à dire, à quoi l'on tient. Ce peut être un message à délivrer, une information, un enseignement à dispenser, une plaidoirie, et d'autres choses encore dans lesquelles on s'implique plus ou moins. De façon plus intime, on peut parler parce qu'on voit là quelque intérêt ou bénéfice, ou encore parce qu'on est sous l'empire de quelque passion, voire d'une levée d'inhibition, in poculis, disait Cicéron, entre deux verres. On s'entend dire : "Ecoutez, je vais vous parler franchement..." L'adverbe, déjà, souligne l'exception, et l'interlocuteur s'inquiète du motif. Il peut d'ailleurs arriver qu'on soit sincère : "Que votre oui soit oui", disait Jésus. Cela s'est vu.
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La mémoire collective est décidément fidèles aux légendes plus qu'aux faits, aux poncifs plus qu'à l'originalité vraie, et pour plus longtemps. Légendes souveraines, souverains poncifs. Évoquez Caligula et vous aurez le cheval consul, image résumant le règne d'un fou sanguinaire, qui de surcroît couchait avec ses soeurs. (...)
Tel est en gros le cliché ; telle est l'image courant de GaÏus Caesar Augustus, qui régna de 37 à 41 sur l'empire de Rome, dont la surface était de trois millions de kilomètres carrés, et qui était peuplé de soixante millions d'hommes.
L'histoire est sans doute moins simple - et plus instructive. On remarque d'abord qu'à peu près tout ce qu'on sait de Caligula procède d'ennemis : personnels, comme Sénèque, religieux comme Philon et Flavius Josèphe, politiques comme Suétone et Dion Cassius, pour ne rien dire des historiens postérieurs qui recopient sans critique ce qui traîne partout. Si bien qu'en plus de la question préjudicielle de son authenticité - dont on ne saurait discuter ici -, le dossier Caligula pose différents problèmes : le délire d'un malade qui se trouve, de facto, maître absolu, hegemôn, du monde civilisé ; puis l'articulation de ce délire sur la réalité politique infiniment complexe de l'époque julio-claudinienne ; enfin, l'utilisation de ce délire par les historiens et les polémistes en mal de message. Du délire lui-même, je ne dirai pas grand-chose ; nous ne sommes pas des médecins. En revanche, nous essaierons de déchiffrer le sens symbolique, la prétention signifiante politiquement, de ces comportements aberrants que rapportent les textes.
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Vidéo de Lucien Jerphagnon
Lucien Jerphagnon / Raphaël Enthoven - Rencontre avec un érudit généreux
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