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Citations de Maggie O’Farrell (496)


Il ne peut pas lui vouloir de mal, puisqu’il désire qu’elle l’embrasse, qu’il lui tend les lèvres, ces lèvres qui se trouvent juste sous les siennes, qui maintenant appuient, recouvrent sa bouche, tandis que sa grande main encercle sa nuque, un geste que personne ne pourrait accomplir s’il était prévu, s’il était planifié que – non, c’est impossible, elle s’est trompée, il l’aime forcément, la chérit forcément, la respecte, car personne sinon ne lui donnerait un tel baiser, chaud, passionné, à pleine bouche avec la pointe de la langue, personne, non, personne ne pourrait en même temps nourrir le projet de tuer quelqu’un et l’embrasser comme s’il cherchait à verser son âme en elle ?
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Lorsqu'elle a appris que sa mère avait perdu plusieurs bébés, elle l'a imaginée en train de les laisser négligemment tomber d'un panier à provisions ou de la poche de son manteau, comme de la petite monnaie ou des épingles à cheveux.
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— Il s’agit, je vous l’assure, d’un état assez commun chez la gent féminine. Votre épouse, je me permets de le dire, porte en elle trop de chaleur. Son sang est trop chaud, ce qui excite l’esprit femelle. Il s’agit, bien entendu, d’un problème qu’il m’est possible de traiter. Je préconiserais une série de saignées avec ventouses, et des décoctions à base de plantes et de minéraux. Je veillerai moi-même à les préparer. Elle ne devra plus manger que des aliments froids, un peu de volaille, des légumes verts, de la viande rouge, fromage et lait chaque jour. Plus d’épices, de bouillon, de poivre ou de tomates. Elle devra par ailleurs être entourée d’images douces et fruitées. Ces bêtes sauvages sur ces murs devront être retirées. Ces ossements, ces plumes et ces curieux artefacts également. Des activités précises devront lui être proposées, chaque jour, suivies d’une période de repos après chaque repas, au lit, et après le réveil. Pas d’excitation, de danse, de musique, de loisirs créatifs, de lecture, en dehors des textes religieux.
— Fort bien.
— J’ai la certitude que l’événement que vous attendez arrivera prochainement. »
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Je n'étais mère que depuis dix minutes lorsque j'ai rencontré cet homme,mais il m'a appris , par un simple geste, l'une des choses les plus importantes sur le rôle de parent : qu'il faut de la gentillesse, de l'intuition, du toucher, et que , parfois, il n'y a même pas besoin de mots.
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-Voilà précisément la raison pour laquelle vous êtes si parfaite, répond-il. Je ne prends jamais d’acteurs dans mes films, de gens entrainés comme des animaux de cirque à jouer de telle ou telle manière devant la caméra. Il n’y a plus aucun naturel, leur jeu est complétement formaté. Je veux des personnes qui n’ont jamais mis les pieds sur un plateau de tournage. Le film gagnera en fraicheur, surprendra d’avantage. Je veux bouleverser les règles de l’Art, et ce choix est un moyen parmi d’autres d’y parvenir. Aucun acteur professionnel. Seulement de vraies personnes.
Vous le regardez. Il vous regarde. Vous avez l’impression de jouer à qui cligne le premier.
« Je ne suis pas en train de vous draguer », dit-il. Et impossible de vous en empêcher : vous clignez.
P74
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C'est une chose terrible que de désirer une chose qu'on ne peut pas avoir.
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Elle a envie de demander où se trouvent les malades, mais l'infirmière compose un code pour franchir une autre porte et, tout d'un coup, une nouvelle odeur l'assaille.
Fétide, oppressante. Celle de corps qui gardent trop longtemps les mêmes vêtements. De nourriture réchauffée. De pièces où les fenêtres ne sont jamais grandes ouvertes.
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Qu'est-on censé faire de tout l'amour qu'on éprouve pour quelqu'un s'il n'est plus là Qu'advient-il de tout cet amour ? Doit-on le refouler ? L'ignorer ? Ou le donner à quelqu'un d'autre ?
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Elle apprend qu'il est possible de pleurer tout un jour et toute une nuit. Qu'il existe différentes manières de pleurer : des torrents qui brusquement se déversent, des sanglots profonds qui secouent le corps tout entier, des larmes silencieuses qui coulent sans qu'on le veuille, sans s'arrêter.
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De temps en temps, mais pas souvent,je pense à la femme que j'étais quand j'avais 25 ans. je la regarde . J'essaie de me souvenir ce que cela faisait d'avoir son âge. Quel était le cadre de ses journées , les motifs que dessinaient ses pensées ? Je suis aujourd'hui aussi éloignée d'elle qu'elle l'était de son enfance . Elle est la ligne médiane qui me sépare de la naissance .
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« Si je comprends bien, dit-elle lentement, tu as emmené ta petite amie se faire avorter, tu es rentré chez toi et tu as couché avec une autre ? »
Je grimace. Je n'avais jamais vu les choses comme ça.
« C'est-à-dire que...
- Directement, insiste-t-elle ? Le soir même ? »
Je réponds par un mouvement à mi-chemin entre le hochement de tête et celui d'épaules.
« Peut-être le soir d'après. Je ne me souviens pas bien.
- Et c'est donc comme ça que tu as réagi à l'avortement de ta petite amie ?
- Ecoute, j'étais... » je cherche mes mots.
« très jeune... bête et... »
- Vingt-quatre ans, ce n'est pas si jeune » marmonne-t-elle.
(p. 402)
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Petit garçon, j'adorais ce jeu où l'on doit relier des points éparpillés sur une page. De trait en trait, suivant l'ordre des chiffres, une image émerge du néant, donnant un sens à cet apparent chaos. Par-dessus tout, j'adorais admirer, à mi-parcours, le dessin réalisé, et pouvoir commencer à deviner ce qu'il représentait. Une fusée ? Un tracteur ? Un palmier, un bateau à voile, un dinosaure, une plage ? Tout était possible. Les meilleurs jeux étaient ceux qui vous envoyaient sur de fausses pistes. [...]
Tel est le sentiment, ce sentiment de décalage entre ce que l'on croit faire et ce que l'on fait réellement, qui m'étreint en ce moment, assis là, les coudes pressés contre la surface de mon bureau. Ma vie, depuis tout ce temps, me semblait être une chose, mais je me rends compte à présent qu'il en est peut-être tout autrement.
(p. 54-55)
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Le prêtre lui retire ses lys, unit leurs mains et les invite à se tourner l'un vers l'autre. D'autres paroles sont maintenant prononcées, Lucrèce comprend les mots « époux », « épouse » et « vie », et sait alors que le sort en est jeté, qu’elle est mariée, que jamais ce lien ne pourra être défait. Elle n'est plus la personne qu'elle était depuis toujours, mais une autre qu'elle ne connaît pas encore, avec un autre nom, une autre maison. Elle appartient désormais à cet homme qui se tient devant elle et lève les yeux vers lui, s'attendant à le trouver grave et solennel.
(p.136)
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Il part à grandes enjambées vers la porte, chemise bouffante, puis soudain se retourne et revient sur ses pas, comme s'il avait oublié quelque chose. Arrivé devant elle, il se penche en avant, plié en deux, et, glissant une main autour de son cou, se courbe encore un peu pour poser ses lèvres sur les siennes -une pression brève, insistante. Ce geste lui rappelle son père, apposant son sceau sur un document, marquant par là son appartenance.
(p.174)
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Cet homme nous a -t-il vu réuni mon fils et moi ? Je l'espère. Lorsqu'il m'a pris la main, il m'a appris quelque chose sur la valeur du contact physique, sur la puissance communicatrice de la main humaine. Allongé sur la table d'opération, jamais je ne me serais douté que je repenserai à lui aussi souvent dans les années qui suivront.
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Quand on vous frappe ou que l’on vous fait du mal, enfant, l’impuissance, la vulnérabilité que vous ressentez, la rapidité avec laquelle une situation peut déraper, aussi vite qu’un battement de cils, qu’une respiration, sont des choses que vous n’oubliez jamais.
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[...] leur mariage, survenu si vite après leur sortie de l'université, si tôt dans leurs vingt ans, a déclenché chez leurs pairs des vagues de peur et de paranoïa.
Alors ça y est, on en est là ? se demandent les plus jeunes invités au premier rang, tout en posant, sourire aux lèvres, tout en levant leurs coupes de champagne devant l'objectif. Tout le monde va commencer à se marier ? Nous avons donc atteint l’âge ? Allons-nous devoir nous farcir des mariages tous les week-ends ? Est-ce le début de tout cela ? Les successions de cérémonies étranges, les dîners de répétition, les sketchs, les fêtes qui n’en finissent pas et nos amies méconnaissables avec leurs robes raides et leurs coiffures figées. Et l’interminable liste de mariage. Qu’est-ce qu’une fourchette à poisson, un couteau à beurre et un vase pour les grandes occasions ? Pourquoi se retrouver obligés d’acheter tout cela ?
(p. 205-206)
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Ceux qui disent d'un mort qu'il est parti "paisiblement", "en glissant", n'ont jamais été témoins de ce qui se passe vraiment, pense Eliza. La mort est une chose violente, une lutte. Le corps s'accroche à la vie comme du lierre sur un mur, refuse de lâcher, de se rendre sans combattre.
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Elle remarque que son père aime la nouvelle maison. Qu’il lui plaît d’en faire le tour, lentement, d’un pas traînant, en levant les yeux vers les cheminées et les linteaux, en fermant et en ouvrant chaque porte. Serait-il un chien, sa queue remuerait constamment.
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Daniel cherche les mots pour décrire son émotion en les voyant, après une si longue absence, pour les décrire, apparaissant à la porte du café, traversant la salle pour aller à sa rencontre. Le plus touchant n’était pas tant de se retrouver en eux, que d’accomplir un acte juste, de voir l’ordre des choses restitué, remis à sa place. Il sait maintenant ce que doit ressentir le serrurier qui, enfin, parvient à fabriquer la clé qui ouvrira un vieux verrous rouillé, ou bien le compositeur qui soudain trouve la note qui lui manquait.
P141
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