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Citations de Maggie O’Farrell (496)


«  Il est mort et parti , madame,
Il est mort et parti ;
À sa tête une étendue de gazon vert ;
À ses talons une pierre » ..
HAMLET , acte IV, scène 5.
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Cet enfant là, dans le ventre d'Agnès, va tout changer pour lui, le délivrer de cette vie qu'il déteste, de ce père auprès duquel il ne peut plus vivre, de cette maison qu'il ne supporte plus.
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Dehors, le monde est un tout autre endroit.
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Nous ne sommes que des vaisseaux par lesquels circulent des identités, songe Esme : on nous transmet des traits, des gestes, des habitudes, et nous les transmettons à notre tour. Nous venons au monde en tant qu'anagrammes de nos ancêtres.
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C'est Eve en gaélique.
Comment ça s'écrit ?
Elle épela d'une voix chantante : A, O, I, F, E
Incroyable. Il n'y a qu'une consonne. On dirait que vos parents ont lancé un caillou sur une machine à écrire et ont choisi pour votre prénom le mot qui s'écrivait sur la page.
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"Pose ton livre, Esme, lui avait dit sa mère. Tu as assez lu pour ce soir."
Elle en était incapable, car les personnages et le lieu de l'action la captivaient. Soudain, voilà que son père se tenait devant elle, lui arrachait le livre, le fermait sans marquer la page. "Fais ce que dit ta mère, pour l'amour de Dieu", disait-il.
Elle se redressa, la rage bouillonnant en elle, et, au lieu de demander : "S'il te plaît, rends-moi mon livre", elle lâcha : "Je veux continuer l'école".
Ce n'était pas prévu. Elle savait que le moment était mal choisi pour aborder ce sujet, que la discussion ne servirait à rien, mais ce désir était aigu en elle, et elle n'avait pas pu s'en empêcher. Les mots avaient jailli de leur cachette. Sans son livre, ses mains se sentaient curieuses et inutiles, et le besoin de continuer l'école s'était exprimé par sa bouche à son insu.
Un silence s'empara de la pièce.(...)
"Non, répondit son père.
- S'il te plaît". Esme se leva, s'étreignant les mains pour les empêcher de trembler. "Mlle Murray dit que je pourrais obtenir une bourse et ensuite, peut-être, tenter l'université et...
- Ca ne servirait à rien, trancha son père en se rasseyant dans son fauteuil. Pas question que mes filles travaillent pour vivre."
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Le ciel au dessus de sa tête est immense, s'étire au-dessus des cyprès jusqu'aux sommets lointains des Apennins que l'on aperçoit à l'horizon dans la brume gris-violet. À mesure qu'elle progresse au milieu de ce voile, Lucrèce voit changer son spectre de couleurs et le rose de l'aurore se muer en rouge, en orange.
Ça, pense-t-elle. Tout ça. Les cyprès rangés comme des pinceaux qui attendent, tête en haut , la main géante d'un artiste, le vent doux, enfin docile, la ligne crénelée des montagnes au fusain sur l'horizon, les cris étouffés des serviteurs qui se hèlent , quelque part dans son dos, les portes ouvertes de la ville, le tintement des cloches au cou du bétail, les rangées infinies d'arbres fruitiers qui déroulent devant elle des avenues, Lucrèce veut tout ça. Tout cela agit comme une caresse divine sur sa peau, comme les premières gouttes de pluie après des mois d'aridité .
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« Tu ne sais pas ce qu'il y a écrit là-dedans ? Qu'il suffisait à un homme d'avoir un papier signé par un généraliste pour faire interner sa femme ou sa fille dans un asile d'aliéné.
— Iris...
— Tu te rends compte ? Un bonhomme pouvait se débarrasser d'une épouse dont la tête ne lui revenait plus, d'une fille jugée indocile. »
(p. 69)
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Et un désir brûle en lui, force lui est de l'avouer, celui de retrouver les quatre murs de sa petite chambre où personne ne vient jamais, où personne ne le regarde, le le demande, ne lui parle, ne le dérange, où il n'y a qu'un lit, un coffre, un bureau. Il n'y a que là-bas qu'il peut échapper au bruit, à la vie, aux gens qui l'entourent ; il n'y a que là-bas qu'il peut oublier le monde, se dissoudre, n'être plus qu'une main tenant une plume trempée dans l'encre, et regarder les mots se déverser de sa pointe. Et c'est alors que ces mots viennent, les uns après les autres, qu'il parvient à s'absenter de lui-même, à se réfugier dans une paix si prenante, si apaisante, si intime, si joyeuse que plus rien d'autre n'existe.
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Elle avait réalisée le fantasme que devait nourrir tous ses semblables: tout plaquer; débrancher la prise, se volatiliser.
Moi je l'avais trouvée.
p 46
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Le mot anglais homesick lui déplaît car, à son avis, il ne rend pas bien ce qu’on éprouve quand on a le mal du pays. Il préfère les longues voyelles mélancoliques du terme allemand Heimweh. Pour lui, il ne s’agit pas d’une simple nausée, non, il se sent abattu, écrasé, horrifié, malheureux, disloqué, désespéré.
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Ses yeux erraient sur les deux îles irrégulières aux côtes déchiquetées, défoncées. L'Irlande avait une forme de chien, et on voyait bien la façon dont la Grande-Bretagne l'avait jadis englobée, avant que les plaques tectoniques se disloquent et la libèrent. Protubérant, le pays de Galles tirait pour s'arracher à l'Angleterre, comme s'il voulait suivre l'exemple de l'Irlande. Jake observa la ruée des routes et des voies ferrées convergeant vers le gros point rouge de Londres, tels des canaux à l'eau bondissante. Il vit que la Cornouailles donnait un coup de pied dans la mer, et que l'Ecosse faisait paraître l'ensemble déséquilibré, le cou mince du nord de l'Angleterre semblant avoir peine à supporter le poids de cette tête.
P 131
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Après dix ans,les enfants trainent.Ils refusent d'aller se laver.Terminent leur assiette en deux bouchées et demandent à être resservis.Ils veulent être divertis,veulent converser,demandent soudain votre aide pour un exposé, débattent le montant de leur argent de poche,remettent en question vos choix de destination pour les vacances et de boissons stockées â la maison.Vous essayez alors de vous dérober ,d'aller vous installer dans un fauteuil,dans un coin au calme,d'ouvrir un livre,quand explose le cri d'un ado,fou de rage parce que les lacets de ses baskets préférées viennent de péter.
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Cette maison a la curieuse habitude de retrouver l'atmosphère qui l'habitait auparavant, déserte et désolée : je n'oublie jamais semble-t-elle dire dès que nous nous absentons plus d'un jour ou deux ; mes pierres et mes poutres ont traversé des décennies d'abandon.
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Que tous deux soient si tristement mal assortis semblait être un état de fait, un principe sous jacent de nos vies ; comme beaucoup d'autres couples de sa génération, mes parents s' en accomodaient, vivaient du mieux possible, en s'evitant. Mais il se lisait souvent sur le visage de ma mère, je m'en souviens, un air distrait, une distance comme si ses pensées étaient ailleurs, en exil dans un lieu auquel nul d'entre nous ne pouvait accéder
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Jamie revenait de temps en temps à Édimbourg, tout d'abord avec son épouse française, puis avec une petite Anglaise, et enfin, beaucoup plus tard, avec une idiote qui avait la moitié de son âge.
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Et quelle forêt ! Dense, verdoyante, sauvagement obstruée par le lierre et les ronces, ses arbres si serrés que des portions entières, disait-on, ne voyaient jamais la lumière. Pas un endroit où l'on voudrait se perdre, assurément. Cette forêt était sillonnée de sentiers vrillés, des sentiers capables de faire oublier aux promeneurs leur chemin, leurs intentions; cette forêt était parcourue par une brise dont personne ne connaissait l'origine. Et dans certaines clairières, l'on pouvait aussi entendre de la musique, des murmures ou des voix qui soufflaient votre nom en disant : Par ici, par ici, viens.
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Elle va s’asseoir sur leur meilleure chaise, celle que sa mère destine à ses visiteurs, ces gens qui se faufilent par leur porte, tard dans la nuit, la plupart du temps, pour lui décrire en murmurant leurs douleurs, leurs saignements, absence de saignements, rêves, présages, élancements, difficultés, pour lui parler d’un amour mal choisi, d’un amour importun, d’augures, de la nouvelle lune, d’un lièvre croisé sur un chemin, d’un oiseau entré dans leur maison, d’une perte de sensation dans les bras, dans les jambes, de sensations trop vives dans les bras, dans les jambes, d’une démangeaison, d’une toux, d’une partie du corps qui brûle, qui fait mal, oreille, jambe, poumons, cœur.
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Assises à une table, au fond de la pièce, des femmes jouent au snap, et le bruit des cartes abattues se confond avec celui du ventilateur de la nursery, accroché au plafond, graissé, en bois teinté, totalement inefficace, bien sûr. Il agitait seulement l'air lourd, telle une cuillère dans du thé brûlant. Au-dessus de sa tête, il barattait la chaleur de la pièce.
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‒ Eh bien, une fois que vous aurez fait tout cela ‒ et seulement à ce moment-là ‒, allez [la] trouver [...] et veillez à lui montrer l'homme neuf que vous êtes devenu. Attendez de recevoir son attention. Et lorsque vous l'aurez, dites-le lui.
‒ Quoi ?
‒ Tout ce que vous vouliez lui dire il y a des années, à l'époque où vous n'étiez pas encore séparés, dit-elle, le regard perdu au loin, là où le sel rencontre le ciel. Je crois, ajoute-t-elle, que les mariages se brisent non pas à cause de ce que l'on dit, mais de ce que l'on ne dit pas. Il ne vous reste qu'à rétablir cela.
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