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Citations de Mahmoud Darwich (303)


Le fleuve m’a soigné
Lorsque je m’y suis suicidé.
Un passant m’a sauvé et j’ai demandé :
Pourquoi me rends-tu l’air et prolonges-tu
Ainsi ma mort ? Il répondit : Pour que tu te connaisses mieux… Qui es-tu ? J’ai répondu : Je suis le Qays de Layla, et toi ?
Il a dit : Son mari.
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Et ma chanson a besoin de respirer : La poésie n’est pas poésie
Ni la prose, prose. J’ai rêvé que tu étais la dernière parole dite
À moi par Dieu lorsque je vous vis en rêve et qu’advint le Verbe…
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Nous étions à la recherche d'une maison, maintenant, nous cherchons une tombe.
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Nul ne voit l'empreinte en toi du violon,
personne ne scrute ta présence ou ton absence,
personne n'analyse ton trouble si tu regardes
une jeune fille et te brise devant elle
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Onze astres sur l’épilogue andalou
  
  
  
  
                    7

                    Qui suis-je
                    Après la nuit de l’étrangère ?

Qui suis-je après la nuit de l’étrangère ? Je sors de mon rêve
Effrayé par l’incertitude du jour sur le marbre de la demeure, par
La pénombre du soleil dans les roses, par le jet du bassin
Effrayé par le suc sur les commissures des figues, par ma langue
Effrayé, par un air apeuré qui peigne un saule pleureur, effrayé
Par la netteté du temps plein, et par un présent qui n’est plus
Présent. Effrayé par mon passage dans un monde qui n’est plus
Le mien. Toi le désespoir, sois miséricorde. Toi la mort sois
Une grâce pour l’étranger qui discerne l’invisible plus net qu’un
Réel qui n’est plus réalité. Je tomberai d’une étoile
Du ciel sur une tente en route... vers où ?
Où est le chemin qui mène à quoi que ce soit ? Je vois l’invisible plus net
  qu’une
Rue qui n’est plus ma rue. Qui suis-je après la nuit de l’étrangère ?
J’allais vers moi dans les autres, et voilà que
Je me perds et perds les autres. Mon cheval sur le littoral atlantique s’est
  volatilisé
Et mon cheval sur le littoral méditerranéen plante en moi la lance du Croisé.
Qui suis-je après la nuit de l’étrangère ? Je ne peux revenir à
Mes frères auprès du palmier de ma vieille maison, ni toucher le
Fond de mon abîme. L’Invisible ! Point de cœur à l’amour, point
De cœur à l’amour pour y élire demeure après la nuit de l’étrangère


/ Traduit de l’arabe par Elias Sanbar
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Onze astres sur l’épilogue andalou
  
  
  
  
                            4
                            Je suis l’un
                            Des rois de la fin

... Et je suis l’un des rois de la fin. Je saute de ma
Jument dans le dernier hiver. Je suis le dernier soupir de l’Arabe
Je n’ai pas vue sur le myrte au-dessus des toits, et je ne
Regarde pas autour de moi de peur que ne me voie quelqu’un qui me
  connaît
Qui sait que j’ai frappé le marbre des mots pour que ma femme traverse
Nu-pieds les flaques de lumière. Je n’ai pas vue sur la nuit de peur
D’y apercevoir une lune qui enflammait tous les secrets de Grenade
Corps après corps. Je n’ai pas vue sur l’ombre, pour ne pas voir
Quelqu’un portant mon nom et courant derrière moi :
Délivre-moi de ton nom
Et remets-moi l’argent du peuplier. Je ne me retourne pas, je crains
De me souvenir que je suis passé sur terre. Pas de terre
Dans cette terre, depuis que le temps s’est brisé autour de moi, débris et débris
Je n’étais pas amoureux pour croire les eaux miroirs
Comme je l’ai dit aux vieux amis. Et point d’amour qui intercède pour moi
Depuis que j’ai accepté le Pacte de paix je n’ai plus de présent
Pour passer demain près de ma veille. La Castille brandira
Sa couronne sur le minaret de Dieu. J’entends le cliquetis des clefs dans
La porte de notre Âge d’Or. Adieu notre histoire. Serais-je celui
Qui refermera la dernière porte du ciel ? Je suis le dernier soupir de l’Arabe


/ Traduit de l’arabe par Elias Sanbar
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Onze astres sur l’épilogue andalou
  
  
  
  
                            2
                            Comment écrire
                            Au-dessus des nuages

Comment écrire au-dessus des nuages le legs des miens ? Et les miens
Quittent le temps ainsi qu’ils abandonnent leurs manteaux dans les maisons, et
  les miens
Chaque fois qu’ils édifient une citadelle l’abattent pour dresser
Une tente qui abrite leur nostalgie du premier palmier. Les miens trahissent les
  miens
Dans les guerres de la défense du sel. Mais Grenade est d’or
De la soie des mots brodés d’amandes, de l’argent des larmes dans
La corde du luth. Grenade est toute à la grande ascension vers elle-même
Et il lui revient d’être telle qu’elle le désire : la nostalgie pour
Toute chose passée ou qui passera ; L’aile d’une hirondelle effleure
Le sein d’une femme dans son lit, et elle crie : Grenade est mon corps
Un homme égare sa gazelle dans les prairies, et il crie : Grenade est mon pays
Et je suis de là-bas, alors chante, que les chardonnerets construisent de mes
  côtes
Un escalier au ciel proche. Chante la geste de ceux qui montent vers
Leur fin, lune après lune dans la ruelle de l’année. Chante les oiseaux du jardin
Pierre après pierre. Que je t’aime toi qui m’a dépecé
Corde après corde sur le chemin vers sa nuit chaude. Chante
Et le parfum du café après toi a perdu son matin. Chante mon départ
Du roucoulement des palombes sur tes genoux et du gîte de mon âme
Dans les lettres de ton nom simple. Grenade est destinée au chant, alors
  chante !


/ Traduit de l’arabe par Elias Sanbar
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Mahmoud Darwich
وخذها إلى شرفة لترى قمرا غارقا في الحليب وانتظرها
وقدم لها الماء قبل النبيذ ولا تتطلع إلى توأمي حجل نائمين على صدرها وانتظرها
ومُس على مهل يدها عندما تضع الكأس فوق الرخام كأنك تحمل عنها الندى وانتظرها
تحدث إليها كما يتحدث نايٌ إلى وترٍ خائف في الكمان كأنكما شاهدان على ما يُعِد غد لكما وانتظرها
إلى أن يقول لك الليل لم يبقى غيركما في الوجود، فخذها إلى موتك المشتهى وانتظرها”
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S’envolent les colombes



S’envolent les colombes.
Se posent les colombes.

- Apprête la terre que je me repose
Car je t’aime jusqu’à la fatigue.
Ton matin est fruits pour les chansons,
Ce soir est d’or
Et nous sommes l’un à l’autre, à l’heure où l’ombre pénètre
     son ombre dans le marbre
Et je me ressemble lorsque je suspends mon être à un cou
     qui n’étreint que les nuages.
Tu es l’éther qui se dénude devant moi, larmes de raisin.
Tu es le commencement de la famille des vagues lorsqu’elles
     s’agrippent à la terre ferme, lorsqu’elles migrent,
Et je t’aime et tu es le prélude de mon âme et l’épilogue.

S’envolent les colombes.
Se posent les colombes.



/Traduit de l’arabe par Elias Sanbar
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LA GITANE DÉTIENT UN CIEL EXERCÉ



extrait 3

Lorsque, venue des contrées de l'hirondelle
Tu nous es apparue
Nous avons ouvert, soumis, nos portes sur
l'éternité
Tes tentes sont une guitare pour les gueux
Nous nous élevons et dansons jusqu'au
crépuscule
Du couchant sanguinolent à tes pieds
Tes tentes sont une guitare pour les chevaux
des envahisseurs anciens qui déferlent
Ecrire la légende des lieux
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Là-bas, deux cyprès, sveltes,
telles deux longues aiguilles,
qui brodent un nuage jaune citron
et une touriste qui photographie deux scènes :
le soleil qui s'est étendu sur le lit de la mer
et la banquette de bois, vide du sac du voyageur.
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Notre pays est le cœur de la carte,
son cœur troué comme la pièce d'une piastre
au marché des ferronniers.
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Notre passé nous réconforte :
"Je reviens, si vous avez besoin de moi."
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Mahmoud Darwich
Nous choisirons Sophocle



extrait 4

Si cet automne est le dernier, écourtons
nos louanges aux vases anciens
sur lesquels nous avons gravé nos psaumes.
D’autres que nous ont, sur les nôtres,
gravés d’autres psaumes encore intacts.
Une mauve grimpe au-dessus des vielles armures
pour que ses fleurs rouges cachent
ce que le glaive a fait du nom.
Nos traces feront verdir les ombrages
si nous parvenons à atteindre notre mère
au terme de ce long défilé.

Nous appartient ce qui nous appartient.
Tout nous appartient :
les mots de l’adieu
nous apprêtent le rituel de leur parure...
Chaque mot est une femme qui,
à sa porte, veille sur le retour de l’écho.
Chaque mot est un arbre
qui, avec le vent, frappe le cadenas de l’espace.
Chaque mot est un balcon donnant
sur les taches des nuages dans la place déserte
et sur son reflet dans le roucoulement...


/Traduit de l’arabe par Elias Sanbar,
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Sonnet [III]



extrait 1

J'aime, de la nuit, le prélude, lorsque vous venez,
Main dans la main et me prenez lentement, strophe
     après strophe, dans vos bras.
Vous m'emportez, tout là-haut, sur vos ailes. Amis,
     restez, ne vous hâtez pas
Et dormez contre mes flancs pareils aux ailes d'une
     hirondelle fatiguée.

Votre soie est chaude. À la flûte d'attendre un peu
Pour polir un sonnet lorsque vous me trouverez
     secret et beau
Comme un sens sur le point de se dénuder. Ne
     parvenant à y arriver
Ni à s'attarder devant les mots, il me choisit pour
     seuil.



/traduction de Elias Sanbar
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Et je suis convaincu que l'exil est profondément ancré en moi, à un point tel que je ne peux écrire sans lui, et que je le porterai partout où j'irai, et le ramènerai à ma première maison.
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La notion "d'étranger" peut être saisie à plusieurs niveaux. Le premier, tout simple, est que nous sommes traités en étrangers dans notre propre patrie. La majorité juive, victorieuse et dominante, considère que nous ne sommes pas chez nous, mais dans son propre pays qu'elle a récupéré après deux mille ans d'exil. Un autre niveau, tout aussi simple, me vient du fait que je ne suis plus dans mon village, qui n'existe plus, mais chez nos voisins arabes. C'est un exil au sein d'une même société, au sein d'une même identité.
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Ma terre natale est, comme vous le savez, le lieu de convergence de messages divins, de civilisations et de cultures, de prophètes et d'envahisseurs. Mais ils ont tous en commun d'avoir été passagers, quelles que furent les durées de leurs séjours.
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Je suis blessé par l'attitude des critiques à l'égard de ma poésie. Que ce soit par leurs silences ou leurs acclamations par le rejet ou les célébrations. Comme si on m'écartait de la modernité poétique, comme si mes poèmes étaient, en quelque sorte, des lectures anthropologiques sur la question palestinienne.
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Si les “intellectuels libéraux“ israéliens admettent aujourd’hui la nécessité de dialoguer avec l’OLP, ils refusent de convenir de la justesse de sa cause. Les Palestiniens sont seulement pour eux l’ennemi avec lequel ils doivent traiter pour mettre un terme à l’effusion de sang. C’est ainsi que, tout comme les Blancs d’Afrique du Sud, ils refusent catégoriquement d’assumer la responsabilité morale de l’injustice commise à l’égard de la population autochtone lors de la guerre de conquête. Les Israéliens disent qu’ils ont libéré la Palestine du pouvoir britannique, mais ils oublient que la domination qu’ils ont ensuite imposée aux Palestiniens perpétue cette situation coloniale. (André Brink)
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