Citations de Maram al-Masri (212)
Je te donne un corps fait de baisers
sculpté de caresses
hâlé de soleil
qui désire
qui embrasse
et jouit
je te donne deux bras
je te donne des mains
des doigts
je te donne deux jambes
je te donne un nid
je te donne un dos
je te donne
je te donne
une âme
Signe 22
Tu me dis : le quotidien tue l’amour
Je te dis : l’amour fait vivre le quotidien.
C'est le poème que j'ai planté
sur mon oreiller
par une nuit d'amour
qui a fait naître
un rêve de
printemps
Je suis devenue arbre nu
sous le vent
d'automne
Oui j'ai dormi
la pluie
et un vélo aux pneus dégonflés
ont formé mon
hiver
Oh j'ai perdu l'été
dans les bagages que j'ai préparés
pour une mer lointaine.
Petit cheval et autres poèmes
les arbres brûlent
mes doigts
les ont touchés
Ainsi on se retrouve
face à face
poitrine contre poitrine
ventre contre ventre
on se colle, on se mélange
on se ramasse, on s'allonge, on s'enroule
on s'éloigne, on se rapproche
on se repousse, on s'attire
on tremble
on transpire
jusqu'à la
délivrance
Signe 1
La femme qui regarde par la fenêtre
a envie d'avoir une baguette magique pour
effacer le gris
et redessiner des sourires
Elle est si heureuse
quand elle voit les lieux pleins de vie
les boutiques
les terrasses de café
remplies de gens
Elle se réjouit quand elle voit des visages lumineux
Les gens se ressemblent
quand ils sourient.
16. La femme à la fenêtre
L'âme ouvre ses fenêtres
aux bergeries de l'univers
elle s'abreuve à ses océans
elle ouvre ses portes
au vent des gens de passage
elle offre au corps ses plaisirs
et le corps lui offre
sa vie
Signe 26
J'AVOUE QUE J'AI AIMÉ PLUS QUE DE RAISON
J'avoue que j'ai aimé plus que de raison
jusqu'à être possédé par le génie de l'amour
j'ai tout parié sur la ronde du désir qui tourne
autour de ses blessures
J'ai bu l'enchantement de lèvres lointaines
comme si les eaux accessibles ne pouvaient pas désaltérer
comme si seul l'impossible était un vrai texte
J'écrirai sur toi pour que tu deviennes la distance
et je t'écrirai pour que je devienne le temps
Je danserai autour de moi-même
La pluie me surprend
J'enlace dans la glace une tunique qui s'épanouit
sur une neige qui brûle
La chevelure couleur de vin tombe de fatigue
Je danserai autour de moi-même
jusqu'à ce que vienne le temps de ta folie
Je saurai alors que j'ai dansé plus que de raison
VIOLETTE ABU JALAD
Liban
TOMBER AMOUREUX
Tomber amoureux cela veut dire que tu vois une auréole de lumière au-dessus de l'autre, lumière flottante de telle façon que les mauvaises choses deviennent acceptables et que ce qui est acceptable devienne beau et que ce qui est beau devienne très beau.
Tomber amoureux cela veut dire que tu trouves facilement des excuses pour les défauts de l'autre. Cela veut dire que tu vois de temps en temps une fleur dans une forêt d'épines.
Ça veut dire que tu vois un papillon dans un champ de serpents. Tomber amoureux, ça veut dire donner beaucoup, que tu fais don de toute ta fortune d'émotions. Celui qui a vidé ses poches, ses poches ne sont jamais vides.
SAMAR ABDEL JABER
Palestine
RÉVOLUTION
Tout est retourné comme l'aiguille du scorpion du temps
comme le mât qui ne sait pas se courber
Les marges sont au premier rang
L'étonnement a perdu ses verres grossissant
Il a pris du repos dans l'ombre au milieu des petites choses
Les reptiles ont cessé de mendier les trottoirs
à l'insu du temps, il leur est venu des ailes
Les dinosaures ont rétréci plus que les angles de la photo
Les statues se sont agenouillés devant les doigts du sculpteur
Le poème s'est collé à la rue
Les masques se sont envolés
Alors les rires se sont envolés aussi
Fatma AL-SHIDI
Oman
Où m'emmènes-tu ?
dans un café ?
pour une femme comme moi
le café, quelle liberté !
où m'emmènes-tu ?
dans un jardin ?
j'en ai un
mais toute chose avec toi prend
une autre couleur
où m'emmènes-tu ?
sans direction précise ?
me promener avec toi
toutes les directions sont précises
prends-moi la main
et mène-moi à ton cœur
je préfère ta maison
ô poésie
Signe 6
Je suis venue à toi sans me parfumer
sans me parer de bijoux
je suis venue à toi
telle que je suis réellement
tableau sans cadre
sans fausseté
je suis venue à toi
en habitante de la Terre
Tu as dit: le quotidien tue l'amour
Je te dis: l'amour fait vivre le quotidien.
SHANA
Elle a pointé son petit doigt
" Je veux ce grain de raisin "
" Il n'est pas vrai, ma chérie "
" Je veux cette pomme "
" Elle n'est pas vraie, ma petite "
Elle a frappé le sol de son petit pied
Elle a griffé les couleurs avec ses ongles
Elle a posé sa tête sur ses larmes
Et elle s'est endormie...
Le matin, en se réveillant,
Elle s'est étirée, fraîche comme la rosée
Et, avec l'innocence des enfants,
Elle a confessé :
" Maman, j'ai mangé le tableau dans mon rêve. "
AÏCHA BASSRI
Maroc
(Le tableau " Fleurs et fruits " par Claude Monet )
Shana : prénom féminin, " Grain de beauté "
La poésie va chercher en nous, enfoui, ce que nous ignorons avoir à l'intérieur de nous.
Maram al-Masri
Préface
Ma poitrine se gonfle
dans l'impatience du désir
miche de pain chaud
mordue
par les dents
de ton badinage
p 87
LETTRE D’UNE MÈRE ARABE À SON FILS
La liberté
est l’explosion d’une corde
dans une poitrine
qui n’en peut plus.
Elle est le chant des sirènes
pour les marins courageux.
La liberté
est la Belle des belles
maîtresse de la force
déesse de la sagesse.
Aime-la.
Elle est le paradis du feu
qui commence par une étincelle
comme le poème par un mot
comme l’amour par un baiser.
Elle est la chère des chères.
Deviens elle.
Mon fils, sois la goutte d’eau
unie aux autres gouttes
qui formeront la vague
nettoieront la côte du monde,
et adouciront le rocher pointu.
Mon fils, sois le souffle qui s’unira à l’air
pour que la tempête arrache
les racines de l’injustice.
Sois l’étincelle
de lumière.
Que le soleil de la liberté illumine ton pays.
Ta vie m’est chère…
comme celle des enfants de toutes les mères.
Je te dédie, mon fils,
à la liberté.
45.
Je le veux
ardent
et profond
qu'il me fasse chavirer
sinon qu'il n'approche pas
qu'il commence par un doigt de ma main
pour finir sur un doigt de mon pied
en passant par mes montagnes
mes vallées et mes plaines
et captive
mon âme
p 79
MURS
Un mur de neige
Dans des mains chaudes
Un mur de silence
Dans une bouche assoiffée
Un mur de larmes
Dans des yeux amoureux !
Un mur de flammes
Dans un cœur blanc
Un mur de désespoir
Dans une âme radieuse
Dans un esprit fleuri
Le mur de l'obscurité
S'effiloche devant l'aube
Et, au-delà, la vie !
Murs visibles, et d'autres invisibles...
Murs de neige,
Et d'autres, de silence, de larmes,
de doute, d'amertume, de flammes
Murs d'obscurité...
L'œil s'y passionne
Et l'âme chérissant la beauté
N'y est pas encore née !
Là où le néant règne !
Les doigts caressent la beauté
Là où elle est oubliée
Les verbes la chantent
Là où elle est silence
Les cœurs passionnées la retrouvent
Même au fond du miroir !
Elle est par ici, elle est par là
Jasmin sauvage des sentiers perdus
Goutte d'amour survivant au désespoir !
Mounia BOULILA
Tunisie
Mon imagination
revêt ses plus beaux atours
et attend sous ta fenêtre
p 107