Citations de Maram al-Masri (212)
A travers le sourire des rideaux
la lumière a réussi à s'immiscer
pour dénoncer la poussière qui danse
et celle qui se repose après son vol
captée en flagrant délit
de s'allonger dans une fainéantise délicieuse
sur la surface des choses
et sur ma peau
La poussière
une voyageuse comme moi
une immigrante comme moi
qui, malgré tout, ne s'enracine nulle part
Sans patrie
elle vient de tous les horizons
portée sous les aisselles du vent
Le vent la ramasse avec son balai
avec sa chevelure épaisse
ou avec ses mains
Il la sème là où personne ne la soupçonne
Il la sème même dans le tiroir secret
du coeur
La poussière est la chienne fidèle du vent
Elle court derrière lui et devant
elle vole avec lui
du nord au sud
d'ouest en est
silencieuse
elle se moule comme une robe tendre
sur les corps
abandonnés.
Apri e labbre,
fà la esce,
chì si lagna...
Apri l'ochji,
fà la esce,
chì crepa...
Apri u to pettu,
laca la esce,
chì soffre...
È tù, allena a strinta
laca libera
l'anima di issa donna.
28
Dans une photo souvenir
le jeune de vingt ans
s'allonge au milieu des champs
dans les plantes vertes de son village.
Il pose, fier de sa jeunesse.
Il ne sait pas
ou peut-être il sait
que bientôt
il sera
leur sève.
Châtelet
J'ai vu un homme qui te ressemble
dans le wagon du métro
et en face delui
une femme
qui ne me ressemble pas
Et j'ai été triste.
République
Sur le grand panneau publicitaire
la photo d’un lit
et d’une chambre aménagée par IKEA
Sous le panneau publicitaire
par terre
est couché
un SDF.
Mes rêves s’humilient trop
18.
Je voudrais un jour long et bondé
d’odeurs de mer et de sable
et de voitures
et quelques appels manqués sur mon téléphone portable.
// Saadiah Mufareh Koweït (1967 -)
/Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Mes rêves s’humilient trop
16.
Je voudrais un film en noir et blanc
que je chante avec son héroïne
je m’imagine avec son pull très serré
et sa jupe gonflante
J’essuie ses larmes et je ris de sa naïveté
pour justifier la naïveté de toute mon histoire.
// Saadiah Mufareh Koweït (1967 -)
/Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Mes rêves s’humilient trop
14.
Je voudrais un morceau d’encens
je le poserais sur un brûleur de charbon de bois
que s’en dégage le parfum tandis que je bois mon café matinal
sans pensée préméditée pour la fin de la journée.
// Saadiah Mufareh Koweït (1967 -)
/Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Mes rêves s’humilient trop
13.
Je voudrais un doux souvenir
une foi poétique
et une nouvelle journée.
// Saadiah Mufareh Koweït (1967 -)
/Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Mes rêves s’humilient trop
8.
Je voudrais un parapluie décoré de jasmins
et un livre ouvert sur la table des matières
et des doigts qui sachent bien frapper le clavier.
// Saadiah Mufareh Koweït (1967 -)
/Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Mes rêves s’humilient trop
3.
Je voudrais me débarrasser de tout ce qui peut empêcher ma larme
d’arriver à son but retardé ou à son point final sur la ligne.
// Saadiah Mufareh Koweït (1967 -)
/Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Il pleut
La fête foraine
est une sirène
ses chants traversent le corps de la pluie
et du vent
tentant de séduire les passants
pour pénétrer le labyrinthe de l'excitation
Les forains
sont des gens de joie
des fabricants de souvenirs
et d'oubli,
créateurs de rêves fugitifs
Y a-t-il une fête foraine en Afghanistan ?
en Irak, au Pakistan
ou à Gaza ?
Les fêtes foraines
symboles de paix
pas de jeux ni de joie
pour les enfants des pays malades.
Sur la côte, le cœur confesse
extrait 4
Jour après jour augmente ma conviction
que j’endure ta présence,
j’y insiste, comme la plus grande prison
que mon existence ait connue
Je contrefais la vérité quand je te nomme mon ami
et que je dis que tu es une partie de moi
que tu es un petit symbole décorant mes cheveux
Je pratique la jolie peur des femmes
et je cache même aux amis ma situation
Alors tu deviens une nouvelle et belle voix
une fleur de jasmin qui parfume toutes mes lettres et ma pudeur
et mes lettres me trahissent
O toi, ma peur que mon parfum soit senti des gens
…
//Rouada Al-Hadj (19 ? -)
/ Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Sur la côte, le cœur confesse
extrait 3
Jour après jour augmente ma conviction
que je suis comme une allumette
qui ne flambe qu’une seule fois
Alors, sois cette fois !
et laisse-moi illuminer de nuit ton champ
car tu es seul à posséder le secret des allumettes
qui flambent de longues années, pour une longue vie
Toi seul, tu donnes à l’existence la belle couronne coloriée
de la vie
Toi seul, tu convaincs le cœur, ce badineur révolté et effronté
en tout,
d’en finir avec la mauvaise habitude qu’il a contractée depuis
longtemps
et qui revient à chaque nouvelle aube et s’appelle le départ
…
//Rouada Al-Hadj (19 ? -)
/ Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Sur la côte, le cœur confesse
extrait 2
Jour après jour augmente ma conviction
que tu es un homme venu de tout l’espace
et que tu as colorié le visage de la vie qui m’appartient
avec les couleurs de la vie
et le goût de la vie
et les formes de la vie
Etranger qui es apparu à l’univers au soir d’un jour
j’ai crié : « C’est toi, ma voisine ? »
Tu n’as pas répondu
mais je savais
bénis soyons-nous, nous les étrangers
…
//Rouada Al-Hadj (19 ? -)
/ Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Sur la côte, le cœur confesse
extrait 1
Jour après jour augmente ma conviction
que j’ai été créée pour toi
J’ai vu de mes propres yeux ta bouche dire
les poèmes avant moi
et sans toi, Ô homme qui m’as envahie comme une fièvre
côtière,
je suis desséchée comme un pays détruit
et pâle comme le ruisseau à sec
et je n’ai ni couleurs ni goût
et mon odeur est comme le lit de l’étang que la pluie n’a
pas visité
…
//Rouada Al-Hadj (19 ? -)
/ Traduit de l’arabe par Maram al-Masri
Gare Saint-Lazare
Que le train de 11h08
tarde un peu
et que tu apprennes la joie
de m'attendre.
Richard-Lenoir
(Après les attentats)
[...]
quand Paris pleure sur ses enfants tués
Je te fais sortir, poésie
pour me dire que le monde
n'est pas si cruel
Denfert-Rochereau
[...]
Ils sont arrivés avec leurs femmes
dans leurs voiles noirs
"Famille Syrian"
[...]
Les ruines des colonnes de Palmyre
s'effondrent
jusque dans les couloirs
du métro parisien.
Reuilly-Diderot
Les poèmes sont des parts de gâteaux
qu'on peut partager
La poésie
nous envoie des bouquets de fleurs
des gifles, des caresses
des mottes de terre
des pans de ciel
[...]
Le métro est un homme ou une femme
qui nous prend la main
et nous lâche plus loin
comme le font les amants.