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Critiques de Marcel Gauchet (47)
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Comprendre le malheur français

Tel Freud soucieux de faire passer ses patients «de la misère hystérique au malheur commun», il veut réconcilier les Français avec leur condition pour éventuellement la corriger.
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Comprendre le malheur français

On n’est pas obligé de partager toutes les opinions et conclusions de l’auteur pour apprécier la qualité et la lucidité de son analyse sur la situation sociale et politique de la France fermement appuyée sur une irréprochable culture historique . En un temps où l’on veut faire passer des batteurs d’estrades , des imprécateurs médiatiques , des experts auto-proclamés pour des intellectuels ,il est bon de se confronter à un texte clair , riche et cohérent qui nous aide à penser le présent.
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Comprendre le malheur français

Faut-il vraiment lire cet ouvrage à la veille des élections? Le constat est si dur sur les trahisons de nos élites politiques qu'il peut conduire au découragement. Comment elles restent sourdes à l'intelligence partagée des citoyens; comment elles trahissent plus ou moins sciemment (surtout les socialistes, qui en ont fait un système de gouvernement depuis Mitterrand); comment l'Europe est avant tout le symptôme d'un échec de politique intérieur, un pis aller... Bien sûr, ce livre d'entretiens n'échappe pas à quelques facilités, frôlant parfois la discussion de comptoir. On aimerait de temps en temps que les propos soient plus argumentés en chiffres et données. Mais au final, l'analyse reste précise comme la lame d'un scalpel. Avec quelques clés historiques utiles à la compréhension des dérives actuelles : la façon dont l'Ancien Régime, incessamment, tente de coloniser la Révolution; la "radicalité du néo-libéralisme qui s'exprime sans radicalité"; l'idéologie omniprésente et pourtant déniée et masquée. Oui, finalement, à lire avant d'aller voter.

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Comprendre le malheur français

Un de ces livres qui vous rend intelligent. Lumineux dans la grisâtre des prêches de la clique des journaleux bien pensants bobo-gaucho qui passent leur temps à pérorer dans les médias.
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Comprendre le malheur français

Malgré tout l’intérêt et l’attention que je porte depuis longtemps à la pensée et aux écrits de Marcel Gauchet, j’ai hésité à acheter son dernier livre en apprenant qu’il s’agissait d’une interview, donc, pensais-je, d’une improvisation (même sur fonds de travaux antérieurs et solides), forcément un peu relâchée et superficielle. J’avais tort. Visiblement récrit et retravaillé, le texte bénéficie de la distanciation, de la pondération, de la précision, de l’approfondissement et des compléments d’information que permet seul le temps laissé au temps. Bref, même sous forme de questions-réponses, il s’agit d’un véritable livre, seulement plus ramassé et plus direct que l’essai ordinaire.



Observateur attentif de notre actualité et de l’état de nos sociétés, Gauchet fait entendre une voix différente dans le chorus journalistique et politico-médiatique grâce à l’originalité du regard qu’il porte sous sa double casquette. Philosophe en effet, il sait prendre la hauteur ou la largeur de vue nécessaires pour sortir du fouillis événementiel et dégager du sens, en synthétisant des concepts et en gardant le fil de principes théoriques. Historien, il garde pied sur le plancher des faits, mais il échappe à l’amnésie médiatique, en rappelant justement (sur la longue durée) comment ils se sont faits et en restituant ses profondeurs au temps qui court.



L’objectif ici est de « comprendre le malheur français », que d’autres ont appelé « sinistrose », c’est-à-dire le sentiment actuel, général et profond, que notre pays est foutu, qu’à l’échelle du monde et à l’aune des valeurs nouvelles il n’a plus aucun avenir devant lui. Sentiment de dépit, de trahison, de doute et de révolte, sentiment à la fois masochiste et vindicatif, qui prend la forme d’un divorce entre le peuple et ses élites, entre la nation et la nomenklatura européenne, entre l’attachement républicain et les sirènes néo-libérales. Loin (comme il est de bon ton) de condamner ce pessimisme, Gauchet lui trouve bien des raisons, en confrontant le destin qui fut historiquement celui de la France, de Louis XIV à Charles de Gaulle via la période révolutionnaire, et son déclin depuis un demi-siècle, avec le ralliement de la gauche comme de la droite à la Loi du Marché et à la mécanique européenne. Pour instruire le dossier, il traverse les siècles en montrant précisément ce qu’a été la vocation universaliste de la France, le fort sentiment d’identité qu’elle y a puisé, et toute la construction politique et idéologique qui en structurait l’exigence ; et il décrypte de même, plus près de nous, dans les différents septennats et quinquennats de la Cinquième République, les phases et processus qui en ont marqué l’abandon et le délitement.



On a qualifié Gauchet de « néo-réactionnaire » parce qu’il ne bêle pas à l’unisson des moutons du système et qu’il n’y crie pas non plus avec les loups. Mais, en penseur obstiné du politique, il garde le cœur à gauche et s’accroche aux fondements du vivre-ensemble républicain. Simplement, il résiste aux évolutions en cours et s’oppose résolument à la grande braderie qui, aujourd’hui, disperse et liquide l’héritage chèrement acquis : les « peuples souverains » dilués dans le grand melting-pot commercial, « l’État » reconverti en Conseil d’Administration de l’entreprise France, les « citoyens » transformés en électrons libres dans l’hypermarket des biens, des idées et des plaisirs, « l’intérêt général » ramené à l’addition de tous les intérêts particuliers, les « devoirs sacrés » dévalués par l’inflation galopante des droits, toute forme d’« institution » délitée sous l’effet conjugué de l’individualisme, de la mobilité et de la labilité ambiantes. L’analyse est précise, décapante, convaincante et, paradoxalement, de disposer d’un tel diagnostic, on se sent déjà quelque peu soulagé du poids du « malheur français ». Mais (en dehors du forcing et du blocage de la mécanique européenne pour la contraindre à repartir sur d’autres bases ou de l’exhortation finale à réveiller notre atavisme politique) j’ai cherché et attendu en vain les quelques pistes annoncées pour en sortir vraiment.

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Comprendre le malheur français

je crois que comme beaucoup de lecteur de ce livre,l'originalité de l'approche de la crise actuelle m'a assez séduit, voire tres séduit

effectivement ,coté gestion politique , donc administrative la France est toujours dans le registre d'un pouvoir étatique monarchique (voir les reproches adressés a sarkosi de se prendre pour un bonaparte........

mais au delà de ca , dire que le malheur francais , la déprime de nos concitoyens ,serait lié a la nostalgie de la grandeur passée, là ca fait un peu ""short""

nous avons appris a apprécier un certain confort , une certaine aisance des les années 60, et tout d'un coup nous voila avec un chomage massif, un pouvoir d'achat a la baisse et aucun horizon plus clean a venir ......

et de ce constat aucun mot de la part de M Gauchet quant aux solutions

pourquoi la mondialisation nous touche de plein fouet , alors que l'Allemagne surfe allegrement sur cette mondialisation avec une industrie innovante.....

que notre passé historique , notre concept de gouvernance soit a l'origine d'un tel fiasco , ok , mais aucune solution ne semble sortir de ce bouquin

M; GAuchet serait-il lui aussi , aussi aveugle que nos gouvernants , aussi incapable d'aborder, a partir d'un constat politique , social , psychologique , le probléme qui fait que nous sommes en train de rejoindre , par exemple les pays méditerraneens?

Pourquoi tant de dégats au niveau industriel , la base de toute société moderne ?

pourquoi un systeme éducatif aussi vicieux , aussi borgne et aussi passéiste ? silence de M Gauchet (ou absence de clairvoyance, tant celui ci est absorbé par ce cocon intellectuel francais aveugle )
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Conditions de l'éducation

La question scolaire est sujet à polémique depuis la fin des années 1960, quand les générations du baby-boom ont bouleversé les conditions de l’éducation. Pour comprendre ce qui a fondamentalement changé dans ces conditions, et pour proposer des réponses adaptées à ces dernières, Marie-Claude Blais, Marcel Gauchet et Dominique Ottavi ont établi un diagnostic dans "Conditions de l’éducation". Quatre domaines sont traités, permettant de mieux saisir les enjeux du système éducatif actuel : les relations de l’école avec la famille, le sens des savoirs qu’elle dispense, la question épineuse de l’autorité et la place de l’école dans la société.

Cet essai est riche d’enseignements, notamment dans l’analyse de l’autorité, une valeur qui n’a cessé d’être dénigrée au fil du temps, alors qu’elle est une nécessité absolue pour une éducation réussie.

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De quoi l'avenir intellectuel sera-t-il fai..

Critique de Alexis Lacroix pour le Magazine Littéraire



Avec la mort de Sartre, de Barthes et de Lacan, au tournant des années 1980, une époque se serait définitivement close, celle de la « vie avec la pensée ». La scène intellectuelle n'aurait fait qu'endurer une interminable agonie, égayée par les habiletés trompeuses de ceux que Dominique Lecourt nomme les« piètres penseurs ». La pensée, cette vita contemplativa dont Hannah Arendt assurait que, sans elle, la vita activa n'avait pas de valeur, serait tombée sous le joug du simulacre et de la répétition. Son histoire, désormais,bégaierait dans l'arène des polémiques biaisées et des joutes médiatiques spectaculaires,comme autant de miroitements illusoires sur les murs de la cité intellectuelle. Sans doute cette idée recèle-t-elle une part de vérité. Sans doute est-on aussi en droit d'affirmer,avec autant d'aplomb que Jean-Claude Milner dans un libelle incisif et enlevé, qu'il n'existe pas de vie intellectuelle en France (1). Les indices ne manquent pas, dans l'« actualité des idées », pour fortifier cette certitude crépusculaire.Le tour pris dans ce pays par la plupart des débats, ravalés au rang de pugilats manichéens et surpersonnalisés, semble refléter l'asphyxie de la réflexion. Une asphyxie qui a atteint des sommets avec la mise sur orbite du livre récent d'un penseur « au marteau », le philosophe Michel Onfray,qui se fait fort de déboulonner la statue de Freud. Si Le Crépuscule d'une idole, avant même sa parution fin avril, a donné lieu à l'une de ces empoignades médiatico-littéraires qui scandent désormais ce qu'il est convenu d'appeler la « vie intellectuelle » ; si la radicalité de la thèse défendue par Onfray a vu aussitôt se former deux « camps » compacts,celui de ses avocats et celui de ses détracteurs, également alignés sous la bannière de leur sainte colère, seuls quelques psychanalystes ont tenté d'échapper à cette fièvre binaire,en renvoyant dos à dos les provocations de l'essayiste nietzschéen et les cris d'orfraie de ses détracteurs. À tous, néanmoins,cette « controverse » laisse un goût amer. Les plus lucides y détectent un symptôme certain de la « dégradation de la pensée », selon la formule de René Major.Tout le sel de l'excellente enquête publiée ce mois-ci dans la revue Le Débat, sous l'égide de son directeur, Pierre Nora, et de son rédacteur en chef, Marcel Gauchet, est de contrebattre judicieusement ce pessimisme.En rappelant, d'abord, que la pensée, heureusement,n'est pas soluble dans les (faux)débats qui, sous couvert de la servir,l'anéantissent.Pour marquer les débuts de leur revue, à l'automne 1980, Marcel Gauchet et Pierre Nora avaient lancé une enquête auprès d'une vingtaine de jeunes auteurs jugés prometteurs car ils s'étaient déjà signalés à l'attention de leurs contemporains, de Régis Debray à Emmanuel Todd, d'Alain Finkielkraut à Blandine Kriegel, en leur demandant de répondre à une seule question : « De quoil'avenir intellectuel sera-t-il fait ? » Alors que Le Débat fête son trentième anniversaire, ses animateurs ont eu l'idée de recommencer l'expérience auprès d'une série de personnalitésq ui se sont, elles aussi, « déjà manifestées de façon significative », de l'écrivain Mara Goyet au philosophe Quentin Meillassoux. Parallèlement, ils ont demandé à ceux qu'ils avaient sollicités en 1980 de se relire et de fairepart, trente après, de leur réaction.Si le résultat de l'entreprise est captivant, ce n'est pas seulement parce qu'il livre un double portrait générationnel de l'intelligentsia hexagonale, c'est parce qu'il rappelle,à la lumière des trois décennies écoulées, que la pensée,dans ce pays, ne se réduit pas à l'encéphalogramme plat de ses joutes les plus visibles. « L'impression qui prévaut aujourd'hui est celle d'une dispersion, d'une atomisation de l'espace collectif de la réflexion, d'un effacement des formesdu paysage intellectuel, d'un investissement de chacun dans la voie qu'il a choisie », résument à juste titre les animateurs du Débat. Après Sartre, qu'ils qualifient de« dernier intellectuel à avoir assumé un rôle incarnateur et identificatoire », un cycle de la vie intellectuelle nationale s'est effectivement clos, « remplacé par un autre modèle intellectuel fondé sur une élaboration du savoir combiné avec des effets variés d'interventions pratiques - le moment des sciences humaines ». Mais, loin de congédier et de condamner la figure de l'intellectuel engagé, ce « moment »typique des seventies apparaît, après la lecture de ce recueil,comme ayant été une période de latence qui a non pas détruit, mais redéfini le rôle et la vocation de l'intellectuel.La fin des « grands récits », chère à Jean-François Lyotard,et des théodicées séculières, loin d'être une catastrophe,équivaut aussi, pour de nombreux participants de l'enquête,à une chance de nouer, enfin, avec le réel une relation plus féconde, dégagée de l'ossification doctrinale. Mara Goyetsalue ce dégrisement salutaire post-idéologique de l'intellectuel: « Pour ma part, ce qui semble se profiler me convient parfaitement. L'histoire ne nous passe plus les plats : c'est ànous de mettre du sens sans qu'il nous soit dicté par les événements.» S'ils enterrent avec elle les prestiges douteux du« confident de la Providence » et de sa volonté de puissance,d'autres philosophes, tels Alain Finkielkraut et BlandineKriegel, font entendre, chacun dans leur registre, souvent en consonance avec la mélancolie bougonne d'un Régis Debray,une anxiété sincère, un sentiment qui n'est aucunement assimilable à un déclinisme néoconservateur : si le premier regrette l'oubli de la leçon de l'antitotalitarisme, en notant qu'en 2010 notre présent est, hélas ! habité par le passé que le questionnaire de 1980 « croyait pouvoir ensevelir », la seconde s'alarme que, en trois décennies, le « Yalta des deux grandes puissances intellectuelles du XXe siècle », la révolution et la contre-révolution, n'ait pas desserré son étau sur l'espace public français. Le sociologue Gilles Lipovetsky, collaborateur du Débat depuis le premier jour, résume bien la tonalité dominante de l'enquête : « Il n'est pas vrai que nous soyons dans une espèce de post-histoire dominée par la non pensée: l'appétit de comprendre "qui nous sommes et où va t-on" n'est pas mort. »
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L'avènement de la démocratie, tome 4 : Le nouve..

Ça ne se lit pas comme un polar, il faut bien l’avouer ! Assez “techniqueˮ et étonnamment bien construit (comment fait-il ?), Gauchet conduit son lecteur dans la richesse de son argumentation avec un remarquable sens pédagogique. La vision de notre actuelle société s’en trouve lumineusement éclairée, elle devient, presque, préhensible. A la fin de l’ouvrage, somme toute optimiste, on s’étonne tout de même de son argumentaire basé fortement sur la disparition de l’emprise religieuse, l’hétéronomie du religieux, quand on voit la barbarie musulmane s’instiller dans tous les ressorts de notre pays, profitant de la démocratie pour en pervertir les institutions, la vie commune, l’être-ensemble.
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L'avènement de la démocratie, tome 4 : Le nouve..

La conclusion de la quadrilogie du philosophie Marcel Gauchet sur "L'avènement de la démocratie" et des problèmes qu'il ne manque pas d'engendrer.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'avènement de la démocratie, tome 4 : Le nouve..

une synthèse cohérente et argumentée du monde contemporain (économie, psychologie, société...).

Unique

Le style est un peu lourd mais peu importe, le fond réserve des découvertes à chaque page. Marcel Gauchet dévoile les mécanismes profonds à l'oeuvre dans notre monde.



Fatiguant à force d'intelligence (de ce fait je le lis à petites doses quotidiennes, avec un coup de crayon au minimum à chaque page, signe pour moi de "mais oui mais comme c'est vrai")

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L'avènement de la démocratie, tome 4 : Le nouve..

La modernité, explique M. Gauchet, est un projet cohérent : celui de faire advenir une société autonome. C’est là incontestablement une de ses significations, mais peut-on considérer qu’il s’agit là d’un processus aussi unifié que l’auteur l’affirme ?
Lien : http://www.laviedesidees.fr/..
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L'avènement de la démocratie, tome 4 : Le nouve..

Dans ce nouveau tome de «l’Avènement de la démocratie», le philosophe poursuit son repérage des dysfonctionnements d’une société libérale qui, «au sortir de la religion», ne sait que faire d’une liberté enfin acquise.
Lien : http://next.liberation.fr/li..
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La droite et la gauche

Dans son dernier livre, Marcel Gauchet juge que le clivage droite-gauche n'est pas mort. S'il s'est brouillé et complexifié, il demeure envers et contre tout.
Lien : https://www.lesechos.fr/idee..
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La Révolution des pouvoirs. La souveraineté, le..

La Révolution des pouvoirs est l’entrée dans les coulisses de la Révolution, et plus particulièrement dans celles des Constitutions. Marcel Gauchet nous invite à voir les rouages secrets du législatif, laissés dans l’ombre de l’événement. Evénement qui marque beaucoup plus la mémoire collective. La Révolution est un passage de l’histoire, qui, dans le présent, continue d’interroger, et d’inspirer. Ainsi, la Révolution, a-t-elle marqué l’essence même de la démocratie. La Révolution française éclaire notre présent.

L’expérience politique devient expérience de pensée. La Révolution part du primat du principe philosophique. En pratique, la Révolution se heurte à des contradictions, qui les rendent inapplicables. Marcel Gauchet pose un parallèle avec nos sociétés actuelles. La Révolution avait l’objectif d’unité tout comme les nôtres, mais la Révolution s’en distingue par ses moyens. Nos sociétés ont fait le chemin inverse de la Révolution : c’est par la division, et non par l’unité que « nos démocraties se sont pacifiées ».

L’essai est divisé clairement en chapitres. Toutes les Constitutions ( jusque le Consulat) et leurs débats y sont exposés, dans le discours de l’historien. On en comprend dès lors les enjeux et les divergences. Marcel Gauchet met aussi en évidence une problématique fondamentale que soulève la Révolution Française, celle d’un pouvoir pondérateur, le fameux « tiers pouvoir ». Le législatif, on le sait, a vite empiété sur les prérogatives de l'exécutif. Ceci participant dans l’esprit de l’équilibre des pouvoirs que l’on doit à Montesquieu, dans l’Esprit des Lois. Les spectres des « jurisprudences arbitres » de l’Ancien Régime hantent les constituants. Le Tiers pouvoir dévoile ses apories : Qui surveillera le surveillant ? En a –t-il la légitimité ? Et, au juste, que doit-il faire ?

Interrogations sur la souveraineté, sur la légitimité, sur les institutions, sur la justice, sur l’équilibre des pouvoirs, parsèment le livre, qui est riche en informations, et en sources pour comprendre l’élaboration d’une constitution, pendant la Révolution Française.

Par cet ouvrage, Marcel Gauchet donne des clés de compréhension sur la Révolution Française et sur nos sociétés contemporaines sur l'échiquier des pouvoirs. A ceux qui savent ou prétendent que l’écriture de Marcel Gauchet est complexe, ou inaccessible, cet ouvrage est plus clairement compréhensible que certains autres. L’ouvrage est d’un intérêt percutant et ouvre des pistes de réflexions toujours d’actualité.

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Le désenchantement du monde

Bien que philosophe de formation, puis enseignant un certain temps, j'ai trouvé ce livre aride, ardu et très souvent abscons, planant à haute altitude dans le ciel pur des idées.Elles s'y réfrigèrent et s'y dessèchent. "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement"; ce n'est pas le cas ici...Sans doute une concession à la mode intello jargonnante de l'époque permettant de se distinguer à peu de frais du "vulgum pecus"! A vrai dire, et sur le fond, je n' ai pas retenu grand chose de ce livre qui demande beaucoup d'effort pour peu de résultats.Une enquête sociologique ou historique documentée nous en dirait beaucoup plus, je pense. Beaucoup de théorisation dans l'abstraction la plus éthérée. Quasiment pas d'illustrations ni d'exemples pour appuyer sa thèse; une théorie des relations entre politique et religion dont on ne comprend pas vraiment la base concrète. Il faut souvent s'y reprendre à 3 ou 4 fois pour saisir un paragraphe. Et quand on l'a enfin saisi, on se dit: "Ah bon!..c'est tout..." On aimerait savoir ce qui, dans le réel, étaye sa théorie.On a envie de dire; des preuves!! Rien n'est contestable, puisque rien n'est prouvé... Donc c'est un livre incontestable! Formidable... Ma déception provient sans doute aussi du fait que j'ai lu ce livre -réputé- en 2018, alors qu'il a été écrit en 1985, dans un autre contexte (même s'il a servi de base à toute la réflexion ultérieure de Marcel Gauchet sur politique et démocratie.) Je peux me tromper, mais on n'y trouve pas à mon point de vue, la réflexion stimulante qu'on pourrait attendre aujourd'hui pour réfléchir sur la place du religieux à notre époque. Ça ne m'incite pas à lire sa production ultérieure sur la démocratie! En même temps, c'est un peu le défaut des "philosophes" de tourner en circuit fermé.! A mon avis, c'est le type de livre pour lequel un bon résumé devrait suffire.(Quelque-uns s'y sont essayé ici, je vois. Je les remercie.Pour moi, c'est au-dessus de mes forces...) Je retourne à mon Régis Debray.
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Le désenchantement du monde

Retracer les thèses fécondes de Marcel Gauchet n'est pas une tâche facile, tant son discours, auquel on finit par adhérer, se dérobe sous un style savant. Très compliqué et peut-être très simple. Une histoire politique de la religion, donc, mais aussi, une histoire religieuse de la politique.



Au commencement était la religion, le monde était coupé radicalement de son origine tout en en conservant les marques partout. Tout faisait sens, tout était magie. Le religieux était partout. Chacun était à sa place, à son rang. C'était comme ça. Dieu avait institué le monde à son idée, les hommes n'avaient qu'à suivre. (Ce que je raconte est d'une platitude invraisemblable, je résume et j'aplatis des idées bien plus élaborées, mais voilà, je fais ce que je peux, je traduis mal mais de manière à ce que peut-être j'en retienne quelque chose). Tout aurait très bien pu rester comme ça. Sauf que s'est développée une religion pas comme les autres, la religion qui a permis la sortie de la religion, qui la contenait structurellement en elle, le christianisme.



Gauchet insiste sur les effets de structure, sur une certaine logique du changement, sur ce qui rend possible une évolution que l'Histoire, dans son indétermination, effectuera ou pas. Tout aurait très bien pu se passer autrement, mais pas n'importe comment. Qu'est-ce qui se passe avec le christianisme ? Encore une fois, simplifions à outrance en espérant ne pas déformer. Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, s'est fait chair pour nous sauver. Qu'est-ce que ça veut dire ? Que le tout autre, le Dieu qui, dans les religions d'avant, avait créé un monde au commencement pour nous l'avait laissé avec ses signifiances établies, devient le même, l'humain ici et maintenant. Dieu se rapproche. Il devient un autre en nous. Nous sommes Jésus, homme et Dieu, quand nous sommes chrétiens. Ce qui était extérieur devient intérieur. Le transcendant devient immanent. (Gauchet est beaucoup plus logique, cohérent que moi, il me semble que je résume en sautant des étapes et qu'il me manque quelque chose pour comprendre vraiment le processus de désenchantement du monde).



Bref, où en sommes-nous aujourd'hui ? Dans un monde qui n'a plus la religion comme fondement, dans un monde où tout est dans l'homme, le même et l'autre, dans un monde dynamique alors que le monde religieux était posé comme établi une fois pour toute. Nous vivions avant dans le passé qui se réitérait dans le présent, nous vivons désormais dans la construction d'un futur qui nous échappe, tendus vers ce qu'il est possible que demain soit mais à jamais dans l'ignorance de ce futur. Nous sommes condamnés sans fin à agir plutôt qu'à être, à ne plus savoir qui nous sommes mais à nous créer hommes, sujets libres, sans Dieu ni maîtres autre que nous-mêmes et donc d'autant plus soumis à des forces qui ont le défaut d'être cachées alors qu'elle sont nous. Bref, Rimbaud a dit en quatre mots ce que Gauchet dit en quatre-cent pages, je est un autre.

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Le désenchantement du monde

A ma première lecture de cet essai lors sa parution en 1985, l’abstraction du sujet et la complexité de la langue m’avaient contraint à l’abandon assez rapidement . Je prends donc la lecture achevée ce jour comme une preuve de maturation intellectuelle ( c’est flatteur) ,de patience acquise et surtout comme résultat du temps libéré par la retraite . Le projet de l’auteur (« une histoire politique de la religion ») m’apparaît plus clairement même si je ne prétends pas en avoir saisi la totalité et j’en saisis mieux l’aspect original , une bonne partie étant tout à fait contre-intuitive. J’en retiens des analyses intéressantes sur notre époque ( même si je ne les partage pas toutes) . Si vous aimez les vues « aériennes » de l’histoire humaine et ne craignez pas d’affronter un langage un peu jargonnant par volonté de rigueur , ce livre vaut d’être lu.
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Macron, les leçons d'un échec

Je n’aime pas les livres écrits à quatre mains, chacun d'eux intervenant dans un registre parfaitement maitrisé.

L’un questionne, voilé une apparente neutralité, et l’autre répond dans un registre tout aussi convenu.

On réalise peut-être, un inventaire exhaustif des errements du dernier quinquennat, mais sans l’ombre d’un éclairage singulier et imprévu.

Rien de mieux, en fin de compte, qu’un mémorandum de notre histoire politicienne récente.
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Macron, les leçons d'un échec

En lisant Stefan Zweig louangeant Maxime Gorki à mon étonnement, parce que c'est le premier prosateur russe issu du peuple à écrire sur les siens, sur la misère des petites gens, et à accéder à la notoriété dans son propre pays, ce qui fut vrai d'ailleurs, mes divergences ne portant pas là-dessus, mais plus sur la qualité de celui qu'il nomme de génie intérieur à la rencontre de son peuple avec une empathie extraordinaire.



On ne peut s'empêcher d'établir des passerelles avec le passé d'il y a un siècle fût-il russe vu par un bourgeois autrichien et je me dis qu'on n'a même pas ça nous, même pas un écrivain aujourd'hui qui écrit sur le peuple français dont il est issu, peuple sur le chemin du même désarroi, humilié plus que jamais par le pouvoir macronien jacobin, non personne. On écrit contre, on n'écrit pas pour, mais une grande voix du sérail qui s'élève avec éloquence et force pour soutenir le peuple : nada ! PG 18 09 2022
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