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Critiques de Margaret Atwood (2293)
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Les testaments

La servante écarlate a touché le cœur, titillé le cerveau et cultivé l’imagination de millions de personnes. Par le roman de Margaret Atwood sorti en 1987 en français, et maintes fois réédité. Par la série TV, et ses 3 saisons à ce jour (dont les deux premières sont absolument exceptionnelles).



Il aura fallu 34 ans à l’autrice canadienne pour donner une suite à ce roman. D’ailleurs, il convient plutôt de parler d’extension, tant le mot « suite » n’est pas vraiment adapté.



On le comprend très vite en constatant que Les testaments se déroule 15 ans après. Ne vous attendez donc pas à suivre des événements linéaires, ni à retrouver Defred en narratrice. Ouvrez plutôt votre esprit, surtout si vous avez suivi la série TV, dont l’écrivaine s’écarte régulièrement, tout en en reprenant des éléments. Cela demande parfois une petite gymnastique de la pensée.



Margaret Atwood est une visionnaire. Une écrivaine au talent immense, qui sait tirer les leçons du passé et du présent pour imaginer un sombre futur. En fait, en parlant de demain elle parle d’aujourd’hui.



Et pas seulement avec cette histoire-là, plongez-vous dans d’autres de ses formidables dystopies comme Le dernier homme ou encore Le temps du déluge, qui mettent en scène les dégâts écologiques et une autre forme d’irresponsabilité humaine. Son génie prophétique n’a que peu d’équivalent dans la littérature moderne.



15 ans plus tard, donc, et trois narratrices pour nous permettre de suivre en perspective la chute d’un système totalitaire. L’autrice sait que le salut vient de la jeunesse, deux de ces voix sont celles de jeunes filles, une de chaque coté de la barrière. La troisième est celle bien connue d’un des exécuteurs, Tante Lydia, souvent assez éloignée des caractéristiques du personnage de la série (même en ce qui concerne les raisons de son entrée dans le système qu’est Galaad).



Oui Galaad et non Gilead. C’est un choix de la traductrice Michèle Albaret-Maatsch, avec un mot d’explication en liminaire au roman. Autant je comprends sa volonté de traduire différemment certains mots inventés par Atwood, autant je ne suis pas en phase avec cette idée de changer le nom d’un endroit qui est aujourd’hui totalement ancré dans l’imaginaire des lecteurs. Ce choix peut intellectuellement s’entendre, mais je le trouve perturbant émotionnellement. Mais, j’en profite pour saluer son travail de grande qualité pour la traduction du roman.



Margaret Atwood a eu l’intelligence de ne pas se lancer dans une banale suite. Trop d’eau a coulé sous les ponts depuis la sortie du premier roman, avec un monde qui se rapproche dangereusement de ce qu’elle avait imaginé en l’écrivant pour partie à Berlin, à coté d’un mur encore érigé.



Trois histoires se déroulent en parallèle avant de se rejoindre, trois paroles différentes mais complémentaires, sans manichéisme outrancier, mais tout en finesse. Dont celle d’une Tante Lydia très surprenante.



Les ingrédients de base sont les mêmes : ce monde où la pollution a fait drastiquement chuter la natalité, ce système tyrannique qui se sert de la religion pour asservir les femmes. Ces mâles dominants qui, sous couvert de soit-disant valeurs morales, cachent leurs perversions et leur soif de pouvoir.



Comme pour le premier livre, l’écrivaine s’appuie sur les faits historiques pour imaginer ce futur proche. Son imagination et son analyse de nos sociétés actuelles fait le reste.



Mais, même si nous retrouvons certaines de nos marques et certains personnages (dont bébé Nicole, qui est devenu un concept iconique), le ton est différent et son récit est clairement à part.



La servante écarlate est devenu pour certains un symbole du féminisme. Les testaments raconte clairement des histoires de femmes. Mais rien n’est si simple. Les hommes traversent ce récit comme des ombres (il n’y a bien qu’un seul personnage masculin à être un peu présent). Car, même si les hommes sont responsables de cette idéologie, ce sont les femmes qui en sont les rouages, contraintes ou volontaires.



Ce livre nous plonge dans les failles d’un système, corrompu jusqu’à la moelle. Suivre cette chute à travers les mots et la vision de trois personnages est une idée formidable. Elles donnent de l’humanité et de l’émotion à l’intrigue, qui est prenante de bout en bout.



N’imaginez pas des rebondissements en cascade. Les surprises sont légion, mais distillées avec subtilité.



Je n’ai tout simplement pas pu lâcher ces 540 pages, subjugué par le talent de l’autrice, fasciné par l’univers qu’elle a construit et par les personnages complexes à qui elle a donné un vrai souffle de vie. Passionné par cette histoire qui résonne en nous et raisonne. Atwood prend bien soin de créer ces questionnements sans jamais perdre le fil ni pontifier. Son style est fluide, sa prose très agréable et formidablement expressive, toujours au plus près de l’humain.



Pas étonnant que le livre ait obtenu le Man Booker Prize 2019, prestigieuse récompense littéraire britannique.



J’avais une petite inquiétude en démarrant cette lecture. Mais pourquoi douter quand on est face à un véritable génie ? Les testaments est une dystopie formidable. Un bijou mené avec finesse, humanité et intelligence. Margaret Atwood propose bien davantage qu’une suite, avec un roman qui apporte une autre dimension à un univers qui a pourtant déjà marqué la littérature de manière indélébile.



Que vous ne connaissiez pas Margaret Atwood, que vous soyez lecteur de La servante écarlate ou «simplement» amateur de la série TV, ce livre vous est indispensable.
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La servante écarlate

[Coup au cœur]



Alors voilà. Le monde a changé, l'homme domine. La femme est soit aide de vie, soit épouse fidèle, soit incubateur, soit déportée.

Ce livre se présente comme un témoignage. D'une femme, réfléchie, cultivée, qui a connu la vie d'avant (la nôtre), l'intermédiaire puis celle d'après.

On suit en parallèle le présent et sa vie d'avant. Via ses souvenirs.



Si j'arrivais à lire placide «maintenant» (son présent), j'avais une boule à la gorge pour l'avant. Avant que tout soit perdu. Car on sait que ça finira mal et on redoute le comment.

Mais «maintenant» aussi. Je ne vais pas vous leurrer. A lire ce maintenant, on sent que ça finira mal. Mais je n'avais pas cette boule, pas le même malaise. Dingue comme on se résigne devant l'ignoble quand le pire est derrière soi.



Dingue.

Dingue comme j'ai eu peur.

Comme j'ai peur.

Comme je suis remuée par cette lecture.

Parce qu'elle semble tellement possible.

Parce que nos libertés sont si fragiles.

Parce qu'on est pas très loin, l'a-t-on jamais été, de basculer.

Parce que en ce moment, les cris des femmes se font entendre, fort.

Parce que, si nous perdions tout. Tout droit, toute liberté, réagirions-nous ? Endormis que nous sommes derrière nos écrans, nouvelle allégorie de la caverne. L'actualité montre qu'on s'habitue à tout.

Question de survie ?



Alors voilà, c'était fort. C'est fort.

Une lecture à ne pas oublier.



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Poèmes tardifs

J’aime la poésie qui émeut, me fait vibrer. Dans ces « Poèmes tardifs », je n’ai rien trouvé de cela et cette découverte de Margaret Atwood poète est pour moi très décevante.

Dans la préface, Margaret Atwood explique que « la poésie prend pour thèmes tout ce qui se situe au cœur de l’existence humaine : la vie, la mort, le renouveau, le changement… » Mais à vouloir embrasser tant de thèmes, l’auteure finit par nous égarer.

J’ai trouvé l’ensemble très prosaïque, voire d’une platitude affligeante. Faut-il y voir des faiblesses dans la traduction ? Je ne pense pas que ce soit l’explication.

Malheureusement, je suis restée à côté et me suis bien ennuyée.

Et même les poèmes aux accents écolos ne m’ont pas émue



« Oh enfants, allez-vous grandir dans un monde sans oiseaux ?

Y aura-t-il des grillons, là où vous êtes ?

Y aura-t-il des asters ?

Des palourdes, au minimum.

Peut-être pas des palourdes. »



Bien sûr, tout cela est mon propre ressenti et j’ignore ce qu’en pensent les palourdes…





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La petite poule rouge vide son coeur

Curieux mélange que ce recueil de 27 textes, qui comporte à la fois des nouvelles et ce qui ressemble à de brefs essais. Atwood y revisite contes et mythes, touche à la science-fiction, rend « grâce aux sottes » et hommage aux sorcières (« les Vilaines »), donne des recettes (« Fabriquer un homme »), dénonce le wokisme, la guerre et la destruction de l'environnement, évoque la mort et la déglingue des corps. Mais la plupart des textes font la part belle aux femmes et au féminisme.

L'humour est omniprésent, allant de la moquerie taquine au sarcasme et au cynisme à mesure, semble-t-il, que le recueil avance de textes accessibles vers d'autres plus hermétiques et sombres.

J'ai trouvé l'ensemble assez inégal, sans doute parce que le sens de certains textes m'a échappé, que d'autres ne m'ont pas « parlé », tandis que quelques-uns m'ont fait rire ou sourire franchement, et d'autres m'ont interpellée.

Le ton est décalé, le message probablement brillant, mais tout cela est globalement trop elliptique à mon goût.
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La servante écarlate

La place de la femme dans la société ne sera donc jamais assurée? Cette dystopie qui se passe dans un futur proche où les femmes seront réduites à des rôles de procréatrices, dans une société aux règles glaçantes, force à s'interroger. On a vu des pays revenir sur les libertés acquises, des démocraties se transformer en dictatures alors pourquoi pas ça?

Ecrit en 1984, ce roman est bien dans l'actualité des années 2000: pollution, catastrophes nucléaires, contamination des rivières, des plantes, obscurantisme, protection extrême des femmes contre la lubricité des hommes (tout ce qui est sensuel, érotique est sévèrement banni)... peut-être qu'à force de tout vouloir interdire sous prétexte que ça dérange, que ce n'est pas politiquement correct, qu'il y a des abus, arriverons-nous au monde que dépeint Margaret Atwood. C'est en tout cas une réflexion à mener.

Bref, c'est un roman prenant à l'écriture limpide qui mérite de devenir un classique. Brrr...
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La servante écarlate

Je voulais tellement le lire ce roman. J’en ai beaucoup entendu parler et la série sur Netflix faisait un tabac. Et puis la phrase d’accroche est particulièrement explicite « Le livre qui fait trembler l’Amérique de Trump ». Comment un roman écrit en 1985 peut-il faire trembler le nouveau président des Etats Unis ?

Dès les premières lignes, la lectrice est mal à l’aise. Les femmes en prennent pour leur grade. Féministe ce roman…. Bonne question.



La servante écarlate c’est quoi :

- La femme soumise

- La femme esclave

- La femme mise à disposition

- La femme utérus

- La maitresse légalisée

- La mère porteuse

- La femme jalouse

- La femme silencieuse

- La femme sans droits

- La femme résistante

- Une femme qui s’écarte….



Miss Atwood, une visionnaire ? Ça donne froid dans le dos.



Le renversement du pouvoir ne vous rappelle rien ? Qu’avons-nous peur aujourd’hui ? La prise du pouvoir par les Etats islamiques ? Le régime patriarcal ? Le totalitarisme ? Le plein pouvoir aux riches ? Ce roman a touché une corde sensible. L’homme fait des erreurs et qui en payent les pots cassée… L’homme vieux et riche a droit au bonheur. L’argent achète tout même l’interdiction d’aimer.



Et oui, ici, Miss Atwood essaye de pousser la lectrice à se poser des questions sur ses habitudes : la contraception, la célibattante, le droit à l’amour, la vie de famille et un super emploi, ne pas devenir une femme au foyer, tout assumer à la maison (boulot, ménage, enfant…). Et si l’homme riche offrait une vie meilleure à sa bien-aimée mais par l’intermédiaire de Servante écarlate…



Pour moi c’est un roman coup de cœur, poignant et dérangeant. Un roman écrit en 1985 mais visionnaire. Je n’ai pas eu l’impression de lire un roman de plus de 30 ans. Je comprends tout à fait qu’il soit rentré dans la catégorie classique de la littérature anglaise.



Je suis contente d’avoir partagé ce moment toujours avec ma jumelle que je ne présente plus et je souhaite la bienvenue à Anne Saulot qui a accepté qu’on l’accompagne dans cette lecture. C’est plus sympa à plusieurs surtout que ce roman remue. On se sent moins seule….

Un roman à lire absolument. Jeune. Moins jeune. Homme. Femme.

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La servante écarlate

Un livre qui mérite bien sa note... Une dystopie captivante, mais révoltante. C'est que Margaret Atwood nous propose un futur où les femmes ne prennent une place dans la société que pour leurs simples capacité à enfanter. Aucun droit, aucun privilège, aucune fonction, sinon que celle de s'étendre sur une civière et laisser le Commandant faire sa petite affaire et espérer se faire ''engrosser''. C'est plutôt vulgaire comme façon de dire la chose, mais voilà, c'est comme ça que ça se passer maintenant !

Un livre qui est ponctué de brides du passé, question de faire comprendre aux lecteurs comment on arrive là. C'est habillement fait par Atwood cette transition entre souvenirs et quotidien... Son écriture nous enveloppe, nous explique sans expliquer, nous berce, nous choque, nous heurte... L'histoire est très intéressante, habitée par la délation, l'oppression, les règles, l'amour, l'espoir, la confrontation... Mon premier Atwood, et certainement pas le dernier.
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La servante écarlate

Ce roman de science-fiction dystopique prend place dans un monde où les Etats-Unis sont passés sous la coupe d'un mouvement politico-religieux dans lequel les femmes sont "remises à leur juste place", c'est-à-dire dans les cuisines, ou bien comme épouses, ou même encore comme mères porteuses, pour faire face à la très forte baisse de natalité.



Notre personnage principal, Defred, est justement l'une de ces dernières, habillée tout de rouge, au même titre que toutes ses autres camarades, elle est une servante au service d'un Commandant et d'une Épouse. Son rôle : coucher avec le Commandant pour tomber enceinte et fournir un enfant à ses propriétaires.



Ce roman est un roman qui se lit très bien. Tout se passe du point de vue de Defred, au travers de laquelle on en apprend davantage sur ce nouvel environnement dans lequel elle se retrouve à vivre. On en apprend également quelque peu sur sa vie d'avant, avant que le gouvernement ne soit renversé au profit de ce mouvement radical.



L'histoire est agréable à lire, tout cela se lit un peu comme un documentaire qui au travers d'un témoignage nous montre ce qu'est la vie dans une autre période de notre histoire. Cela en fait sa qualité, mais aussi son défaut, car malheureusement il y a rarement des rebondissements dans un documentaire et c'est exactement ce que l'on retrouve ici. Le récit manque de quelque chose, à mon goût, il est un peu plat. Cela est encore accentué par le fait qu'à part Defred, on en apprend très peu sur les autres personnages, chaque "catégorie" de personnage à un profil type, et tous les personnages d'une même catégorie se ressemblent, ce qui est certainement volontaire de la part de l'auteur, dans le sens où plus personne ne s'appartient plus, plus personne n'est unique, chacun est un rouage du système, donc il n'est plus nécessaire (voire plus recommandé) d'avoir de la personnalité.



En résumé, c'est un livre agréable à lire mais il ne nous transporte pas vraiment. C'est un peu un docu-fiction sur un thème qui n'est pas réel mais qui pourrait tout aussi bien le devenir, un jour, quelque part.
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La servante écarlate

Un classique du roman dystopique, dans la lignée de Nous de Zamiatine, ou de 1984 d'Orwell.

Je n'avais ni lu le livre, ni vu le film de Schöndorff, ou la remarquable série télévisée.

Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous, sauf qu'il y a eu sur Babelio des centaines de critiques, et beaucoup d'excellentes ( je suis toujours émerveillé par la pertinence, l'acuité et l'exhaustivité des babeliotes), et donc il est peut-être présomptueux d'y ajouter ce petit billet. En tout cas, il rejoindra tous les commentaires élogieux à l'égard de ce livre.



Dans un futur pas si éloigné, aux États-Unis, une dictature fondée sur des principes religieux rigoristes a pris le pouvoir d'un nouvel Etat dénommé Gilead. Des hommes la gouvernent, d'autres hommes sont aussi les exécutants terribles et meurtriers des décisions prises notamment par des femmes, les Tantes, qui appliquent une politique qui vise à dépouiller les autres femmes de leur autonomie: pas de possibilité de travailler, d'avoir un compte en banque, et même de lire, et l'obligation d'être soumises à Dieu mais surtout aux hommes de pouvoir. Ce régime politique se caractérise aussi par sa cruauté envers celles et parfois ceux qui dérivent de la norme.



Parmi la population des femmes, celle des servantes écarlates, femmes ayant déjà fait preuve de leur fécondité, a été sélectionnée pour servir de reproductrice au bénéfice de couples de pouvoir, ceux nommés comme formés d'un Commandant et de son Épouse qui ne peut avoir d'enfant.

Cette gestation pour autrui a été décidée suite à une baisse importante de la natalité dans Gilead.



La narration tout entière se présente comme le journal de bord de Kate devenue Defred (autrement dit appartenant à Fred), de sa vie quasiment au jour le jour, et de ses souvenirs heureux du « monde d'avant ». Cette approche du récit le rend incroyablement prenant, souvent angoissant, mais aussi plein d'ironie et de dérision, car Defred est « libre dans sa tête », et nous livre une critique à la fois nuancée et sans pitié de ce monde totalitaire. Et ceci jusqu'à la fin de son récit et qu'un épilogue plein de malice nous indique quelle fut la suite probable de l'histoire. Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler la trame et la fin, il est vrai que beaucoup de lectrices et de lecteurs la connaissent.



Et, comme c'est souvent le cas pour les dystopies, la réalité a malheureusement rejoint la fiction, que ce soit avec le régime des Talibans en Afghanistan, ou celui de l'Etat Islamique au Moyen-Orient. Au nom d'une religion, ici la religion musulmane, les femmes sont interdites d'éducation, du monde du travail, toute transgression est punie jusqu'à la mort, souvenons nous de ces images insoutenables de femmes lapidées en public à Kaboul.

Et puis en ces heures où la Cour suprême de la première puissance mondiale s'apprête à rejeter le droit à l'avortement, ce livre qui contient en creux un plaidoyer puissant pour la liberté des femmes, nous rappelle que le pire est toujours possible, même dans nos démocraties, et que le combat pour l'égalité homme-femme est toujours d''actualité.
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La servante écarlate

La servante écarlate est tout à fait ce genre de roman pour lequel j'ai toujours beaucoup de mal à me prononcer.

Ai-je aimé ? N'ai-je pas aimé ce roman ? Difficile à dire.



Cette dystopie est glaçante et terrifiante. On peut bien sûr se rassurer en se disant que ce n'est que de la science-fiction mais elle donne évidemment à réfléchir sur la condition actuelle des femmes et sur leur devenir dans une société qui se voudrait patriarcale. Ce n'est pas pour rien si Margaret Atwood est devenue une figure importante du féminisme. Ce livre en est le fer de lance.

En ce sens, je ne regrette pas de l'avoir (enfin) lu !



Néanmoins, je ne peux pas dire que j'ai trouvé beaucoup de plaisir à le lire. J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à l'héroïne, que j'ai trouvée trop passive. J'ai plutôt préféré le personnage de Moira, beaucoup plus rebelle.

Cette passivité m'a plongée par moments dans l'ennui et certains longueurs du roman n'ont rien arrangé.



La fin du roman est plutôt déroutante. Margaret Atwood laisse ces lecteurs face à leur propre choix... Fin heureuse ou pas ? A vous de voir, débrouillez-vous !



Mais, il me semble bien qu'une suite est sortie il y a peu. 30 ans après La servante écarlate !

Alors même si je n'ai pas "adoré" ce roman, je crois bien que je vais me laisser tenter. Histoire de voir ce que le régime totalitaire de Gilead devient...
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La servante écarlate

Ce que j’ai ressenti:



▪️Avant que cela ne devienne ordinaire…



Parce que sans doute que cela le deviendra, alors je reprends mes nuits. Parce que je me le dois, et parce que je le fais pour Elles. Parce que je crois en nos nuits.



J’effeuillerai les mots dans mon lit. J’effeuillerai les pétales de pissenlit aussi. À moins que ce ne soit des marguerites…Je prendrai chaque mot, et je les ferai éternité…Un pétale pour chaque servante. Une pensée pour Alma, Janine, Dolorès, Moira, June.



Pendant ce temps infini- Pendant cette quantité de temps qui nous est offert-Pendant tout ce temps qui tient dans nos mains et qui j’espère ne sera plus vain.



Sans doute que l’on s’habituera à ces nuits stériles, immobiles…Peut-être qu’on s’habituera à ce confinement. Sans doute, qu’on sera là bien chez nous, à apprécier Nuits…Toute en intimité. En minimalisme. Je me contenterai de rester à la maison.



J’écrirai des lettres à Toi. Des lettres où tu te reconnaîtras…Des milliers de lettres que tu ne verras pas mais qui auraient nos résonances…Des lettres avec tant de nos résiliences. Des poèmes comme des alliances.



Je blanchirai mes nuits et je me parerai de rouge. L’écarlate sera notre étendard avec tatoué de nos cris silencieux, cette phrase d’un temps ancien « Nolite te salopardes exterminum ». Et désormais, ces Nuits-là me seront précieuses…



Ça ne me fera même pas mal de ne plus dormir et de me nourrir de solitude. Ça ne me fera même plus peur tout ce temps à perdre. L’heure des lunes sera ma prière…



J’inscrirai à mes nuits et aux siennes, tous nos amours contenus. Je délivrerai vos mutismes et je soufflerai sur vos désirs des étincelles de passion. Je déchiffrerai vos sourires de sang. Je leur offrirai la douceur…Je trouverai du sens au vide…Et je volerai des libertés quand enfin, je rêverai avec mes sœurs…Tout cela dans mes nuits.



Et J’aurai espoir. Je jure que j’aurai espoir…



▪️-Cela deviendra ordinaire-



Mais avant cela, il y aura eu des milliers de lecteurs qui se sont lancés dans la découverte de la Servante Écarlate et ce qui est extraordinaire, c’est qu’elle continue de fasciner avec autant de force, même trois décennies après…J’ai lu à mon tour, dans mes nuits confinées, ce chef d’œuvre dystopique. Comme vous pouvez le constater, il m’a fait forte impression. Je me suis dirigée vers lui, spontanément. J’ai laissé parler mon intuition. Je voulais tellement quelque chose de spécial pour cette période trouble de notre actualité, alors j’ai mis la main sur les pages écarlates. Une inspiration. J’ai été troublée qu’il y ait tellement de profondeur et de similitudes dans les nuits de Gilead, et dans les miennes. J’ai tellement tremblé de peur pour ces femmes mais j’ai adoré me confronter à leurs manières de chercher du sens dans leurs actions. C’était presque extraordinaire, ce temps partagé…Et je ne voudrais pas que cela devienne ordinaire, ce Coup de Coeur Écarlate.



« Y a-t-il des questions? »
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La servante écarlate

Mon histoire avec La servante écarlate commence autour d'un verre de Petite Arvine, un dimanche matin.

Mon amie Nicole, apprenant que je me suis engagée dans une formation sur les extrémismes politiques et religieux, me dit : "Alors, il faut que tu fasses la connaissance de Defred."

La saison 1 de la série passant au même moment sur une chaîne télé publique, je me suis engouffrée corps et âme dans cette ambiance dérangeante, terriblement glauque et effrayante... avec passion et dégoût, peur et attirance.



Avec d'un côté, l'envie d'arrêter de regarder, de me faire du mal à chaque épisode et de l'autre, la fascination et l'attirance irrésistibles de ses personnages emprisonnés.



Et ces questions omniprésentes à mon esprit :

- Comment peut-on en arriver là ?

- Est-ce que ce que cela pourrait arriver chez nous ?

- Qui détient vraiment le pouvoir ?

- Les habitants de Gilead ne sont-ils pas tous esclaves finalement ?

- Quel sens y trouver ?

- Comment se construit et se manifeste la résistance ?

- Est-ce possible de vraiment comprendre les rouages de cette société totalitaire alors que l'on vit dans un pays libre ?

Et tant d'autres encore...



Clap de fin de la saison 1 : Que va-t-il advenir de Defred ? Et des autres ?

Ma frustration grandit pour atteindre un niveau d'impatience tel que je ne résiste plus à me plonger dans les pages du livre.

(Oh j'aurais pu aller découvrir les images de la saison 2 quelque part sur le web. Mais la Servante a contaminé tant de collègues et amis, que je n'ai pas voulu prendre de l'avance sur le cours de l'histoire pour ne pas appauvrir nos discussions à ce propos).



Et voilà maintenant mon avis sur le livre.

La série télé est très fidèle aux pages de Margaret Atwood écrites dans les années 80. Au fil des pages, je n'ai rien découvert de très nouveau sur les personnages ou le fil de l'histoire.

Le roman est bien construit. L'écriture est fluide, efficace et pertinente.

Et - malheureusement pour moi - la fin du roman m'a laissée dans le même état de perplexité et de frustration que la série. Que va-t-il arriver ensuite ?



Ce qui est exceptionnel et passionnant dans le livre, ce sont les notes historiques qui arrivent tout à la fin du roman. Un voyage dans le temps qui présente la civilisation de Gilead comme une civilisation ancienne, avec ses échecs et ses combats, ses acteurs, ses questionnements, sa force.

Ces 25 pages de relecture de l'Histoire de Gilead font la force de ce récit et donnent un poids considérable, réaliste, scientifique à toute l'idéologie d'une telle société.

Et pour cette idée là, je m'incline !!!

C'est brillant et cela transcende tout le livre.



Pour conclure :

Margaret Atwood est à l'origine d'un chef d'oeuvre captivant.

Bruce Miller l'a magnifiquement illustré par ses images, son scénario, son choix d'acteur.

Elisabeth Moss alias Defred est parfaite. Son jeu d'acteur est exceptionnel.



Depuis des semaines Defred et ses compagnons d'infortune hantent mes jours et mes nuits avec leur lot d'incompréhensions, de questionnements et d'inquiétudes.

Gilead s'est emparée de moi...

... pour mon plus grand malheur !

... pour mon plus grand bonheur !

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Les testaments

Quinze années se sont écoulées. La Servante Écarlate allongée sur le lit d'un commandant, je la laisse ainsi, cuisses écartées, telle est la loi de cette vie, son unique but étant de se faire violer pour enfanter, la loi pour survivre dans la communauté. Je délaisse donc cette cape rouge, pour m'intéresser aux tailleurs bleu-vert des Épouses ou au brun des Tantes. Dress code de rigueur dans ce milieu-là. Plusieurs voix me parlent d'ailleurs pour comprendre, savoir, appréhender, une Tante repentie à travers les mémoires d'un hologramme, une jeune fille qui s’apprête à devenir épouse, mais est-elle vraiment prête, une jeune fille de l'autre côté du "rideau de fer" version canadienne, des Perles venues prêcher les bonnes paroles de notre Seigneur et du Commandant Jude.



Et se demander ainsi ce qu'est devenue Galaad depuis tout ce temps...



Une suite donc sans être tout à fait une suite, disons un nouveau chapitre de l'Histoire écrit trente-quatre ans après. Et je me demande ainsi non pas ce que je suis devenu depuis tout ce temps, sans intérêt, mais si une telle société, décrite dans un roman dit dystopique, serait même envisageable dans la réalité. Et je crois que malheureusement cette vision futuriste de ce monde ne serait, au final, pas si éloignée par certains aspects du notre, comme pouvait l'être d'ailleurs la servante écarlate en son temps. Ce qui me fait dire que ces deux romans n'ont pas d'âge. Comme quoi, même à quatre-vingt ans, l'auteure a encore moyen - et envie - de dénoncer, décrypter, disséquer la société dans laquelle nous vivons tous, habillés de rouge de vert ou de brun... Question de dress code, avec le petit espoir qu'il pourrait exister des passerelles entre le vert et le brun, entre le rouge et la corde, avec le maigre espoir de se dire que crise oblige la frontière entre Galaad et le reste du monde (donc le Canada) est perméable.
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La servante écarlate (BD)

La Servante écarlate est un roman que je veux lire depuis des années et quand la série du même nom est sortie, j'ai lutté pour ne pas la regarder avant d'avoir l'oeuvre entre les mains… mais ma volonté a été de courte durée ! Aujourd'hui, c'est le roman graphique que j'ai la chance de découvrir, alors autant dire que je fais les choses complètement à l'envers mais avec un réel plaisir et c'est bien là l'essentiel ! Adapté et illustré par Renée Nault, une artiste canadienne, ce roman graphique est absolument magnifique. Les aquarelles sont superbes et elles apportent une force incroyable au texte qui est présenté comme très fidèle à l'oeuvre originale. Chaque couleur utilisée est porteuse de signification, chaque planche présente des tons appropriés au sujet développé : le sépia, le noir et blanc, le rose, le bleu et le rouge, évidemment, tout est réfléchi et pertinent, et en accord avec l'esprit général de l'oeuvre de Margaret Atwood, perceptible également dans la série. Les contours sont simples, au point que les servantes sont parfois difficilement identifiables, mais c'est un parti pris mettant en avant l'uniformisation de ces femmes déchues de tout droit. Les bulles s'enchaînent, le texte est vif, le format visant en effet à l'efficacité. La voix de la narratrice quant à elle résonne à chaque page, vibrante et émouvante.


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Les testaments

Si on juge un livre à la vitesse à laquelle il est lu, alors c’est un très bon livre.

Si on juge un livre à la qualité de son écriture, à son rythme, à son humour, la beauté de certaines tournures, l’intelligence des dialogues, la finesse de sa construction, alors c’est un très très bon livre.

Si on juge un livre à sa capacité à nous tenir en haleine, à nous faire nous poser des questions, à nous pousser à spéculer sur la suite des évènements, à supputer la fin, à nous tromper, à nous donner raison, à nous surprendre et à nous contenter, alors Les Testaments est un livre génial.

J’attendais Les Testaments avec impatience, j’avais un peu peur d’en attendre trop et d’être déçu. Maintenant que je l’ai terminé je peux le dire : je n’ai pas du tout été déçu, j’ai beaucoup beaucoup aimé cette lecture. Margaret Atwood a réussi le pari difficile de me surprendre et de me satisfaire en même temps. Bravo !



Les Testaments est le dernier roman de Margaret Atwood. C'est la suite tant attendue – et très réussie – de son livre le plus connu : La servante écarlate, sorti en 1985. Trente-quatre ans après, l'autrice canadienne parvient encore à nous surprendre et à satisfaire nos attentes et nos exigences. Si vous avez aimé La servante écarlate, alors j'espère que comme moi vous aimerez Les Testaments ! Et que vous aurez autant de plaisir que moi à lire enfin ce qu'il advient de Gilead et des personnages qu'on a suivi dans le premier tome.



(Alors évidemment, je pense qu’il y aura aussi des personnes que Les Testaments ne satisferont pas. Et je pense que c’est normal, c’est le principe même des suites. Le premier livre est génial, tout le monde le lit, tout le monde veut savoir ce qu’il se passe ensuite. Le problème c’est qu’ensuite, on est parfois déçu par les réponses, ou simplement déçu d’avoir eu des réponses…)



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L'odyssée de Pénélope

Petit roman intéressant, que L’Odyssée de Pénélope. L’auteure canadienne Margaret Atwood revisite un épisode de la mythologie grecque. Pas celui d’Ulysses qui fait la guerre à Troie et qui prend un temps fou à revenir chez lui, non, mais plutôt celui de la longue attente de son épouse, Pénélope. Et elle n’est pas restée les bras croisés à attendre pendant vingt ans ! Je dis qu’on nous raconte son histoire, oui, mais elle partage en quelque sorte la vedette avec douze de ses servantes-esclaves, qui forment le chœur de son histoire (lien à faire avec le théâtre antique). À vous de découvrir comment ces deux trames vont converger.



Au début, j’ai appris quelques informations intéressantes. Je m’y connais plutôt bien en mythologie gréco-romaine mais je dois admettre que toutes ces légendes forment un réseau tellement complexe qu’il est difficile de se rappeler de tout et de connaître tous les détails sur chacun de ces héros (et héroïne !) d’un autre temps. Par exemple, tout ce qui entoure la naissance et l’enfance de Pénélope. Pour moi, elle n’était que l’épouse d’Ulysse, point à la ligne. Mais non, il y a plus à dire sur elle. Fille d’Icare, roi de Sparte, et d’une naïade (divinité mineure de l’eau), on avait prophétisé qu’elle tisserait le linceuil de son père. Ce dernier a donc voulu se débarrasser de sa fille en essayant de la noyer. Pas très futé ! Après un repentir presque sincère, il lui procura une situation à la cour de Sparte puis l’épousa à Ulysses. Le reste fait partie de l’histoire… mythologique.



Par la suite, Atwood relate les événements mentionnés dans L’Odyssée d’Homère. Rien de nouveau ici et, après une cinquantaine de pages, ça m’a agacé un peu. Pas mauvais mais j’avais l’impression de relire une histoire déjà lue maintes fois et je commençais à m’ennuyer. Bien sur, elle racontait cette histoire du point de vue de Pénélope, féminin. Mais la même histoire quand même… Jusqu’au trois quart du livre. Là, retournement de situation. L’auteure a réussi à trouver un filon, à rendre son histoire originale. Je ne veux pas trop en dire pour ne pas vous gâcher le plaisir de cette lecture. Ce que je peux dire, c’est que l’auteure est parvenue à me surprendre en inventant un secret à Pénélope. Mais, ce qu’il y a de génial, c’est qu’elle l’a fait en interprétant différemment un passage du mythe tout en y restant fidèle. Et je dois admettre que ça fait du sens… Du grand art !



De plus, elle a concilié son mythe avec ces douze servantes-esclaves qui constituaient le chœur de son histoire et dont je cherchais le sens, l’utilité. Beau travail ! À la toute fin, il y a cette histoire de procès moderne dans l’au-delà qui m’a laissé de marbre mais je ne m’y suis pas trop attardé. J’étais encore tout chamboulé par le dénouement précédent. Bref, L’Odyssée de Pénélope est une petite lecture bien agréable.
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Le tueur aveugle

Un pavé réussi, une brique constellée d’éclats de pépites.



Un récit à plusieurs voix, d’abord celle de la vieille dame, Iris Chase, qui raconte avec humour les difficultés de son présent, mais qui revient aussi sur son histoire et celle de sa famille, les anecdotes et les drames qui ont rempli son existence, de la mort de sa mère au piège du mariage arrangé, en passant l’amour et la maternité. Elle décrit les singularités de sa jeune sœur qui prend tout au pied de la lettre, ce qui donne de moments savoureux, par exemple lorsqu’on lui recommande « Réfléchissez-y à deux fois », Laura rétorque : « Pourquoi juste deux fois ? »



À travers la vie de cette femme, c’est l’histoire du vingtième siècle qu’on découvre : la naissance de l’industrie dans une petite ville ontarienne, les horreurs de Première Guerre mondiale telle que vécue par le père d’Iris, puis la crise économique avec le refus de licencier ceux qu’il considère comme ses hommes et la faillite qui s’ensuit, l’association avec un gendre providentiel, la dure répression des « Rouges », la Seconde Guerre qui enrichit les industries et finalement les changements de l’après-guerre et de la fin du siècle.



D’un tout autre ton, des chapitres prennent la voix de sa sœur Laura, par le biais d’un texte qu’elle aurait écrit avant son suicide à vingt-cinq ans. Dans son roman « Le tueur aveugle », elle raconte ses amours, mais aussi des histoires fantastiques de civilisations extra-terrestres où de jeunes enfants tissent inlassablement des tapis jusqu’à en devenir aveugles.



Pour compléter l’étonnante diversité de ce roman, des événements sont présentés sous la forme d’articles de journaux qui auraient pu paraître à l’époque.



Une belle écriture, un roman très riche dans un contexte historique canadien.

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La servante écarlate

La seule chose qui permet à Defred de survivre, ce sont ses souvenirs même s’il y a peu de chances que son mari soit encore vivant. Quant à sa fille, Defred craint qu’elle ne l’ait oubliée.

Dans ce roman dystopique, la fertilité est faible, les femmes ont alors été asservies et seules les terribles Tantes ont un semblant de pouvoir.

Defred est devenue une servante écarlate, chargée de la reproduction et au moment où débute l’histoire, elle est placée dans la famille d’un Commandant et de sa femme. Si elle réussit, elle sera placée dans une autre famille, si elle échoue…

Il faut très peu de descriptions à Margaret Atwood pour que ce monde prenne réalité dans l’esprit du lecteur. Un livre choc, qui fait froid dans le dos.

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Graine de sorcière

Pour doubler le plaisir de cette lecture, lisez ou relisez d’abord La tempête de Shakespeare. Margaret Atwood en a fait une sublime mise en abyme.

Felix, metteur en scène aussi connu qu’extravagant, a été trahi par Tony, son associé, et a perdu son emploi. Il est réduit à animer un atelier de théâtre pour détenus. Il les fait travailler sur La tempête en leur expliquant que les thèmes de la pièce, ce sont les prisons et leur demande de les découvrir. Ils en trouvent neuf. Ils proposeront encore des suites à la pièce de théâtre.

Felix veut également se venger de Tony et les pouvoirs magiques, au théâtre, ça s’appelle des effets spéciaux.

Éblouissant.

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La servante écarlate

Je reviens de la république Gilead et honnêtement le séjour y est épouvantable…surtout pour les femmes !



Les dystopies fonctionnent sur des hypothèses sociales et politiques assez similaires en somme. Des dictatures théocratiques arrivent au pouvoir et mettent un couvercle sur les libertés fondamentales. Avec un contrôle social très fort, tout le monde surveille tout le monde, la religion est un outil pour soumettre. Un Etat policier n'a en effet jamais assez de policiers et compte toujours sur la délation et les mécanismes bien connus de la servitude volontaire pour relayer son emprise sur les corps et les esprits.



Ce qui est original ici, dans ce roman, c'est la construction sous la forme d'un témoignage préalable à étude scientifique. On comprend les hésitations et variations du récit de Defred, qui raconte son destin » d'utérus sur pattes », dans une société compartimentée en fonctions bien définies, par un code vestimentaire visible. Toute opposition semble impossible, mais les exécutions publiques récurrentes témoignent de l'existence d'une rébellion inextinguible. C'est assez amusant de voir comment Margaret Atwood détourne la « Scarlet Woman » de l'imaginaire puritain americain.



Le deuxième intérêt du roman c'est qu'une grande partie se déroule dans les souvenirs d'avant , lorsque Defred avait une famille heureuse et un travail. On sent dans la société s'installer de façon insidieuse les sources du basculement vers ce monde froid et stérile, où une élite corrompue exploite les corps des autres. Elle y trouve la matière de ses débats intérieurs, de ses compromis pour survivre, de ses douleurs.



Toutefois, tout n'a pas été brûlé dans de « beaux autodafés », comme disait Voltaire, encore heureux ! Les humains même très contraints, sont par nature des animaux sociaux, ils disposent de ressources intérieures importantes pour vaincre l'isolement forcé dans la prison de la pensée. Les frustrations trouvent des exutoires, les émotions, le moyen de s'exprimer, c'est finalement plein d'optimisme.

Ça nous rappelle juste que la liberté , c’est dur à gagner et à préserver.



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