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Critiques de Margaret Atwood (2293)
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La voleuse d'hommes

Trois femmes Tony, Chris et Roz se retrouvent au Toxique un bar branché de Toronto. Elles ont pour point commun d’avoir fait une partie de leurs études à McClung Hall mais surtout d’avoir connu à des périodes différentes, une quatrième femme Zenia. Cette dernière s’était d’abord liée d’amitié, avant de trahir ses trois amies. Depuis, les trois femmes ont appris la mort de Zenia, lors d’un attentat à Beyrouth et ont même assisté à son enterrement. Alors leur surprise est immense lorsqu’elles pensent l’apercevoir, sortant de ce bar. Commence pour les trois femmes une introspection et une plongée dans leur relation passée avec cette femme, qui les a détruites, tour à tour.



La voleuse d’hommes, c’est Zenia, cette femme assez énigmatique, sorte de femme fatale, qui manipule les êtres qu’elle côtoie, mais le récit s’attache surtout au trois portraits des femmes victimes. Leur point commun, au delà de leur école, c’est d’avoir été toutes les trois, maltraitées ou ignorées de leur mère. Des femmes qui étaient fragilisées, qui n’ont pas su se construire ou s’affirmer, notamment vis à vis des hommes. Des failles que Zenia, sûre d’elle, a, de son côté, su exploiter pour s’attirer les confidences de chacune des femmes, les dépossedant de leur mari ou compagnon.

Malgré un sujet intéressant, des rivalités féminines, j’ai trouvé beaucoup de longueurs et de digressions, avec comme conséquence, beaucoup de lenteur et l’envie d’abandonner la lecture. Les portraits de chacune de ces femmes sont intéressants, d’autant plus que Margaret Atwood aborde avec chacune d’elle des périodes de l’évolution féministe, Tony s’intéresse aux guerres, un domaine masculin, Charis mené une vie marginale élevant seule sa fille et Roz est chef d’entreprise. Mais le tout n’est pas toujours crédible avec cette femme fatale Zenia, qui apparaît trop comme une caricature de manipulatrice.

J’ai donc un avis assez mitigé après cette lecture...La voleuse d’hommes révèle de beaux portraits de femmes mais le traitement est trop lent et quelquefois ennuyeux.
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La servante écarlate

Quand on pense que ce roman est paru en 1985, c'est d'une vision futuriste vraiment incroyable ! Ce monde pourrait exister, aujourd'hui, cela fait froid dans le dos ! Et pourtant, épouvantable, dans certains pays une parcelle de ce sort existe déjà depuis toujours. Trop vraisemblable, cette nation où les femmes ont perdu leur place, de même que toute liberté. Jusqu'à leur propre nom et leur compte en banque ! La femme se fait recaler à son plus bas. C'est sadique. Dégradant. Répugnant. "La Servante Écarlate" prend une tournure extrêmement étrange; et leur sort, elles ne l'ont pas choisi !



Quand l'histoire commence, on est déjà en plein dedans, dans ce monde changé, ce monde d'avant que les femmes ont connu (le nôtre) pour tout perdre ensuite. Elles ont connu les deux. Quelque chose est arrivé. On en apprend au compte-gouttes, cela reste flou par moments et en surface, souvent. On vit surtout le moment présent. Ce que j'ai le moins aimé de ce roman, c'est le manque de détails. J'aurais aimé qu'il y ait plus de développement autour du "qui", "où", "depuis quand", "comment", "pourquoi". Or, les nombreuses questions qu'on se pose autour du sujet initial demeurent plutôt sans réponses et pour moi, cela en fait un récit incomplet. Je pense qu'il y a énormément de potentiel dans ce qu'il y a déjà, mais...juste pas assez de détails. De là mon 3 étoiles.



Peut-être le fait d'avoir vu la série télévisée en premier aura influencé cette lecture dans mon cas. C'est certain que la série a ajouté beaucoup plus d'informations, elle en a inventé par la même occasion, je m'attendais un peu à ce que tout cela soit dans le livre, ce qui ne fût pas le cas. C'était moins. Ce n'était pas assez développé à mon goût. Donc, dans un rare cas, je dirais avoir préféré la série télé au roman. Par contre, dans le roman, bien aimé la personnalité de DeFred, on vit dans sa tête et on entend toute sa fureur. Il faut tout de même garder en tête que cela a été écrit en 1985 et juste en cela, reste impressionnant !



J'aimerais pouvoir reculer dans le temps et avoir découvert "La Servante Écarlate" il y a trente ans, sous un oeil différent...En tous cas, peu importe l'époque à laquelle on le lit, cela reste très dérangeant et je crois qu'il faut avoir lu ce classique au moins une fois dans sa vie ! Parce qu'il laisse des traces...
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Captive

Canada, au XIXème siècle.

Grace Marks, seize ans, est accusée d'avoir assassiné deux personnes dans la maison dans laquelle elle travaillait en qualité de femme de ménage. Jugée avec un domestique, elle est condamnée en 1859 à de l'emprisonnement à perpétuité mais a toujours clamé son innocence. Puis c'est le silence, Grace ne dit plus un mot et entre dans un mutisme qui durera quelques temps.

Le Docteur Simon Jordan, spécialiste des maladies mentales, veut percer le mystère de cette jeune femme. Il rencontre Grace, alors enfermée depuis de nombreuses années. S'ensuit de longs entretiens au gré de rencontres régulières au cours desquelles elle raconte son histoire depuis son enfance en Irlande, en passant par le voyage en bateau jusqu'aux terres d'Amérique du Nord avec sa famille, la découverte d'un environnement inconnu, rude, ses emplois pour survivre, ses impressions, ses ressentis, les drames de sa vie et les rêves qui la hante.



"Captive" est un récit adapté d'un fait divers qui a tenu en haleine la population canadienne durant plusieurs années. Grace Marks et James McDermott sont accusés du meurtre de leur employeur, Thomas Kinnear, et de la gouvernante, maîtresse de ce dernier, Nancy Montgomery. Thomas a été tué par balle et Nancy a été étranglée dans la cave. Grace et James étaient à l'époque deux adolescents. Ils ont été arrêtés au cours de leur fuite vers les Etats-Unis. Leur procès a été très médiatisé. Leur jeune âge et le mobile sont un mystère. James est condamné à mort et Grace a de la prison. Elle y restera 30 ans, en passant par des séjours en hôpital psychiatrique.



J'ai adoré le récit romancé de l'auteure qui reprend toute la vie de la jeune fille dès son enfance irlandaise. A travers la plume envoûtante de Margaret Atwood, on se laisse bercer par les mots de cette femme. Elle raconte l'histoire de ses parents, mais aussi des migrants de manière générale. de la traversée de l'océan, dans le sous-sol d'un bateau, tous entassés comme des bêtes, puis la maladie, l'arrivée en terre inconnue sans aide, le manque d'argent et de nourriture, la misère et le travail des plus jeunes. 



A côté, le travail du Docteur Jordan est vraiment intéressant. Il a étudié la psychiatrie et a fait des stages dans toute l'Europe. Il met en pratique les nouvelles connaissances avec le cas de Grace Marks. J'ai beaucoup aimé le travail détaillé de son interprétation et l'intérêt qu'il porte aux rêves de celle-ci dans le diagnostic.



Un roman passionnant, riche et complet entraînant le lecteur dans un fait divers ayant bouleversé un temps le peuple de la province de l'Ontario.



Le contexte de l'immigration irlandaise fuyant pauvreté et famine, et l'évolution dans le traitement des maladies mentales en psychiatrie est vraiment prenant et captivant.



Un roman passionnant !


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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La voleuse d'hommes

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'une célèbre autrice canadienne…



-Ouaaaaaais ! La servante écarlate ! La servante écarlate ! J'adore La servante écarlate !



-Non.



-Ooooooh, pourquoi ?



-Parce qu'il y a déjà cinquante mille critiques, je vois pas ce qu'on pourrait ajouter de plus. Bref. Comme vous l'avez deviné, on va parler de Margaret Atwood avec…



-C'est le coeur qui lâche en dernier ! C'est son avant-dernier roman, toulmonde l'a lu, faut qu'on fasse pareil !



-Non !



-T'es ch… pas marrante, Déidamie ! Pourquoi ?



-Parce que toulmonde l'a lu, que je fais ce que je veux, et que je voulais parler d'un livre dont justement on ne parle pas beaucoup. Alors ce sera La voleuse d'hommes, là.



Or donc, Tony, Roz et Charis (prononcez Karis), trois amies de longue date bien que toutes trois fort différentes, déjeunent entre copines. Elles papotent tout en rêvant à leurs vies respectives… quand soudain entre dans le restau une splendide femme, Zenia. Elles se voient et se reconnaissent. C'est le choc !



-Pourquoi ?



-Parce qu'elles l'ont enterrée des années auparavant. Et avant son décès, Zenia a pris soin de les faire beaucoup souffrir. Son retour va plonger le trio dans une grande confusion…



-Pfff. J'parie que ce ne sera pas aussi bien que La servante écarlate.



-Hé bien, j'ai retrouvé pourtant quelque chose qui existe déjà dans La servante… : la maîtrise de la structure. le texte de la Servante oscille sans cesse entre le passé révolu et le présent de Defred, n'est-ce pas ? Les deux temps étaient séparés en cases bien nettes.



Ici, Margaret Atwood nous propose une autre façon d'explorer le temps. Elle part du présent dans le restau, puis elle retourne dans le passé pour avancer petit à petit vers le dénouement.



-C'est lourd et absurde, Déidamie ! Zenia n'intervient pas avant leur âge adulte, quel intérêt d'aller explorer l'enfance des héroïnes ?



-Mais celui d'expliquer les failles que Zenia va exploiter pour parvenir à ses fins. Celui donner corps et cohérence aux personnages. Celui de montrer que ces trois femmes se débrouillent comme elles peuvent avec ce que la vie leur a infligé. Celui de peindre des caractères, chacun faible et puissant à sa façon. J'ai trouvé ces portraits très réussis : Tony, l'historienne, qui n'est jamais submergée par les émotions, dont la froide lucidité analyse tout ce qui l'entoure ; Charis, la… euuuh… j'ai du mal à qualifier Charis…



-La baba-cool complètement allumée ?



-Ce n'est pas gentil pour Charis. Charis, qui vit selon ses convictions ésotériques, trouve un sens à sa vie dans la pratique de la bonté et de la protection de la vie. Elle, en revanche, traverse des émotions beaucoup plus fortes et s'efforce de les canaliser. Roz, femme d'affaires redoutable, fortunée, calcule et négocie sans cesse… sans se rendre compte de l'arnaque, que dis-je, des arnaques dont elle est victime en privé.



-Moi, je trouve que ce titre, il est sexiste. Encore une femme qu'on va blâmer parce qu'elle couche avec qui elle veut !



-Non. Ce n'est pas absolument pas le propos. Zenia est un parasite, qui va sucer le sang de ses victimes avant de les quitter quand elles n'ont plus rien à offrir. Et avant de partir, elle va détruire et salir tout ce qui compte pour ses hôtes.



Le problème que pose Zénia ne se trouve pas dans son comportement sexuel. Il se trouve dans sa perversité. Elle n'est pas blâmable ni mauvaise parce qu'elle couche comme elle veut. Elle est répugnante parce qu'elle prend plaisir à blesser et à manipuler autrui.



Et l'une des grandes forces de ce portrait, exécuté en négatif parce qu'en effet on n'a que rarement son point de vue à elle, c'est qu'en dépit de sa noirceur, elle se révèle fascinante. Ses victimes ont envie de la croire et de la protéger. Elles se demandent longtemps quelle est la part de mensonge, de vérité. Et comme elles n'imaginent pas que le mal à l'état pur existe, elles tombent dans ses pièges.



Au fond, ça marche un peu comme les couples violents. Les victimes croient les excuses et justifications sincères, parce qu'elles ne parviennent pas à concevoir que la personne violente puisse être aussi malfaisante que ses actes.



Tu parlais de sexisme, au début ?



Ce roman le dénonce pourtant avec force. Tony éprouve mille difficultés à faire reconnaître ses compétences. La libération sexuelle emprisonne Charis. Quant à Roz, ses aventures sont décevantes : les hommes qu'elle rencontre ne sont pas capables de la satisfaire et je ne suis pas sûre qu'elle sache elle-même comment obtenir ce qu'elle désire. Les tabous et les non-dits continuent d'empoisonner les relations. L'indifférence à autrui aussi.



Les hommes dans ce roman se révèlent lâches, bêtes et décevants. Pas du tout à la hauteur de ces femmes qui, chacune à leur manière, subviennent à leurs propres besoins, matériels ou spirituels.



-Mouais. La tante de Charis n'est pas un modèle non plus, hein. le roman ne répond pas à une question essentielle, quand même.



-Laquelle ?



-Si les hommes sont aussi minables que ça, pourquoi ces trois persos ne semblent pas pouvoir s'en passer ?



-J'ai mon hypothèse, mais je ne la donne pas.



-Oh, alleeeeeez !



-Non. Ce sont aux lecteurs de se faire leur propre idée. Sans compter que je peux me tromper. Je termine sur un avertissement pour le lectorat sensible : ce roman contient quelques scènes d'abus sexuels. Peu détaillées, mais là tout de même. »
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La servante écarlate

Lire ce roman après avoir vu la série adaptée était un risque car je connaissais l'histoire dans les grandes lignes.



Mais cela n'a rien enlevé au plaisir de cette lecture. Un roman pour moi, de la trempe de 1984. Une dystopie qui fait froid dans le dos tant la réalité pourrait rejoindre la fiction.



On ne s'attache pas forcément à "Defred", je pense d'ailleurs que ce n'ai pas le but mais on ne peut rester insensible à son combat (parfois), sa passivité (à d'autres moments). Les libertés bafouées ne donnent que peu de choix à ces servantes. Chaque mouvement, pensée, action doit être réfléchi afin de ne pas risquer sa vie.



Un livre dévoré que je recommande vivement avec une très belle écriture et un style très agréable.
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La servante écarlate

« Certains romans hantent l'esprit du lecteur, d'autres celui de l'auteur. La Servante écarlate a fait les deux. » C'est par ces mots que commence la postface signée par Margaret Atwood chez Robert Laffont, et ils ne sauraient être plus appropriés. Si la série télévisée avait été une claque, le roman, lui, fut un véritable uppercut. Posons un peu le décor : aux États-Unis, le régime actuel a été remplacé par un régime totalitaire, Gilead, dans lequel les hommes et les femmes doivent désormais respecter une hiérarchie bien précise. Au sommet, les Commandants et leurs Épouses : ce sont les cadres dirigeants de cette nouvelle nation, ceux qui ont le contrôle des forces armées et qui décident de l’orientation prise par le régime. Viennent ensuite différents groupes : les Yeux (invisibles mais présent partout et chargés d’espionner leurs semblables), les Tantes (chargées de l’instruction des Servantes), les Marthas (gouvernantes, cuisinières…), et enfin les Servantes. Leur rôle ? Donner des enfants aux Commandants et à leurs femmes, frappées de stérilité causée par un certain nombre de facteurs (radiations, pollution...). Dans un pays où parvenir à mettre au monde un enfant en bonne santé est devenu un miracle, les femmes ayant déjà prouvé que leur utérus fonctionnait font figures de véritables trésors que les Leaders s’arrachent. Chacun la sienne ! Et pas question pour les demoiselles de décider de leur vie ou de leur avenir : « Notre fonction est la reproduction ; nous ne sommes pas des concubines, des geishas ni des courtisanes. Au contraire : tout à été fait pour nous éliminer de ces catégories. L'amour ne doit trouver aucune prise. Nous sommes des utérus à deux pattes, un point c'est tout : vases sacrés, calices ambulants. »



C'est l'une de ces Suivantes que l'on suit dans ce roman, une certaine Desfred, dont on plonge dans le quotidien avec une horreur croissante. Au fil des rituels qui ponctuent ses journées, Desfred nous fait part de ses pensées et de ses souvenirs, le tout sans interruption et, au premier abord, sans véritable ordre ou logique. De digression en digression, le récit alterne entre passages au présent, au cours desquels l'héroïne nous relate son nouveau quotidien, et flashbacks qui permettent au lecteur de comprendre le lien entre notre société telle qu'on la connaît aujourd'hui et celle qui nous est montrée ici. Desfred est une jeune femme attachante qui tente tant bien que mal de survivre à ce qu’on lui inflige dans l’espoir de retrouver un jour sa fille dont on l’a séparé. On s'identifie d'autant plus facilement au personnage que celui-ci ne filtre jamais ce qu'elle ressent ou pense : elle nous révèle tout et ne cherche pas à nous cacher ses moments de faiblesses ou ses pensées les moins reluisantes. Cette plongée dans la psyché tourmentée de la jeune femme est éprouvante pour le lecteur qui ne peut néanmoins s'empêcher de dévorer le témoignage avec avidité. Si vous aviez déjà trouvé la série dérangeante, dites-vous bien que le roman est encore plus sombre ! Car si dans l'adaptation l'héroïne parvient à se ménager (difficilement, certes, mais tout de même...) quelques moments d'intimité avec tel ou tel personnage, la chose semble totalement impossible dans le roman, ce qui accroît bien évidemment le sentiment d'angoisse du lecteur. De même, si la série adopte plusieurs points de vue et nous permet d'avoir un aperçu de ce qui arrive aux autres personnages (Moira, Luke...), ce n'est pas le cas ici ou seule Desfred est au commande. Attendez-vous donc à être particulièrement frustrés, puisqu'on ignore tout du sort réservé aux proches de l'héroïne, et que le témoignage de cette dernière se termine par un énorme point d'interrogation.



Outre l'attrait exercé par le personnage et l'efficacité de la narration, le roman marque aussi et surtout parce qu'il permet de comprendre la manière dont peut s'installer progressivement un régime totalitaire, y compris dans nos sociétés occidentales. Pas question ici de coup d’état violent (en tout cas pas avant la phase finale). Il s’agit plutôt de faire passer progressivement des lois de plus en plus liberticides et misogynes visant à ôter aux femmes et aux dissidents tout pouvoir et toute possibilité de se révolter. On retrouve évidemment ici des points communs avec les grands totalitarismes qui ont marqué le XXe siècle, et c'est ce qui rend cette dystopie encore plus dérangeante. L'auteur nous explique d'ailleurs ceci dans la postface : « Je m'étais fixé une règle : je n'inclurais rien que l'humanité n'ait pas déjà fait ailleurs ou à une autre époque. Les pendaisons en groupe, les victimes déchiquetées par la foule, les tenues propres à chaque caste et à chaque classe, les enfants volés par des régimes et remis à des officiels de haut rang, l'interdiction de l'apprentissage de la lecture, le déni du droit à la propriété : tout cela a des précédents, et une bonne partie ne se rencontre pas dans d'autres cultures ou religions, mais dans la société occidentale, et au sein même de la tradition chrétienne. » La nouvelle société dépeinte est ainsi ulta violente, pratiquant volontiers pendaison, torture, lynchage ou encore mutilation, le tout sur fonds de religion, les fondateurs de Gilead justifiant la nouvelle hiérarchisation et moralisation de la société par des passages de l'Ancien Testament. Tout y est donc contrôlé, des costumes (une couleur pour chaque ordre), aux postures en passant par les prénoms, sans oublier les rituels.



Si l'auteur se défend d'avoir voulu écrire une « dystopie féministe », toujours est-il que son roman renvoie à de véritables questions de société sur le sujet et se révèle toujours autant d'actualité qu'au moment de son écriture dans les années 1980. Le roman nous met face à ce que l'humanité peut faire de pire et se révèle d'autant plus dérangeant que la moindre des atrocités perpétrées par ce nouveau régime est inspirée d'un exemple avéré, et qui plus est pas si éloigné. A l'image du « Fahrenheit 451 » de Bradbury, du « 1984 » d'Orwell ou du « Meilleur des mondes » d'Huxley, « La Servante écarlate » peut ainsi sans mal revendiquer sa place parmi les meilleures dystopies du XXe siècle. Une découverte bouleversante, à lire absolument !
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C'est le coeur qui lâche en dernier

Margaret Eleanor Atwood, née en 1939 à Ottawa, Ontario, est une romancière, poétesse et critique littéraire canadienne. Elle est l'un des écrivains canadiens les plus connus, en particulier pour son roman, publié en français en 1987 sous le titre La Servante écarlate et adapté au cinéma et en série en 2017. Son œuvre se compose d'une quinzaine de romans, de nouvelles, de recueils de poèmes et d'essais. C’est le cœur qui lâche en dernier vient de paraître.

Stan et Charmaine victimes de la crise économique qui frappe les Etats-Unis, vivent des pourboires que gagne Charmaine dans un bar glauque et logent dans leur voiture. Un jour, une publicité à la télé leur promet un toit dans une ville sécurisée, n’ayant rien à perdre, ils s’engagent dans le projet naissant. A Consilience, chacun a un travail et une maison durant un mois puis le mois suivant ils vont en prison effectuer des travaux d’intérêt général. Pendant ce temps leur maison est occupée par un autre couple qui sort de prison et ainsi de suite, avec interdiction formelle aux deux ménages de se rencontrer. Jusqu’au jour où Stan trouve un mot sous le frigidaire avec ces mots « Je suis affamée de toi. »

S’il est une chose que je déteste, c’est de me faire avoir par le marketing. Je n’avais jamais lu Margaret Atwood et pensais continuer ainsi et puis ce bouquin est sorti, encensé par la critique, et c’est vrai que le résumé semblait attractif, alors j’ai cédé. Les cents premières pages m’ont emballé, tout y était bien : écriture correcte, rythme, description du contexte miséreux de nos deux héros. Leur nouvelle vie dans cette version du meilleur des mondes s’annonçait alléchante et puis… ça c’est dégradé grave.

Je pensais lire une dystopie, en fait Margaret Atwood joue sur deux tableaux, il y a bien une fiction dépeignant une société tendant vers le cauchemar mais elle y greffe un second genre, l’érotisme soft ou la romance avec fantasmes nunuches, appelez cela comme vous voudrez. Autant j’ai trouvé agréable cet environnement (pas si futuriste d’ailleurs, puisque tout cela existe réellement aujourd’hui) fait de résidences ultra-protégées, de prisons privatisées, de robots sexuels et de traite d’organes, autant j’ai détesté l’autre versant de l’intrigue, fadasse au possible. Pour résumer, un roman ennuyeux avec un arrière-plan intéressant, même pas sauvé par les traces d’humour répandu ici et là. Comme de plus, c’est trop long car trop bavard, il faut être un lecteur réellement consciencieux pour ne pas lâcher avant la fin.

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La servante écarlate

Glaçant.



La république de Gilead a été fondée suite à la baisse dramatique de la fécondité. Certaines femmes, de par leur fertilité, ont été transformées en esclaves sexuelles. Ce sont les servantes écarlates. Defred est l'une d'entre elles.



Cela faisait des années que je voulais lire ce livre. J'avais une grosse appréhension à cause de la thématique. Je ne regrette pas de l'avoir lu au final. Ce n'est pas seulement un coup de coeur, c'est un chef d'oeuvre.



La narration se concentre sur le quotidien de Defred. Celui-ci pourrait être linéaire, ennuyeux, d'une certaine banalité, mais l'autrice à eu l'idée géniale d'y intercaler le monologue intérieur de l'héroïne. Nous y voyons la vie d'avant Gilead, où les femmes pouvaient travailler, pouvaient ne pas avoir d'enfants, étaient libres. de même, les regrets de l'héroïne apparaissent de plus en plus, sous couvert d'une fausse acceptation de la situation.



L'univers est très riche. C'est une société très hiérarchisée. Les femmes et les hommes sont assignés à des tâches particulières. Par exemple, les Anges font office de militaires, quand les Marthas sont chargées des tâches ménagères. Ainsi dans cette société l'inégalité est partout. Certaines femmes (les Tantes, les Épouses) sont au-dessus de la plupart des hommes (Anges, Gardiens). Il ne s'agit pas d'une simple dictature misogyne, la situation est infiniment plus complexe. Les femmes sont ainsi gérées par les femmes, quand les hommes sont gérés par les hommes.



La plume de Margaret Atwood est très belle. Celle-ci reste simple et fluide, mais j'ai senti une très grande richesse lexicale. Son raisonnement derrière la montée de Gilead est également intéressant. Nous oublions souvent que les États-Unis actuels, avec leurs valeurs humanistes et universelles, sont apparus au XVIIIe siècle. Leurs vrais racines sont les puritains anglais de la Nouvelle Angleterre du XVIIe siècle et leur méfiance envers les femmes. Ainsi les Églises evangéliques restent très puissantes aux États-Unis aujourd'hui.



En bref, un roman indispensable à lire, pour rester vigilant face à la réduction des libertés fondamentales. Je lirai la suite et jetterai probablement un œil à la série.
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La servante écarlate

Tout a été dit sur ce roman. Je me contenterai de 3 points.



Roman futuriste, de science-fiction ?



Ce qui marche dans ce roman, c'est qu'il va plaire aussi aux lecteurs qui n'apprécient guère les récits de science-fiction avec robots, mutants, cyborgs, etc… Dans la servante, tout est familier. Seules quelques petites choses ont changé, très discrètement, au départ, puis les événements se sont enchaînés. Donc on peut y croire, ce n'est pas saugrenu.



Un roman de 1985 et une série de 2017



La série est dure, peu réjouissante, on ne passe pas un bon moment. On a hâte de l'heure suivante où on chargera une série comique (Curb your enthusiasm, par exemple !). Le livre est différent, il nous offre un moment de lecture beaucoup moins réel, plus littéraire aussi, évidemment. On sait que ce n'est que de l'encre imprimée sur papier. La série fait beaucoup plus réaliste, il faut regarder les 5 ou 6 premiers épisodes AVANT de lire le livre, qui devient alors limpide.



La prétendue analogie avec l'Amérique contemporaine



C'est l'interprétation qui m'agace le plus. Le roman d'Atwood n'a pas à nous faire penser à Trump. C'est un non-sens. Trump n'a pas fait mitrailler tous les parlementaires, n'a pas déchu par décision unilatérale les femmes de leurs droits, même s'il les respecte peu et s'il approuve les initiatives (hélas démocratiques) des élus mâles les plus catholiques des Etats américains les plus conservateurs. Donc non, n'en déplaise à Télérama, le roman n'éclaire pas d'une lumière crue l'Amérique contemporaine ! Le récit collerait plutôt à ce qui pourrait advenir chez les Talibans ou en Arabie Saoudite.



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La servante écarlate

Defred vit dans une société où certaines femmes, comme elle, sont ramenées à l'état de simple ventre, avec obligation de procréer pour des Epouses et des Commandants.



Margaret Atwood nous livre ici une vision de la société très effrayante où les droits des femmes ont été complètement rayés de la société. Je crois que le pire dans ce récit, c'est de se dire que tout cela pourrait très bien arriver dans les années à venir. Ecrit il y a plus de 30 ans, ce récit sonne terriblement actuel. Sans être très rythmée, l'histoire n'en est pas pour autant ennuyeuse car elle alterne entre scènes du passé de Defred et action présente. J'ai été très frustrée par la fin, car j'aurai aimé en savoir plus. Mais clairement, c'est une histoire qui mérite d'être lue et qui fait réfléchir sur notre société.
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La servante écarlate

La servante écarlate, c'est Defred, la narratrice du roman. Elle nous fait part de son quotidien, dont ressort son ennui. Mais elle distille petit à petit des éléments qui nous font ressentir toute l'horreur de sa situation et de celle de la société dans laquelle elle vit, une société qui a réduit les femmes à l'esclavage, un totalitarisme effrayant car tellement proche de certains discours actuels.



La narration est d'une grande fluidité, avec un style accrocheur qui m'a fait adhérer sans problème à l'univers du roman.



Ce qui est effrayant, c'est à quel point le monde de Gilead est proche du notre, et nous montre à quel point notre société peut être fragile.



Un livre indispensable à lire, écrit il y a plus de 30 ans, mais toujours d'actualité
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Le temps du déluge

L’année du déluge des airs, un mystérieux événement qui détruira presque toute la population humaine, un roman d’imagination plein de clins d’œil aux travers de nos sociétés.



Dans ce monde post-apocalyptique subsistent des créatures étranges issues du génie génétique. Les « savants » ont fait preuve de beaucoup de créativité : pourquoi ne pas croiser un lion avec un agneau (des liogneaux !) ? Et si on utilisait des moutons pour faire pousser des perruques ?



Cette Amérique dystopique, c’était aussi le royaume de la libre entreprise. On y avait même confié la police et l’armée aux grandes corporations. Les gens n’avaient pas réagi, car ça couterait moins cher ainsi, mais cette liberté s’était transformée en dictature avec des classes sociales définies par l’appartenance aux corporations.



Un groupe de « convertis » vit en marge et fait du respect de la nature une religion. Ses membres sont bien sûr végétariens. Ils prédisent qu’une grande catastrophe viendra détruire la civilisation actuelle et font des provisions dans des caches « Ararat ». Les chefs des Jardiniers s’appellent des Adams et des Èves et chaque jour, ils célèbrent un « saint » qui est une personnalité de notre siècle, on aura ainsi la « Saint David Suzuki », le jour de « Sainte Jane Goodall » ou même de « Saint Stephen King » ! Pour agrémenter la lecture, des chants liturgiques de la congrégation sont présentés en introduction des chapitres et on peut même en acheter le CD (en anglais) : « Hymns of the God’s Gardeners  » !



Le roman raconte l’odyssée de quelques personnes qui ont survécu au cataclysme, avec des retours sur leur vie d’avant le déluge. C’est un univers d’une belle complexité pimenté des touches d’humour, une bien agréable lecture !

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La servante écarlate (BD)

Adaptation et illustrations de Renée Nault

Traduit de l'anglais par Michèle Albaret-Maatsch



Un magnifique roman graphique aux dessins et couleurs très réussis.

Une satire au vitriol, bien que tout en douceur, de l'intégrisme religieux poussé à son paroxysme.

Tout est ritualisé, encadré. Rien n'est laissé au hasard.

Les femmes sont réduites à jouer un rôle dont elles portent le costume :

* Les reproductrices sont toutes vêtues de la même robe rouge, je vous laisse deviner pourquoi.

* Les épouses sont toutes vêtues de la même robe bleue.

* Les mariées sont toutes vêtues de la même robe blanche.

* Les marthes ( bonnes à tout faire ) sont toutes vêtues de la même robe verte.

Qui a dit : « l'ennui naquit un jour de l'uniformité » ?

Defred, la "servante écarlate" a connu le monde d'avant. Elle était libre, elle portait un autre nom, elle avait une vie de famille. Et la voilà soudain réduite à un ventre qui doit obligatoirement enfanter.

L'horreur absolue !

Mon mari, qui a regardé la série avec moi, était révolté, ce qui m'a rassurée, même si je ne doutais pas de lui.

Si ce n'est fait, à lire de toute urgence !
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Les testaments

Ce que j’ai ressenti:

Transcription des déclarations de Stelphique.



Je me suis toujours demandé pourquoi résister? Résister à quoi? Je ne suis en délicatesse avec presque rien, et pourtant j’ai toujours cru à des vérités éternelles. La vie. La liberté. La démocratie. Les droits de la personne. Les anges. Les fleurs. J’ai toujours voulu faire au mieux, mais je peux jurer comme une charretière même en valsant avec les roses, alors je suis allée d’un pas décidé à Galaad. Et c’était électrisant. Certainement, encore plus que l’incursion à Gilead, ça crève les yeux! Mais L’Oeil veille toujours, ne l’oubliez jamais…Alors peut-être que personne ne verra cette chronique, mais je me dois de l’écrire pour mes Tantes de papiers ou mes sœurs de cœur, juste écrire pour les fleurs précieuses. Mes Fleurs Rebelles, essentiellement. Écrire pour Elles. En espérant juste que le ciel ne nous tombera pas sur le crâne…



Je me suis toujours promis de ne pas me laisser submerger par la haine, mais je ne pourrai rester muette face à toute forme d’entraves. Et la Providence décidera pour moi si ça sera ma malediction. Il était difficile de garder son calme face à tant d’injustices, tant de violences, tant de discriminations: Galaad est une menace de tous les instants et on est même pas sûr d’avoir le temps de compter jusqu’à six…Et pourtant, certaines se lèvent, se soulèvent, prient, contournent et dévient, marchent déterminées vers leur émancipation. Elles prennent d’autres prénoms, d’autres vêtements, d’autres couleurs mais rien n’entache la puissance de leur cœur battant. Alors, toi Lectrice, tu t’inventes fleur aussi, tu t’insurges, tu psalmodies des prières inconvenantes, tu apprends avec le ventre la douleur féminine, tu te surprends à revoir tes noirceurs intérieures, tu essaies de ne pas dégringoler trop vite dans le vide…En fait, juste tu lis, et ça fait des « bangs » sanglants époustouflants, des cicatrices rougeoyantes, des bruits écarlates qui attirent ton idéalisme, des spirales étourdissantes de vert et de gris perles…Tu lis et tu ressens à plein régime, Les Testaments. C’est l’œuvre de Margaret Atwood, et tu te la prends en pleine gueule, et le seul mot qui te vient pour en parler, c’est GRANDIOSE. Et ça devient obsession. Mortellement accrochée à la vie, à la liberté, aux fleurs, tu t’épanouis à cette lecture. Jusqu’à la sphère féminine, il te vient en bing-bang, le coup de cœur retentissant…



C’est l’Aube. C’en est fini des Nuits et des temps de réflexions, il est l’heure d’agir. Empêchons l’Histoire de rimer, empêchons le pire du pire. -Avant que cela ne devienne ordinaire-. Devenons phœnix, Mesdames. Je sais combien il est dangereux d’écrire de telles choses. Je sais moi aussi, que le sort des mots est voué à disparaître. Mais, peut-être pas. Essayons de résister. Peut-être que nous sommes à l’aube d’un jour nouveau, un jour extraordinaire où l’amour et la mort auront quelque chose de fort, un jour merveilleux où les oiseaux porteront nos voix, un matin précieux où on pourra tout recommencer sans indiscrétion, une aube immortelle où les ailes de mes sœurs pourront se déployer aisément…Et je jure que j’aurai espoir en cette aube, jusqu’à ce que la mort m’arrache…J’ai absolument besoin de le croire…
Lien : https://fairystelphique.word..
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La servante écarlate

Grand classique de la littérature anglo-saxonne contemporaine, ce roman de Margareth Atwood a récemment beaucoup fait parler de lui dans le cadre de son adaptation en série télévisée.



La titre français est assez mal choisi, et il faudra aller au bout de cette lecture pour s’en rendre compte. Il s’agit non pas de la Servante écarlate mais du Conte de la servante écarlate. Un conte pour adulte, presque philosophique cela dit, et qui ne devra pas être mis entre toutes les mains, du moins pas tous les passages. Car certains d’entre eux sont pour le moins pittoresques ou sordides.



Les deux documents laissés à la fin du texte principal rajouteront encore de la complexité à un texte qui n’en manque pas. L’écriture est fluide, agréable et la traduction a ici bénéficié d’un travail de grande qualité (du moins en dehors du titre).



Nous suivons Defred dans un monde contemporain dans lequel une société puritaine dirige les destinées d’au moins un état des États-Unis. Le personnage principal explique son présent, nous livre des réflexions aboutis tout en tentant de se souvenir de sa vie d’avant et de composer avec des épisodes intermédiaires remontant à une époque où elle était en cours d’endoctrinement.



Malgré un sujet difficile, nous retrouvons ici un très grand classique, dans la lignée de 1984 ou Le meilleur des mondes. La lecture est aisée, l’appropriation est immédiate et il s’agit d’une mise en garde contre le genre humain, le fait religieux dans ce qu’il a de plus vil tout en proposant un avertissement humain et écologique.



Il s’agit d’une lecture déroutante, tout aussi indispensable, intemporelle que facile. A lire de toute urgence…
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La servante écarlate

Dystopie terrifiante, glaçante à lire absolument. La Postface donne un éclairage très intéressant sur l'élaboration de ce roman, le cheminement intellectuel de l'auteure puis sur l'accueil reçu lors de sa parution. J'ai été soufflée par cette histoire et admirative quant à l'intelligence et la construction du récit.
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Le Fiasco du Labrador

Un faux recueil de nouvelles, une vie par bribes.

Par onze textes, onze touches en quelque sorte, Margaret Atwood nous livre quelques clés sur la vie de Nell -son double ?

Les différents points de vue adoptés par l'auteure donne de l'ampleur et du relief à son personnage, et un aspect décomposé, illogique, à l'existence d'un individu, à la manière de Proust, lorsque les personnages apparaissent à différents moments de leur vie, sans lien apparent avec ce qu'ils étaient avant.

Quel rapport entre la narratrice, qui dit "je" et est la compagne de longue date de Tig (premier texte) et Nell, la grande soeur de Lizzie (narration à la troisième personne) que sa mère charge quasiment de son éducation ? (deuxième texte) Aucun apparemment, si ce n'est que c'est la même enfant/femme. Et la mère, tour à tour jeune, débordée, mûre et refusant la vie privée de sa fille, puis la vieille et enfin la très vieille dame ? La soeur Lizzie, bébé anxieux, fillette hypersensible, adolescente à problèmes, jeune femme très sûre d'elle au volant accompagnant sa soeur au chevet de leur mère ? Puis Lizzie disparaît. Pourquoi ? Sans parler de Tig, Oona, les garçons, les beaux-fils, et sa fille, dont on devine à peine l'existence. Des zones claires et des zones d'ombre.

Un livre très sensible et bien construit, recelant de véritables mystères pour la lectrice attentive, diluée dans une prose poétique, mélancolique et parfois aussi extrêmement drôle (l'histoire de la tête coupée, traversant deux ou trois nouvelles)- J'ai beaucoup aimé.
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La servante écarlate

Encore un roman dont on entends beaucoup parler en ce moment suite à la série télévisée et à l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Je n'ai pas voulu volontairement lire la quatrième de couverture ou des avis avant cette lecture afin de me faire ma propre opinion.



J'ai lu certaines dystopies mais plutôt destinées au young adult ou aux adolescents, ce fut donc un plaisir de trouver ici une lecture plus aboutie, plus recherchée.



Nous suivons ici une "servante" se nommant Defred dans son quotidien, avec les tantes, les Commandants, les femmes des commandants, Les Marthas autant de personnage dans cette société ou les servantes sont ici de simple "ventre" utilisé afin d'enfanter.



Un récit d’anticipation glaçant, le mieux est vraiment de plonger dans cette ambiance si particulière sans avoir lu d'avis à ce sujet.



Je vais m'empresser de lire le dernier Maragaret Atwood pour ma part car la plume de cet auteur m'a vraiment touché, il ne se passe beaucoup de choses dans cet opus mais on y revient avec plaisir. Je précise que je lis d'habitude des polars plutôt rythmé c'est la raison pour laquelle je trouve qu'ici il y a moins d'action.
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La servante écarlate

Depuis le temps que je voulais lire ce livre !!



Je dois dire que c’est un roman qui m’intriguait depuis fooort longtemps. Alors quand je l’ai vu, lui et sa suite au CDI de mon lycée, je n’ai pas pu résister.

Et que dire ? Eh bien, ce fut une excellente découverte !



Avec les plus de mille critiques écrites sur cet ouvrage, je ne cherche pas à sortir du lot. Je pense que tout a déjà été dit sur ce roman dystopique dont le titre est devenu connu au fil des années. Une série en est même sortie d’après l’œuvre, et il faut dire qu’elle me donne pas mal envie !



Enfin bon… La servante écarlate.

Avant de découvrir ce livre, je n’avais pas grande idée de l’histoire et le titre m’intriguait beaucoup. En lisant le récit, on comprend. On comprend ce titre.

À travers le regard de la narratrice, qu’on appelle Defred, mais dont le vrai prénom est June, on découvre peu à peu la société totalitaire dans laquelle elle vit.



Le récit alterne avec des flashbacks de sa vie passée. On y lit des moments avec ses proches, avant que la société devienne cette dictature. On y lit aussi des moments au début, pendant l’instauration du régime de Gilead, puis pendant la formation de June en tant que Servante, avec ces fameuses Tantes, tel un embrigadement sévère et extrêmement encadré.



Je ne veux pas trop en dire, parce qu’il est mieux de découvrir le livre par soi-même, comme moi, et de découvrir peu à peu ce régime à travers le récit. Le roman est assez descriptif, il n’y a pas une tonne d’actions ; au contraire, il nous immerge dans un quotidien, un système construit sur des castes. Cependant, je dis ça mais ça ne veut pas dire que l’œuvre est ennuyeuse. Loin de là.

Et si j’ai pris peut-être un peu de temps à m’habituer au début, j’ai fini par rentrer dans le récit. À trouver cette lecture extrêmement intéressante. Prenante. Percutante.



Je me suis attachée à la protagoniste. Ce que je trouve d’autant plus terrible pour elle, d’ailleurs, c’est qu’elle a vécu AVANT ces changements. Elle a eu une vie de tout ce qu’il y a de plus normal, avant que tout bascule, et qu’on lui enlève tout.



Ce livre est marquant, sans aucun doute. Je sais que je ne l’oublierai pas de sitôt.

Ceci dit, il n’a pas été un coup de cœur pour ma part, mais ceci est un jugement vraiment personnel sur la manière dont j’ai accroché au récit. Il me manquait peut-être un petit quelque chose qui m’aurait rendu la lecture vraiment captivante. Ce ne fut pas le cas.

Néanmoins, ce roman ne démérite pas. Je suis sincèrement admirative de l’œuvre qu’a réussi à écrire Margaret Atwood. En 1985, qui plus est.

De plus, une des choses les plus frappantes, c’est de se rappeler ceci : « Elle explique qu'elle s'est basée sur l'idée que les formes de gouvernement radicales des nations sont construites sur des fondements prégnants déjà existants […] Margaret Atwood affirme avoir volontairement limité les possibilités imaginées : « Je m'étais fixé une règle : je n'inclurais rien que l'humanité n'ait déjà fait ailleurs ou à une autre époque, ou pour lequel la technologie n'existerait pas déjà»». (source : wikipedia)



Le livre se suffit à lui-même. Mais il y a eu une suite, et je dois dire que j’ai été très heureuse de pouvoir la lire juste après. J’étais très curieuse et intriguée sur ce que réservait le deuxième tome, écrit trente-cinq ans après le premier opus, et ce fut une très chouette découverte également. :) (je suis toujours en retard dans mes critiques, je sais, je sais… T-T)
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Les testaments

Il s'agit de la suite de "la servante écarlate", suite principalement axée sur le devenir de ses filles, nées de deux pères différents, Luke et Nick.

Élevées différemment, elles sont en conséquence dissemblables : l'aînée, élevée à Galaad, est promise à un mariage dès son plus jeune âge et finit par trouver une solution pour y échapper. La seconde, plus rebelle, a grandi chez des parents adoptifs qui décèdent dans un attentat. Elle devra passer la frontière pour détruire Galaad.

Une troisième protagoniste, une Tante fort rude, dirige les femmes et intrigue en secret. Nous la connaissons par le journal qu'elle tient.

L'autrice donne tour à tour la parole à ces trois femmes, jusqu'au dénouement final.

Ayant lu ce dernier roman en même temps que le premier, je les autant apprécié l'un que l'autre et ce fut une expérience agréable de les découvrir parallèlement. J'ai pu faire des suppositions (pas toujours avérées) et maintenir le suspense malgré tout, un suspense que j'ai cependant trouvé plus important dans ce deuxième livre.

En revanche, je n'ai pas encore découvert la série télévisée, je compte bien sûr le faire prochainement, sachant que la plupart du temps j'apprécie mieux les livres que les films.

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