Citations de Marianne Chaillan (86)
A fuir le danger de vivre, c'est tout simplement la vie elle-même que l'on perd. On est vivant, biologiquement, mais on n'existe pas vraiment.
J.K. Rowling explique que ce refus de la finitude qui passe par l'idée qu'on va demeurer sous cette forme affaiblie n'est pas une bonne chose, n'est pas souhaitable. Il faut accepter d'en finir une bonne fois pour toutes. Donc, il me semble que même si elle pose le dualisme, elle n'en fait pas une voie d'espérance. La mort est une réalité à laquelle il faut faire face
Aimer la chanson de variétés semble bel et bien constituer
un signe extérieur d'affliction culturelle.
Et si au fond La Petite Sirène tendait un miroir ? Car les lectures romantiques d'Emma Bovary ce sont bel et bien les dessins animés de notre enfance ! Disney nous invite à rêver mais en précisant l'usage du rêve qui nous est offert : ce dernier doit nous aider à percevoir la magie présente dans notre vie plutôt que de déprecier notre quotidien au nom d'un ailleurs purement imaginaire. L'imaginaire doit être au service du réel.
le bonheur tient à la qualité d’intensité des heures que nous vivons. Pas à leur nombre. Peu importe qu’il existe des manques, de l’incomplétude – comment pourrait-il en être autrement ? En outre, atteindre le bonheur n’est pas atteindre une complétude qui exclurait toute souffrance. C’est, au contraire, regarder la vie pour ce qu’elle est et l’aimer pour cela, sans réserve.
Ainsi, tous, nous recherchons le bonheur; Et pourtant, quand on vous demande de le définir, nous voilà bien en peine ! Quoi ? Nous chercherions donc quelque chose que nous ne savons même pas définir ? N'est-ce pas là pourtant la première urgence, si on souhaite l'obtenir, que de savoir en quoi il consiste ?
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Disney nous invite à rêver mais en précisant l'usage du rêve qui nous est offert: ce dernier doit nous aider à percevoir la magie présente dans notre vie plutôt que de déprécier notre quotidien au nom d'un ailleurs purement imaginaire. L'imaginaire doit être au service du réel.
On exige des explications de celui qui souffre alors que c'est au prétendu bienheureux qu'il faudrait demander une recette !
Dans le journal "Le Soir " du mercredi 23 février 2022.
Gide a tort de laisser croire qu'un livre prétend donner une réponse universelle et empêche son lecteur de trouver sa voie propre. Au contraire ! On butine de livre en livre, on fait son miel de penseur en penseur, nourri par eux, certes, mais autonome, reconnaissant, évidemment, mais libre.
"Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne m'interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l'ignore", écrit saint Augustin. Il semble qu'il en aille de la définition du bonheur comme de celle du temps.
Si on y réfléchit, ne peut-on pas considérer que dans le suicide il ne s'agit pas de se donner à soi-même la mort mais d'essayer d'esquiver cette dernière ? En choisissant le suicide ne signe-t-on pas son refus d'une mort qui pourrait nous frapper à notre insu, sans notre consentement ? […] il faut distinguer : la mort, ce n'est pas le décès ni le trépas, c'est un mode d'être, c'est exister sous la lumière de la finitude. Tant que nous vivons, nous sommes mourants.
Nous avons essayé de montrer que lire "Harry Potter", c'était apprendre à mourir et ce faisant, non pas prendre un chemin de mort mais un chemin de vie.
Les hommes ont tort de redouter l'enfer : ils parviennent très bien tout seuls à le créer sur terre.
Valorisation d'une morale du sentiment
L'intuitionnisme (contre lequel se construit historiquement l'utilitarisme) est la thèse selon laquelle certaines vérités morales nous sont connues immédiatement, via une intuition. Dans le cadre d'une telle morale intuitionniste, le sentimentalisme précise la nature de l'intuition en question en soutenant qu'il s'agit d'une émotion. Il soutient la thèse selon laquelle les vérités morales nous sont connues grâce au sentiment ou à certaines émotions (ce sera la thèse de Hume, par exemple). Il s'oppose, dès lors, à une position rationaliste selon laquelle nous accéderions aux vérités morales par la seule puissance de notre raison (ce sera la thèse d'un Kant par exemple).
Cependant, le sentimentalisme n'est pas, pour autant, un émotivisme. Ainsi, il ne s'agit pas de dire que nos énoncés moraux ne servent, en fait, qu'à exprimer nos émotions sans traduire une quelconque vérité. Soutenir que l'émotion est source du jugement moral n'implique pas le renoncement à l'établissement vérités morales et universelles. C'est cette morale du sentiment qui nous paraît promue dans la saga Harry Potter.
Ils comprennent comme Spinoza que le désir est l’essence de l’homme, l’élan vital qui le traverse et le rend vivant. Ils savent alors combien vouloir supprimer ses désirs, au prétexte qu’ils seraient tumultueux et nous entraîneraient au-delà des bornes d’une existence tranquille, traduit une volonté secrète de mort. Désirer, c’est être vivant. Vivre, c’est se sentir traversé par le géant vent de notre élan vital. Comme le vent, il souffle, parfois violemment et nous emporte. Nina Simone a raison : nous sommes définitivement des créatures du vent
Est-ce que répondre à l’appel du désir c’est une folie ou est-ce que répondre à l’appel du désir c’est vivre ?
Voici la prescription du philosophe stoicien Marc Aurèle : il faut retrancher de notre esprit tout ce que les autres peuvent faire et dire, tout ce que nous avons fait et dit nous-mêmes dans le passé et toutes les choses qui nous inquiètent pour l'avenir. Il faut aussi ôter tout ce qui advient indépendamment de notre volonté. Si nous parvenons à circonscrire ainsi notre moi, alors notre pensée pourra être libérée des troubles. Si nous parvenons à ne plus nous soucier de ce qui est au-delà du présent (le futur) et de ce qui est déjà passé, si nous nous exerçons à vivre seulement hic et nunc, c'est-à-dire dans l'instant, nous pourrons vivre jusquà la mort sans trouble avec sérénité.
Quel intérêt peut-il donc y avoir à nous déposséder ainsi de notre liberté ? Mais il est immense ! Exister est une tâche, et pénible même, et périlleuse. Le On nous décharge du fardeau d'être libre en répondant à la question de ce que doit être notre vie avant même que nous nous soyons demandé ce que nous souhai- tions qu'elle soit. Le On dispense le Dasein d'exister. Il répond à la tendance au moindre effort que nous portons tous en nous. Il est plus confortable de renoncer à exister que d'assumer sa liberté. Phoebe l'a dit : il est difficile de devenir soi-même.
Pour le philosophe, si nous avons, en tant qu'humains, la capacité de penser par nous-mêmes et de définir nous-mêmes notre propre existence, nous choisissons le plus souvent de renoncer à ce pouvoir pour sombrer dans une servitude volontaire à la norme du plus grand nombre. Nous renonçons à notre liberté pour nous en remettre aux autres. Cette présence neutre, anonyme, insaisissable, sournoise, des innombrables autres autour de nous, c'est ce que Heidegger désigne comme « dictature du On ».
La peur du nom renforce la peur de la chose.