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Citations de Marie-Claire Blais (86)


En une seule phrase, l'auteur, dans ce quatrième tome d'une tétralogie, commencée avec Soifs et poursuivie par Dans la foudre et la lumière et par Augustino et le choeur de la destruction, décrit l'apocalypse du monde moderne (guerres, maladies, cataclysmes) sous le regard d'une communauté de gens de la nuit, d'artistes, de prostitués.

"...et Vénus tenait sa fille Rebecca par la main en lui disant il faut marcher plus vite, tu seras en retard pour le récital de Noël, il faudra chanter bien haut, comme je te l'ai dit, Rébecca entendit les claquements des bracelets aux poignets de sa mère, ce serait son premier récital, il arrivera par bateau pour nous surprendre des petits et des grands pères noëls, ils arriveront tous par bateaux, pour nous surprendre, dit Rébecca, ils ne sont pas des nôtres dit Vénus, oui, dit Rébecca, pour nous tous maman, pour tous les enfants de ma classe, qu'ils glissent sur l'eau avec leurs flottes, leurs guirlandes et leurs mâts allumés..."
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Ancre tes mots sur mon bassin pendant que j'ignore la déroute des choses.
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Celui qu'on aime trop nous punit souvent de son ingratitude...
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Rien n'assure notre existence en ce monde, rien, ni Dieu ni les hommes. Il ne faut avoir confiance qu'en soi-même. La bonté des hommes, quand elle vous est accordée, est un don exceptionnel...
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L'important, vous savez, c'est d'avoir autour de soi, pas seulement de l'herbe ou de la terre, mais des âmes qui pensent à vous chaque jour, des gens qui vous aiment. Tout le reste n'est rien.
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Tu parles, on ne peut même plus aller en enfer tout seul, maintenant, disait Jean Le Maigre. Tiens, j'ai honte de la voir jeûner comme ça! C'est de l'égoïsme, ce n'est pas pour toi et moi qu'elle veut crever, c'est seulement pour nous ennuyer. Ah! les gens vertueux me dégoûtent.
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Je ne sus jamais où était l'est, et encore moins le nord, il me semblait que l'ouest se promenait autour de la maison, la tête basse, comme une personne qui s'ennuie.
- Mais rien ne presse, dit M. le Curé, on trouve toujours son chemin...
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Je les entendais fuir le confessionnal, ne savais-je pas déjà en les écoutant combien leurs secrets étaient le mien, les miens, les méprisant pour leurs aveux, car dans ces viols précoces leurs vies avaient été consommées, elles qui étaient belles s’étaient fanées, réduites dans le refus de la sécheresse, refusant à l’homme sa part de plaisir, elles étaient mères sans l’avoir voulu, et élevaient avec rigueur des enfants qui avaient aujourd’hui douze, treize ans, des enfants nés pour le viol, eux aussi, ne savaient-elles pas, ces pénitentes, combien nos liens étaient proches, ce qui était inavouable avait été avoué.
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...je l’entends encore avec les lancinantes rumeurs des trains qui partent, pendant qu’elle me regarde, elle, la femme-corbeau, l’indigne, car ce n’est peut-être qu’une indigente, elle aussi, qu’un rebut de la société, bien que dans sa noirceur elle soit implacable, me regardant de haut, je sais qu’elle est elle aussi, comme tant de femmes, porteuse d’un secret, j’entendais ces confessions de femmes très belles qui m’avouaient ne plus pouvoir aimer leurs maris, quand je leur reprochais leur infidélité, leur insoumission à leurs maris, car avais-je jamais de la compassion pour celles, pour ceux qui se confessaient à moi, derrière un grillage de bois, oh non, nulle compassion, nulle pitié, je n’avais que le souverain orgueil des prêtres confesseurs, me délectant de ce déballage de sensations, d’aveux contrits, en juge présomptueux j’écoutais ces confidences, reniflant le parfum des femmes qui me chuchotaient, je ne puis dire cela qu’à vous, oui, qu’à vous seul, je ne peux éprouver aucun contact charnel avec mon mari, disaient-elles, car à treize ans j’ai été violée, à treize ans.
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Je me sentirai plus libre, sans toutes ces coquetteries, il y a peu de temps, j’étais la plus coquette des femmes, j’étais belle, je faisais moi-même mes bijoux, mais mes sœurs ont pris mon magasin, mes bijoux, est-ce vrai que j’aurai enfin un toit, un appartement où elles ne pourront plus venir me déloger.
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Bien des mères, bien des pères sont forcés de vendre leurs enfants tous les jours, les enfants, sur cette terre, c’est du bétail, je te dis, un marché de petits animaux, les bohémiens s’enfuient, ne savent plus où ils vont dans leurs charrettes à chevaux, c’est un garçon de onze ans qui tient la bride du cheval, ils ont été expulsés, leurs camps ont été démantelés, on ne les attend ni ne souhaite leur venue nulle part, dans leurs ghettos s’empile le désordre, ils partent, laissant derrière eux la corde à linge qui va d’une baraque à l’autre, et toute une lessive au vent, des vêtements d’enfants, quelque pathétique empreinte qui sera lavée par la pluie, le sofa, le lit, la chaise qu’ils voudraient emporter avec eux sont dans la rue, ainsi vont les parias, des nations et des nations de parias, que dans un tel chavirement une femme soit là à mendier avec son enfant qu’elle tend en offrande au premier venu, ce n’est rien, vois-tu, quand la perversion est partout, car, vois-tu, la pitié, cela n’existe pas, non, Fleur, mais tu penses à ta musique, mes paroles te sont bien.
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Parfois les femmes qui mendient dans les rues, le jour, viennent cacher ici leurs enfants la nuit, des nourrissons, des bébés, le jour, elles mendient avec leur progéniture dans leur giron, tu les vois partout dans les quartiers les plus condescendants qui tendent la main vers le passant, le bébé, tout calé dans ses langes malpropres, ne sert qu’à la mendicité, et moi que l’on accusait de pervertir l’enfance, c’est là où je vois la perversion, dans le cœur de cette femme misérable qui pervertit son enfant dans la mendicité, mais est-ce sa faute, non, il faut que cette femme puisse nourrir les siens.
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Il faut bien qu’un homme se distraie...
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Il pensait en s’écoutant que rien n’était plus mensonger que ce qu’il racontait à cet homme, car il détestait souvent se mettre à sa table de travail, la nuit, ou le matin, à sa détestation de l’écriture se mêlait un malicieux plaisir, ce qui ne concernait pas le journaliste, écrire, c’était se lever le matin dans la fébrilité de la jeunesse.
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Un écrivain ne fait pas que réciter ses textes, un écrivain écrit.
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...on eût dit que j’avais compris en un instant, en entendant ce cri, combien peuvent souffrir les hommes, que j’avais découvert, moi théologien et prêtre défroqué, l’essence immonde d’un mal qui nous gouverne tous, que ce fût le cri d’un Hitler ou celui d’un saint, ce cri ne serait jamais entendu, ce cri s’exhalait dans la plus grande indifférence.
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Ce n’était sans doute qu’un étranger, un exilé, un de plus, appelé par la route du hasard, au gré de son affranchissement, car cette fleur du sexe ne demandait qu’à éclore, sans limites, et partout ...
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Et le bon sens, à mon avis, c'est le seul talent des gens sans imagination comme moi! ... Ces gens-là ont de l'imagination et moi tout ce que j'ai c'est du bon sens.
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(...) le rat était pourtant, lui aussi, malgré cette hideuse réputation dont nous le tenions coupable, un animal aussi digne d'amour que le chat, mais si le rat avait mauvaise réputation, c'était à cause de nous, parce qu'il portait notre honte et les stigmates de notre longue histoire, on l'avait toujours vu à nos côtés, partageant nos guerres, nos haines, mourant de nos maladies, comme nous il avait combattu, résisté, c'était un animal digne mais asservi à nos servitudes, il nous avait meurtris et nous l'avions meurtri, c'était désormais une part de nous-mêmes, car avec le temps et le courage que lui avaient inspiré notre dégradation et nos malheurs, il avait fini par nous ressembler, et quand on retrouvait son cadavre dans un égout, on frissonnait de peur, car on reconnaissait là l'un de nos milliers de cadavres, et on pressentait que cette vile agonie avait l'odeur de nos secrets et de notre pourriture.
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Et Patrice, qui n'avait jamais pu fournir l'effort suffisant à la réflexion, se sentit tellement au bout de l'abandon humain qu'il se mit à s'interroger obscurément. Chaque soir, à l'heure où Louise dénouait ses cheveux, il revenait dans la chambre comme un automate, mais Louise bondissait, irritée.
– Va-t'en !
Il sortait, courait au lac où il pleurait sans comprendre, devant l'image d'un jeune homme qu'il n'avait jamais connu.
– Qu'ai-je fait à l'eau ?
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