Un voisinage sans histoires
Une rue calme, un quartier résidentiel avec les mêmes maisons alignées comme il en existe des centaines de milliers en France. La vie suit son cours ici comme ailleurs, chaque habitant satisfait d'ignorer et d'être ignoré de son voisin. Jusqu’à ce qu’un enfant du quartier disparaisse. Quel est le nom de cet enfant ? Aucun des résidents ne le connaît. Qu’est-il arrivé à cet enfant ? Personne ne le sait.
Roman choral, 𝑸𝒖𝒂𝒓𝒕𝒊𝒆𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒊𝒏𝒏𝒐𝒄𝒆𝒏𝒕𝒔 brosse le portrait de tous ces voisins anonymes parmi les anonymes, leurs intimités, vices et névroses. Personne n’est vraiment innocent dans ce quartier, tous ont leurs défauts et histoires coupables une fois la porte de leur maison fermée. Coupables, ils le sont tous de désintérêt envers leurs voisins.
« 𝑂𝑛 𝑛𝑒 𝑠𝑎𝑖𝑡 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑐𝑒 𝑞𝑢’𝑖𝑙 𝑠𝑒 𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑐ℎ𝑒𝑧 𝑙𝑒𝑠 𝑔𝑒𝑛𝑠, 𝑝𝑎𝑠 𝑣𝑟𝑎𝑖 ? »
Il y a le 𝑣𝑜𝑖𝑠𝑖𝑛, que sa femme colérique a quitté et qui noie sa tristesse dans l’alcool ; la 𝑣𝑖𝑒𝑖𝑙𝑙𝑒 𝑑𝑢 36, seule depuis presque toujours, qui passe sa vie à regarder celle des autres par la fenêtre ; ou le 𝑔𝑎𝑟𝑐̧𝑜𝑛 𝑑’𝑎̀ 𝑐𝑜̂𝑡𝑒́, souffre-douleur des gamins de l’école et du quartier, qui souhaite se faire tout petit pour éviter qu’on le remarque.
Tour à tour, l'auteur nous présente les protagonistes de l'affaire, jusqu'à son dénouement : les policiers sans indice ni piste, les journalistes questionneurs, le chauffeur-livreur dont la tournée quotidienne le fait passer par ce quartier et bien sur, les parents et leur manière de gérer la disparition de leur fils.
Viennent les curieux, les voyeurs, les insinuations, les accusations feutrées lancées à demi-mots, les bruits qui courent. Certains ne savent rien et veulent tirer la couverture vers eux quand Police et journalistes les interrogent, ou ceux qui ont vu quelque chose mais préfèrent le garder pour eux, pour ne pas attirer l’attention sur soi, se faire le plus discret possible. Ceux encore pour qui cette disparition est un bon souvenir et crée un peu d’agitation dans leurs vies mornes.
𝑸𝒖𝒂𝒓𝒕𝒊𝒆𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒊𝒏𝒏𝒐𝒄𝒆𝒏𝒕𝒔 décrit le cauchemar pavillonnaire : le lotissement sans charme où pavillons anonymes vont de pair avec habitants anonymes. Le lotissement comme expression du mode de vie individualiste, où des citadins vivent en périphéries éloignées des villes et des lieux de travail, impliquant un asservissement à la voiture (rentrer tard le soir), une consommation standardisée (les courses dans l'hypermarché le week-end) et l’ennui qui gagne.
La relation à autrui est réduite à la jalousie, à cette envie de posséder les mêmes richesses et signes de réussite que le voisin, accentuant le repli sur soi et appauvrissant la vie sociale.
𝑸𝒖𝒂𝒓𝒕𝒊𝒆𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒊𝒏𝒏𝒐𝒄𝒆𝒏𝒕𝒔, brillant roman noir psychologique, a été publié en 2020 chez Æthalidès.
Lien :
https://www.facebook.com/pho..