Est-ce le beau temps enfin revenu, l'envie de soleil et de bord de mer qui m'a fait acheter " La plage", juste pour son titre, sans même parcourir la quatrième de couverture ? Sans doute. Pourtant, l'auteure n'y est pour rien, le lointain souvenirs d'oeuvres précédentes mais recouvertes depuis longtemps de la poussière de l'oubli, ne m'aurait pas incité de prime abord à cet acte impulsif. Et c'est par une après-midi accablante de soleil, à l'ombre d'un oranger du Mexique que j'ai été littéralement envoûté par ce livre qui ne rejoindra pas ses "frères" sur le rayon des ouvrages mal aimés.( Il faudra que je me penche sur l'impact que peuvent avoir des moments, des conditions bien particulières sur la lecture d'un roman...)
Sur le papier pourtant, l'intrigue est minimale. Un lieu désert et trois personnages jamais nommés ...enfin si : L'inconnue, le colosse, la petite (déjà grandette). Avec ces ingrédients, difficile d'imaginer que l'on puisse être emporté. Cette inconnue retourne dans un lieu perdu, quasi au bout du monde, une plage où deux ans plus tôt, elle avait fait l'amour avec un homme, quitté peu après. Elle fuit sa vie, un père lointain, un boulot qui ne l'emballe pas. On ne saura pas grand chose sur elle, les éléments biographiques arrivant par bribes au fil de son avancée vers cette plage puis vers une grotte. C'est sans doute ce mystère, tous ces non-dits qui donnent à cette histoire cette force, comme une page presque blanche que le lecteur prend plaisir à compléter de son imaginaire. Cela ne serait rien, si en plus, il n'y avait la plume de Marie Nimier, qui dans cet univers imprécis, ose la précision dans la sensualité. Les sens de cette inconnue s'ouvrent peu à peu, les nôtres aussi. Les odeurs l'attisent, le vent chaud la caresse, la mer la berce de sa tiédeur accueillante, le sable la brûle. Cet univers minéral dans lequel elle se plonge va petit à petit la faire renaître, aidé conjointement par une animalité ambiante. d'abord les petits animaux, les insectes, les crabes, puis les chèvres, les boucs et enfin l'homme, nu, colossal. De passages où l'infime côtoie le banal le plus prosaïque mais rendu littéraire par une plume inspirée, en ressentis personnels ô combien universels, le récit avance par gorgées de saveurs diverses et de sensations intimes.
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