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Citations de Mariette Navarro (179)


Elle a observé le travail des autres, des hommes, avant elle, elle a appris tout ce qu’il faut apprendre et fait ses preuves sous des regards exigeants, parfois condescendants, méfiants. Elle n’a brûlé aucune étape, elle est étrangère à l’idée de privilèges, à autre chose qu’au lent respect des procédures. […] Avec sérieux, de haute lutte, elle a conquis son autorité.
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Elle sait qu'on n'est pas toujours les bienvenus sur le dos des océans, qu'on ne peut pas impunément s'agripper à leur crinière.
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Plus je vieillis, plus ce qui m’échappe accélère sa course et me file entre les doigts.
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Tu sais ici on refuse de se donner un seul rôle, une seule histoire, un seul prénom.
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Tout le monde n'est pas fait pour tout quitter et reconstruire ailleurs, il faut beaucoup de courage, et moi je n'en ai pas beaucoup. Juste ce qu'il faut pour tenir un jour après l'autre. Une toute petite dose de courage pour chaque jour. Pas cette force que vous avez. Qu'est-ce que vous faites ?

Qu'est-ce que vous faites ?

Vous n'allez pas me prendre sur votre dos, qu'est-ce que vous faites ?
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On voit de quoi chacun est fait à sa façon d’entrer dans l’eau, les bleus sous la peau, les bosses oubliées, les dos abîmés. On reconnaît la jeunesse élastique ou les muscles éprouvés, les chairs aimées, caressées, et les corps que depuis trop longtemps on délaisse. Ce n’est pas tout à fait la même ouverture que chacun dessinera à la surface : tous ne portent pas le même poids.
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Quand la pluie s’arrêtera, quelque chose de cette journée sera éclairci. Toutes les pensées retrouveront leur équilibre. Il n’est pas question qu’elle perde son temps à l’expliquer à l’équipage. Elle le sait, et c’est suffisant. Et c’est suffisant aussi de sentir le bateau fendre l’eau, de sentir la pluie s’écraser sur les vitres, de sentir le calme avec lequel chacun, tout de même, s’et remis au travail. La petite lenteur en elle s’est changée en curiosité. En avancée tranquille vers une prochaine découverte.
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Au début il envoyait des photos de l’horizon, pensait que sa passion deviendrait partageable, et que ce serait rassurant de montrer jour après jour les facettes du gros navire sur l’eau. Mais, quoi qu’il en dise, c’était trop égoïste. S’émerveiller d’une vague ou d’un soleil, c’était déjà trahir l’amour et son mariage, et cette famille qui doit déjà fonctionner sans lui plus de six mois par an.
Alors, comme toujours, il ne dit rien du bateau ni de la mer, rien de son rythme laborieux, rien des tablées aux conversations techniques, rien du verre pris le soir pour appeler le sommeil. Il finit par dérouler, mécaniques, les mots d’amour, en essayant de ne pas écrire les mêmes que la veille. En essayant de les remplir de nouveau d’un sentiment unique et puissant. Mais il n’y arrive pas. Il efface. Il se contente de demander des nouvelles du petit. Je t’aime.
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Il le connaît par cœur ce trajet calculé pour aller au plus rapide. Une route où se croisent chaque jour des dizaines de bateaux marchands . Une route pour échanger de part et d'autre de l'Atlantique des boîtes métalliques, et créer des besoins pour ceux qui n'auront pas les moyens de les assouvir. P. 126
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La pompe, donc. Le gros coeur rouge. Le gros moreceau de chair fatigué de charrier tout ce sang, de pomper pour tout le monde. Ou d'avancer, de brume en pluie chaude. ou de saigner, dans la plus grande indifférence.
Comment t'aider, animal? Comment faire pour que tu te reposes? P. 114
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N'étant pas mère, elle ne pouvait que deviner que c'est cette panique pour laquelle on signe année après année quand on a un enfant, celle qui fait se lever la nuit pour vérifier une respiration, et ne rester qu'à la surface de tous les sommeils, toujours avoir une oreille dressée à l'affût des monstres.
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Depuis quelle est celle qui donne des ordres et décide de la carrière des autres, on ne dit plus rien, le féminin a fait son chemin dans les esprits, est entré dans les histoires comme le surnom d'autres marins célèbres. P. 15
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Et Carcasse se blottit dans Carcasse pour protéger au moins l'intérieur, et l'organisation neuve de ses organes et de ses flux. Pour ne pas se laisser découper, comme ça, entièrement en lames et enfermer dans les méfiances. Et sonne l'alarme dans Carcasse, rappelant à l'intérieur, rapatriant, Carcasse, tout ce qui s'étalait trop loin et prenait des libertés trop grandes. Tout ce qui se prenait pour autre chose que Carcasse. Tout ce qui était trop dissipé. Et chantonne moins fort Carcasse dans la peur retrouvée, et s'élève moins haut, et rayonne moins loin dans l'atmosphère autour presque glaçante redevenue. Alors tremblote la lumière Carcasse et n'éclaire plus grand chose. Alors se tapit Carcasse dans l'ombre de tout par prudence. Alors produit plutôt un peu d'obscurité Carcasse, pour se faire oublier un moment, le temps de reprendre son souffle au moins, et de reprendre contenance. S'éteint de soi-même dans l'humanité Carcasse pour ne pas se faire repérer. Efface ses propres traces avant de les avoir laissées.
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Alors Carcasse se tient là, ouvre et ferme les yeux pour faire le point, en dehors et en dedans, et cela légèrement fait tanguer Carcasse, la lumière qui rentre ou ne rentre plus et dessine des mouvements. Et cela doucement soulève le cœur, quand une forme au loin passe à grande vitesse, quand un espace entier est masqué par une ombre et disparaît, ou revient en plein jour. Et cela doucement étourdit l'esprit, quand deux couleurs soudain font contraste, quand il faut plier les yeux, quand un reflet vise la pupille, dilate, rétracte et fait s'humidifier les cils. Parfois, écarquiller permet de fixer le mouvement, mais rapidement cela pique, de rester l'œil au vent sans y coller de barrière, cela blesse légèrement et il faut tirer sur soi les paupières. Alors Carcasse replie sur ses yeux toute la peau du visage comme un drap le matin et frissonne, et part en dedans tente de fixer les images, les impressions sur sa rétine encore flottant là, encore racontant l'extérieur et les zones tranchées de bleus, de rouges et de lumière trop blanche, encore racontant qu'autour d'autres sont là et tracent des mouvements.
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Alors Carcasse se tient là, et presse en pensée les boutons de sa propre explosion, et si rien ne se passe cela ne veut pas dire que ce ne sont pas en jeu des forces irrémédiables et dans Carcasse des éboulements et des coulées de boue et la mise en branle de continents entiers, et l'émergence de montagnes encore invisibles à l'œil nu de plusieurs autour et qui croient pourtant voir. Et si rien ne se voit cela ne veut pas dire que des gouffres immenses ne sont pas comblés par des masses nouvelles et surgies dans Carcasse par un ébranlement soudain, et que des territoires ne se dessinent pas, aux couleurs terribles et sombres, cherchant à déchirer la peau pour avoir un accès au ciel.
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On voit de quoi chacun est fait à sa façon d’entrer dans l’eau, les bleus sous la peau, les bosses oubliées, les dos abîmés. On reconnait la jeunesse élastique ou les muscles éprouvés, les chairs aimées, caressées, et les corps que depuis trop longtemps on délaisse. Ce n’est pas tout à fait la même ouverture que chacun dessinera à la surface : tous ne portent pas le même poids.
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Dans les derniers rayons du soleil, la mer était une hémorragie, on aurait pu voir les bouillons d’une blessure, le vieux souvenir d’une pêche sanglante, d’un corps à corps. On aurait dit que l’eau était poisseuse, épaisse et rouge.
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Il y a les vivants, les morts, et les marins.
On peut respirer encore et être déjà mort. On peut être discret, terriblement vivant. On peut porter la mer en soi, en n’ayant jamais senti l’odeur de sel, en n’ayant même jamais quitté la campagne ou la ville.
On sait quand on est mort ou quand on est marin, même rivé au sol. On sait quand on dérive, quand on passe à côté. Quand le sol n’est pas ferme sous les pieds. On sait quand on est d’ici sans en être, et toujours appelé au départ.
Il y a les marins, qui pour certains n’ont jamais vu la mer, et ne s’appelleraient jamais eux-mêmes de ce nom qu’ils ne connaissent pas. Ils portent quelque chose des disparus alors même qu’on leur parle, qu’on les tire vers la vie pour conjurer l’angoisse, alors même qu’on les touche et leur soutire des promesses.
Il y a les marins, absents jusqu’au vertige, familiers de la mort sans en passer la frontière, travaillés par la question jusqu’à la maigreur, plus là quoi qu’il en soit, dérivant les pieds fixes, avec ce pouvoir qu’on leur envie d’observer de loin comment la vie se débrouille sans eux.
Elle pourrait dire de chaque personne croisée dans sa vie ce qu’il est et ce qu’il attend, l’errance ou l’ancrage, la maison ou le départ permanent, la verticalité ou l’horizon infini.
Cela n’a aucune importance, mais c’est sa façon de lire le monde.
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D’abord ils tracent un cercle pour en être le centre. Un grand cercle englobant tout : le bleu, ses masses noires, ses crépitements blancs. Borné par rien d’autre que l’horizon devenu rond.
Depuis le bateau, ils tracent un cercle avec leurs yeux.
Ils espèrent le silence.
Leurs regards se perdent sur la courbe qui les entoure.
Ils espèrent l’abstraction. Ils font de ce rond bleu un tissu rigide, un sol où faire leurs premiers pas. Ils plissent les paupières, maintiennent l’illusion jusqu’à l’apparition d’une vague, un clapotis qui de nouveau rend tout liquide, profond.
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Ils n’auront pas dessiné un filet bien large au milieu de l’océan. Ils n’auront pas nagé plus de trente-cinq minutes. Ils n’auront pas été autre chose que des créatures terrestres qui paniquent dans le bleu. Ils auront vu leur vie résumée dans une vague, espéré le rivage et le réveil.
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