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Citations de Marina Tsvetaieva (457)


Pour vivre - j'ai besoin d'aimer, c'est-à-dire d'être ensemble. J'ai besoin de chacun car je suis insatiable. Mais la plupart du temps, les autres n'ont même pas faim, d'où cette attention éternellement tendue : a-t-on besoin de moi ?
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L'odeur - par la porte grande ouverte d'un bistrot - de vanille - de cigares-de biscuits semble-t-il. Vous pensez que j'ai eu envie de rentrer dans ce café, de boire et de manger ? Non - les larmes aux yeux - d'embrasser.
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Mais parlons encore de cette entrée. C’était une entrée dans un autre royaume, une entrée qui en soi était déjà un autre royaume, s’étendant sur toute la longueur de la rue, si tant est qu’on puisse parler de rue, et on ne le peut guère, parce qu’à gauche, à part leur interminable haie treillissée – il n’y avait rien, et à droite – de la bardane, des sables, et le fameux vapeur « Catherine »… Au fond ce n’était pas une entrée, mais un passage : de chez nous (de notre maison solitaire dans sa nature solitaire) – à là-bas (vers les humains – la poste, la foire, le débarcadère, l’échoppe de Natkine et, plus tard – le boulevard), - une station intermédiaire, un interrègne, une zone transitoire.
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Des villages natals,
Illusions, apparitions :
Que le train avance, file,
Et nulle part ne s’arrête,

Qu’il n’arrive nulle part :
Lieux déserts et vidés,
Ou fouettés par le vent
Inhabités et vacants…

Vide ma tête, plus rien,
Ni personne, ni foyer,
Le moisi sédentaire
Comme le cygne, emporté.

Vague terrestre, courants d’air
Écroulées les idées
File, avance, mon train
Sans jamais un coup de frein !


Poème : À la vie (2)
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Il est des noms comme des fleurs étouffantes,
Il est des regards comme des flammes dansantes…
Il est des bouches sombres et ondoyantes,
Avec des coins profonds et humides.


L’amie (14)
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Être moderne — c'est créer son époque
et non la refléter.


p.45
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L'insomnie m'a poussée sur la route,
- Comme tu es beau, ô mon Kremlin, tout effacé !-
En cette nuit j'embrasse sur la poitrine
La terre toute ronde qui se bat !
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Quand je vois se désespérer un saule je comprends Sapho.
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Madeleine

1


Entre nous — dix commandements
Dix feux ardents, l'horreur
D'un sang commun. Mais pour moi,
Tu es sang étranger.

Aux temps des évangiles
j'eusse été une autre
(Sang de l'autre, — le plus étranger
Le plus ardemment désiré.)

Vers toi, de toutes mes faiblesses
J’aurais rampé — Et claire
Ma robe ! Que coule l’huile
Cachant mes yeux de diablesse

Sur tes jambes, sous tes pieds,
Dans le sable… Et pour rien…
Coule, passion dilapidée
Méprisée et vendue aux marchands !

Lèvres gercées, yeux en pleurs,
De tous mes désirs — la moiteur
J'enroule une fourrure
Autour de tes pieds — ma chevelure.

Je m'étends — tapis rare — sous tes pieds
N'es-tu pas (moi je suis), Celui qui a dit :
À la créature aux boucles de feu :
— Lève-toi, ma sœur !

26 août 1923

p.154-155
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SE FAUFILER

Mais la plus belle victoire
sur le temps et la pesanteur —
c’est peut-être de passer
sans laisser de trace,
de passer sans laisser d’ombre.

Sur les murs…
Peut-être, subir
un refus ? Être rayée des miroirs ?
Ainsi : Lermontov dans le Caucase
s’est faufilé sans alarmer les rochers.

Mais, peut-être, le meilleur amusement
du Doigt de Sébastien Bach
est-il de ne pas toucher de l’orgue l’écho ?
Se disloquer, sans laisser de cendres

dans l’urne…
Peut-être — subir
une tromperie ? S’exclure des vastitudes ?

Ainsi : se faufiler à travers
le temps, comme l’océan, sans alarmer les eaux…
14 mai 1923

p.141-142
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Insomnie 3

Dans ma vaste ville ― c’est la nuit.
De ma maison en sommeil, je vais ― loin
et l’on pense : c’est une femme, une fille ―
mais je me rappelais seulement ― la nuit.

Le vent de juillet me balaie ― la route,
quelque part, à une fenêtre de la musique ― à peine.
Ah, qu’il souffle maintenant jusqu’à l’aube ― le vent
par les frêles parois de ma poitrine ― dans ma poitrine.

Il y a un peuplier noir, à une fenêtre ― une lueur,
un tintement dans une tour, et dans la main ― une
fleur,
et il y a ce pas – personne ― il ne suit,
et il y a cette ombre, mais moi ― je ne suis.

Les feux sont des fils de colliers d’or,
j’ai le goût de la feuille de nuit ― dans la bouche,
libérez-vous des liens du jour,
amis, sachez-le, je vous parais en rêve.
17 juin 1916
Moscou

p.70

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À Maximilien Volochine

Gourzouf, le 18 avril 1911

Mon cher et honoré Maximilien Alexandrovitch,

Je vous écris en musique, - ma lettre, vraisemblablement, sera triste.
Je pense aux livres.
Comme je comprends maintenant "ces idiots d'adultes" qui ne donnent pas leurs livres d'adultes à lire aux enfants ! Il y a si peu je m'indignais encore de leur suffisance : "les enfants ne peuvent pas comprendre", "c'est trop tôt pour les enfants", "ils découvriront eux-mêmes - en grandissant".
Les enfants - ne pas comprendre ? Les enfants comprennent trop ! À sept ans on comprend infiniment plus sûrement et plus profondément Le Novice et Eugène Onéguine, qu'à vingt. Il ne s'agit pas de cela, pas d'une insuffisance de compréhension, mais au contraire d'une compréhension trop profonde, trop sensible, maladivement juste !
Chaque livre est un cambriolage dans votre vie ! Plus on lit, moins on sait et on veut vivre soi-même.
C'est horrible ! Les livres sont notre perte. Celui qui a beaucoup lu ne peut pas être heureux. Le bonheur en effet est toujours inconscient, le bonheur n'est qu'inconscience.
Lire c'est exactement comme étudier la médecine et connaître dans le moindre détail la raison de chaque soupir, de chaque sourire et, cela a l'air sentimental - de chaque larme.
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Je suis une page sous ta plume.
J'accepte tout. Je suis une page blanche.
Je garde tout ton bien précieux,
Je le cultive pour te le rendre au centuple.

Je suis le village, je suis la terre noire.
Tu m'es pluie et soleil.
Tu es Maître et Dieu et moi-
Tchernoziom et papier blanc !
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La lettre

On ne guette pas les lettres
Ainsi — mais la lettre.
Un lambeau de chiffon
Autour d’un ruban
De colle. Dedans — un mot.
Et le bonheur. — C’est tout.

On ne guette pas le bonheur
Ainsi : — mais à la fin :
Un salut militaire
Et le plomb dans le sein —
Trois balles. Les yeux sont rouges.
Que cela. — C’est tout.

Pour le bonheur — je suis vieille!
Le vent a chassé les couleurs!
Plus que le carré de la cour
Et le noir des fusils.

(Que le carré de l’enveloppe :
Encre et attraits!)
Pour le sommeil de mort
Personne n’est trop vieux.
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Mars

Ô pleurs d'amour, fureur !
D’eux-mêmes — jaillissant !
Ô la Bohème en pleurs !
En Espagne : le sang !

Noir, ô mont qui étend
Son ombre au monde entier !
Au Créateur : grand temps
De rendre mon billet.

Refus d'être. De suivre.
Asile des non-gens :
Je refuse d’y vivre
Avec les loups régents

Des rues — hurler : refuse.
Quant aux requins des plaines —
Non !— Glisser : je refuse —
Le long des dos en chaîne.

Oreilles obstruées,
Et mes yeux voient confus.
À ton monde insensé
Je ne dis que : refus.
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Marina Tsvetaieva
L’imaginaire
  
  
  
  
Prendre dans une main imaginaire
l’imaginaire d’une autre main.
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« L’écume d’Hippolyte et la sueur de Phèdre / Ne sont pas des menées de vieilles femmes, mais / Une affaire ancienne, une querelle connue, antique. / Pas de coupable. Tous innocents. » (p. 79)
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Pareil à moi, tu passes
Les yeux rivés au sol,
Je les baissais – aussi,
Passant, arrête-toi !

Boutons-d'or et pavots à la main,
Tu liras sur la pierre
Qu'on m'appelait Marina
Et l'âge que j'avais.

Non, ce n'est pas une tombe,
Je ne surgirai pas, menaçante.
J'ai trop aimé moi-même
Rire quand il ne faut pas.

Le sang frappait à mes tempes
Et mes boucles bouclaient ;
Je fus aussi, passant !
Passant, arrête-toi !

Je n'accepte pas l'éternité
Pourquoi m'a-t-on ensevelie ?
Je ne voulais pas quitter pour la terre –
Ma terre adorée.

Cueille une herbe sauvage
Et puis une fraise des bois –
Mûrie entre les tombes
Elle sera plus sucrée.

Mais ne te penche pas,
Triste, au-dessus de moi,
Évoque-moi sans peine,
Sans peine oublie-moi !

Comme le rayon t'éclaire
Il te poudroie d'or...
Que ma voix souterraine
Ne t'effarouche pas !
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Une étoile au-dessus du berceau - et une étoile
Au-dessus du cercueil ! Et, au milieu -
Comme un tas de neige bleue - une longue vie. -
Bien que je sois ta mère,
Je n'ai plus rien à te dire,
Mon étoile.

4 janvier 1920 ( à l'hôpital, où meurt, de malnutrition, sa fille Irène (elle a moins de 3 ans). Moscou.
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Ni meilleure ni pire - par l'âme,
Que le premier venu - au hasard -
Ou que les flaques dans lesquelles
Le ciel répand ses perles,

Ou qu'un oiseau qui passe,
Ou qu'un chien qui erre, ou,
Même, qu'une chanteuse pauvre
Qui ne m'a pas fait pleurer.

L'amie (ou Sans lui) - III, page 35 - 24 octobre 1914.
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