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Citations de Mario Vargas Llosa (697)


Hommes et femmes sont devenus incultes et manipulés presque totalement par la disparition de la culture, ou, disons, sa transformation en pur divertissement. En d'autres termes, nous sommes des esclaves plus ou moins heureux et contents de notre sort. Orwell n'avait pas imaginé que telle pouvait être l'évolution de ce « socialisme libre » qu'il imaginait et qui était tout simplement impossible. Nous avons donc perdu la liberté sans nous en apercevoir, et le pire c'est que nous sommes contents et même nous croyons libres. Quelle plaisanterie !
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Dans ma jeunesse, la révolte de la jeunesse s'inspirait d'idées telles qu'amener le paradis sur terre, en finir avec les inégalités, lutter pour la liberté sexuelle, le féminisme, l'avortement, la mort douce (autrement dit, l’euthanasie). Mais maintenant l'objectif des adolescents anti conformistes c'est que la planète entière s'alimente seulement de fruits et de légumes. Si ce n'est pas de la décadence, je ne sais comment nommer cela.
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Nous sommes convenus de nous appeler chaque matin pour savoir si l'un de nous, dans son sommeil, a pris congé de ce monde, et avertir les autorités afin de nous faire incinérer et qu'on disparaisse.
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Les parcs de Chiclayo - très peu nombreux, il les connaissait tous par cœur - étaient vieux eux aussi, comme celui-ci, mais leurs bancs n'avaient pas cette rouille, cette mousse, cette tristesse que leur imposaient la solitude, l'atmosphère grise et le mélancolique murmure de l'Océan.
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(...) à la fin des fins, j'entrais dans ma chambrette.
Elle est toute petite et pleine de livres et de papiers. Mais très propre et en ordre. Je la balaie et l'arrange chaque matin avant d'aller siroter mon café et bavarder avec Osorio.
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Si une société veut avoir une vie intellectuelle et artistique riche, créative et libre, c'est de l'obligation de tous les citoyens sans exception d'en assumer le fonctionnement
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Mario Vargas Llosa
L’un d’eux qui, bafouillant et le regard vitreux, voulait à tout prix lui [ à Flora Tristan] montrer les églises et les remparts médiévaux au clair de lune s’entendit répondre :
— Que m’importent les vieilles pierres alors qu’il y a tant d’êtres humains qui ont des problèmes à résoudre ! Sachez que j’échangerais sans hésiter la plus belle église de la chrétienté contre un seul ouvrier intelligent.

(Le Paradis - un peu plus loin, page 489-490)
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Charles Poncy, le poète-maçon, auteur de l’hymne de l’Union ouvrière, sur qui Flora comptait pour la guider dans ses réunions avec les travailleurs marseillais, était parti à Alger en lui laissant une petite note : il était épuisé, et ses nerfs et ses muscles avaient besoin de repos. Que pouvait-on attendre des poètes, même s’ils étaient ouvriers ? C’étaient eux aussi des monstres d’égoïsme, aveugles et sourds au sort du prochain, des narcisses épris des souffrances qu’ils s’inventaient pour pouvoir les chanter. Tu devrais considérer, peut-être, Andalouse, la nécessité de proscrire dans la future Union ouvrière non seulement l’argent, mais aussi les poètes, comme l’avait fait Platon dans sa République.
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Mario Vargas Llosa
Ce qui accaparait ton attention maintenant, ce n’était pas la peinture, mais la maladie imprononçable qui, quatre mois après ton arrivée à Hiva Oa, avait à nouveau frappé, féroce.
Les plaies lui mangeaient les jambes et souillaient ses bandes si vite qu’à la fin il n’avait plus le courage de les changer. C’est lui qui était obligé de le faire parce que Vaeoho, dégoûtée, s’y était refusée, le menaçant de le quitter s’il l’obligeait à le soigner. Il conservait ses pansements sales deux ou trois jours, sentant mauvais, couvert de mouches qu’il était également fatigué de casser. Le docteur Buisson, directeur du dispensaire de Hiva Oa, qu’il avait connu à Papeete, le piquait à la morphine et lui donnait du laudanum. Cela calmait ses douleurs, mais le maintenait dans un état de somnambulisme hébété, avec le pressentiment aigu d’une détérioration rapide de son esprit. Allais-tu finir, Paul, comme le Hollandais fou ? En juin 1902 il lui fut presque impossible de marcher, si grande était la douleur dans ses jambes. Il ne lui restait presque plus d’argent de la vente de sa maison de Punaauia. Il investit ses dernières économies dans l’achat d’une carriole tirée par un poney que, chaque après-midi, vêtu d’une chemise verte et d’un paréo bleu, portant sa casquette parisienne et une nouvelle canne qu’il s’était fabriquée, avec pour pommeau — à nouveau — un phallus en érection, il conduisait, en passant par la mission protestante et les beaux tamariniers du pasteur Vernier, jusqu’à la baie des Traîtres. Elle grouillait à cette heure de gosses se baignant dans la mer ou montant à cru les petits chevaux sauvages qui hennissaient et sautaient sur les vagues turbulentes.

(Le Paradis - un peu plus loin, p. 421-422)
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— J’étais agent de change, financier, banquier, dit Paul.[…] Si j’avais poursuivi dans cette voie, je serais peut-être millionnaire. Un grand bourgeois qui fume des cigares et entretient deux ou trois maîtresses. […] Le corrupteur, celui qui a foutu en l’air ma carrière de bourgeois, c’est le bon Schuff.
[…] ce collègue effacé et complexé abritait, sous son allure si peu flatteuse, deux passions, qu’il t’avait révélées au fur et à mesure que se tissait votre amitié : l’art et les religions orientales. […] Pour le bon Schuff, les artistes étaient des êtres d’une autre espèce, moitié anges, moitié démons, différents en essence des hommes communs. Les œuvres d’art constituaient une réalité à part, plus pure, plus parfaite, plus ordonnée, que ce monde sordide et vulgaire. Entrer dans l’orbite de l’art c’était accéder à une autre vie, où non seulement l’esprit, mais aussi le corps, s’enrichissait et jouissait à travers les sens.
— […] Il m’entraînait dans les galeries, les musées, les ateliers d’artistes. […] en cachette, je me suis mis à dessiner. Tout a commencé là. Mon vice tardif. Je me rappelle cette impression de faire quelque chose de mal, comme quand j’étais enfant, à Orléans chez l’oncle Zizi, et que je me masturbais ou épiais la bonne qui se déshabillait. […]
— C’est comme si j’avais été frappé par la foudre, comme si j’avais vu une apparition, expliqua Paul. L’Olympia d’Édouard Manet. Le tableau le plus impressionnant que j’aie jamais vu. J’ai pensé : « Peindre comme ça c’est être un centaure, un Dieu. » J’ai pensé : « Il faut que je devienne peintre moi aussi. »
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Mario Vargas Llosa
Mais elle fut enchantée de la finesse de l’évêque, qui lui parla aussi d’art, littérature, musique et histoire avec compétence et bon goût. Quand elle entendait quelqu’un de la sorte, elle ne pouvait éviter d’avoir un sentiment de nostalgie, tant elle mesurait ce qu’elle ne savait pas, tout ce qu’elle n’avait pas lu et ne lirait jamais désormais, car il était bien tard pour combler les lacunes de son éducation. C’est pour cela que George Sand te méprisait, Florita, et pour cela que tu éprouvais toujours, devant cette grande dame des lettres françaises, une paralysante infériorité. « Tu vaux mieux qu’elle, nigaude », l’encourageait Olympe.
Être inculte en plus d’être pauvre, c’était être doublement pauvre, Florita. Elle se le répéta plusieurs fois cette année de sa libération du joug d’André Chazal — 1825 — quand, avec son fils aîné malade, le cadet en nourrice à la campagne, et Aline qui venait de naître, elle dut affronter une circonstance qu’elle n’avait pas prévue, obsédée qu’elle était par la seule idée de se libérer du carcan familial. Ces enfants, il fallait leur donner à manger. Comment faire, en n’ayant pas un centime ?

(Le Paradis - un peu plus loin, page 76)
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Et c’était précisément maintenant, quand ton mari avait le plus besoin de toi, que tu l’abandonnais ? Sa mère en avait les yeux pleins de larmes et la bouche tremblante.
— Ce qui est fait est fait, avait dit Flora. Je ne reviendrai jamais plus auprès de lui. Je n’aliénerai jamais plus ma liberté.
— Une femme qui abandonne son foyer tombe plus bas qu’une prostituée, l’avait récriminée sa mère, épouvantée. C’est un délit, condamné par la loi. Si André te dénonce, la police te cherchera, tu iras en prison comme une criminelle. Tu ne peux faire une folie pareille.
Tu l’avais faite, Florita, sans te soucier des risques encourus. C’est vrai, le monde était devenu hostile, ta vie des plus difficiles. Comme de convaincre cette nourrice d’Arpajon de garder tes trois enfants, tandis que tu chercherais du travail afin de payer ses services et l’entretien des petits. Et à quoi pouvais-tu travailler, alors que tu étais incapable d’écrire une phrase correctement. ?
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Mario Vargas Llosa
Tu n’avouerais à Teha’amana tes plans de retour en France qu’au dernier moment. Cela aussi se terminait. Tu devais être reconnaissant envers cette petite. Son jeune corps langoureux et son esprit éveillé t’avaient fait jouir, rajeunir, et parfois te sentir primitif . Sa vivacité naturelle, sa diligence, sa docilité, sa compagnie t’avaient rendu la vie supportable. Mais l’amour était exclu de ta vie, obstacle infranchissable pour ta mission d’artiste, car il embourgeoisait les hommes.

(Le Paradis - un peu plus loin, page 54)
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Sur le matelas, au ras du sol, nue, sur le ventre, ses fesses rondes dressées et le dos un peu courbe, tournant à moitié son visage vers lui, Teha’amana le regardait d’un air d’épouvante infinie […] Il avait encore au fond des yeux le spectacle ineffaçable de ces fesses froncées et soulevées par la peur. […] La fille nue serait obscène sans la peur qui se lit dans son regard et cette bouche qui commence à se tordre en grimace. Mais la peur ne diminuait pas sa beauté, elle l’accroissait plutôt, lui faisant serrer les fesses de façon si suggestive. Un autel de chair humaine sur lequel célébrer une cérémonie barbare. (*)
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Frais, rond, sain, enfantin, son rire effaçait le bruit de l'eau du lavabo, semblait emplir toute la nuit et monter jusqu'à ces étoiles qui, pour une fois, étaient apparues dans le ciel poussiéreux de Lima.
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- Tu n'es plus amoureux de moi ? fit-elle en riant.
- Bien sûr que si, apparemment. Pour mon malheur. Ce que tu m'as raconté me fend le cœur. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit, je veux que tu continues à me faire toutes les misères du monde. Est-ce que je peux t'aider de quelque façon ? Je ferai ce que tu me demanderas. Parce que je continue à t'aimer de toute mon âme, vilaine fille.
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Tout d'abord il n'avait eu que des mâles, au nombre de deux. Mais voilà, jamais il n'avait pensé que doña Zoila pût enfanter des femelles. Rude coup pour lui. La première fille constitua une déception, quelque chose qu'on pouvait attribuer au hasard. Mais comme la quatrième grossesse déboucha aussi sur un être sans phallus ni testicules visibles, don Federico atterré à l'idée de procréer désormais des êtres incomplets, interrompit drastiquement toute velléité de descendance (ce pourquoi il remplaça le grand lit dans leur chambre par deux lits jumeaux). Il ne détestait pas les femmes ; simplement, comme il n'était ni érotomane ni vorace, à quoi pouvaient bien lui servir des personnes dont les meilleures aptitudes étaient la fornication et la cuisine ?
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Bordel de merde de vérole de cul ! dit le gendarme avec philosophie.
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Dans ce pays, d'une façon ou d'une autre, tous avaient été, étaient ou seraient une partie du régime.
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Il se leva, alla aux toilettes, jeta son whisky dans la cuvette et tira la chasse. Il avait décidé que, tant qu'il serait chef de l’État du Guatemala, il ne boirait pas une goutte d'alcool de plus. Il respecta rigoureusement sa promesse jusqu'au jour de sa démission.
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