L'été 2003, suite à l'occupation de l'Irak par les Alliés, pour être plus précis par les États Unis,
Mario Vargas Llosa part 12 jours en Irak accompagner sa fille Morgana , photographe de guerre . de ses propres mots il ne représente personne et n'est qu'un écrivain sud‑américain venu voir ce qui se passe en Irak. Il cherche à comprendre si ce pays complexe fracturé par de multiples antagonismes et rivalités internes, origine de la plus ancienne civilisation du monde pourrait être sauvé et accéder un jour à une vie digne et libre ? Dans un pays dans l'anarchie totale, sans État, sans services, sans police, ni autorité, avec une ribambelle d'Ali Baba, il erre et observe pour avoir des réponses à mon avis qui n'existent pas vu que la question qu'il se pose n'en est déjà pas la bonne et que ce n'est pas avec une guerre suscité par des forces extérieures qu'un pays accède à sa liberté.
Llosa raconte divers anecdotes dont dans certaines à mon avis il dérape. Comme celle de Jamal N.Hussein, à qui on a tout volé ou brûlé, mais pour qui n'importe que les restes mortels de sa Fiât qui était la prunelle de ses yeux. le ton est condescendant presque ironique. Comment peut-on se permettre de transmettre en ces termes le malheur d'une personne dans un désarroi total. Et ce n'est pas à Llosa de juger qui tient à quoi dans la vie…. du peu qu'il entrevoit Paul Bremer « le gouverneur américain » chargé à l'époque de gérer l'occupation et sa suite il a l'impression que ce dernier semble se mouvoir comme un poisson dans ces eaux troubles des différends, des inimitiés , des fractions,….il doit être un bien fin psychologue ou devin pour en juger si vite.
Il rapporte aussi les paroles insignifiantes de l'archevêque Fernando Filoni, représentant du Vatican durant l'occupation comme si ce dernier nous apprenait quelque chose d'important et de nouveau ,« le Saint‑Père était contre cette guerre parce qu'il savait ce qui allait arriver, me dit‑il de sa bouche sans lèvres avec une grimace de regret ; guerre très facile à gagner, mais paix très difficile ensuite à gérer. ». Des paroles pour ne rien dire, n'importe qui connaissant la zone et la politique mondiale pouvait prévoir ce désastre. Mais bien sûr les Alliés dont les États Unis s'en fichait complètement , Après moi le déluge ! Quand on pense que Bush Junior ne connaissait même pas où se trouvait l'Irak avant la décision de l'occupation, de là à prévoir les conséquences de leur intervention soit disant pour sauver l'Irak de 35 ans de dictature….Saddam était le même Saddam quand ils l'ont soutenu et aidé durant la guerre contre l'Iran…..Les atrocités de Saddam étaient connus depuis des lustres, pourquoi être intervenu que quand cela a convenu à leur intérêt ???
Je me demande pourquoi publier aujourd'hui ce journal de guerre qui rassemble des articles écrit par Llosa en 2003 ? Déjà toutes les atrocités que raconte Llosa étaient révélés à travers la presse et les témoignages , donc rien de nouveau ni d'intéressant. Dix neuf années ont passé, et L'Irak (sans un mouvement national fédérateur comme les talibans en Afghanistan)reste toujours dans un chaos total, territorialement divisée, socialement fracturée, politiquement fragmentée, y compris dans ses alliances géopolitiques, avec un gouvernement de coalition impuissant. Les Américains ont dépensé des milliards pour former une armée irakienne qui n'a jamais pris forme, parce que composée à la base de miliciens et de mercenaires, ont mis en place des élites dirigeantes totalement déconnectées de la réalité sociale dans le pays, et comme toujours ont déguerpi sans rien résoudre laissant un pays en ruines.
Llosa a la fin de son bref séjour semble‑t‑il dire au terme de ce tableau halluciné, ce fut une guerre juste, même si ce terme est un oxymore. de la part de Llosa qui vient d'un pays d'Amérique du Sud où les États Unis ont quasi soutenu toutes les dictatures , ont régi des coups d'états et autres durant le XX iéme siècle ses propos semblent insensés ,(« L'Amérique latine qui figure parmi les victimes de l'hégémonie de l'Oncle Sam, porte les marques de ses interventions. Washington est intervenu avec succès pour opérer des changements de gouvernement en Amérique latine au moins 41 fois entre 1898 et 1994 », John Coatsworth, ancien administrateur de l'Université de Columbia et historien spécialiste de l'Amérique latine).
Pour conclure un ensemble d'anecdotes qui se lisent vite et non totalement dénuées d'intérêt même si parfois il dérape.
« La déraison n'est‑elle pas une constante de l'aventure humaine ? »
Un grand merci pour l'envoie de ce livre aux Éditions
De La Martiniére et NetGalleyFrance.
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