AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Mark Z. Danielewski (155)


« Je fais encore des cauchemars. D’ailleurs, j’en fais si souvent que je devrais être habitué depuis le temps. Ce n’est pas le cas. Personne ne s’habitue vraiment aux cauchemars.
Commenter  J’apprécie          40
L'angle du caméscope fixe ne nous permet pas de voir l'écran de sa Hi8. Seul le visage de Karen est visible. Malheureusement, pour une raison inconnue, elle est légèrement dans le flou. En fait, la seule chose qui est nette, c'est le mur derrière elle où sont toujours accrochés quelques dessins de Daisy et Chad. Le plan dure une quinzaine de secondes embarrassantes, puis brutalement cette surface immuable disparaît. En un rien de temps, le mur blanc ainsi que les dessins maintenus par du ruban adhésif jaune s'estompent dans un noir d'encre.

Karen étant tournée à l'opposé, elle ne remarque pas le changement. Son attention demeure fixée sur la Hi8 qui vient de finir de rembobiner la cassette. Même quand elle appuie sur la touche PLAY, la béance noire ne tremblote pas. En fait, elle semble presque attendre Karen, attendre le moment où elle détournera enfin son attention du minuscule écran et découvrira l'horreur qui se dresse derrière elle, ce qui est bien sûr exactement ce qu'elle fait lorsqu'elle découvre que la cassette vidéo ne montre
Commenter  J’apprécie          32
Il y a une éternité j'étais recroquevillée dans l'ombre et l'instant d'après me voilà avec toi. Quelle profonde différance.
Commenter  J’apprécie          30
Ainsi, c'est là l'ultime vestige du sens. Une vie entière achevée en l'espace de deux plans. La ligne obscure où l'œil persiste à voir encore une chose qui n'a jamais été là.
Commenter  J’apprécie          30
Les troubles de Navidson n'ont peut-être pas créé la maison, mais ils ont fini par façonner sa façon de l'affronter.
Commenter  J’apprécie          30
C'est ça qui est cool, garder la main froide quand
on a rien.

Donn Pearce
& Frank R. Pierson
Luke la main froide
Commenter  J’apprécie          30
Quelque chose a cassé. Pas même un bruit pour signaler la rupture et encore moins la chute. La désintégration attendue depuis longtemps, quand le grand ange noir, l'inconcevable horreur s'installe enfin sur ma poitrine, m'enveloppant définitivement dans ses vastes ailes, noires comme de l'encre, veinées de violet. Une créature sans voix. Une voix sans nom. Aussi immortelle que ma vie. Venue enfin ici pour invoquer le vent.
Commenter  J’apprécie          30
(...) on aborde toujours l'inconnu avec plus de prudence la première fois. Ainsi, il apparaît beaucoup plus expansif qu'il ne l'est réellement. Lors d'une seconde visite, la connaissance du terrain contracte de façon dramatique la perception des distances.
(...)
Quand nous retournons dans des endroits que nous avons fréquentés enfant, il n'est pas rare de trouver combien tout paraît petit. Cette expérience a trop souvent été attribuée aux différences physiques entre l'enfant et l'adulte. En fait, elle est davantage liée aux dimensions épistémologiques qu'aux dimensions corporelles : la connaissance agit comme de l'eau chaude sur la laine. Elle rétrécit le temps et l'espace.
Commenter  J’apprécie          30
et que ce vaste monde bleu qui est le nôtre
ressemble à une maison des feuilles

quelques instants avant le vent.
Commenter  J’apprécie          30
Les réponses fournissent des moments lumineux de compréhension parfaitement adaptés aux enfants qui habitent encore un monde où les solutions sont aisément disponibles. Dans la forme des devinettes gît une promesse implicite : tout le monde peut les résoudre. Aussi les devinettes rassurent-elles l'esprit de l'enfant (...).
Le monde des adultes, toutefois, produit des devinettes d'une variété différente. Elles n'ont pas de réponses et sont souvent qualifiées d'énigmes ou de paradoxes. Mais la trace d'une formulation propre à la devinette les corrompt et laisse entendre l'écho de la règle fondamentale du genre : il doit y avoir une réponse. De là naît le tourment.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai fini par apprendre que Zampanò mentionnait de temps à autre sept noms : Béatrice, Gabrielle, Anne-Marie, Dominique, Eliane, Isabelle et Claudine.
Apparemment, il n'en parlait que quand il était triste et, pour une raison ou une autre, la proie soudaine d'un passé sombre et embrouillé. Sept maîtresses : voilà au moins qui est plus réaliste qu'une unique et mythique Hélène. Même à quatre-vingts ans passés, Zampanò recherchait la compagnie du sexe opposé. Ce n'est en rien une coïncidence si toutes les personnes qui lui faisaient la lecture étaient des femmes. Comme il le reconnaissait ouvertement : "Il n'y a pas de plus grand réconfort dans ma vie que les intonations apaisantes nichées dans la parole féminine."
Commenter  J’apprécie          37
Les bleus, les bleus profonds
sont pour moi de l'absinthe
ce soir.

"Ce sont les notes
et les photographies en noir et blanc
aux bordures abîmées
qui vont si bien ensemble
- Tu ne trouves pas? -
avec le cuivre."

"Tu es perdu."
"Je sais."
"Encore."
"Encore."

[...]
Commenter  J’apprécie          20
Quelle que soit la chose qui vient chercher ceux qu'on ne revoit jamais, elle est là, et c'est de* lui qu'elle vient.

*Coquille. Il faut lire "pour".
Commenter  J’apprécie          20
... en revenant du salon de tatouage, une chose étrange s'est produite. e dis "étrange" parce qu'elle ne semble reliée à rien - rien de ce qu'a dit mon patron ou de ce qu'a fait Navidson ou de quoi que ce soit qui me vienne immédiatement à l'esprit. Je rentrais chez moi en voiture quand tout à coup, je me suis aperçu que je m'étais trompé. Il avait bien été question de Texas, mais pas de l'État. Et qui plus est, ce souvenir m'est revenu avec une extraordinaire netteté, aussi clair et dégagé qu'un beau ciel bleu à L.A., ce qui n'arrive en général que l'hiver, quand le vent souffle fort et que la brume relâche son emprise sur les collines, de sorte que la ligne entre la terre et le ciel apparaît soudain avec la forme des feuilles, des milliers de feuilles sur des milliers de branches, jetées contre
un ciel opalin-
Commenter  J’apprécie          20
La maison est de l'histoire et l'histoire est inhabitée.
Commenter  J’apprécie          20
Ce qui pourrait prêter à sourire, si je n'avais pas fini par comprendre que l'ironie est une ligne Maginot tracée par celui qui est déjà condamné - ce qui bizarrement me fait quand même sourire.
Commenter  J’apprécie          20
On lui apporte bientôt une assiette pleine de riz pilaf avec 2 gros trucs charnus.
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Des cojones, señor."
"C'est quoi, des cojones ?"
"Des cojones, ce sont les testicules du taureau qui a perdu dans l'arène aujourd'hui."
Au début il hésite, puis il se lance et goûte. Et il trouve ça délicieux. Une semaine plus tard, il retourne dans le même restaurant et commande la même chose. Cette fois, quand le plat arrive les portions sont beaucoup plus petites et n'ont pas aussi bon goût. Il appelle aussitôt le serveur.
"Hé, c'est quoi ça?"
"Des cojones" répond le serveur.
"Non non, j'en ai pris la semaine dernière et ils étaient beaucoup plus gros."
"Ah, Señor, le taureau ne perd pas à chaque fois !"
Commenter  J’apprécie          20
Que connaissait vraiment Dieu aux frères (ou d'ailleurs aux sœurs) ? Il était après tout enfant unique et avant toute chose un père solitaire.
(À propos du mythe biblique d'Esaü et de Jacob, les deux frères rivaux.)
Commenter  J’apprécie          20
Vous ne serez plus la personne que vous aviez cru être auparavant.
Commenter  J’apprécie          20
Comme si en suivant l'image imprimée dans le journal il pouvait d'une certaine façon escamoter les détails de la mort, faire disparaître le taxi où l'homme qu'il considérait et aimait comme un dieu agonisa et mourut (...), et en dissolvant ainsi le ciel noir faire revenir celui qui était bleu.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Mark Z. Danielewski (1522)Voir plus


{* *}