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Critiques de Martin Aurell (32)
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L'Empire des Plantagenêt

Un livre érudit écrit par un spécialiste de l’histoire médiévale, dont celle des Plantagenêt.

En 1154, le roi de France Louis VII accepte, à Rouen, l’hommage de son vassal Henri II Plantagenêt pour ses principautés territoriales. Depuis son mariage avec Aliénor d’Aquitaine le 18/05/1152 - répudiée par Louis VII en 1152 -, le jeune héritier du trône d’Angleterre, a également pris possession de la Normandie, de l’Anjou et du Maine, le Poitou, la Gascogne et le Limousin.

Trois générations se succèdent à travers des luttes impitoyables entre les frères avec leur père : Henri le Jeune, Geoffroy, Richard Coeur de Lion, Jean sans Terre, dont la mutinerie en 1173-1174 avec l’aide de leur mère. Pour asseoir leur pouvoir et les acquis territoriaux, guerres, vengeances et meurtres sont au menu. L’assassinat de l’archevêque Thomas Becket à Canterbury en 1170 sera le plus retentissant. Thomas était engagé dans un conflit avec le roi sur les droits et privilèges de l'Église catholique.

Après 75 années de batailles, de conquêtes, de prestige et de morts prématurées, le dernier descendant d’Henri II, son petit-fils Henri III, le fils de Jean sans Terre, doit céder le Poitou en 1224 au roi de France Louis IX : l’empire Plantagenêt n’est plus.

Pour les passionnés de cette époque, un livre référence incontournable.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Aliénor d'Aquitaine

Une excellente biographie d'Aliénor d'Aquitaine ! Il faut dire que Martin Aurell est un médiéviste spécialiste de surcroît des Plantagenêts.

J'ai tout aimé : la présentation familiale avec la jeunesse d'Aliénor (on se retrouve très bien au milieu de ses grands-parents, de ses enfants, et des liens avec les monarchies alors en place), son premier mariage avec Louis VII, les développements avec son second mari, Henri II d'Angleterre, tout comme d'ailleurs, les deux dernières parties, mettant en scène plus particulièrement ses fils Richard Coeur de lion et Jean sans terre.



L'auteur expurge la biographie d'Aliénor de toute la création romanesque et des fantasmes qui l'entourent, que ce soit de son vivant ou ultérieurement. Il parsème cependant son livre d'anecdotes intéressantes, il contextualise les lieux géographiques, les actions et les usages en les insérant dans le cadre de l'époque, sans jamais être ennuyeux. Il parvient également à décrire le 12è siècle avec une clarté bienvenue, qui évite ainsi toute mauvaise interprétation de notre part. Il rend l'histoire de France et d'Angleterre, vivante et dynamique, avec ses conflits, ses réconciliations et les choix politiques souvent liés aux territoires à garder ou à conquérir.

Je l'ai lu d'une traite, avec le même plaisir que s'il s'agissait d'un roman, et avec une envie folle, au point final, de recommencer du début, tellement la figure de cette reine me fascine.

Bref, j'ai adoré !







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Aliénor d'Aquitaine

Bon ouvrage pour découvrir le personnage. L'auteur sépare la vie d'Aliénor en quatre parties : reine de France, reine d'Angleterre, prisonnière (pendant 15 ans suite à une révolte contre son mari) et reine-mère. À travers cette biographie, ce sont aussi celles d'Henri II, de Richard coeur de lion ou de Jean-sans-terre qui sont racontées. J'ai particulièrement apprécié les narrations du divorce d'Aliénor, autorisé par L' Église (c'était relativement commun avant le concile de Latran), ainsi que les tensions entre le roi Henri II et son meilleur ami Thomas Beckett, archevêque assassiné dans son église.



Ceux qui connaissent déjà l'épopée trouveront certainement le livre trop court, pas assez poussé. Ceux qui, comme moi, n'ont pas une appétence démesurée pour le Moyen-Age, peuvent apprécier une narration simple et efficace. Bien sûr l'imbroglio de querelles familiales reste toujours (un peu) nébuleux, heureusement que le livre commence par un arbre généalogique auquel on peut se référer.
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Des Chrétiens contre les croisades: XIIe-XIII..

Angle d’étude intéressant que celui d’aborder les croisades par ses détracteurs au sein de la Chrétienté. Une démarche aussi fraiche que l’était celle d’Amin Maalouf avec ses « Croisades vues par les Arabes ».



Bon ouvrage, bien documenté et intéressant. L’axe est original, nous offrant une autre lecture des croisades notamment cette discordance entre le message pacifique du Christ et la violence de ces guerres ; ce mélange du spirituel et du temporel,…

Quelques redondances toutefois et une structure un poil trop énumérative. Cela en devient parfois lourd à la lecture.



Un livre utile et nécessaire, tranchant avec les autres productions sur ce même sujet.



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Excalibur, Durendal, Joyeuse

En étudiant l’épée médiévale, tant dans sa réalité matérielle que dans son aspect symbolique, Martin Aurell livre une belle étude sur l’aristocratie et son imaginaire.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'Empire des Plantagenêt

Belle étude de l'Empire des Plantagenêts qui sous la férule d'Henri II va tenter de trouver une union au sein de peuples ou de régions somme toute assez disparates allant de l'Ecosse aux Pyrénées. L'homme fut un habile tacticien et un politicien hors pair. Il tenta de construire une véritable idéologogie de rasemblement en utilisant la geste des chevaliers de la table ronde et les légendes arthuriennes. Les tensions restèrent cependant toujours forte au sein de la dynastie comme l'illustrent les personnages de Richard Coeur de Lion ou de Jean Sans Terre. Enfin, l'auteur cconsacre tout un chapitre à l'affaire Thomas Becket, très intéressant également
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Excalibur, Durendal, Joyeuse

Le titre même de l'ouvrage l'indique : les personnages principaux ne vont pas être les rois ou les guerriers, mais leurs armes, leurs épées. Et ce sont les épées les plus évocatrices du Moyen-Âge : Excalibur et Arthur, Durandal et Roland, Joyeuse et Charlemagne puis les rois de France. Elles sont associées étroitement à leur porteur, qui leur est étroitement associé : les deux sont unis dans l'imaginaire, dans l'histoire, dans la littérature.

C'est tout le but de cet essai historique : Martin Aurell utilise à la fois les textes littéraires, chansons de gestes, premiers romans français et sagas nordiques islandaises ou danoises - me donnant d'ailleurs l'envie d'en trouver certaines pour le sens de l'épique et des trahisons familiales, mais en français ! Dans les textes fictifs, les épées sont des personnages à part entière, avec un nom, une généalogie, des pouvoirs surnaturels - divins ou mythologiques, un caractère propre aussi : une épée peut ainsi être féroce ou miséricordieuse. Oui, l'épée est un être vivant, qu'il faut nourrir - de chair, de sang, d'amitié voire d'amour. Elle devient même un objet sacré, sacralisé, grâce aux reliques qu'elle peut contenir dans son pommeau, aux invocations religieuses gravées sur la lame, et, par analogie, à sa forme de croix.

Toutes ces réflexions sur les textes sont comparées aux pratiques archéologiques : quels rituels pour l'adoubement, pour l'entraînement à la guerre, quelles techniques de fabrication...

Un essai dense mais passionnant, qui donne envie de relire des textes médiévaux. De belles illustrations. Je pourrais regretter que, dans la conclusion, d'autres épées légendaires en-dehors du Moyen-Âge ne soient pas plus évoquées - même si ce n'est pas forcément un travail historique pour un médiéviste : Anduril et Aragorn, Grand-Griffe de Jon Snow...
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Hommes et Femmes du Moyen Age

Les 4 étoiles que je donne à cet ouvrage ne sont évidemment pas mon opinion sur le fond,je n'ai aucune compétence pour critiquer le travail de l'auteur, médiéviste reconnu et fort réputé ainsi que de la vingtaine d'historiens médiévistes qui ont participé à cette écriture.

Le livre comprend cent courts portraits d'hommes et femmes qui se sont distingués pendant près de 1200 ans dans des domaines différents.( 1/4 seulement de portraits de femmes,pour beaucoup des religieuses, ça donne à penser...).

Personnellement j'ai été dérangée par la taille réduite de ces portraits, certains me laissant avec des interrogations nouvelles qui vont m'inciter à lire d'autres ouvrages pour en apprendre plus,par exemple sur l'ampleur croissante du culte marial et comment cela a transformé la place de la femme dans la société ou sur la place des homosexuels dans la société moyen ageuse , acceptés jusqu'au 13 ème siècle avant d'être vilipendés par une religion de plus en plus normative.

Ce sont quelques exemples qui me viennent,le livre foisonne de détails passionnants, d'érudits scientifiques, philosophes, religieux, hommes de guerre.

J'ai moins aimé la partie personnages imaginaires .

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Aliénor d'Aquitaine

Enfin ! Une Biographie d'Aliénor d'Aquitaine expurgée de toute emphases, de toute idéologies : Féminisme, antiféminisme (et autres ismes) contre les Anglais ou Pour les Anglais ; Pro croisade, anti croisade ect.

La figure d'Aliénor à souvent cristallisé toute sorte d'idéologies. Ici rien de tout cela, l'auteur est neutre et érudit, on en apprend beaucoup sur Aliénor et le 12èmè siècle, le tout sans fanfares ni tambours.
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Excalibur, Durendal, Joyeuse

L’essai explique l’importance de l’épée dans l’imaginaire médiéval.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
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Hommes et Femmes du Moyen Age





Jacques Le Goff nous fait découvrir un panthéon ayant marqué le Moyen-Âge. Période riche en évènements, ce travail de passionnés montre bien que cette époque est riche en de multiples domaines (littérature, peinture, architecture, politiques …).



Tout d’abord, l’étalement dans le temps donne le tournis. Le premier a se faire tirer le portrait est Saint-Martin-de-Tours en 325 pour finir en 1506 avec Christophe Colomb soit 1181 années. Autant dire qu’il s’en passe des trucs. Comme comparaison, c’est comme si on abordait un livre qui commence en 2019 pour finir en 3200.



L’utilité de ce livre n’est pas que dans son étalement dans le temps. Il nous fait rencontrer des personnes que l’on avait croisé dans d’autre livres sans savoir avec précision leurs histoires (pour mon cas, ça a été Suger et quelques autres). Puis on aborde des personnes que l’on avait jamais croisé auparavant, mais qui à la sortie du chapitre, nous fait dire qu’elle mérite d’être dans un livre d’Histoire, comme Mathilde de Canossa ou Cola Di Rienzo; On croise aussi des « Grands ». Noms évoquant de suite une œuvre ou une image mentale, on ne connaissait pourtant rien de lui. Dante Alighieri fait partie de cette catégorie. Avant, on n’avait retenue que des « Enfers » sans trop savoir pourquoi maintenant, on sait son nom entier et sa date de mort (de tête :1321 (facile : 13...2...1…)).



N’étant pas du métier et commençant à découvrir l’Histoire, évidemment que je n’en ai retenue que des fragments sur la multitudes de détails et de personnages historiques. Loin d’être qu’un simple ouvrage sur la période médiévale, ce livre m’a vraiment fait comprendre la richesse de notre Histoire et les merveilles de certains noms pour que, 1181 années plus tard, je vous écrive ses mots.

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Hommes et Femmes du Moyen Age

Retour sur dix siècles d'histoire à travers les portraits croisés de tous les personnages historiques importants de l'époque.

L'ouvrage est divisé en cinq parties qui suivent un ordre chronologique sauf pour la dernière, peut être ma préférée, sur les personnages imaginaires.



Cet essai est très instructif, permet de déconstruire les idées préconçues sur le Moyen-Âge, de mieux appréhender toute la richesse de cette période.

Différents historiens interviennent dans l'ouvrage, offrant une myriade de portraits intéressants mais souvent redondants, ce pourquoi je conseillerai de lire ce livre sans forcèment suivre l'ordre des pages mais plutôt en se concentrant sur les personnages qui nous intéresse particulièrement ( Attila, Dante, Arthur, Averroes,... par exemple en ce qui me concerne ). Un livre instrutif où piocher plein d'informations historiques sur les hommes et femmes qui ont façonné le Moyen-Âge, plus ou moins connus, mais tous importants à leur façon.
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Aliénor d'Aquitaine

C’est [...] davantage un portrait de l’ensemble de l’époque qu’une biographie d’Aliénor d’Aquitaine que Martin Aurell propose. Et lorsqu’on parle de portrait d’ensemble, on doit reconnaître que les sources disponibles parlent beaucoup des hommes et très peu des femmes.
Lien : https://www.lapresse.ca/arts..
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Aliénor d'Aquitaine & l'essor de Fontevraud

Livret d'une cinquantaine de pages dont seulement une douzaine consacrées au texte principal qui n'apporte pas grand chose de plus que ce qu'on peut lire sur Wikipedia. Les illustrations commentées sont plus intéressantes.

Même si l'ensemble est un survol, on comprend néanmoins très bien qu'Aliénor était une femme à la personnalité exceptionnelle, probablement la plus puissante de son époque en Occident.
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L'Empire des Plantagenêt

L'empire des Plantagenêt: 1154-1224

Puissance et décadence d'une grande famille politique au Moyen-Age. Par son union avec Aliénor d'Aquitaine en 1152, le jeune héritier du trône d'Angleterre, Henri II, contrôle un vaste territoire : de l'Ecosse aux Pyrénées, de l'Irlande au Limousin, l'empire des Plantagenêt vient de naître.
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Des Chrétiens contre les croisades: XIIe-XIII..

.Des prêcheurs hystériques appelant à la guerre sainte et au massacre des juifs, des pouvoirs politiques se servant de la religion pour manipuler les peuples au service de leurs ambitions ... c'était au XII ème siècle , les croisades , c’est aussi maintenant .Une conclusion déprimante , rien ne change jamais, une certitude, le rôle nocif de la religion , un (mince) espoir ,il y a toujours des voix qui s’élèvent contre le rugissement des haineux et des foules endoctrinées
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L'Empire des Plantagenêt

Voilà un ouvrage d’une grande richesse sur un sujet qui ne l’est pas moins. Sacrée famille , les Plantagenêts ! On a pu les surnommer « les Atrides du XIIème siècle » tant fut agitée la vie de leur clan . Des personnalités exceptionnelles : Henri II ,Aliénor d’Aquitaine, Richard Cœur de Lion,Jean sans Terre, qui ont laissé dans l’histoire une aura quasi mythologique mais aussi un empire qui , si disparate qu’il fut , n’en constitua pas moins une grande puissance . Sans oublier un usage particulièrement moderne du « soft power » par l’intermédiaire de poètes et troubadours. « Un ouvrage riche , à lire et à méditer » comme l’écrivait mon savant et regretté ami Jean Flori autre grand médiéviste.
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Hommes et Femmes du Moyen Age

ET LUX FACTA EST.



Qui, mieux que le directeur de cet ouvrage captivant pouvait résumer l'intention fondatrice de celui-ci ? Écoutons-donc un instant Jacques Le Goff, immense médiéviste qui su, parmi quelques autres tels Georges Duby (qu'il cite d'ailleurs régulièrement) et dans la lignée d'un Fernand Braudel, rendre sensibles et vivants des temps pourtant si incroyablement lointains de nous par tant d'aspect, sociaux, culturels, politiques, économiques et, plus que tout le reste réuni peut-être, spirituels. Voici donc quelques mots de ce qu'il en explicite dans son introduction :



«L'histoire semble se présenter dans ce livre sous une forme relativement périmée, puisqu'elle s'appuie essentiellement sur les grands personnages. Or, depuis le mouvement des Annales, au milieu du XXème siècle, on va chercher l'essentiel de son sens dans l'ensemble des sociétés et des couches sociales. Les historiens qui ont conçu et composé cet ouvrage ont cependant pensé que les hommes et femmes célèbres pouvaient être les étendards très parlants d'une société et d'une époque. C'est donc en tant que révélateurs de leurs temps et héros de la mémoire historique que sont présentés les individus qui illustrent ce livre collectif.»



Le professeur "inventeur" du «très long moyen-âge», qui conteste ainsi le fractionnement arbitraire et, somme toute, relativement récent de l'histoire en "Moyen-Âge puis "Renaissance" pour en arriver à "l'Ancien Régime", estimant que les caractères essentiels du Moyen-Âge se poursuivent jusqu'au XVIIIè, siècle au cours duquel se créent deux véritables modernités - autres que relativement cosmétiques - à savoir la naissance de l'industrie moderne en Angleterre et la Révolution en France (mais il ne s'agit évidemment pas dans ce volume de dépasser les dates (476 - 1492) parfaitement arbitraires mais traditionnellement admises, dans notre pays, pour délimiter cette hypothétique période médiévale plus concentrée - qui représente tout de même pas moins de 1016 longues années, c'est à dire presque le double d'années qui nous séparent, en 2019, de cette date conclusive !), Jacques Le Goff, donc, poursuit un peu plus loin de cette manière :



«Les personnages de ce volume ne se limitent pas à offrir une image résumée de leur vie et de leur célébrité. Ils sont ici en tant que témoins de leur époque, car à travers eux l'Histoire a connu à la fin du XXèle siècle un tournant ; de même que l'histoire événementielle a cédé en général la place à une histoire plus globale, plus profonde, et plus collective, les grands personnages qui l'ont animée ont été vus comme emblématiques d'une période, d'une société, d'une civilisation. Telle est donc, résumée en quelques points, l'image du Moyen-Âge présentée ici à travers ces personnages ; cette vision est d'abord la mienne ; elle est aussi plus ou moins partagée par les historiens qui ont acceptés d'écrire un ou plusieurs articles de cet ouvrage collectif.»



Et - presque - de conclure par ces mots auquel nous ne saurions qu’acquiescer, tant les lectures consacrées à cette (ces) période(s) n'ont de cesse de le démontrer :



«Mon Moyen-Âge s'éloigne radicalement - il en est presque le contre-pied - de l'image d'un Moyen-Âge obscurantiste, ce que les Anglais ont appelé les "Dark Ages". Cette image s'est développée avec les humanistes de la Renaissance, avec les philosophes et les historiens du siècle dit des Lumières, le XVIIIè, et n'a été que partiellement restaurée par les goûts nouveaux du romantisme et par l'étude positiviste du XIXè siècle, plus proche des documents et mieux armée d'esprit critique. Le long Moyen-Âge que j'évoquais plus haut - mais cela vaut aussi pour le Moyen-Âge traditionnel, qui s'étend du IVè siècle à la fin du XVè siècle - est une période beaucoup plus positive et progressiste qu'on l'a pensé (même si le terme «progrès» n'y existe pas au sens moderne).»



Qu'ajouter de plus, sinon que ce document, réalisé sous la direction de Jacques Le Goff, compte quarante-quatre contributeurs, parmi lesquels Martin Aurell, Michel Banniard, Philippe Contamine, Bruno Dumézil (jeune et brillant spécialiste de la période du Haut-Moyen-Âge), Régine Le Jan, Jacqueline Risset (autrice d'un saisissant article consacré à Dante, et dont elle est l'une des grandes spécialistes), André Vauchez (un de nos meilleurs professeurs français en matière de sainteté et de spiritualité au Moyen-Âge), etc... Autant de chercheurs, universitaires, scientifiques, auteurs (toutes mes excuses à ceux que je n'aie pu citer ici) qui, dans leur domaine d'excellence nous donnent à découvrir, par le biais de ces "étendards" soulignés par Jacques Le Goff, une période complexe et ô! combien vivante. Une ère tour à tour lumineuse et sombre, en replis ou en expansion, bien plus cultivée et créatrice que cela n'est sans cesse seriné. Le temps d'une Europe en devenir ; une civilisation certes toute tournée vers sa foi en Dieu et au Christ mais où la place de la religion et surtout celle de ses représentants sur terre - moines, clercs, papes - est en constante évolution et jamais aussi monolithique ni absolue qu'on peut aujourd'hui se le représenter. Ainsi, s'il est alors inconcevable de ne croire en rien, les hérésies y pullulent, les contestations de l'autorité des évêques, a fortiori du pape, y sont légion et si le grand rêve monachique traverse presque toute cette longue période, elle demeurera à jamais un rêve, un genre d'absolu, pas une réalité tangible.



C'est aussi la refondation - tout autant que les premiers prémices - de cette Europe que nous peinons aujourd'hui tant à bâtir qui se profile alors peu à peu sur les décombres jamais tout à fait oubliés de l'Empire Romain (en cela la "Renaissance" n'en est pas une autant qu'elle a voulu le faire croire). Bien sûr, il ne s'agit ici, pour l'essentiel, que de personnages de "premier plan" : Papes, docteurs de l'église, saints canonisés, rois (sans doute "la" grande marque politique du Moyen-Âge, ce régime devenant la norme dans toute l'Europe), quelques "grands commis" d'états - pardon pour l'anachronisme - dont les contours sont encore très flous, très fluctuants, quoique de moins en moins au fur et à mesure de l'avancée dans les siècles. S'y ajoutent le portrait de quelques écrivains profanes, quelques premiers grands peintres (les créations musicales, picturales ou littéraires mettront très longtemps à s'individuer, l'anonymat des créateurs étant longtemps la norme, les créations étant d'ailleurs bien souvent collectives). Pour s'achever sur les portraits de personnages imaginaires (Le Roi Arthur, la Papesse Jeanne, Jacques Bonhomme, Mélusine, Roland, Satan, La Vierge Marie, etc) dont on peut sans peine affirmer qu'ils donnent autant à comprendre le Moyen-Âge que les notices consacrées à des individus, femmes ou hommes, ayant véritablement vécus, ces premiers ayant pris pour ainsi dire corps dans les esprits de cette période.



C'est donc tout autant le reflet d'une ère que les portraits de 112 de ses acteurs - prestigieux ou plus confidentiels - que l'on découvre au fil de ces pages. On pourra peut-être regretter la part congrue réservée aux femmes mais, Jacques Le Goff s'en explique presque autant qu'il s'en excuse, il faut bien admettre qu'elles n'ont elle même que la part congrue dans les traces que les temps nous ont laissé. D'ailleurs, de l'avis de l'historien «cette inégalité [NB entre portraits d'hommes et ceux de femmes] n'est pas le reflet de celle que notre modernité a perpétué dans la plupart des sociétés humaines, y compris la nôtre ; elle est le reflet documenté de la place réelle des femmes au Moyen-Âge. On verra d'ailleurs que cette infériorité n'est pas toujours aussi évidente que l'on croit». À bon entendeur !



En résumé, cet ouvrage de quelques cinq cents pages passionnantes, pleines de surprises et de belles découvertes est un véritable petit bréviaire - le terme n'est pas anodin, s'agissant de cette période - à destination de lecteurs curieux et avides de lectures intelligentes tout en étant parfaitement accessibles, ouvrant large sur d'autres perspectives (ne nous cachons pas que nombre des biographies proposées ici ont un enthousiasmant "goût de trop peu" et qu'il laisse libre à chacun d'aller y voir un peu plus en profondeur), démontant sans en avoir l'air un nombre infini de lieux communs, de contre-vérités, de fantasmes et autres billevesées que l'on a coutume d'entendre - bien trop souvent - sur cette période d'une richesse inouïe, celle qui fonda tout un pan de notre imaginaire, de notre recherche du beau et de notre intellect : que l'on songe au cycle Arthurien sans cesse revisité, aux sagas islandaises, à l'imaginaire féerique sans lequel nos "littératures de l'imaginaire" serait certainement bien différent, à l'émergence des ancêtres de nos actuelles autobiographies, à la première redécouverte de la philosophie grecque - Platon et Aristote en tête -, aux premières bases de la représentation graphique réaliste du monde après l'avoir représenté de manière essentiellement symbolique dans un premier temps, à la création de la notation musicale telle qu'elle perdure encore aujourd'hui, etc, etc, etc.



Ouvrage à lire d'une traite, à découvrir sans urgence ou à reprendre au fil des envies, cet "Hommes et Femmes du Moyen Age" est une porte d'entrée faramineuse dans un univers tout à la fois proche (par l'engouement qu'il suscite) et terriblement lointain que furent ces mille années passées.
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La légende du roi Arthur : 550-1250

Un très riche travail, mais parfois un peu difficile à lire... Très éclairant au final
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Des Chrétiens contre les croisades: XIIe-XIII..

Martin Aurell fait oeuvre pionnière en France.

Nous avons eu une longue suite d'historiens qui ont vanté l'esprit de Croisade et l'exploit guerrier que représentait l'expédition Outre-mer, comme on le disait en ce temps-là, et qui fut maintes fois répétée, sous un prétexte religieux de sécurisation des Lieux Saints en Palestine, au Liban et en Syrie, menacés par l'expansion musulmane et la poussée turque seldjoukide. De François Michaud à René Grousset, en gros.

Puis, il y eut la longue série des histoires des Croisades qui présentèrent les choses sous l'angle narratif et critique, sans plus. Mettons jusqu'à Jean Richard, ce qui donna de bonnes synthèses.

On eut droit à l'analyse du phénomène du point de vue idéologique, et dans le rapport établi avec les entreprises coloniales impérialistes menées par les Occidentaux aux XIXe et XXe siècles. Il y eut aussi l'approche des Croisades considérées par les Orientaux et par les Arabes (Amin Maalouf et autres).

Voici que Martin Aurell innove - en France du moins, car il y a eu tout de même Criticism of Crusading d'Elisabeth Siberry en 1985 - et va nous dénicher, dans les archives françaises, italiennes et allemandes, entre autres, tous les textes de ceux qui s'élevèrent contre les Croisades, des oppositions parfois radicales, et pour des raisons liées aux valeurs philosophiques et spirituelles d'amour, de fraternité humaine et de charité véhiculées par le christianisme. On pense ici au Clunisien Pierre le Vénérable, qui était en dispute avec le Cistercien Bernard de Clairvaux qui lui soutenait à fond l'entreprise de croisade et la création de la milice du Christ que voulut être l'ordre du Temple.

Il y eut aussi des dénonciations littéraires de la Croisade, attaquée sous plusieurs angles : intérêts sordides de gens qui se lançaient dans l'affaire pour mettre la main sur le bien d'autrui, juif, byzantin, musulman, etc. ; antisémitisme larvé ou violent manifesté par les Croisés alors qu'ils traversaient les pays européens pour gagner la Terre Sainte ; détournement d'objectif avec la Quatrième croisade tournée contre Constantinople par les Vénitiens ; etc.

Le livre d'Aurell vient incontestablement combler une lacune, et l'on notera l'abondance de sources et la richesse de la bibliographie qui renvoient à des textes qui montrent que la condamnation de la Croisade, en tant que telle, fut le fait de beaucoup d'esprits éclairés, que leurs hiérarchies et que les majorités d'opinion veillèrent toutefois à marginaliser comme l'expression de gens qui restaient au fond minoritaires dans leurs milieux.

Le thème et lr contenu du livre de Martin Aurell deviennent, de fait, des éléments de plus à prendre en compte dans l'étude des Croisades.



François Sarindar, auteur de : Jeanne d'Arc, une mission inachevée (2015)
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