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Critiques de Maryam Madjidi (220)
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Marx et la poupée

Goncourt du premier roman 2017

L’ important, c’ est premier roman.

Comme souvent, une autobiographie.L’ histoire d’un exil depuis l’ Iran après la Révolution vers la France

Maryam a six ans et le raconte avec son ressenti d’enfant

L’arrivée en France, la barrière de la langue, primordiale, le rôle des parents agrippés à leur culture, l’ isolement social, mais aussi la curiosité naturelle de l’enfant pour ce nouveau monde inconnu

Cette partie est intéressante

Rien de bien original car,comme bon nombre de lecteurs , j’ai déjà beaucoup lu sur l’ Iran tant sur le plan historique que sur le problème du déracinement et de la double culture qui n’est pas spécifique à l’Iran

Avec toujours cette question récurrente : sur le long terme ,est-ce une chance ou doit-on laisser perdurer la nostalgie et s’accrocher à ses racines géographiques et culturelles?Lire Atiq Rahimi, la Ballade du Calame

Historiquement, je connais bien le parcours de Khomeini et l’avénement de la « Révolution «  car j’ étais en Iran l’année précédente

Cette partie historique est occultée.Logique quand c’est l’enfant qui parle

Un peu plus surprenant quand Maryam Madjidi fait parler ses personnages des années après

Car le livre devient un peu décousu au fil de la lecture en mélangeant les périodes

Quand plus de 15 ans après, l’enfant, devenu adulte et française retourne en Iran , le livre tombe dans une caricature assez douteuse et racoleuse . Le grand amour, etc… Aucune mise en perspective politique ou sociale alors qu’ elle est sensée avoir un niveau culturel universitaire

Ma conclusion : une autobiographie facile à lire mais qui manque de profondeur

A réserver à ceux qui ne connaissent rien sur le sujet , ce qui limite son intérêt pour les lecteurs et lectrices de Babélio
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Marx et la poupée

Je le dis où pas j'ai adoré pour un 1er roman Maryam Madjidi laisse éclater ses talents de conteuse : C'est un récit très original, enchanteur, linéaire, poétique, sensible, autobiographique, qui laisse rêveur où j'ai tout aimé.

Un bref résumé du livre : Une petite fille de six ans vient s'installer en France avec son père et sa mère communiste, après la révolution d'Iran….il faudra prendre le temps de le lire… pour en connaitre toutes les beautés.

Il est plus qu'un coup de coeur, il est sublime et c'était pour moi le bon moment de le lire…. J'ai même envie d'approfondir sur l'histoire iranienne et il donne aussi envie de découvrir les poèmes d'Omar-Khayyam cité par l'auteure.

Une belle surprise de lecture, un livre qu'on m'a prêté qui mélange souvenirs personnels, nostalgie, l'exil d'un pays pour un autre,la double culture, l'intégration, et les questions identitaires, la tristesse du déracinement mais aussi la reconstruction et la réconciliation avec soi-même.

Beaucoup de sujets qui sont des sujets d'actualité.

Pour finir de vous convaincre j'ai du mal à le lâcher même terminé il est toujours auprès de moi et j'ai envie de relire certains chapitres pris au hasard un peu comme de court poème.





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Je m'appelle Maryam

J'ai lu Je m'appelle Maryam avec mes deux fils, dans le cadre de prix littéraires organisés à l'école. Et ce fût une excellente découverte qui nous a permis de discuter de l'immigration de manière concrète et empathique.



L'on suit la petite Maryam dans son périple, de son pays Là-bas où ses poupées ont été dispersées et où vit encore sa mamie tant aimée, jusqu'Ici où elle se sent bien seule. Pas de jouets, pas de vraie maison, pas d'amis. L'intégration de Maryam n'est pas simple, déchirée qu'elle est entre deux vies bien distinctes : dans l'une elle parle la langue de Là-bas, mange les bons petits plats de sa maman, se sent aimée. Dans l'autre, elle doit apprivoiser une nourriture qu'elle ne comprend pas, une langue qu'elle ne parle qu'à l'école, des enfants qui l'ignorent gentiment.



Et c'est grâce à une main tendue (en l'occurrence plutôt une simple question), posée par une petite fille rousse, que Maryam va apprendre petit à petit à trouver sa place, dans le respect et l'amour de ses deux cultures.



Maryam Madjidi a écrit là un très beau témoignage, d'une plume tendre qui dit les émotions simplement et qui porte son lecteur jusque dans le coeur et l'âme de la petite fille qu'elle était. Les illustrations de Claude K. Dubois, comme de coutume, accompagnent les émotions du lecteur tout en douceur et rondeurs grâce à ses pastels et ses flous.



Un beau premier roman à lire et à faire lire.
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Je m'appelle Maryam

Ce petit roman est issu du récit de vie de Maryam Madjidi qui a quitté l’Iran quand elle avait 6 ans. Elle s’adresse ici avec beaucoup d’authenticité aux enfants qui ont l’âge qu’elle avait quand elle a quitté son pays d’origine. La langue est simple, dépouillée, d’une évidente puissance. Tout est dit, avec une infinie pudeur, du désarroi de cette petite fille contrainte à tout réapprendre.

Tout est dit de l’exil, des racines, des liens nouveaux à trouver.

Car, très vite, la petite Maryam du livre pour enfants va devoir répondre, pendant la récréation, à la question d’une gamine aux yeux doux et aux cheveux roux : « Comment tu t’appelles ?” » En acceptant de se nommer, elle existe à nouveau et bientôt joue, parle et mange à nouveau. Les illustrations, en rondeurs et pastels, donnent la main au texte, distillant les émotions au fil des pages qui passent lentement du gris à la couleur. Bref un petit roman social fort en émotions et constructifs pour tous jeunes lecteurs !
Lien : http://www.liresousletilleul..
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Marx et la poupée

Pourquoi Marx, et pourquoi la poupée? Dans un récit un peu décousu qui se moque de la chronologie, Maryam Madjidi fait la boucle autour de son ancien statut d'exilée. Elle se souvient de sa vie en Iran, enfant, en pleine montée d'intégrisme, et de son départ pour la France en 1986 parce que ses parents, révolutionnaires, étaient en danger de mort; elle découvre la pauvreté, mais surtout une nouvelles culture et une nouvelle langue qui devient vite source de conflit et d'incompréhension entre elle et son père.

Dans ses va-et-vient entre la France et l'Iran, où elle retournera plusieurs fois une fois adulte, Maryam raconte le traumatisme de l'exilé, à sa place nulle part et qui se sent obligé de choisir entre sa culture et la nouvelle, comme si les deux ne pouvaient pas coexister.

Personnellement, ce n'est pas l'aspect poétique qui m'a plu ici, je trouve d'ailleurs l'écriture trop emphatique, mais c'est le regard qu'elle porte sur la langue et qu'elle symbolise sous les traits d'une vieille boiteuse. Maryam sait de quoi elle parle, puisqu'elle enseigne le français à des étrangers, après avoir été elle-même cette élève immigrante quand elle était enfant.
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Marx et la poupée

Si vous cherchez un jour une définition du mot «littérature», alors sortez votre exemplaire de Marx et la poupée, car ce livre doit figurer dans la bibliothèque de tout honnête homme. Pour le résumer, il suffit d’une phrase: c’est l’histoire d’une famille iranienne contrainte à l’exil et qui doit s’inventer une nouvelle vie en France. Mais ce qui fait sa force, c’est qu’en le refermant, il vous restera des images fortes, des épisodes inoubliables, des émotions intenses. Bref, ce qui constitue l’épine dorsale de la bonne littérature.

L’un de ces épisodes marquants arrive dès les premières pages. Nous sommes en 1980 à Téhéran et la narratrice n’est pas encore née. Ella même failli ne pas naître car sa mère, enceinte, se retrouver au cœur de la répression qui a suivi l’arrivée des ayatollahs, pourchassée par les gardiens de la révolution. « Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant, le dos courbé ; ses longs bras squelettiques veulent lui arracher son enfant ; sa bouche édentée s’approche de la jeune femme enceinte pour l’engloutir. »

Elle finira par s’en sortir et accoucher, mais ni elle, ni sa famille ne voudront renoncer à leur liberté. La maison familiale, dans le quartier de Tehranpars sert aux réunions politiques clandestines. On y discute de Marx et d’une autre révolution, on parle de liberté. Vu par les yeux de la petite fille qui grandit dans cette ambiance, ce monde d’adultes est absurde. On y cache les tracts dans des couches-culottes, on enterre les livres signés Marx, Lénine, Che Guevarra dans le jardin ou on met en prison des gens dont les cheveux volent au vent. L’oncle Saman, qui a pris l’habitude de lui offrir une Golé Maryam, la belle fleur qui embellit son jour d’anniversaire, ne viendra pas. Il a été arrêté porteur de tracts et jeté en prison à Evin.

C’est là qu’un détenu passe son temps devant la télévision, regardant un stupide dessin animé. On se dit que l’intellectuel est en train de perdre la raison avant qu’il n’explique qu’il écoute la voix de son épouse, chargée de doubler l’un des personnages.

La répression est de plus en plus forte. Les participants à des fêtes privées sont impitoyablement poursuivis. Il est temps de songer à fuir. Les jouets sont répartis entre les enfants pauvres du quartier, achevant de briser le moral de la petite fille : «Je me sentais si seule au monde. J’étais convaincue que je vivais avec deux monstres qui me déposséderaient de tout.»

La vocation littéraire de l’auteur – double de la narratrice – date sans doute de ce moment où elle a dû monter dans un avion partant vers la France en laissant derrière elle sa grand-mère chérie et son pays natal : « Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres. Je veux que ça fleurisse, qu’il en sorte des fleurs embaumantes à la place de toutes les fleurs manquantes, absentes, de toutes les Golé Maryam qui auraient dû être offertes et qui n’ont pas pu l’être. »

Si dans les chapitres suivants il n’est pas question de violence ou de répression, la tension ne faiblit pas pour autant. Car Maryam Madjidi dit la souffrance née de l’exil. Elle raconte, par exemple, comment son père doit subvenir aux besoins des famille en acceptant tous les petits boulots qui se présentent. Pour cela, elle nous raconte comment les mains de son pères changent. Grâce à un Iranien d’origine turque, il est d’abord tôlier-peintre dans un garage, avant que ce dernier ne ferme. Au chômage, ses mains devaient trouver quelque chose d’autre rapidement. Elles vont alors devoir travailler le bois, le béton, les briques, le ciment, le gravier, la peinture, les tuiles, la moquette, les enduits, le carrelage. « Puis un jour ses mains ont commencé à moins travailler, elles étaient fatiguées, ridées et craquelées par endroits. Il y avait aussi la marque d’innombrables blessures laissées par la matière et l’outil. La peau était devenue aussi dure que du cuir. »

Il passera alors à la calligraphie, dessinant de belles lettres persanes et cherchera dans l’opium de quoi soulager son vague à l’âme.

Sa fille ne va guère mieux. Elle ne retrouve pas les saveurs de son enfance, la musique de la langue de son pays. Elle va refuser de manger, refuser de parler. Fort heureusement pour elle, l’arrivée d’un couple de réfugiés iraniens et leur fille Shirin va lui permettre de retrouver le moral. Avec cette compagne de jeux joyeuse et pleine de vie, elle trouvera la complice qui lui permettra de trouver une place dans cette société parisienne. Comme un bouchon de champagne qui explose, elle accepte de lâcher les mots qu’elle a patiemment appris, sans toutefois vouloir les dire. « Les mots se pressaient pour sortir, impatients qu’ils étaient, ça fusait dans le petit studio, ils volaient, ils dansaient, ils butaient contre les meubles, ils s’élançaient de ma bouche comme des flèches et touchaient le plafond et les murs, ils virevoltaient eux-mêmes, soulagés d’être enfin libérés de ma bulle intérieure, enchantés de pouvoir enfin communiquer avec les autres. Tout l’espace était rempli de mes mots français. »

N’allez toutefois pas croire que ce premier roman si sensible devient alors une ode à l’intégration. Tout au contraire, il est question de rentrer au pays, de retrouver les parfums qui manquent tant à la famille, les amis et les proches qui souffrent en silence. Une image de plus suffit à faire voler en éclats ce rêve. En voyant sa petite fille faire du vélo en short et débardeur, son père comprend que ce retour est impossible : « On ne peut pas partir. Je ne peux pas lui enlever cette liberté si innocente. »

Il faudra attendre 2003 pour que la jeune femme retourne à Téhéran. Mais ne pourra pas y rester car son passeport ne suffit pas à faire d’elle… une iranienne.

Voilà sans doute le plus authentique des témoignages sur la condition des migrants. Ici foin de considérations politiques ou économiques. C’est le cœur, la chair, les sens qui parlent. C’est poignant, ironique, vrai. C’est de la grande littérature.


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Marx et la poupée

Prendre le chemin de l’exil lorsqu’on a six ans, devoir laisser derrière tout ce qui fait son monde pour aller vivre dans un pays dont on ne connaît ni les codes ni la langue, voici ce qui fait l’originalité de ce roman autobiographique de Maryam Madjidi: la douleur du déracinement racontée du point de vue de l’enfance, l’auteure ayant immigré en France avec ses parents pour fuir le nouveau régime suivant la révolution iranienne de 1979. J’ai bien failli le refermer, après quelques lignes, le roman s’ouvrant sur une scène de répression d’une grande violence et qui aurait pu avoir de terribles conséquences pour la mère de l’auteure alors enceinte de sept mois. Ç’aurait été sans compter sur le talent de Maryam Madjidi pour convoquer anecdotes et souvenirs, qui racontent ce qu’elle appelle ses trois naissances: son arrivée au monde, l’installation en France en 1986, ainsi que son retour en Iran en 2002, à 22 ans, qui sera source de nouveaux déchirements. Drôle de coïncidence - j’avais prévu de le lire avant -, je le referme alors qu’une jeune femme de 22 ans, vingt ans après le voyage de l’auteure, vient de trouver la mort à la mi-septembre aux mains de la police des mœurs, arrêtée parce que son voile n’était pas porté selon les convenances; un triste constat de ce qui peine à changer.
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Pour que je m'aime encore

Dans ce roman très autobiographique, Maryam nous raconte son enfance et son adolescence dans la cité de Drancy jusqu'à khâgne et hypokhâgne qu’elle a intégrés grâce aux quotas (quel vilain mot froid et cynique). Ce qui caractérise cette période de sa vie, c’est son besoin obsessionnel de s’intégrer, elle qui est d’origine iranienne, si différente physiquement et socialement.

Pour cela, elle décide de s’attaquer à sa chevelure crépue, à ses sourcils qui forment une barre et à sa pilosité conséquente. Ce combat donne lieu à des pages désopilantes et hilarantes malgré le sujet douloureux et à un échec retentissant. Elle passe ensuite à l’habillement, elle qui est vêtue comme un sac avec des pulls et des pantalons informes et de deuxième main. Là aussi, échec total.

Elle est excellente élève et sur les conseils d’un oncle, elle postule pour intégrer le prestigieux lycée Fénelon, le graal qui lui permettra de quitter la cité, d’avoir une vie de rêve ; elle est acceptée mais très vite son niveau ne lui permet plus de suivre ; elle se sent marginalisée, exclue, mal à l’aise dans un milieu qui ne l’acceptera jamais et elle abandonne.

Elle retourne vivre en cité et le livre se termine sur une phrase magnifique : « Ici, c’est chez moi. J’ai jeté mon ancre ».

Le besoin d’intégration, synonyme de liberté, à hauteur d’enfant puis d’adolescente est le fil rouge du roman. Le périph’ est le mur symbolique qu’il faut franchir pour y arriver. Ce n’est qu’après un long processus qui fait passer l'enfant puis l'adolescente de rêves en déceptions que le roman s’avère être finalement une ode à la cité, même si la vie n’y est pas rose tous les jours, même si la violence entre jeunes y est très présente, même si on y vit chichement mais la narratrice en connaît les codes, elle se sent faire partie d’une communauté.

La description des enseignants vus par l’adolescente donne une image assez désolante de l’éducation nationale dans les cités entre démission face à une tâche insurmontable et camp disciplinaire même si quelques-uns arrivent à capter l’attention des enfants par des pédagogies peu conventionnelles.

Je me suis sentie très proche de l’enfant dont les autres se moquent du physique et de l’habillement car même sans être d’origine étrangère, j’ai connu la cruauté des enfants face à ceux qui sont différents, qui ne sont pas à la mode. L’auteur dédramatise par un humour décapant et l’autodérision ces moments douloureux où on voudrait disparaître dans un trou de souris.

Ce livre est très positif et dégage un sentiment de plénitude à la fin car la narratrice a trouvé sa place, loin de ses rêves, sans amertume, sans ressentiment. Le titre, on le comprend lorsqu’on referme le livre, est très bien choisi, inspiré d’une chanson de Céline Dion « Pour que tu m’aimes encore ». Ici l’important, c’est de s’accepter soi-même, de s’aimer soi-même, d’être en harmonie avec soi-même. Un message optimiste qui fait du bien

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Pour que je m'aime encore

Maryam a les cheveux noirs, drus et bouclés, le teint mat, des parents iraniens et vit dans une cité aux confins de Paris où la misère se traine. Elle voudrait se fondre dans la masse, adapter sa silhouette à celles des autres à la peau claire, gouter les marques et avoir les mêmes chances. Mais a-t-on vraiment les mêmes chances quand on étudie dans un collège de ZEP ? Peut-on envisager de prendre un ascenseur social par son travail et sa niaque ?

Constat amer et lucide, « Pour que je m’aime encore » dépeint la fracture des milieux et l’inégalité des chances, les moqueries, le rejet, la violence. Il montre la gageure de ces places réservées aux plus défavorisés dans les hautes écoles et les prestigieux lycées quand le socle des apprentissages reste inégal et l’argent un handicap. Il évoque l’imperméabilité des milieux et l’entre-soi infranchissable, l’affront et l’humiliation.

J’ai beaucoup aimé votre livre Marym Madjidi, vos mots échappés du silence et ces faits dont il faut s’imprégner pour entendre le malaise, le vrai, le sincère. Merci pour ce texte.


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Pour que je m'aime encore

J'avais beaucoup aimé Marx et la poupée; la petite fille iranienne fuyant son pays à six ans parce que ses parents sont communistes.

Ici, elle est adolescente, veut s'intégrer et réussir, elle croit en l'ascenseur social, à l'égalité des chances; elle a hâte de quitter Drancy. Au début, elle parle du combat contre son corps qui la désigne comme étrangère: cheveux crépus incoiffables (essais malheureux) moustache dès 9 ans , monosourcil comme Frida Khalo, poils partout...De plus toujours mal habillée, elle fait "pauvre". A l'école ce n'est pas mieux, on se moque de sa différence; elle fait un tableau impitoyable de ses profs "guerriers" découragés. Très bonne élève, on lui indique la Voie Royale: une prépa, une grande école, l'agrégation et chargée de cours à l'université...hélas au prestigieux Lycée Fénelon, elle est admise grâce au quota de jeunes issus de classe populaire, mais en hypokhâgne, on lui fait sentir qu'elle n'est pas à la hauteur. Humiliée, elle abandonne au bout de quelques semaines.

Elle est submergée par l'ennui(que seules la lecture puis l'écriture l'en sorte. puis elle va beaucoup voyager: Pékin, Istanbul, Inde, Cambodge...Paris pour revenir s'installer à Drancy. Elle a appris tardivement l'image de Drancy et de son camp: elle n'y fait que quelques allusions.

Le fond est émouvant, le thème d'actualité mais le style est impayable d'humour. Elle est obligée de mentir tout le temps surtout sur la profession de ses parents, sur ses capacités etc.

Elle avait écrit ou dit un jour qu'on ne lui posait jamais la question qu'elle aurait aimé; je lui ai demandé à Manosque la question qu'elle aurait aimé qu'on lui pose...elle m'a dit qu'elle aurait aimé parler de son grand-père iranien lors de ses visites en France; ce personnage est central pour elle.

Je l'ai donc interrogée sur Agha Joon (monsieur chéri en persan); ce grand-père qui avait échoué à son examen d'intégration! Je ne peux que conseiller vivement ce livre drôle et profond.
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Marx et la poupée

L'exil est un sujet troublant et douloureux pour qui l'a vécu et il n'est pas toujours aisé d'en parler avec détachement, peu s'en faut! Maryam Madjidi a vécu ce déracinement alors qu'elle n'était qu'une toute petite fille. Quittant l'Iran de ses ancêtres, elle trace ici un parcours original, fait d'allers et retours du passé au présent, de Paris à Téhéran. Je n'ai pas trouvé cela décousu. Au contraire, ce mélange de styles donne au récit une vivacité, un souffle de vie, une espérance... Un joli premier roman, un Goncourt mérité.
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Marx et la poupée

Je découvre ce livre qui vient de m'être offert récemment. Je n'ai pas de critique supplémentaire à ajouter, les critiques déjà écrites étant excellentes à tout point de vue.

C'est une belle découverte qui mérite amplement son prix.
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Marx et la poupée

J'ai beaucoup apprécié le début du roman qui parle de la vie de l'auteure et de ses parents en Iran, même si c'est assez violent. Le récit est construit jusqu'à ce que Maryam quitte son pays, après tout se disperse en une série de souvenirs servis de façon désordonnée. Dès lors, pour moi le charme s'est un peu estompé et le reste de ma lecture n'a plus eu la même saveur enchanteresse.



Ce que j'ai préféré c'est la voix sensuelle, légèrement voilée, de l'auteure qui lit merveilleusement bien son texte pour nous séduire, telle une Shéhérazade des temps modernes qui conte des histoires à la fois cruelles et tendres. L'avantage de la version audio est de pouvoir non seulement apprécier pleinement son talent de conteuse mais aussi de goûter à la musique de la poésie persane dont elle nous susurre quelques vers pour mieux nous envoûter avec sa magie orientale. Ce qui est totalement impossible avec la version papier...



Je remercie les éditions Audiolib qui m'ont envoyé ce CD dans le cadre d'une masse critique et j'en profite pour saluer au passage l'excellente qualité de leurs enregistrements, toujours au rendez-vous.
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Marx et la poupée

Un remarquable petit livre, écrit avec sobriété et une certaine élégance.



Dans la première partie sur les premières années d’une petite fille de parents communistes dans l’Iran des premières années de la Révolution islamique, Madjidi joue avec ses souvenirs, réels, mais un peu magnifiés par le temps, et l’envie de se donner un rôle, ce qu’elle admet.



La deuxième partie enchaîne sur l’arrivée en France, la disparition des repères, l’apprentissage de la la langue, le rôle ambigu de l’école républicaine, la reconstruction en une jeune femme, plus totalement iranienne, mais pas complètement française. L’exil rend schizophrénique. Où sont les origines, où est la richesse culturelle ?

Un entre-deux indicible : « Tu sais ce que ça fait d'être nulle part chez soi ? En France, on me dit que je suis iranienne. En Iran, on me dit que je suis française. Tu la veux ma double culture ? Je te la donne, va vivre avec et tu viendras me dire si c'est une "belle richesse" ou pas ? ».



L’auteure parvient malgré tout à concilier tout cela dans un troisième temps, alliant la richesse de la poésie de Omar Khayyâm, à sa redécouverte de son Iran natal et des contraintes imposées aux femmes dans ce pays.



La forme de l’ouvrage est magnifique. Pas d’excès. Une belle économie de mots pour dresser un portrait sensible de son père, qui se referme dans le bricolage durant l’exil, de sa mère, amère de quitter son pays, et surtout de la grand-mère, guide des pensées inconscientes.
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Marx et la poupée

Je viens de terminer ce roman pour lequel j’ai eu un grand coup de ♥.

Roman ou biographie ? Peu importe. On est happé par l’histoire de cette petite fille/femme.

Le récit est poétique, onirique. C’est un questionnement sur l’exil, les origines.

Un excellent moment de lecture.
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Marx et la poupée

Premier roman de l’autrice. Une histoire de vie qui nous est livré sans concession. Une histoire de naissance, et de deuil également. Elle raconte ses premières années en Iran, puis l’exil vers la France à l’âge de 6 ans. Inconnue dans une ville inconnue, dans des mœurs inconnues. L’incompréhension, l’acceptation et l’assimilation. La culture d’origine mise de côté pour vivre pleinement la nouvelle. Mais voilà, à l’âge adulte, les racines remontent et le désir de renouer avec elles se fait de plus en plus présent, pressant. Un roman très personnel, qui amène le lecteur dans l’intime de l’auteure. Une belle lecture.
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Marx et la poupée

Premiers mots de la 4 ème de couverture : "Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne. Six ans plus tard, elle rejoint avec sa mère son père en exil à Paris."

Connaître l'exil de la bouche de ceux qui l'on vécu... Un exil et un roman couronné du Goncourt du premier roman ! Double tentation quand on s’intéresse à notre monde!... Non?

"Exilés", "Réfugiés"...Ces mots qu'on retrouve régulièrement dans la bouche de nombreux décideurs, et aussi dans celle de l'homme de la rue, soit parce que ce sont des mots de rejet de ces étrangers, porteurs de tous les maux de la création, soit parce que d'autres, bien moins nombreux - en tout cas bien moins vindicatifs, et qu'on entend moins dans les médias et les discours - accompagnent ces exilés afin qu'ils s'insèrent du mieux possible dans notre société.

Maryam a de vagues souvenirs de cette révolution iranienne, qui vit arriver à la tête de l'Iran les ayatollah, leur rigorisme religieux, leurs barbes, leur robes noires et surtout leurs tueurs pourchassant les opposants.

Ses parents, communistes étaient de ceux pourchassés par ces "révolutionnaires". Les moins chanceux des opposants étaient arrêtés, jetés en prison, torturés, pendus à des grues ou fusillés puis enterrés dans des fosses communes...les femmes étaient arrêtées, parce qu'une mèche de cheveux sortait du voile...

Aujourd'hui sur ces fosses, des immeubles modernes ont été construits.

Les parents de Maryam se réunissaient dans la clandestinité et transportaient dans les langes de leur fille, bébé, les comptes rendus des réunions de cellule...Maryam était trop petite pour s'en souvenir, on lui l'a raconté.

Alors son père quitta l'Iran pour la France, son épouse et sa fille le rejoindront quelques années plus tard.

La gamine, appendra le français, fera des études à la Sorbonne et son métier l’amènera à travailler à l'étranger, en Chine, en Turquie, notamment, pour le compte de la France.

Intégration réussie de Maryam, devenue auteure, pour nous conter ces années de vie en Iran, cette répression, ces crimes, la banalisation de la répression, le départ du père, l'attente angoissante du départ dans l'aéroport, dernières minutes de tous les dangers sur le sol iranien, l'arrivée et la vie à Paris dans des chambres de bonnes sans confort, l'ennui de sa mère et sa nostalgie de l'Iran, les repas français vs les repas iraniens, la lente ascension du père pour donner des conditions de vie décente à sa famille, la scolarité...bref la vie de ceux que nombreux ne veulent pas voir, parce qu'ils coûtent cher, parce qu'ils viennent manger notre pain...

Cette gamine dont les parents n'avaient que Marx pour dieu, abandonna là-bas ses poupées. Elle partage avec nous le souvenir de ses angoisses, de ses peines, de ses peurs passées, de ses succès, de ses joies.

Tout n'est pas dit, chronologiquement. Non, par des aller-retours littéraires entre l'Iran et la France, elle pioche aléatoirement de ci de là, quelques événements souvenirs, quelques conversations, quelques morceaux de vie, afin de nous parler d'elle, de ses parents, de l'Iran et de la France, vue par la gamine et l'adulte qu'elle est devenue.

Et de nous aussi...!

Ah que j'aimerais que tous ceux qui ont le mot "Exil" à la bouche, puissent prendre connaissance de ce texte. L'écriture est merveilleuse, certains passages notamment le poème "Il était une fois" devraient être lus par le plus grand nombre.

Tout y est dit en quelques vers.

Alors je vais acheter ce petit livre, que j'avais trouvé sur la table de présentation d'une médiathèque, l'acheter pour le partager, pour le prêter ou pour l'offrir, et pour le relire.

A méditer : "Tu sais ce que ça fait d'être nulle part chez soi ? En France, on me dit que je suis iranienne. En Iran, on me dit que je suis française. Tu la veux ma double culture ? Je te la donne, va vivre avec et tu viendras me dire si c'est une « belle richesse » ou pas."

Gros, gros coup de cœur pour ce titre et cette auteure amoureuse du français.....qu'elle enseigne ! Clin d’œil !
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Je m'appelle Maryam

Après avoir apprécié l’histoire du loup rouge abordant la migration, voici les aventures de la petite Maryam qui touchent à la même thématique. On suit une bambine qui, pour survivre, a quitté son pays avec ses parents. Ainsi, elle a dû abandonner ses amis, ses jouets, sa grand-mère. Ce changement est un choc : la voilà partagée entre deux cultures et deux langues. Elle n’arrive pas à s’adapter à cette nouvelle vie. La solitude la ronge et, malgré tous ses efforts pour garder la tête hors de l’eau, la fillette s’enferme dans le mutisme et ne mange plus. Le texte est plein de sensibilité, de réalisme et de poésie. J’ai trouvé que les émotions de Maryam étaient vraiment bien retranscrites ! On a de la peine pour elle et on ressent son mal-être…



Même si les jeunes lecteurs n’ont pas forcément vécu la même chose que la narratrice, je suis certaine qu’ils seront touchés par ce qu’elle traverse. Il est aisé de s’imaginer seul, sans camarades de jeu et sans rien pour s’occuper. L’auteure, Maryam Madjidi, a une plume délicate, simple, authentique et pleine de pudeur. On sent qu’elle s’est inspirée de sa propre expérience, lorsqu’elle a dû fuir l’Iran… Le style de Claude K. Dubois, l’illustrateur, m’a également charmée. Il a un coup de crayon doux, rond et épuré. Pour souligner la peine de l’héroïne, il privilégie les teintes grises. Puis, lorsque les choses s’améliorent, des touches de couleurs apparaissent, laissant place à des illustrations magnifiques et aux couleurs pastel ! L’ensemble est réussi et change des fictions que les petits lecteurs peuvent habituellement trouver.
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Marx et la poupée

Beaucoup ont dit et raconté l’exil ; il y en a qui sont passés sans laisser de traces, à mon point de vue en tout cas, et il y a ceux dont on se souviendra. Marx et la poupée est de ceux- là. Sans pathos, ni optimisme béat, Maryam Madgidi nous parle de l’exil, de son exil, de son rapport à la langue qu’elle réinvente et ″avale‶ faute de pouvoir parler la sienne.



« La langue prend forme dans le secret de ma bulle, de mon monde intérieur, mon placenta à moi. »



Maryam est petite fille lorsque qu’elle quitte l’Iran avec sa mère pour rejoindre le père déjà à Paris. La famille fuit un régime qui emprisonne un certain nombre de ses membres.

Ce récit de l’exil commence bien avant la naissance de l’auteur. Il narre trois naissances : l’originelle, celle de l’exilée arrivant, et celle qui fait la synthèse des deux retrouve sa langue.

Le conte persan n’est jamais bien loin, intimement mêlé au vécu de l’auteur et de sa famille.

C’est le côté protéiforme, son absence de chronologie et de linéarité qui font l’originalité et la force de ce roman.

Maryam Madjidi convoque les poètes persans de son enfance pour alimenter, et illustrer son propos.

On y perçoit l’extrême sensibilité de l’auteur, mais également son humour, sa maturité, mais aussi sa fragilité dans ses deuils de petite fille. Quand l’humain se retrouve séparé de sa terre et des siens, sait puiser au fond de lui les ressources pour se réinventer. C’est cela que Maryam Madjidi a voulu nous montrer au fil de ce très beau livre.


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Marx et la poupée

Chahdortt Djavann, Negar Djavadi, Marjane Satrapi, Mana Neyestani et d'autres encore ont écrit, dessiné à propos de leur pays, l'Iran, qu'ils ont dû quitter, fuir au péril de leur vie, parfois, mais Marx et la poupée, premier roman de Maryam Madjidi (photo ci-dessous) livre encore un autre éclairage sur l'exil et ce retour qui devient vite impossible.



Tout commence dans le ventre de sa mère, en 1980, à l'université de Téhéran : « Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d'elle en ricanant, le dos courbé… » Obligée de sauter du deuxième étage pour échapper au viol, au massacre, elle ne perd pas son enfant, heureusement ! Cette enfant écrit aujourd'hui et égrène ses souvenirs. Elle parle entre autres de la voix de sa grand-mère et de ses jouets que ses parents lui demandaient de donner aux enfants du quartier. Elle a 5 ans et ne comprend rien au communisme car on veut lui apprendre le détachement matériel et l'abolition de la propriété.

Avant de se retrouver à Paris, en 2005, elle évoque Saman, son oncle âgé de 19 ans, qu'elle va voir en prison. Il parle maintenant des huit années passées dans une des pires prisons du monde. Elle dont les parents transportaient des documents du Parti communiste dans ses couches, livre ses souvenirs de « ce pays qui massacre ses meilleurs enfants. »

Son père déjà en France, elle est restée avec sa mère qui veut poursuivre ses études de médecine en Iran. Il avait été viré de la banque parce qu'il distribuait des tracts anti-Khomeini puis sa mère éjectée de l'université après avoir manifesté.

Le récit est précis bien que non chronologique mais les retours en arrière sont indispensables et attendus afin de comprendre cet exil et toutes ces souffrances endurées par tant de gens privés de liberté d'expression et menacés dans leur existence.

Le titre de la seconde partie : Deuxième naissance, est éloquent. Maryam Madjidi n'hésite pas à parler du concret, de la nourriture quotidienne, de nos habitudes, de tout ce qu'elle doit reprendre à zéro pour pouvoir vivre le plus normalement possible en France. Lorsqu'elle part travailler en Chine, à 32 ans, elle regrette nos croissants !

Elle parle aussi de cette nouvelle langue qu'elle apprend, refusant d'abord de parler puis rejetant ensuite le persan que son père essaie de conserver à la maison. Sa Troisième naissance la réconcilie avec sa langue maternelle et des poètes comme Omar Khayyâm et Sadegh Hedayat. Pourtant, son retour à Téhéran, en juillet 2003, est un échec malgré cet amant fugace qui lui fait découvrir « les ruelles mal famées et pauvres du sud de Téhéran… le tchador noir des femmes, femmes-corbeaux au visage caché… »



Sa grand-mère a raison lorsqu'elle lui dit : « Tu es trop libre pour ce pays. » Alors elle travaille quatre ans en Chine, un an à Istanbul puis revient à Paris où elle repense à ce chauffeur de taxi qui, à Téhéran, lui récita un poème de Hâfez (XIVe siècle) et ajouta : « la seule chose que nous avons su préserver, c'est notre poésie et c'est la seule chose à sauver de l'Iran. »
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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