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Citations de Mathias Enard (928)


Je regarde la mer, elle s’oppose à la guerre mais la transporte : là-bas, au-delà de l’Italie, on se bat encore en Bosnie, même si la paix est proche. Là-bas il y a eu un siège atroce, des camps de concentration, un génocide. La mer pourrait transmettre des cris, des vibrations, des ondes si puissantes qu’on les verrait jusqu’ici à la surface de l’eau, on pourrait les lire, on pourrait déchiffrer les noms des morts.
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Mathias Enard
J'ai eu tort peut-être de croire, de conjecturer que l'humanité était faite pour la paix, le partage et la fraternité.
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Accroché à son calame, le poète calligraphe offre un visage aux mots, aux phrases, aux vers, aux versets.
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Chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage.
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On ne se convertit pas au bouddhisme. On y prend refuge.
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P71-72 « Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l'amour; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et de temples. Ils s'accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, de rois, d'éléphants et d'êtres merveilleux; en leur racontant le bonheur qu'il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l'amour, l'amour, cette promesse d'oubli et de satiété. Parle-leur de tout cela et ils t’aimeront ; ils feront de toi l’égal d’un dieu. Mais toi tu sauras, puisque tu es ici tout contre moi, toi le Franc malodorant que le hasard a amené sous mes mains, tu sauras que tout cela n’est qu’un voile parfumé cachant l’éternelle douleur de la nuit. »
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Il (le poète Mesihi de Pristina) se met à réciter des vers.
Un poète persan.

"Je ne cesse de désirer que lorsque mon désir
Est satisfait, que ma bouche atteint
La lèvre rouge de mon amour,

Où mon âme expire dans la douceur de son haleine."

Arslan sourit. Il a reconnu l'inimitable Hâfiz de Chirâz, ce que lui confirme le dernier couplet :

" Et tu invoqueras toujours le nom de Hâfiz
En compagnie des tristes et des coeurs brisés."
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Malgré les coups que nous nous sommes portés, les choses détruites, je suis contre toi dans le noir. Je ne vais pas t'entretenir avec mes contes jusqu'à l'aurore. Je ne te parlerai ni de bons génies, ni de goules terrifiantes, ni de voyages dans des îles dangereuses. Laisse-toi faire. Oublie ta peur, profite de ce que je suis, comme toi, un morceau de chair qui n'appartient à personne sinon à Dieu. Prends un peu de ma beauté, du parfum de ma peau. On te l'offre. Ce ne sera ni une trahison, ni un serment ; ni une défaite, ni une victoire. 
Juste deux mains s'emprisonnant, comme des lèvres se pressent sans s'unir jamais.
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Ils vont vers l'ouest, où le soleil a disparu, laissant une traînée rose au-dessus des collines ; ils dépassent la mosquée grandiose que Bayazid vient d'achever, entourée d'écoles et de caravansérails ; ils suivent un peu la crête, puis descendent avant de parvenir à l'aqueduc construit par un César oublié qui coupe la ville en deux de ses arches de brique rouge. Il y a là une petit place, devant une église ancienne, dédiée à saint Thomas ; la vue est magnifique. Les feux des tours de Péra sont allumés ; la Corne d'Or se perd dans les méandres de brume obscure et, à l'est le Bosphore dessine une barrière grise dominée par les épaules sombres de Sainte-Sophie, gardienne du fossé qui les sépare de l'Asie.
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... peut-être me manquait-il de jolies Grecques ou Arméniennes avec qui, comme lui, me promener chaque après-midi au bord du Détroit pour pratiquer la langue. Sarah gardait à ce propos un souvenir horrifié de son premier cours d'arabe à Paris : une sommité, un orientaliste de renom, Gilbert Delanoue, avait asséné, du haut de sa chaire, la vérité suivante : "Pour bien savoir l'arabe, il faut vingt ans. Cette durée peut être ramenée à la moitié avec l'aide d'un bon dictionnaire en peau de fesses." "Un bon dictionnaire en peau de fesses", voilà ce que semblait avoir Hammer, et même plusieurs ; il ne cache pas que ce qu'il sait de grec moderne, il le doit aux jeunes filles de Constantinople à qui il contait fleurette au bord de l'eau.
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Pauvre Balzac, qu'a-t-il obtenu à Vienne, quelques baisers et des serments, si l'on en croit les lettres que Sarah cite abondamment - et moi, qui me faisais toujours une joie de sa venue dans ma capitale, jusqu'à renouveler chaque fois ma garde-robe et aller chez le coiffeur, qu'ai-je obtenu, un nouveau tiré à part que je n'ose pas déchiffrer - la vie fait des nœuds, la vie fait des nœuds et ce sont rarement ceux de la robe de saint François ; nous nous croisons, nous nous courons après, des années, dans le noir et quand nous pensons tenir enfin des mains entre les nôtres, la mort nous reprend tout.
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Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l'amour; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et de temples. Ils s'accrochent à des récits, ils les poussent devant eux comme des étendards; chacun fait sienne une histoire pour se rattacher à la foule qui la partage. On les conquiert en leur parlant de batailles, de rois, d'éléphants et d'êtres merveilleux; en leur racontant le bonheur qu'il y aura au-delà de la mort, la lumière vive qui a présidé à leur naissance, les anges qui leur tournent autour, les démons qui les menacent, et l'amour, l'amour, cette promesse d'oubli et de satiété.
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Je ne pourrai jamais retrouver celui que j'étais avant (.....) la vie a passé depuis, Dieu a déserté, la conscience a fait son chemin et avec elle l'identité - je suis ce que j'ai lu, je suis ce que j'ai vu, j'ai en moi autant d'arabe que que d'espagnol et de français, je me suis multiplié dans ces miroirs jusqu'à me perdre ou me construire, image fragile, image en mouvement (P.236)
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Souvent on souhaite la répétition des choses; on désire revivre un moment échappé, revenir sur un geste manqué ou une parole non prononcée; on s'efforce de retrouver les sons restés dans la gorge, la caresse que l'on a pas osé donner, le serrement de poitrine disparu à jamais.
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l'humilité de la vie nomade est une des images les plus fortes de l'Islam, le grand renoncement, le dépouillement des oripeaux mondains dans la nudité du désert - c'est cette pureté, cette solitude qui m'attirait moi aussi. Je voulais rencontrer ce Dieu si présent, si naturel que ses humbles créatures, dans le dénuement complet, s'appellent "les Chiens de Dieu".
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Le vent d'un jupon balaye un homme plus sûrement qu'un typhon, c'est bien connu.
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Et tu te rappelles, intervenait Parviz, quand la République islamique a commencé à censurer les doublages des films et des séries étrangères ? Grand moment. Tout à coup on regardait un western, un type entrait dans un saloon, colts sur les hanches, et disait en persan au barman : "Une limonade !" Et le barman lui servait un verre minuscule d'un liquide ambré que le cow-boy s'enfilait d'un trait, avant de répéter : Encore une limonade !" C'était tordant. Maintenant on ne s'en aperçoit même plus, ajoutait Parviz.
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Oh ! Peindre tes cheveux du bleu de la fumée,
Ta peau dorée et d'un ton tel qu'on croit voir presque
Une rose brûlée ! et ta chair embaumée,
Dans des grands linges d'ange, ainsi qu'en une fresque.

Germain nouveau compagnon de Rimbaud P211
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Quelle heure est-il ? Le réveil est la canne de l’insomniaque, je devrais m’acheter un réveil-mosquée comme ceux de Bilger à Damas, mosquée de Médine ou de Jérusalem, en plastique doré, avec une petite boussole incorporée pour la direction de la prière — voilà la supériorité du musulman sur le chrétien : en Allemagne on vous impose les évangiles au creux du tiroir de la table de nuit, dans les hôtels musulmans on vous colle une petite boussole contre le bois du lit, ou on vous dessine une rose des vents marquant la direction de La Mecque sur le bureau, boussole et rose des vents qui peuvent servir à localiser la péninsule arabique, mais aussi, si le coeur vous en dit, Rome, Vienne ou Moscou : on n’est jamais perdu dans ces contrées. J’ai même vu des tapis de prière avec une petite boussole intégrée au tissage, tapis qu’on avait immédiatement envie de faire voler… p 186 187
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Deux couvertures dessous, deux dessus, voilà notre couche palmyréenne ; Sarah s’était roulée en boule contre moi, le dos près de mon ventre. Elle m’avait demandé gentiment si cela ne me dérangeait pas : j’avais essayé de ne pas laisser paraître mon enthousiasme, non bien sûr, nullement, et je bénissais la vie nomade — ses cheveux sentaient l’ambre et le feu de bois ; je n’osais pas bouger, de peur de troubler sa respiration, dont le rythme m’envahissait ; j’essayais d’inspirer comme elle, adagio d’abord puis largo ; j’avais auprès de ma poitrine la longue courbure de son dos, barrée par le soutien-gorge, dont je sentais l’agrafe contre mon bras replié ; elle avait froid aux jambes et les avait un peu entortillées dans les miennes — le nylon était doux et électrique à la fois contre mes mollets. Mes genoux dans le creux des siens, il ne fallait pas que je pense trop à cette proximité , ce qui était bien sûr impossible : un désir immense, que je réussissais à étouffer, me consumait malgré tout, en silence. L’intimité de cette position était à la fois chaste et érotique, à l’image de l’Orient lui-même, et avant d’enfouir pour quelques heures mes paupières dans ses boucles, j’ai jeté un dernier regard, au-delà de la laine bleue, vers le ciel de Palmyre, pour le remercier d’être si inhospitalier. p 147
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