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Citations de Mathias Enard (928)


Pourtant, lorsque la nuit arrive, tu trembles. Tu ne bois pas, car tu as peur; tu sais que la brûlure de l'alcool te précipite dans la faiblesse, dans l'irrésistible besoin de retrouver des caresses, une tendresse disparue, le monde perdu de l'enfance, la satisfaction, le calme face à l'incertitude scintillante de l'obscurité.
Tu penses désirer ma beauté, la douceur de ma peau, l'éclat de mon sourire, la finesse de mes articulations, le carmin de mes lèvres, mais en réalité, ce que tu souhaites sans le savoir, c'est la disparition de tes peurs, la guérison, l'union, le retour, l'oubli. Cette puissance en toi te dévore dans la solitude.
Alors tu souffres, perdu dans un crépuscule infini, un pied dans le jour et l'autre dans la nuit.
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Je suis un être humain, donc un détritus vicieux esclave de ses instincts, un chien, un chien qui mord quand il a peur et cherche les caresses.
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Peut-être nos vies valent-elles pour un seul instant, un seul moment lucide, une seule minute de courage.
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Je ne cherche pas l'amour. Je cherche la consolation. Le réconfort pour tous ces pays que nous perdons depuis le ventre de notre mère et que nous remplaçons par des histoires, comme des enfants avides, les yeux grands ouverts face au conteur.
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Les feux des tours de Péra sont allumés; la Corne d'Or se perd dans des méandres de brume obscure et, à l'est, le Bosphore dessine une barrière grise dominée par les épaules sombres de Sainte-Sophie, gardienne du fossé qui les sépare de l'Asie.
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BOIRE À LISBONNE
...
VIII
Ivresse grande et traces de chagrin
Teintent l'aurore et froissent le matin.
Tes seins me manquent, ta peau est loin, le vin est bleu
Le vendangeur de l'aube cherche en vain le raisin.
....
XV
Un fado assassin t'emporte vers la mer
La saudade te prend au bord de l'onde amère
Laisse s'enfuir la joie, livre-toi au chagrin
Il te guide vers le vin qui est ton seul amer.
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Heureusement que je ne me rappelle pas mes rêves à part les dernières secondes, ils s'effacent presque immédiatement de ma mémoire, heureusement. J'échappe à la culpabilité de l'inconscient, à la sauvagerie du désir.
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La beauté vient de l'abandon du refuge des formes anciennes pour l'incertitude du présent.
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p 20 les Vénitiens ont cette faculté atavique d’ignorer tout ce qui n’est pas eux, de ne pas voir, de faire disparaître l’étranger, et ce mépris souverain, cette bizarre noblesse surannée de l’assisté se permettant d’ignorer absolument la main qui le nourrit n’était pas désagréable, au contraire, c’était une grande franchise et une grande liberté, loin de la sympathie commerciale qui a envahi le monde entier, le monde entier sauf Venise où l’on continue à vous ignorer et à vous mépriser comme si l’on n’avait pas besoin de vous, comme si le restaurateur n’avait pas besoin de clients, riche qu’il est de sa ville tout entière et sûr, certain, que d’autres commensaux moins chafouins viendront bientôt encombrer ses tables, quoi qu’il advienne, et cela lui donne une supériorité redoutable sur le visiteur, la supériorité du vautour sur la charogne, toujours le voyageur finira plumé, dépecé avec ou sans sourire, à quoi bon lui mentir
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Je sais que les hommes sont des enfants qui chassent leur désespoir par la colère, leur peur dans l'amour ; au vide, ils répondent en construisant des châteaux et des temples.
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Il ne restera rien de ton passage ici. des traces, des indices, un bâtiment. Comme mon pays disparu, là-bas, de l'autre côté de la mer. Il ne vit plus que dans les histoires et ceux qui les portent. Il leur faudra parler longtemps de batailles perdues, de rois oubliés, d'animaux disparus. de ce qui fut, de ce qui aurait pu être, pour que cela soit de nouveau
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"Souvent on souhaite la répétition des choses ; on désire revivre un moment échappé, revenir sur un geste manqué ou une parole non prononcée ; on s'efforce de retrouver les sons restés dans la gorge, la caresse que l'on n'a pas osé donner, le serrement de poitrine disparu à jamais."
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… le vent d'un jupon balaye un homme plus sûrement qu'un typhon, c'est bien connu…
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Alors tu souffres, perdu dans un crépuscule infini, un pied dans le jour et l'autre dans la nuit.
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Tu penses désirer ma beauté, la douceur de ma peau, l'éclat de mon sourire, la finesse de mes articulations, le carmin de mes lèvres, mais en réalité, ce que tu souhaites sans le savoir, c'est la disparition de tes peurs, la guérison, l'union, le retour, l'oubli. Cette puissance en toi te dévore dans la solitude.

Alors tu souffres, perdu dans un crépuscule infini, un pied dans le jour et l'autre dans la nuit.
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"Combien faudra-t-il d’œuvres d'art pour mettre la beauté dans le monde?" (p. 125)
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La nuit ne communique pas avec le jour. Elle y brûle. On la porte au bûcher à l’aube. Et avec elle ses gens, les buveurs, les poètes, les amants
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Je suis allongé avec Sarah nue à mes côtés ; ses longues tresses forment un ruisseau, ralenti par les rochers des vertèbres.
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Il faisait beau, Ysabel et Fernando, vos rudes souverains catholiques, ont dormi dans l’Alhambra ; Fernando a ôté son armure pour monter sa royale femelle, dans la plus belle chambre du palais, après avoir fait donner une messe victorieuse où tous ses chevaliers entrés dans la citadelle pour se battre, priaient avec ferveur. Trois mois après, alors que nous avions vu les nobles Espagnols s’installer dans la médina, on nous chassa. Le départ, la conversion, ou la mort. Nous respections les chrétiens. Il y avait des pactes, des accords. Disparus en une nuit.
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[...]je savais ce que la Narrenturm contenait comme horreurs, le musée d'Anatomie pathologique, un ramassis de bocaux de formol remplis d'atroces tumeurs, de malformations congénitales, de créatures bicéphales, de fœtus difformes, de chancre syphilitiques et de calculs vésicaux dans des pièces à la peinture écaillée, aux armoires poussiéreuses, au sol mal nivelé où l'on trébuche après les carreaux manquants, gardé par des carabins en blouse blanche dont on se demande si, pour se distraire, ils ne s'enivrent pas à l'alcool de préparation médicale, testant un jour le jus d'un phallus affecté de gigantisme et le lendemain celui d'un embryon mégalocéphale, espérant naïvement en acquérir les propriétés symboliques. Toute l'horreur de la nature à l'état pur.
Page 370
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