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Critiques de Maurice Renard (116)
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? Lui ?

Maurice Renard est un auteur dont le nom résonne encore à l’oreille des lecteurs (à moins que les moins initiés ne le confondent avec Jules Renard).



Né en 1875, mort en 1939, l’écrivain est passé à la postérité grâce à son travail (tant littéraire qu’intellectuel) sur le fantastique et la science-fiction.



On lui accorde d’ailleurs la paternité du mouvement « Merveilleux-fantastique ». Et tout le monde s’accorde à dire qu’il fut l’un des plus grands auteurs de romans d’anticipation, prenant ainsi la relève d’un Jules Vernes et devenant ainsi le pendant français de l’écrivain H.G. Wells dont Maurice Renard était un admirateur.



Mais, si certains se souviennent de ses romans conjecturaux, depuis « Le docteur Leme, sous-dieu » jusqu’à « Un homme chez les microbes » en passant, surtout, par « Les mains d’Orlac » (qui a connu plusieurs adaptations cinématographiques), peu, ou, moins, ont en souvenir la production policière de l’auteur.



Certes, je vous ai déjà parlé des « Enquêtes du commissaire Jérôme », des micros enquêtes parues au sein de la chronique « Les contes des 1001 matins » du journal Le Matin entre 1933 et 1939.



Bien évidemment, j’ai évoqué l’excellent roman « Le mystère du masque » paru aux éditions du Masque en 1935.



Mais ces deux œuvres, me direz-vous, sont plutôt tardives dans la carrière de l’auteur.



Aussi, il est temps de se pencher un peu sur un autre roman policier, plus ancien, de Maurice Renard, un roman qui date de 1927 : « ? LUI ? ».

Gilberte Laval est une jeune femme épanouie, qui va bientôt se marier avec le jeune, beau et riche Jean Mareuil.



Le vie de Gilberte ne fut pas toujours toute rose, sa mère est morte d’une piqûre d’une couleuvre venimeuse rapportée par son père d’une expédition en Afrique et son père, inconsolable, est parti à la mort dans cette même Afrique.



Certes, elle sera bientôt l’héritière de la fortune de ses parents, mais, en attendant, c’est sa tante qui gère le patrimoine et elle ne voit pas d’un bon œil ce futur mariage qui la déposséderait de ces biens d’autant qu’elle espérait bien que son fils adoré, Lionel, épouse Gilberte.



Aussi, mère et fils vont tenter de discréditer Jean Mareuil auprès de sa fiancée...



Quel étrange roman que ce roman-ci.



Étrange parce que jamais le roman n’est ce qu’il paraît, à l’image, d’ailleurs, de son personnage central, Jean Mareuil.



Étrange, car le livre débute par une scène totalement déconnectée de l’histoire qui suit au point que l’on se demande pendant longtemps s’il s’agit là d’un prologue ou bien d’un tout autre texte ajouté, pour on ne sait quelle raison, avant le récit.



Étrange parce l’intrigue, elle-même, traite de ce qu’elle ne semble pas traiter alors qu’elle ne traite pas de ce qu’elle semble traiter (oui, je sais, cette phrase est assez floue, mais elle devient compréhensible à la lecture... et, peut-être, dans mon explication à suivre).



Étrange, enfin, parce que... Maurice Renard.



Si l’on peut constater assez rapidement que l’écriture, le style, le sujet, sont un peu datés (par rapport à « Le mystère du masque », et ce malgré qu’ils ne soient distants que de 8 ans), l’intrigue et le rebondissement final, sont, eux, à mettre au crédit d’un auteur qui nous enfume depuis les premières lignes, qui nous endort lentement par un rythme et une ambiance fleur bleue à l’ancienne, en nous laissant croire qu’il nous conte une bluette sentimentalo-psychologique, alors, qu’en réalité, Maurice Renard s’attaque à ce que le genre à fait de plus contraignant, de plus difficile à aborder et dans lequel peu d’auteurs ont excellé : « le crime en chambre close ».



Oui, je répète souvent que bien des auteurs, du moins les auteurs prolifiques de romans policiers ont tous ou presque tentés, un jour ou l’autre de se confronter avec ce sous-genre de la littérature policière.



Si certains ont créé leurs lettres de noblesse dans cet affrontement, bien souvent, c’est au détriment d’une certaine crédibilité, ou bien de grandes roublardises ou, encore, par excès de simplicité (il n’y a qu’à relire « Le Mystère de la chambre jaune » de Gaston Leroux pour s’en convaincre).



Et pourtant, ceux-ci, à chaque fois (ou presque), annoncent la couleur en mettant en scène un crime dans un vase clos et en confrontant leur enquêteur à cette énigme à résoudre. Qui ? Comment ? Plus que le Pourquoi ?



Ce faisant, ils créent une attente chez le lecteur, attente qu’il sera difficile à contrebalancer avec la solution.



Maurice Renard, lui, prend le contrepied total de ce parti pris.



Commençant son récit comme une bluette sentimentale, il enchaîne avec un roman psychologique et policier (un mixage entre le Docteur Jekyll et Mister Arsène Lupin) pour, au final, résoudre avec brio, ce fameux crime en vase clos que personne n’avait vu venir au départ et dont tout le monde pensait voir venir la solution en cours de route.



Non seulement Maurice Renard surprend son lecteur et agréablement (ce qui est bien plus difficile que de le surprendre agréablement, surtout dans ce genre particulier), mais il ne se contente pas de le surprendre une fois, ni deux, mais bien au moins trois ou quatre fois.



Car, le coupable n’est pas le coupable. Pourtant, le coupable est bien le coupable.



Vous n’y comprenez rien, c’est normal.



Mais, plus que la surprise, qui n’en est pas une, puisqu’on le savait, mais qui en demeure une, car on l’ignorait, c’est avant tout et surtout dans la clef qui ouvre ce mystère (ou, plutôt, qui le ferme) que l’auteur excelle.



Car, il faut bien avouer que la résolution est à la fois crédible, insoupçonnable et logique à la fois (ce qui est fort).



De plus, Maurice Renard ne se contente pas de nous livrer cette résolution (par l’intermédiaire du héros) en se pavanant. Non, il le fait en décontenançant son lecteur qui, non seulement se rend compte qu’il s’était trompé sur le nom du coupable alors qu’il l’avait trouvé (oui, j’en fais trop).



Plus encore que le nom du criminel, c’est tout ce qui gravite autour de lui qui est chamboulé. On pensait commencer à saisir, mais l’on n’avait rien compris.



Si on rajoute à cela que Maurice Renard, d’un coup, nous fait saisir toute l’importance de la scène liminaire que l’on avait fini par oublier en se disant qu’il s’agissait là d’une excentricité de plus de l’auteur, alors, l’auteur parvient à réussir ce que bon nombre d’auteurs de romans policiers actuels ne parviennent pas à faire : produire une ultime scène d’une excellence incontestable qui permet de clore ce roman avec talent.



Je passerai sur les personnages qui, finalement, ne sont rien à côté du reste ; sur le style de l’auteur, qui est volontairement, je pense, en retrait, pour conclure que l’auteur semble s’être autant amusé avec le genre et le sous-genre qu’avec son lecteur. Un amusement surprenant et intelligent à la fois.



Au final, Maurice Renard démontre qu’il était à la fois un écrivain intelligent, créatif, joueur, des cordes qui s’ajoutent à un arc déjà chargé des différentes cordes de ses autres romans.

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Celui qui n'a pas tué

Maurice Renard (1875-1939) fut un auteur de ce que l'on appelait pas encore science-fiction, mais que Renard lui-même qualifiait de "Merveilleux scientifique".



Nous lui devons des romans tels que "Le docteur Lerne, sous-dieu", oui, l'excellent "le péril bleu", classiques du genre que je vous invite chaleureusement à découvrir si ce n'est déjà fait.



Le présent ouvrage, est un inédit de l'auteur, puisque ce recueil prévu pour paraitre en 1931, n'a jamais vu le jour, pour cause de faillite de l'éditeur.



Sont donc ici rassemblées des nouvelles parues pour la plupart dans le journal "Le Matin" entre 1927 et 1930.



Renard, excellait dans l'art - difficile- du récit court, si des auteurs anglosaxons, surtout américains, se sont rendus célèbres dans l'exercice de la "short story" , Maurice Renard n'a, tout comme d'autres auteurs français hélas souvent méconnus ou oubliés, rien à envier aux auteurs des "pulps" leurs contemporains d'outre-Atlantique !



Nous devons cette initiative éditoriale à la maison d'édition Le Visage Vert, l'un de ces "petits" (par la taille) éditeurs, qu'il faut plus que jamais découvrir et faire vivre !

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Celui qui n'a pas tué

Maurice Renard... revenons brièvement sur la carrière de cet auteur dont le nom résonne encore de nos jours aux oreilles de certains lecteurs, probablement les plus férus de romans d’anticipation.



Car, Maurice Renard (1875 - 1939) fut principalement reconnu pour ses œuvres fantastiques et pour ses réflexions et actions sur ce thème. Il est d’ailleurs salué comme le créateur du genre « merveilleux scientifique » et a marché dans les pas des Jules Vernes et H.G. Wells.



Mais, résumer Maurice Renard à sa seule production d’anticipation serait une erreur tant l’écrivain a également performé dans d’autres genres, dont le policier.



Effectivement, Maurice Renard écrivit quelques romans policiers (« ? LUI ? », « Le mystère du masque »...) mais également des contes et des nouvelles, dans tous les genres.



Pour la chronique « Les contes des 1001 matins » du journal Le Matin, il écrivit plus de 600 contes (1000 à 1500 mots chacun) dont presque une trentaine autour du personnage du commissaire Jérôme.



Des nouvelles, il en publia dans divers magazines et certaines furent même éditées sous forme de livrets.



C’est le cas de « Celui qui n’a pas tué » une nouvelle de presque 10 000 mots, éditée le 17 décembre 1927 sous la forme d’un fascicule de 20 pages agrafées pour la revue hebdomadaire « La petite illustration ».



Jean Fortel, blessé à la chasse, doit passer la soirée au lit pendant que sa femme, Jacqueline, se rend à l’Opéra-Français avec une amie pour assister à une représentation de « Pelléas et Mélisande ».



Alors qu’il assiste, à distance, à cette représentation via le théâtrophone, il se rend compte, par la fenêtre, que la lumière brille chez son ami et voisin Marc. Marc, parti en voyage depuis 18 mois après avoir constaté la tromperie de sa femme.



Ravi de revoir Marc, Jean Fortel le fait venir dans sa chambre et s’engage une discussion passionnée entre les deux camarades jusqu’à ce que, dans le théâtrophone, des cris retentissent, des crépitements de flammes, le ciel, par la fenêtre, rougeoie, l’Opéra-Français est en feu...



Nouvelle de 10 000 mots, donc, dans un genre un peu flou, ni policier, ni sentimental, sûrement pas fantastique ni horrifique.



Le récit est prétexte à l’auteur d’une mise en abîme entre la pièce de théâtre et la réalité, entre l’homme du passé et celui du présent, entre le sage Marc et le fougueux Jean...



Cette multiple mise en abîme est, elle, prétexte à réflexions sur le genre humain, sur la différence entre les hommes et les femmes, sur l’amour... sur plein de choses.



Si le récit se concentre moins sur une intrigue à proprement parler, il est mené d’une plume plus alerte que de coutume, une plume au diapason d’une ambiance difficile à cerner. Nostalgie, passion, fougue, peur, amour, haine, violence, détermination, sagesse, l’écriture est autant dénuée de platitude que l’histoire, de sentiments.



Difficile à expliquer plus en profondeur une impression aussi fugace, aussi difficile à saisir.



Toujours est-il que si, dans les textes précédemment lus de l’auteur, l’atout principal résidait dans l’histoire, dans l’intrigue, dans la narration, ici, c’est avant tout la plume de l’auteur qui charme. Avant tout, mais pas surtout. Mais, si le récit comporte d’autres qualités, pour une fois, celles-ci ne sont pas à trouver du côté du scénario, somme toute assez basique, ni de la fin, bien trop prévisible et annoncée par un titre bien trop évocateur.



Non, outre la plume, c’est, je le répète dans les réflexions que fait naître l’histoire, que le texte prend toute son ampleur. Peut-être même encore plus à notre époque qu’à celle de son écriture.



Car Maurice Renard met en avant que, malgré le modernisme, les inventions, la technologie, l’être humain est toujours mû par les mêmes sentiments. Que l’homme se croit tellement différent de ses ancêtres alors qu’il n’en est qu’une réminiscence à peine plus évoluée, du moins, plus lisse.



Et ce fossé que l’homme veut établir entre ses aïeux plus primitifs, ou ses contemporains, plus faibles, est bien souvent moins profond qu’il ne le croit, qu’il ne l’espère.



En clair, la réflexion de l’auteur datant de 1927 continue à faire réfléchir le lecteur en 2020. Sûrement plus, d’ailleurs, en 2020 qu’à l’époque.



La modernité est désormais omniprésente, omnisciente, régit la vie de tout un chacun. On voit, on entend à distance, à longueur de journée, on communique sans cesse avec des êtres immatériels, on se pense quintessence de l’humanité, l’élite que la terre porte en son sein, et, pourtant, nous sommes tous menés par les mêmes instincts primaires qui ont conduit les hommes de tout temps, de toutes époques même quand l’Homme n’était encore qu’un singe. Les mêmes instincts qui dirigent toutes les espèces : manger pour vivre, conquérir pour se développer, acquérir la puissance pour séduire ou prendre de force, le tout, pour procréer et faire perdurer la race.



Marc le philosophe, opposé à Jean l’impulsif. Marc, le sage, contre Jean, le violent. Et, pourtant, les deux finissent par succomber aux mêmes sentiments...



Bref, « Celui qui n’a pas tué » n’est pas un récit qui se raconte, qui s’explique, mais un récit qui se lit et qui imprègne et qui, je l’espère pour tout le monde, fait réfléchir.



Maurice Renard avait déjà démontré qu’il savait construire des récits intrigants, des récits intelligents, des récits malins, voilà qu’il prouve, maintenant, qu’il savait écrire des récits qui font réfléchir... et ça, ce n’est pas donné à tout le monde.



Au final, un récit qui, l’air de rien, se révèle à la fois bien écrit, profond, intelligent, philosophe et... optimiste. Que demander de mieux ?



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Château hanté

Dans cette nouvelle efficace mais relativement anecdotique par rapport au reste de son œuvre, l'auteur d'Un homme chez les microbes va à l'essentiel. Cette fois-ci, il ne s'encombre pas d'étude des personnages, ne se lance pas non plus dans une critique sociale ni même ne tâche réellement de créer une ambiance. Il se concentre sur une simple bonne histoire, bien construite et finement narrée, et sur sa chute. Pour autant, il ne fait jamais l'économie du style. C'est d'ailleurs l'intérêt principal de ce texte court et élégant.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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Château hanté

Voilà une nouvelle bien agréable à lire, même s’il est possible de lui reprocher son manque de fantastique dans la première partie. Mais la narration est agréable, fluide. Les phrases bien construites avec un vocabulaire approprié. La conclusion est bien amenée laissant planer le doute sur l’origine du phénomène. À lire, comme toute l’œuvre de Maurice Renard.
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Château hanté

Le docteur B. est convié au château de Sirvoise par le duc de Castièvre qui vient de s’en porter acquéreur ; et cela pour une bouchée de pain. Mais le duc ne s’avère pas dans son état habituel car le château passe pour être hanté, ou plutôt on dit dans les environs que c’est le duc « qui a semé cette fable, monté ce coup, commis cette fraude enfin, pour déprécier le château et l’avoir à bon compte ». Pourtant le désormais châtelain confirme avoir entendu « Des pas lourds dans la nuit, accompagnés d’un cliquetis de ferraille, par les corridors et les escaliers… ». Mais au cours d’un bal costumé donné au château une armure prend vie…



Le château hanté est une petite nouvelle amusante et agréable à lire, dans laquelle Maurice Renard nous plonge dans une histoire de fantômes. Mais trop en dire serait gâcher l’intrigue. Sachez cependant que l’histoire se termine par une pointe d’humour noir.


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Château hanté

Le château hanté, c'est le château de Sirvoise, splendide demeure Renaissance sur les bords de la Loire, devenu récemment la propriété du Duc de Castièvre, un homme au tempérament mélancolique, d'autant que le château est prétendu hanté, et que les mauvaises langues prétendent que le duc lui-même aurait fait courir ces bruits afin d'obtenir un prix cassé.



Son seul plaisir, au grand dam de sa famille et de ses amis, est de déambuler au milieu de sa collection d'armure, mais hors de question d'organiser la moindre fête, qui "dénaturerait" le château à ses yeux.Jusqu'à ce que son ami et médecin trouve un solution qui satisfasse tout le monde: organiser un bal costumé sur le thème de la Renaissance, qui donnera un peu de vie à la demeure, sans en trahir l'histoire. une très bonne idée.. enfin, jusqu'à ce que l'armure de François I°, le clou de la collection, se mette à bouger et à danser seule. Serait-ce le fantôme du roi, ou un simple plaisantin?



Et c'est une bonne première découverte de cet auteur que je ne connaissais que de nom, avec une nouvelle agréable à lire, bien écrite, une ambiance fantastique qui se met en place peu à peu, et une fin ouverte comme j'aime.

et puis il y a cette collection d'armures qui me rappelle ma visite au musée des armées de Paris, ou on peut justement voir la très impressionnante armure de François I°, qui a du impressionner aussi Renard, car elle est décrite presque trait pour trait.
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Château hanté

Une nouvelle de Maurice Renard qui nous emmène au château de Sirvoise, un monument de Pierre et d'histoire.

Acheté pour une bouchée de pain, cette demeure réserve bien des surprises à son nouveau propriétaire, " bien mal acquis ne profite jamais " et c'est hélas ce qui va lui arriver.

Une écriture du début du 20ème siècle qui n'est pas sans rappeller d'autres auteurs classiques du genre.

Lecture plus drôle que terrifiante.
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Contes atlantiques

Ce petit recueil de courts textes de Maurice Renard a été une très belle surprise.

L'écriture à la fois poétique et très maîtrisée se teinte parfois d'humour et de fantaisie. L'auteur nous livre de multiples récits très brefs, avec une cadence telle que la lecture en est presqu'addictive. Toutes les nouvelles sont en lien, de près ou de plus loin, avec Oléron et ses environs.

Un très jolie manière de découvrir cet écrivain contemporain de Kessel, Simenon et Colette, et considéré comme un de fondateurs de la science-fiction moderne.

Merci aux éditions Local pour le travail éditorial.
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Histoires d'occultisme - Anthologie

Le titre "occultisme" laisse une impression de secrets et de mystères un peu trompeur. Plus factuellement, c'est une compilation générale de nouvelles fantastiques où le surnaturel est apporté par des humains (et, dans un cas, un chat) qui pratiquent la magie.



Beaucoup de variations sur le thème de l'enchantement, pour tuer ou pour séduire, et finalement ça va assez vite sur le côté compréhension de l'univers en général et théories occultes. Je l'ai un peu regretté. Peut-être parce que si les auteurs expliquaient trop, cela tournerait en fantasy plutôt qu'en fantastique...



Il y en avait quand même des très bonnes. J'ai beaucoup aimé "L'elixir de longue vie" de Balzac (et personne ne m'avait jamais dit que c'était une réécriture de Dom Juan), la fin est terriblement frappante. Sinon, "Le château de Leixlip" de Maturin était un peu décousue mais écrivait les fées d'une façon qui me plait, et j'ai aussi aimé "Un bonbon pour une bonne petite" de Bloch, qui a un esprit très moderne et factuel et presque fantasy urbaine, pour le coup. Dans celles que j'avais déjà lues, j'adore "Le Miroir d'encre", mais j'aime tout ce que fait Borges.



Ceci dit, elles avaient toutes de bonnes idées, et ont été choisies pour cela en premier : pour offrir un large panorama et plusieurs variations du thème choisi.

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L'amant de la morte

La pièce s'ouvre sur un badinage de femmes du monde. Simone Darvières sert, dans son boudoir, le thé à Ginette Barjot et à Maud Risner, qui sont en visite.

Lorsque survient Robert Samoy, que Ginette a rencontré dernièrement au Caveau-Géorgien, affalé, les coudes sur la nappe, à côté d'une affreuse petite rousse aux yeux pochés, au regard vide.

L'alcool, les stupéfiants...Tout lui est bon, paraît-il, pour s'étourdir !

Pour l'heure, il fait fuir ces dames qui donnent leur congé et avoue à Simone son amour pour elle.

Le mariage de la jeune femme avec Guillaume, duquel Robert était le témoin, a fait le malheur de ce dernier.

Presque par hasard, la jeune femme se trouve hypnotisée par le regard intense et douloureux de son prétendant malheureux et celui-ci, profitant de l'occasion, lui ordonne d'être à lui, dès son retour de voyage prévu cinq semaines plus tard.

Mais Simone, brûlée, défigurée disparaît dans l'accident ferroviaire du train qui roulait vers Nice. Guillaume, son mari, n'a retrouvé que son cadavre parmi le charnier qu'est devenue la voie ferrée.

Une nuit, sous une poussée de bourrasque, la fenêtre, mal refermée de l'atelier d'architecte de Robert, s'ouvre tout-à-coup. Les carreaux se brisent.

Robert, horrifié, se dresse, hagard....

"L'amant de la morte" est la seule pièce de théâtre que Maurice Renard a offert au théâtre du Grand-Guignol.

Il est un des précurseurs de la science-fiction. Mais il fait, ici une incursion dans le fantastique, un genre peu représenté dans le répertoire du théâtre du rire et de l'horreur.

C'est une courte pièce, oppressante et passionnante.

C'est un drame que l'on redécouvre, aujourd'hui, avec plaisir, parmi les nombreux chefs-d’œuvre que Maurice Renard nous a laissés.

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L'homme truqué

Entre polar et fantastique, un roman fondamentalement SF. Du transhumanisme avant l'heure, la figure du surhomme augmenté qui n'a rien à renier au roman Le dernier de son espèce par la mélancolie qui s'en dégage.

Un petit bijou injustement oublié.



Lu ce texte sans savoir de quoi il en retournait, juste après le roman Le dernier de son espèce, et je peux dire que cela collait parfaitement à l'ambiance.

L’homme truqué commence par la fin de l'histoire, par un assassinat en la personne du Docteur Bare dans un bois. Un manuscrit retrouvé va faire la lumière sur ce tragique évènement.



Nous sommes dans l'après guerre, les traumatismes sont toujours visibles et présents dans les mémoires, notamment via les gueules cassées et les expériences médicales faites sur les blessés.

Mais Maurice Renard élargit le propos en parlant de surhomme et des conséquences psychologiques, traumatiques sur le cobaye. Pour moi, nous sommes clairement dans la veine du transhumanisme avant l'heure et de la figure du super héros. Un sujet brûlant d'actualité de nos jours. Cependant, ici nous explorons plus le côté anti-héros, pas d’héroïsme, juste du tragique.



Le tout est servi par une intrique à chute, du suspense et même un peu de mélo, cela se lit tout seul, malgré les cent années qui nous séparent de sa rédaction. Les personnages sont bien campés, malgré la brièveté du roman. Je ne vous en dit pas plus, cela serait dommage de vous gâcher le plaisir.



Voilà un texte que je vous recommande de lire de toute urgence
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L'homme truqué

Voilà bien un bijoux de la littérature d'anticipation scientifique.

Maurice Renard nous emmène dans un récit captivant, qui prend racine dans la boucherie de la guerre 14-18. Celle-ci offre un incomparable matériel humain pour des expériences clandestines.

L'auteur prédit, dans cette fiction, l'action de certains médecins et scientifiques dévoyés dans les conflits futurs.

L'intrigue policière est présente, mais reste légère par rapport à la part scientifique du roman. Astucieusement, elle est condensée dans le prologue-épilogue du début.





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L'homme truqué

Assez discrète, l’Opération Bol d’air dévoile de petits bijoux littéraires durant cette période de lecture confinée. Elle proposait notamment la semaine dernière de découvrir un texte historique de la science-fiction française : L’Homme truqué de Maurice Renard. Et pourtant, écrit en 1921, le texte portait sur une thématique qui ne m’attire pas particulièrement : la Première Guerre mondiale et ses « gueules cassées ». Mais je me devais de lire l’un des pionniers de la science-fiction française.

Et je ne fus pas du tout déçue. L’histoire a un style daté proche des feuilletons paraissant alors dans les journaux, mais l’écriture est claire, légère et peu encombrée. À peine ai-je dû jeter un œil dans le dictionnaire pour me faire une idée du son d’une serinette. Courte, l’histoire commence comme un polar par la découverte du corps du narrateur, visiblement tombé dans un traquenard le long d’une route de campagne. Par miracle, son récit caché dans une poche intérieure de son costume n’a pas disparu.

Et là, le récit entre de plain-pied dans la science-fiction avec le retour miraculeux d’un voisin que l’on croyait mort au front. En réalité, l’homme devenu aveugle lors d’une bataille a été récupéré par les Allemands et envoyé vers l’arrière dans un mystérieux château. Là, on lui greffa des yeux mécaniques d’un genre nouveau. Ayant réussi à s’évader, il est revenu dans son village natal pour y finir ses jours. En paix ?

Très court, avec à peine 145 pages, L’Homme truqué est un récit pourtant complet avec des bases scientifiques solides (pour l’époque), sans être trop jargonneux, et un équilibre plutôt bon entre l’action, la description des états d’âme des différents personnages et l’aspect scientifique. S’il n’entre pas dans les détails, la honte ressentie par cet aveugle défiguré par la guerre et la science est bien décrite, ainsi que son envie légitime de ne plus servir de cobaye, même vis-à-vis de son ami médecin, pourtant bien intentionné. Tout juste peut-on reprocher à l’auteur un retournement de situation plutôt prévisible, et au narrateur une certaine naïveté ?
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L'homme truqué

Publié en 1921, ce court roman de 133 pages m'a un peu fait penser à Jean Ray. L'histoire débute avec la découverte du cadavre de Bare, médecin du village, sans histoire et apprécié de tous. Sa maison fouillée de fond en comble laisse présager que le docteur Barre cachait un lourd secret.

Jean Lebris, que tous croyaient mort, réapparaît en pleine nuit, mais dans quel état !

L'auteur nous emmène, avec ses quelques personnages, dans le monde terrifiant des expériences médicales lors de la Grande Guerre.



Beau petit livre, qui se lit d'une traite, un bon format de poche chez cette maison d'éditions que je ne connaissais pas, Arbre Vengeur, qui me paraît bien spécialisée en livres insolites, histoires singulières et originales, sans oublier la qualité littéraire.



Un très bon moment de lecture.
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L'homme truqué

Un médecin est tué dans un guet-apens ; on trouve sur lui un manuscrit relatant des événements extraordinaires dont il a été le témoin, concernant une gueule cassée de la Première guerre mondiale devenue aveugle à la suite des combats. ● Ce petit roman, ou cette longue nouvelle, commence comme un roman policier et se poursuit dans le genre de la science-fiction. Je comprends que ce récit soit apprécié pour son caractère visionnaire (c'est le cas de le dire), car il met en scène un transhumain avant que le mot ne soit inventé. Mais il ne m'a guère convaincu. J'ai trouvé son rythme languissant, et les anticipations scientifiques à la Jules Verne me laissent assez indifférent. Quant au style, il est celui des feuilletons populaires de l'époque.
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L'homme truqué

L'homme truqué (1921) est un court roman de Maurice Renard, chef de file et théoricien du merveilleux-scientifique. Jean Lebris, a perdu la vue durant la guerre des tranchées. Opéré dans une forêt d'Europe-centrale, il peut désormais voir l'électricité. Un roman original et plaisant, symbole d'un genre littéraire quelque peu oublié.
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L'homme truqué

Dans ce roman, qu'on pourrait qualifier de « merveilleux scientifique », l'intrigue commence par la fin et la question est de savoir comment on en arrive à la chute annoncée, la mort du docteur Bare. il est alors question d'un jeune homme revenu du front, du récit qu'il fait au docteur, de son parcours, du traitement qu'il a subi et qui fait qu'il rentre « truqué » du théâtre des opérations. Comment peut-il être vivant alors que tous le croyaient mort ? Vivant, oui, mais aveugle et doté d'un étrange regard…

Lisez la suite sur mon blog :
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L'homme truqué

Dès les années 20, Maurice Renard imagine de la bionique moderne. Au-travers du témoignage posthume d'un médecin mystérieusement retrouvé mort, on apprend comment un soldat rendu aveugle pendant la Première Guerre Mondiale revient soudainement avec des "yeux électriques" greffés à la la place de ses organes morts. Comment ensuite, les scientifiques ennemis qui avaient pratiqué cette expérimentation cherchent par tous les moyens à remettre la main sur ces bijoux technologiques échappés avec leur prisonnier.

C'est une nouvelle que je trouve assez anticipatrice pour l'époque, marquée bien sûr par le traumatisme de la Grande Guerre et de ses hordes de mutilés. Une nouvelle fantastique fort bien écrite qui se double d'une enquête sur la mort du médecin. Un OLNI* très intéressant.



* Objet Littéraire Non-Identifié
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L'homme truqué

Après la première guerre mondiale, le docteur Bare découvre que son ami Jean Lebris est vivant, mais qu'il est revenu différent. Refusant de se faire soigner, celui-ci demande qu'on garde le silence sur ce qu'il a subi et transformé.



Ecrit en 1921, cette nouvelle n'a pas vieilli et propose une vision de la greffe intéressante et quelque peu inquiétante. On apprend que Jean Lebris a été enlevé, ses yeux remplacés par des prothèses et qu'il voit différemment. Parler de ce livre sans déflorer la nature de l'homme truqué serait ardu.

Maurice Renard ne va pas uniquement parler de science-fiction (merveilleux scientifique disait-on à l'époque), mais sa nouvelle va explorer le policier et la romance. Si l'ombre de la première guerre mondiale se fait sentir, les personnages font tout pour l'oublier et construire un monde meilleur. L'élan patriotique est d'ailleurs présent tout au long du texte et même chez "l'ennemi" on reconnaît la valeur des invités/prisonniers en les traitant bien. Un "ennemi" qu'on sent puissant, qui ne recourt à la force qu'en cas de nécessité. Cultivé, aimable, on sait peu de choses de cet homme qui va opérer Jean Lebris. Il se fait appeler Prosope, il n'est pas militaire et dit avoir quelque réputation comme médecin. Malheureusement pour notre héros, Prosope a une vision bien scientifique de son patient : l'amour de la science avant tout !

C'est le docteur Bare qui joue le role du narrateur. Personnage emprunt de patriotisme, curieux de la science qui émerge, il essaye de modérer les humeurs de son ami Jean Lebris. Il va jusqu'à proposer quelques expériences pour tester les différentes applications du "trucage" de son ami. Quant à Jean Lebris, la guerre, son opération et une santé déjà fragile ont raison de son caractère. Morose, il se sent condamné et ne demande qu'une chose, qu'on le laisse finir auprès des siens. Le dernier personnage important est celui de Fanny Grive, qui loue avec sa tante l'étage au-dessus de la famille Lebris. Jolie, dévouée, elle remplit les coeurs d'espérance et d'amour.

Sous la plume de l'auteur, le retour à la vie civile de Jean Lebris est emprunté d'ambiance policière. Paranoïa, secrets, "l'homme truqué" a peur des répercussions si on le sait vivant. Quant à la science-fiction, elle est présente par le "trucage". Cet homme qui voit grâce aux prothèses de Prosope. La théorie (utiliser un autre organe relié au nerf optique pour voir) semble plausible et sa réalisation monstrueuse. Pour Jean Lebris, la réalité n'est qu'image imprécise d'un côté (ou plutôt des couleurs), mais au fil du temps, il devine tous les aspects des couleurs, qu'elles soient physiques, chimiques ou construites...

Dernièrement, la bande dessinée L'Homme Truqué est parue. Scénarisée par Serge Lehman et dessinée par Gesse, elle montrait une vision différente de l'homme truqué. Pour comparer un détail parmi d'autres, la version 2013 voudrait que l'homme truqué revête un casque qui rejoint les yeux. Celle de 1921 décrit des prothèses de la taille des yeux, reliés aux nerfs optiques... Est-ce l'effet de la mode Steampunk ?



Véritable drame, L'Homme Truqué est une magnifique nouvelle. Si l'aspect scientifique est bien présent, c'est l'amalgame des genres qui permet d'être plongé dans le récit. Maurice Renard décrit très bien les sentiments de la race humaine. A découvrir ou à relire de toute urgence.



L'HOMME TRUQUE

AUTEUR : MAURICE RENARD

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