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Critiques de Mayumi Inaba (183)
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La péninsule aux 24 saisons

Pas encore soixante ans, vivant dans un studio dans la grisaille de Tokyo elle décide un beau jour de faire une pause et partir. Elle s'est éprise d'un estuaire et de ses falaises à proximité, où elle s'est fait construire une petite maison sur la presqu’île de Shima......Dans les aléas de la Vie, qui remettent en question même le quotidien le plus banal, elle trouve dans cette terre, un lieu solide et fort pour se ressourcer avec un retour à une vie simple, au rythme plus lent, en harmonie avec la nature. Une nature qui fonctionne sur vingt-quatre saisons, divisions à l’ancienne.



La rencontre avec Kayoko et ses abeilles japonaises, le vieux Kurata et ses arbres qui ruissellent, le bateau fantôme dont la proue qui émerge du vase du marais ressemble à la tête d’un cormoran noir et de sa mère handicapée de 86 ans qui y vient faire un séjour uniquement par un intérêt passionné pour les lucioles, font partie des richesses de ce livre. Cette femme solitaire qui s'endette pour acheter un marécage devant chez elle , qui ne lui servirait à rien sinon profiter de sa vue et d’empêcher qu’on le remplisse et qu’on y construise un lotissement, et qui se ressource des précieux secrets de la nature et des choses révélés par ses sens et brodés par son imagination, m'a particulièrement touchée, "C’était un soir de pleine lune après la pluie. J’ai vu la proue de la barque qui semblait vouloir s’approcher de la lune pour la rejoindre.  Dans le halo de la lune qui se reflétait sur l’onde, la proue a bougé, j’en suis certaine. Le reflet qui scintillait à la surface de l’eau en ondulations brillantes dessinait exactement une barque avançant sur la mer. Comme peu de personnes me croiront, je garde ce secret pour moi. "



Un livre émouvant, profond mais léger, une bouffée d’air frais par les temps qui courent. C'est le deuxième livre de Mayumi Inaba que je lis et pour lequel elle a reçu le prix littéraire Tanizaki en 2011, avant de nous quitter à jamais en 2014.

Un grand merci à mon amie Sabine pour cette délicieuse découverte.





Dans la paume de ma main

Légère comme un souffle

La lumière d’une luciole

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20 ans avec mon chat

Pourquoi aimons nous tant les chats?

Un psy chat-gace répond: "...indépendants au premier abord, ils sont en réalité très affectueux et rendent cette affection qu'on leur donne. Comme les êtres humains, ils peuvent être en manque d'affection et en réclamer.



"Un tout petit bébé chat", elle est accrochée désespérément à un grillage et a peur de tomber. Elle gardera la peur du vide toute sa vie...

"Le chat minuscule

Les griffes transparentes et nacrées

Les oreilles mobiles il écoute ma voix

Les yeux humides et clairs

Un soir où le quartier avait une légère odeur mentholée

Tu es venu de loin .Viens ! Bonjour !



Ne sachant quel nom lui donner, à force d'entendre ses "miaou, miaou", elle se décida à l'appeler Mi !

"D'où vient le nom? Toi tu réponds seulement "Mi."



"Quand je (l'autrice ) m'enfonçais sous les couvertures, la chatte me rejoignait. Elle posait la tête sur ma main, je la caressais, mon absence de la journée était rachetée par cet échange, et ce peu de chose suffisait-il à lui apporter le calme, certains soirs, de son corps allongé bien droit, j'entendais monter un léger ronflement.

Je suis un être humain et toi tu es un chat"



Le psychologue ajoute également que la présence des chats renforce l'estime de soi et fait se sentir utile. "Sans Mi, Je n'aurais pas prêté une oreille passionnée au pouls de la ville entière qui battait au rythme de sa propre métamorphose."



C'est un poème, c'est un cri, c'est un chant

C'est Mi et son ronronnement...
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La valse sans fin

Japon, Tokyo.

Une jeune femme, “immatérielle”, complètement perdue dans les vapes d’analgésiques qu’elle ingurgite à la pelle.

Elle dort le jour et erre la nuit, et trouve la paix uniquement dans cet état d’étourdissement, dans un brouillard permanent. Pourtant elle arrive à travailler et même à écrire des livres et gagner des prix littéraires.

La rencontre d’un garçon aussi paumé qu’elle, un musicien de jazz, "de génie", comme il le pense lui-même, va être le début de “la valse sans fin “. "Lui et moi nous ressemblions. Son monde était aussi cassé quelque part ". Deux écorchés de la Vie, qui vont encore plus s'écorcher mutuellement......



L'histoire lugubre d'une relation très violente, malsaine, "d'un amour absolu" entre deux êtres sous l'emprise de l'alcool et de la drogue. Je ne sais pas vraiment si on peut appeler ça de l'amour tellement c'est destructeur, en tout cas pathologique, "Je ne savais pas si j'aimais Kaoru. L'amour existait-il ou non, c'était ambigu."

Racontée par la jeune femme, alors que son compagnon de valse est déjà mort, une histoire douloureuse d'anéantissement, émotionnellement difficile à lire, du moins ç'a été pour moi. Elle ne m'aurait pas interpellée si ce n'est la prose claire et lumineuse d’Inaba Mayumi qui l’éclaire, y apporte un brin de chaleur, la rendant relativement humaine.



"Quand la pluie cesse de mouiller les acacias....".



Merci Bison.



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La péninsule aux 24 saisons

Un roman homéopathique.



Voici un beau "nature writing " japonais que j'ai pris le temps d'apprécier à petites doses.

Un roman zen, sans intrigue, mais apaisant.

La narratrice , pour prendre ses distances avec le stress de la vie tokyoïte, a décidé de prendre une respiration dans une péninsule aux paysages sublimes et placides.

En compagnie de son chat, elle va faire l'expérience des vingt-quatre saisons d'une année japonaise et apprendre à apprécier de nouveau l'amour de la vie et de ses plaisirs simples.

Un roman riche en couleurs, en odeurs et en sonorités doucereuses.

Un squelette et quelques vipères essaieront de troubler la quiétude des lieux, comme dans une sorte de tableau en trompe-l'œil, mais en vain.

La sérénité s'impose et l'emporte dans ces vingt-quatre saisons propices à une véritable renaissance.

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La péninsule aux 24 saisons

Ce sont d'abord les falaises qui l'ont séduite, blanches, abruptes, léchées par le Pacifique. le calme et la nature ont fini de la convaincre de se faire construire une maison, près des bois et d'un marais, loin de la vie trépidante qu'elle mène à Tokyo, dans la péninsule de Shima. Puis, lasse des allers-retours entre son studio de la capitale et son havre campagnard, elle a décidé de venir y passer une année complète. Douze mois rythmés par les vingt-quatre saisons du calendrier traditionnel japonais.



Une femme fait une parenthèse dans sa vie et nous offre une bulle de douceur et de poésie. le travail de la terre, la cueillette de fruits des bois, la préparation de confitures, de longues promenades dans la nature sont ses seules occupations, avec parfois une visite à la miellerie de son amie ou une fête au hameau. le temps passe paisiblement et elle note dans son journal de bord, le rythme des saisons, l'évolution de la nature, son adaptation à ce milieu qui lui est étranger. Sa mère ou sa soeur viennent parfois lui rendre visite, sans toutefois troubler le calme de cette nouvelle vie. Elles marchent dans les champs ou dans les bois, observent les lucioles, se nourrissent des produits de la nature.

Il ne se passe rien dans ce roman, rien au sens d'action trépidante. Mais on se laisse bercer par la sérénité qui s'en dégage. C'est un roman qui met les cinq sens en éveil. On y ressent la chaleur du soleil ou le froid de l'hiver sur la peau. On y voit la beauté d'une nature intacte, de l'océan déchaîné, des falaises escarpées. On y sent l'odeur de la forêt profonde ou celle de la putréfaction des marais. On y goûte les fraises des bois, le miel, le tofu, le soju. On y entend le chant des oiseaux, le coassement des crapauds, le bruit furtif des animaux des bois.

Un roman reposant, qui fait du bien, qui sublime l'idée de vivre en harmonie avec la nature, loin du tumulte des villes, en partageant du temps, des vivres, des conversations avec ses voisins, en regardant son chat retourner à l'état sauvage, en savourant chaque minute du temps qui s'écoule. Une parenthèse enchantée.

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La valse sans fin

Abe Kaoru est un saxophoniste japonais de free jazz, mort à vingt-neuf ans, dans les années soixante-dix, d’une overdose de sédatifs, et devenu mythique dans le milieu du jazz japonais underground. Il fut marié à l’actrice et écrivain Suzuki Izumi : une union bâtie sur un amour-haine désespéré et violent, qu’Inaba Mayumi nous relate du point de vue de la jeune femme.





Kaoru et Izumi sont deux trous noirs qui s’attirent irrépressiblement dans leur chute vers le vide et la destruction : jeunes et paumés, habités par un désespoir qui les dépassent et les empêchent de se construire un avenir, ils ne parviennent qu’à brûler l’instant présent et à se réfugier dans la musique et la drogue. S’accrochant l’un à l’autre dans une danse de mort qui ne pourra avoir de fin que tragique, ils s’entraînent mutuellement vers le fond comme deux naufragés au bord de la noyade.





Le texte est terrible, souvent insupportable, tant l’horreur et le dégoût vous submergent à voir ces deux êtres s’autodétruire de concert, dans une consommation effrénée et effrayante d’alcool et de drogues : déchéance physique, auto-mutilation, crises de violence et désordres psychiatriques jalonnent l’anéantissement de leurs jeunes vies, au fil d’un dévorant mal-être qu’eux-mêmes ne comprennent pas.





Heureusement, derrière le sordide et l’innommable, l’écriture fine et sensible de l’auteur parvient à préserver l’humanité des personnages, dans des éclaircies de tendresse et de lucidité, dans leur attachement mutuel dont on ne sait plus s’il est fait d’amour, de haine, ou de dépendance mais qui ne peut laisser indifférent, ou encore dans les envolées musicales où transperce le génie de Kaoru.





Ce livre est comme un trou d'air qui vous remonte le coeur dans la gorge, y laissant répulsion et désolation à l'idée, qu'hélas, il est inspiré de personnages et de faits réels.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La péninsule aux 24 saisons



Quel enchantement, ce livre! Comme il fait du bien, en cette période anxiogène! J'avais déjà beaucoup apprécié " 20 ans avec mon chat", le plaisir a été encore intense cette fois.



La première de couverture, de toute beauté, ouvre sur ce que l'on pourrait appeler un journal de bord. Dans le calendrier traditionnel japonais, les périodes sont de quinze jours, d'où les vingt-quatre saisons du titre. Et c'est sur une péninsule où elle possède depuis quelques années une cabane que la narratrice, habitant à Tôkyô, se retrouve, comme elle le fait régulièrement.



Mais cette fois, elle y restera longtemps. Elle se sent vieillissante, vient de perdre une amie chère, et éprouve le besoin de se ressourcer dans la nature. Nous l'accompagnons avec émotion et ravissement dans ses promenades, ses pensées, ses relations chaleureuses avec ses voisins.



La forêt envoûtante, l'élaboration du miel, les préparations culinaires pour nous souvent surprenantes avec les produits de la nature, le lien fort avec son chat, les souvenirs qui affluent, la tendresse qu'elle offre à sa mère, qui vient admirer en juin les lucioles, tout m'a parlé, tout m'a émue.



Une bulle de sérénité, une vision contemplative du monde, des images douces au coeur, une nostalgie lancinante aussi, cela vous semble attirant? Alors, lisez ce roman!











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La valse sans fin

Un hiver glacial tombe sur la ville. Tu ne trouves pas qu'il fait froid ? Dans cette chambre, dans cette ville, dans cette vie. J'aime le jazz, les sonorités improbables d'un saxo, les silences entre les sons. J'aime le froid, la neige, le blanc. Lorsque les doigts deviennent bleus. Lorsque les lèvres deviennent bleues. Lorsque de la fumée sort de ta bouche à la moindre respiration. Inspiration expiration. le coeur bat, combien de bpm, le saxo sonne, la machine à écrire fredonne. Izumi est écrivaine, Kaoru musicien dans le free jazz. Les sons s'échappent, improvisation du moment. Izumi se couche, échappant aux coups. Kaoru rêve du Grand Nord. Izumi ne rêve plus, ne vit plus. Un saxo qui cogne. J'ai rêvé de la lune bleue.



Avec cette musique qui s'élève dans leur piaule froide et minable, que la lune soit bleue ou la nuit soit noire, illumination de sombres vies, s'accompagne le cocktail alcool-drogue-dépression-peur-désespoir… Un déchaînement de violence, des liens forts d'amour et de haine, s'abattent et se déchirent dans l'atmosphère suffocante de cette relation.

Kaoru est maintenant mort depuis quelques années, mais Izumi continue à le voir, lorsqu'il fait froid, à le sentir, à l'aimer. Il aimait tant le froid.

Les mots peuvent être parfois durs, les scènes incompréhensibles mais peut-on comprendre le free jazz. Il ne s'explique pas, il se vit. Comme l'amour, qui ne devrait pas avoir besoin de mots pour se faire comprendre. Juste une musique, et te serrer dans mes bras. Sauf que dans cette histoire-là, les maux sont tout autre, le malaise si grand, l'autodestruction est à l'image de cet amour, de cette haine, de cette musique jusqu'à l'overdose.



Alcool. Drogue. Médoc. Insomnie. L'âme se teinte de bleue, des bleus reçus par les coups de Kaoru.

Sans passé, sans avenir, ces deux gamins, complètement paumés dans les années soixante-dix, dansent une valse sans fin, avec comme fin ultime la mort. C'est beau, c'est dérangeant, c'est triste, c'est sans espoir. de toute façon, mes lectures baignent dans le désespoir… et le free jazz.
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20 ans avec mon chat



Quelle jolie découverte! Un moment doux, lumineux, dans le gris humide de Février...



Il n'est pas besoin d'aimer les chats pour apprécier ce livre, même si les fans de ces félins irrésistibles se sentiront certainement plus attirés...



Je dis récit parce que ce texte me semble très autobiographique. Il n'est pas juste un témoignage d'une vie en compagnie d'un chat , il est bien plus que cela. En effet, c'est aussi le parcours d'une femme japonaise, son cheminement vers l'écriture, ses hésitations, sa vie intime, avec ses échecs sentimentaux et ses espoirs, son quotidien, notamment à Tokyo.



La tendre petite chatte, Mî, sera un peu comme sa muse ( de très beaux poèmes jalonnent le livre et ont souvent Mî pour thème ), son accompagnatrice, son apaisement, son bonheur...



" Le corps s'ouvre au bruit de l'hiver

L'an prochain je sais ne viendra pas

Une tristesse inconnue tombe sur moi en cette fin d'après-midi

Et le vert des feuilles brille aussi dans les douces prunelles du chat."



Ces mots font transparaitre son désarroi , elle qui sait sa chatte gravement malade.



La fin est fort émouvante mais la narratrice se console en se disant que " les âmes voltigent dans la lumière". L'âme de Mî aussi, soyons-en sûrs.

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20 ans avec mon chat

Merci à Juliette, qui m'a offert ce livre. Assez court, 200 pages. 20 ans avec un chat, quand on sait qu'un chat vit rarement 20 ans, vous devinez bien ce que ça implique... En refermant mon livre, j'ai caressé mon chat, je lui ai donné un bonbon, je l'ai prise sur mes genoux... Je suis tellement pas prêt à perdre le mien! Déjà je vous avoue j'ai, tout comme l'héroïne, beaucoup pleuré au décès de Mî... Je pense qu'à la mort de Fifi je vais pleurer trois jours non stop :')... Mî c'est le nom qu'a la chatte à cause de son miaulement en iiii. Sous fond de civilisation japonaise, taff, vie sentimentale, vétérinaire. Ce qui compte c'est la relation avec Mî. Un peu bizarres ces Japonais, pour qui le fait d'avoir un chat est souvent un problème en immobilier. La vie n'est pas tendre avec Mî! ... C'est tellement triste! :')... Et beau... L'amour... Et même si on me prendra peut-être pour une "fleur bleue" je préfère la poésie des chats et du coeur à la violence des aléas...

Mais je parle (un peu trop) de moi. C'est que rarement un livre ne m'a autant touché. :') A bientôt 30ans, je suis déjà un papy chat...

Le livre est très bien écrit, très court. Ca se lit comme on mange a candy, c'est sucré et ça s'arrête avant de nous gaver. :)...
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La péninsule aux 24 saisons

Se couper de l’ébullition auditive et visuelle de la ville, de la luminosité artificielle permanente de Tokyo, voilà le souhait de la narratrice de ce roman. Elle décide de se réfugier dans la maison qu’elle a fait construire pour ses vacances, située sur une péninsule entre océan et forêt. Trouvant le temps des vacances trop court et restrictif, elle y restera cette fois près d'un an. Depuis son installation à Tokyo, la certitude de continuer à y vivre, entre sorties et boutiques offertes par la métropole carnivore, n’avait pas encore été mise en doute jusqu’au tournant d’une nouvelle décennie. À quel choix aboutira cette parenthèse ?



Dans ce paysage naturel sur lequel la trace de l’homme se limite aux poteaux électriques, elle va savourer les émotions que chacun de ses sens en éveil lui apporteront.

Dans ce décor hérissé de falaises blanches déchiquetées par la mer et le vent, elle parcourt les plages, écoute et respire la mer. Elle sent sous ses pieds les ères successives à l’origine des strates géologiques de ce sol qu’elle foule chaque jour. Entre forêt, terrains marécageux et terres en friche où bambous, roseaux et carex s’égaillent dans l’humidité des lieux, la beauté saisissante de cet environnement la traverse paisiblement.

Elle va tendre l’oreille pour tenter de capter les petits bruits nocturnes venant de la mer. Sont-ils dus à de discrets déplacements frôlant le rivage ? Un défilé de crabes ou de tortues ? Ou plus fantaisiste dans la tête de notre narratrice, d’huîtres imaginaires dotées de minuscules pattes ?

Avant l’arrivée imminente du petit matin, les oiseaux poussent leur premier chant dans la forêt voisine et précèdent les rencontres avec les différents végétaux qu’elle croise chaque matin sur le chemin en pente menant à la mer. On s’arrête à ses côtés pour capter un rayon de soleil sur un massif d’azalées qui offrent leur doux sourire à un petit coin de forêt ou pour accrocher le jaune éclatant des iris tapissant le marais.



Alors qu’elle s’arrêtait peut-être en surface au cours de ses brefs séjours, cette fois-ci, c’est en pleine conscience, en profondeur, qu’elle arpente ce petit bout de terre. La nature comme les gens, ses proches comme ses voisins, auront toute son attention.

Une visite de sa mère. Cette dernière allongera son séjour pour admirer la lumière féérique des lucioles tout en s’essayant aux haïkus.

L’intérêt pour ses voisins, essentiellement des retraités aux vies tranquilles, s’aiguise. D’eux, elle remplira sa marmite de pousses de bambous offertes, admirera le jaune doré du miel fraîchement mis en pot et visualisera le travail des abeilles dans les ruches bourdonnantes.

Au fil de cette lecture contemplative, on sent croître chez notre narratrice, et par ricochet chez le lecteur attentif, un attachement profond à cette péninsule.



Prêter l’oreille, respirer, contempler, suivre le calendrier à l’ancienne rythmé par les cycles lunaires assimilés à autant de saisons. Elle notera les évènements de chaque tranche saisonnière, les plantes qui pointent leur nez, les récoltes du moment, les graines à semer ou les confitures à mitonner.

De la même manière que les saisons sont fragmentées, elle complètera ses cinq sens trop restrictifs à son goût par d’autres sensations.

Ici, pas de mièvrerie qui conduirait à idéaliser la campagne et à condamner la ville. C’est un roman plutôt objectif, une analyse personnelle dont la narratrice a senti le besoin à ce moment de sa vie.



Ce roman incite à prendre le temps d’aller au fond des choses, de ne pas céder à la course folle qui nous fait juste frôler la surface de ce qui nous entoure et arriver à la fin sur notre faim car rien n’a été approfondi, savouré, contemplé et ressenti à sa juste valeur. Une parenthèse bénéfique et enchanteresse, à lire, à vivre.

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20 ans avec mon chat

194 pages d'amour pour un chat trouvé un jour par hasard alors qu'il venait de naître.



INABA Mayumi nous offre toute sa sensibilité de femme qui sacrifie énormément à ce petit bout de poil tendre. Je ne tiens pas à révéler le contenu de ce livre, ce serait dommage pour le futur lecteur. On suit ces deux êtres pendant 20 ans et parallèlement à leur histoire, on profite du Japon au quotidien : la description de la nature et des paysages, les habitations et les us et coutumes pour se loger, quelques fêtes traditionnelles.

J'ai aimé la sorte de naïveté avec laquelle l'auteur nous livre ses sentiments, son ressenti et ses choix dans sa vie privée.



Un petit livre pour ceux qui aiment les animaux de compagnie ou encore ceux qui ne les connaissent pas et voudraient en savoir un peu plus à travers une expérience personnelle précise.



Un très beau texte!
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20 ans avec mon chat

Quand la narratrice (double de l’autrice) découvre un chaton abandonné dans une ruelle de Tokyo, elle ne s’imagine pas qu’elle a trouvé là, non pas un animal de compagnie, mais un membre de sa famille, le compagnon d’une vie, une muse, un pilier. C’est en effet pendant vingt ans qu’elle va partager son quotidien avec Mî, à la campagne ou à la ville, avec son mari, puis seule, toujours ensemble malgré les obstacles.



Le Japon et l’amour d’un chat, cela aurait pu être le combo gagnant pour une histoire sincère et touchante.

Cependant, il y a quelque chose de dérangeant dans l’attachement de la narratrice à sa chatte. Si bien sûr elle fait tout pour que Mî soit heureuse, allant jusqu’à cacher son existence à ses propriétaires, une part d’égoïsme vient se nicher dans toute cette affection. Habituée à la campagne, à la chasse nocturne, aux amours clandestines, la pauvre féline se voit soudainement transplanter dans un minuscule studio tokyoïte, privée de sorties et de nature. Mais le pire reste l’acharnement de sa propriétaire à la maintenir en vie quand son corps, ses organes, son esprit ne tiennent plus qu’à un fil. L’autrice va très loin dans l’aide qu’elle lui apporte mais pour quoi, pour qui ? La chatte est en souffrance et n’aspire qu’à quitter ce monde, mais l’autrice s’avère incapable de la laisser partir en paix…

Si cet aspect est plus triste qu’émouvant, il reste l’histoire d’une femme, le portrait d’une Japonaise confrontée à l’échec de son mariage, à son désir de s’accomplir, à sa recherche du bonheur. Et l’on ne peut nier le lien très fort qui l’unit à son animal. Avec Mî, elle a appris une autre manière de voir les choses de la vie. La chatte est une présence rassurante, apaisante, amicale.

Encore une fois, c’est vraiment la fin qui gâche la douceur et la beauté du texte. Dommage.

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20 ans avec mon chat

Me voilà à nouveau séduite par un roman japonais, plutôt une autobiographie, une tranche de vie de deux décennies où Mî, une jolie petite chatte recueillie bébé, a vécu côte à côte avec l’autrice, Inaya Mayumi. Un lien mystérieux et simple les a unies et Inaya Mayumi le raconte avec un grand naturel.



D’emblée j’ai retrouvé le charme suave d’une certaine littérature japonaise; à chaque fois, je me laisse envelopper dans cet univers-cocon, doux et bienveillant.

Une paisible vitalité traverse une grande partie du roman, où on folâtre au gré des chapitres.



Bien sûr, on se doute qu’en avançant vers la fin et qu’au vu du titre, la vieillesse et la mort de Mî se profilent. Mais cette fin inexorable est emplie de tendresse, d’amour et de poésie. Alors, même si la gorge se serre, si on déglutit difficilement, si quelques larmes brûlantes s’écoulent, si cela fait écho en nous, ces moments sont beaux à lire.



L’autrice était aussi une poétesse reconnue, et nous a fait don de quelques poèmes touchants sur son chat et leur relation, qu’elle a disséminés au long du récit.



Madame Mayumi, j’espère que vous avez rejoint votre Mî adorée sur les sentiers où cette incroyable compagne aimait folâtrer, respirer les herbes folles, sentir le vent.



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20 ans avec mon chat

1. J’affectionne les publications des éditions PICQUIER.

2. J’apprécie les romans japonais, contemporains ou pas, et les « plumes » féminines emplies de DOUCEUR et de CONTEMPLATION.

3. J’adore les petits félins qu’on appelle les CHATS.



Tout concourait donc pour que je lise et tombe en pâmoison à la lecture de 20 ANS AVEC MON CHAT de Inaba Mayumi.



Assurément, j’y ai aimé l’écriture intimiste, à la première personne, (propre aussi à OGAWA Ito « Le restaurant de l’amour retrouvé », « La papeterie Tsubaki » …) dans un récit féminin où un animal permet à sa maîtresse d’aspirer à la liberté, de vivre en pleine conscience sans souffrir de solitude. Même à Tokyo, même dans un petit appartement au sommet d’un bâtiment gris et froid … grâce à qui ? grâce à la présence de Mi, sa chatte.



Cette ode aux éléments naturels dans la pure tradition japonaise dresse le portrait d’un chat qui apporte la joie à une jeune femme prenant confiance en elle, grâce à cette relation faite de douceur et de respect.

Deux moments dans le livre m’ont particulièrement touchée, l’adoption du chaton accroché à une grille et la mort du chat qui est vécu dans un transfert de trépas vers la lumière.



Hélas, je regrette qu’aucun retour de l’animal vers la femme qui le sert ne soit retranscrit. C’est ce qui m’a manqué, au fur et à mesure du récit. A aucun moment, il n’y a le moindre signe d’un moment de tendresse du chat vers celle qui la femme.

Cette délicate histoire inter-espèces illustrerait-elle avant tout le don de soi du côté humain, ou plutôt de quelles manières un animal, à travers la tendresse et l’attachement que lui porte un humain permet à ce dernier de se sentir parfaitement vivant malgré sa situation esseulée ?



Enfin, autre bémol, et le plus important pour moi, c’est que la dernière partie m’a carrément déplu, celle-ci étant très orientée « excrétions félines en fin de vie » ne nous épargnant pas les épisodes de vidages d’intestin, de vessie et autres histoires de cérumen dont je me serais passée. J’ai bien compris que l’amour pour cet animal est absolu, qu’elle est sa servante (n’oublions pas que les chats n’auraient pas de maître, juste des serviteurs) mais je trouve que cet aspect de leur relation gâche la poésie de ce texte pourtant charmant.



Voici un roman à garder quand même en ce qui me concerne, mais avec quelques partis pris de la part de l’auteure qui parce qu’elle a opéré certains choix d’écriture peut en rebuter certain(e)s.


Lien : http://justelire.fr/20-ans-a..
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La péninsule aux 24 saisons

« J’ai vécu des jours heureux d’une grande douceur ». Moi aussi.



La narratrice nous raconte au fil des jours sa vie au bord d’un estuaire, dans une presqu’île japonaise. Elle qui a toujours habité Tokyo veut revenir à la nature dans toute sa splendeur et sa simplicité. Elle qui ne connaissait même pas ses voisins d’immeuble a entamé des amitiés profondes et pleines de légèreté.



Son chat, quelques livres, son jardin, l’exploration de la forêt, celle du marais, la plantation de fleurs, l’observation des lucioles, la recherche de champignons, tout cela rythme ses saisons, qui ne sont pas au nombre de 4, mais selon l’ancien calendrier japonais, au nombre de 24 (dommage qu’elle ne nous les ait pas nommées…) : des jours heureux.



Des échanges de menus cadeaux, des pousses de plantes, des pots de miel, les parlotes avec les voisins plus âgés : une grande douceur.



Malgré cela, je n’en ai pas fait mon amie. Je ne sais pourquoi, je ne parvenais pas à entrer en empathie avec elle. Peut-être parce qu’elle nommait toutes les fleurs, tous les arbres, toutes les plantes, tous les insectes qu’elle rencontrait, et moi, je ne suis pas du tout sensible aux noms de la végétation et des insectes, qui me semblent trop scientifiques.

Peut-être aussi parce que je n’adhérais pas à certains de ses comportements ou plutôt à certaines de ses réflexions. Il me semblait qu’une distanciation s’agrandissait entre elle et moi.



N’empêche, que j’aimerais, de temps en temps, vivre loin de tout, seule, en pleine nature !

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Mille ans pour aimer

Voici le dernier roman de cette auteure traduit en France.



J'étais heureuse de découvrir cette oeuvre , ce fut une lecture en demi - teinte, traversée pourtant soit de mélancolie, soit d'éclairs de joie, le tout brouillon , où l'on passe souvent du coq à l'âne ….



Ou comment se relever et reprendre le cours de sa vie , apaiser les remous infinis de son coeur , l'infinie tristesse que Sawa, l'héroïne , ressent au souvenir du départ de son mari , architecte, alors qu'il vous laisse des dettes et une tour trapue de forme cylindrique, massive à souhait , sans la moindre élégance, comme seule trace de sa présence ? .



Dans cet ouvrage nous suivons Sawa, une belle artiste qui crée avec talent des pièces de teinture végétale : dans le jardin flottent , suspendues , les étoffes teintes : son atelier déborde de feuilles, de fleurs , de branches et d'armoise , de lichens de prunier , de rameaux de glycine et d'albizia .



Elle doit faire naître une couleur intérieure invisible, respirant secrètement au plus profond des plantes , insufflant la vie à chaque pièce de tissu .



Elle est infiniment heureuse des ses créations mais à chaque fois , un goût amer lui monte au coeur , il fait remonter à sa mémoire les jours qui ont suivi la disparition de son mari Haruhito, la déclaration à la police , l'avis de recherche et l'appel désespéré à toutes les personnes qui lui étaient venues à l'esprit…



À travers les différents personnages féminins , le lecteur s'attache à une exploration sur le lien tissé avec les autres , une sorte de recherche sur soi - même , projets ,envies , aspirations, notamment l'ainée de la fratrie obligée de remplir des obligations afin de compenser le manque du parent qui reste .



J'ai eu beaucoup de difficultés à m'attacher à ces personnages .

Pourtant il faut peut- être se laisser surprendre par la poésie , la lumière , la beauté de la teinture végétale, la féerie de la nature, la volonté de faire du beau..

Dommage que la narration soit un peu embrouillée, ou alors je n'ai pas compris les intentions de l'auteure .



C'est bien la première fois que je ne m'attache pas complètement à un roman japonais . La première de couverture est très belle, suggestive , en accord avec les couleurs les plus vives de la teinture végétale .



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La péninsule aux 24 saisons

Un livre plaisir, à lire quand on a du vague à l’âme, qu’on ne sait pas quoi lire, ou envie de lire, qui permet un interlude au milieu de la multitude qui est offert en terme de lecture.



Ne vous attendez pas à de l’action, il n’y en a pas. Simplement, un passage de saison en saison, où est décrit les changements de la nature. La narratrice vit au rythme de la nature, soit 24 saisons où de nouvelles plantes, fleurs, insectes, apparaissent ou disparaissent. Il suffit de se laisser porter, sans penser à rien, juste apprécier.



Un interlude au milieu d’une vie pour la narratrice, qui a envie de faire une « pause », de s’éloigner de la vie trop trépidante de la ville, qui envahit jusqu’au moindre espace, où la liberté n’existe plus.



Lu il y a déjà quelque temps.

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La péninsule aux 24 saisons

La péninsule aux 24 saisons, d'Inaba Mayumi, est le genre de livre sans grandes histoires, qui se lit avec délectation et qu'on referme bien trop vite. Qu'il serait bon de rester encore un peu plus longtemps dans ce hameau de la péninsule de Mie!

Au début du livre, on apprend que l'auteure possède une petite maison, résidence secondaire où elle vient souffler un peu et se défaire du bruit et des lumières de Tokyo. Elle est tombée amoureuse des falaises qui plongent dans l'océan Pacifique, avant de tomber amoureuse de la forêt, de l'estuaire et du marais près de chez elle.

Alors que d'habitude elle n'y vient que tous les quelques mois, pour de courts séjours, là, elle a décidé/nécessité une coupure plus longue et plus complète, par rapport à la capitale.



Écrit comme une sorte de journal de sa "retraite", le livre oscille entre descriptifs impressionnistes d'une nature omniprésente, récit des petits faits du quotidien et d'introspection autour de souvenirs ou d'un futur qui s'annonce pour elle comme les prémices de la vieillesse. Alors, elle approche de la soixantaine et ressent le besoin de réfléchir sur la suite qu'elle souhaite donner à son existence. Ou, plutôt que réfléchir, laisser se décanter ce qui déjà l'agite.



Inaba Mayumi est renommée comme poétesse au Japon; sa verve poétique et son imagination attachante imprègnent les pages du livre. La péninsule n'est bien sûr pas exempte de côtés négatifs (tout particulièrement les moustiques pour elle) mais offre un havre où mettre entre parenthèses la trépidation et le vacarme. Les autres habitants du hameau, rarement originaire du coin, semblent trouver sur cette isthme le même ressenti. Comme le couple d'apiculteurs, qui ont lâché des professions qui ne leur convenaient plus pour s'occuper de ruches, de fleurs et récolter le miel. Comme ce scientifique qui s'est installé à demeuré pour s'immerger dans les techniques tinctoriales végétales. Alors que le livre a été publié en 2011, il prend une connotation encore plus forte dans notre période post Covid qui a vu tant de citadins choisir pour "l'après" une vie plus proche de la nature.



Je me suis sentie presque triste de devoir quitter tout ce petit monde bien sympathique (mais loin de tout angélisme niais). Un peu nostalgique d'un endroit que je n'ai pourtant jamais visité. Mais c'est le "natsukashii" japonais : une nostalgie douce et sereine. Quelle force ont certains auteurs, et notamment Inaba Mayumi, pour faire éprouver ces émotions!
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La péninsule aux 24 saisons

La Péninsule aux 24 saisons est un roman sensible sans être nunuche.

La narratrice est anonyme, on devine qu’il s’agit d’une femme mûre, comme l’autrice au moment de l’écriture. Quand le récit commence, cela fait déjà quelque temps qu’elle a quitté la bruyante et trépidante Tokyo pour venir s’installer seule dans sa petite maison boisée de la presqu’île de Shima. Son quotidien suit le rythme rassurant d’un ancien calendrier de jardinier qui divise chaque mois en deux et fait d’une année vingt-quatre saisons. Elle goûte" le plaisir ineffable d’être absorbé par la densité du silence", celui de vivre en accord avec la nature qui est « depuis la préhistoire un moyen de ne pas se perdre ». Peu à peu, elle fait connaissance avec ses chaleureux voisins, découvre l’entraide, reçoit sa mère handicapée. Elles assistent ensemble au spectacle des lucioles et écrivent des haikus sur un coin de table. La description colorée de son quotidien et de ses micro-découvertes en bottes à caoutchouc léopard alternent avec des réminiscences mélancoliques : évocation des vacances de son enfance dans la même péninsule, allusions pudiques à celui qu’elle a abandonné ainsi que des réflexions sur l'impermanence, la vieillesse et la mort dans la grande tradition de la littérature japonaise.

Le livre m’a plu même si je l’ai trouvé un peu long. Je vous conseille de le lire en plusieurs fois.

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