Citations de Mechtild Borrmann (130)
Pouvait-on se préparer à la mort ? Ce moment impossible à négocier, où aucune parole inconsidérée ne peut être rattrapée, aucune excuse ne peut être ajoutée, cette irrévocabilité avec laquelle la porte se claque ?
Parfois, pendant la récréation, elle regarde par la fenêtre de sa classe et médite sur l'éternel retour des choses ou, plutôt, sur la façon dont elles se font écho. c'est un peu comme si l'on tenait dans ses mains un faisceau avec les fils de son existence. parfois on lâchait un fil et on le reprenait plus tard. Ou, plus exactement, on était amené à le reprendre parce qu'il n'était pas achevé, mais qu'il vous avait seulement échappé dans un instant d'inattention
Une épreuve terrible! Voilà pourquoi elle n'avait jamais pu se résoudre à en parler. Peut-être Anna devrait-elle la laisser tranquille à présent. Elle s'était persuadée qu'elle était en droit de connaître le passé de sa mère. Mais après tout, était-ce aussi sûr? Le fait d'être sa fille lui donnait-il la légitimité de tout savoir de sa vie? Sa mère n'avait-elle pas le droit de décider elle-même de ce qu'elle souhaitait dévoiler de son existence?
L'air frais lui fait du bien. Un léger vent pousse les cumulus dans le ciel. Anna se force à se calmer; elle expire en comptant lentement jusqu'à dix. Tandis qu'elle reprend ses esprits, adossée au mur de la maison à côté de Hannelore, une certitude se fait soudain jour dans son esprit: cette peur n'est pas la sienne. Elle en a hérité.
Je ne sais pas si vous comprenez ça, mais au bout d'un moment, on rate le coche, et après... Après, on ne trouve plus d'explication sensée pour tous les mois où on a toujours eu plus important à faire. Et puis, on a honte, et on laisse les choses en l'état.
- Bien sûr que si, répondit Wolter en riant. Voici comment ça marche : vous, les enfants, vous passez la frontière les premiers. Un des jeunes gars vous guidera. Si vous traversez sans problème, les adultes suivent. Vous prenez le café dans une ferme, en Belgique. (Il la scruta de la tête aux pieds.) Ça fait bien quinze kilomètres aller-retour. Qu'est-ce que tu en dis ? Tu peux porter un poids de dix livres sur plus de sept kilomètres, au retour ?
Ilia ne l'avait pas trahie:il ne l'avait pas abandonnée.Elle avait cru les mensonges et ne lui avait pas fait confiance.C'est ELLE qui l'avait trahi.
Une fois par mois,ils étaient tenus de se présenter à la Komendatura. Ce rendez vous leur rappelait qu'ils restaient des bannis,et Aivars souffrait toujours du mal du pays.Ses yeux s'embuaient chaque fois qu'il évoquait la Lettonie,et la nostalgie vibrait dans sa voix après l'amour, quand il disait : " un jour,nous serons libres.alors,nous rentrerons à la maison et tu deviendras ma femme." Dans ces moments-là,elle passait tendrement la main dans ses beaux cheveux drus et se taisait.
Nous mangions à notre faim et nous avions confiance en l'avenir. Cela dura sept ans", dirait elle des années plus tard.
Une fois par mois,ils étaient tenus de se présenter à la Komendatura. Ce rendez vous leur rappelait qu'ils restaient des bannis,et Aivars souffrait toujours du mal du pays.Ses yeux s'embuaient chaque fois qu'il évoquait la Lettonie,et la nostalgie vibrait dans sa voix après l'amour, quand il disait : " un jour,nous serons libres.alors,nous rentrerons à la maison et tu deviendras ma femme." Dans ces moments-là,elle passait tendrement la main dans ses beaux cheveux drus et se taisait.
Nous mangions à notre faim et nous avions confiance en l'avenir. Cela dura sept ans", dirait elle des années plus tard.