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Citations de Michel Jean (370)


Pour la première fois de notre histoire, les jeunes Innus ne se tournaient plus vers les aînés pour apprendre. Pire, ils s'en méfiaient, car leurs professeurs leur avaient répété que leurs parents, incapables de lire, étaient des sauvages, des incultes, des arriérés. À force de l'entendre, ils ont fini par le croire.
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J'ai vécu la maternité comme une grande responsabilité qui m'était confiée. La vie en territoire pouvait paraître fragile et elle l'était souvent. La survie des humains dépendait de leur capacité à s'adapter au monde, à vivre en harmonie avec la nature, comme le font les autres espèces. Nous y avions notre place. C'est ainsi que j'en suis venue à comprendre notre existence en forêt.
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La foi, je l'ai. Croire plus loin que ce que mes yeux peuvent croire. Surtout lorsque je suis triste, surtout lorsque je suis fragile, surtout lorsque je ne comprends pas cette vie injuste et cruelle, qui épargne les criminels et méprise les mères tranquilles. Je crois qu'il y a plus grand que cette vie, et si j'ai tort, si tout ce qui existe est perceptible, au moins toute ma vie durant j'aurai eu l'espoir.

in NEKA
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C'est difficile d'expliquer le territoire d'avant. Le bois d'avant les coupes à blanc. La Péribonka d'avant les barrages. Il faut imaginer une forêt sautant d'une montagne à l'autre jusqu'au-delà de l'horizon, visualiser cet océan végétal balayé par le vent, réchauffé par le soleil. Un monde où la vie et la mort se disputent la préséance et au milieu duquel coule, entre des berges sablonneuses ou des falaises austères, une rivière qui ressemble à un fleuve. C'est ardu à expliquer parce que cela n'existe plus. Les usines à papier ont dévoré la forêt. La Péribonka a été soumise et souillée. D'abord par la drave, puis par les barrages qui ont avalé ses chutes impétueuses et créé des réservoirs dont l'eau nourrit maintenant les centrales électriques.
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Je ne blâme personne d’autre que moi. La vérité cruelle, c’est que j’avais la meilleure professeure devant moi et que je n’ai pas su en profiter. Je n’ai posé aucune question. Ou si peu. Je me suis contenté de suivre les autres et je le regrette amèrement maintenant. Encore une fois, je réalise mon erreur trop tard. On pense toujours qu’on a le temps. Et le temps finit toujours par nous manquer.
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La pelle frappe le sol, comme la hache l'arbre à abattre. Cette terre ne se laisse pas travailler facilement et l'acier s'y enfonce avec difficulté. Il creuse un coup à la fois, avec une sourde résolution. À mesure que s'ouvre le sol, il bute contre des pierres, de plus en plus nombreuses, de plus en plus grosses, qu'il extrait à la main, une à une.
Le vent du nord gifle son visage. Les effluves de sel et d'algues lui donnent la nausée. Sur ses joues, les larmes se mêlent à la sueur. Le vacarme de la mer, griffant de sa rage les rochers dégarnis, couvre le bruit de son travail.
Quand le trou est assez profond, il s'en extirpe enfin. Son regard mouillé se perd un instant au fond de la fosse. Puis il se tourne vers le vent pour le défier une dernière fois. Il voudrait hurler plus fort que l'océan, cracher son dégoût, vomir sa honte pour la jeter à la face de ce monde de roche et de sel. Mais face à l'immensité sombre et mouvante de l'océan, sa gorge d'homme de la forêt et des montagnes reste nouée.
Il hésite, puis, résigné, prend dans ses bras le corps qui gît sur le sol, vérifie une dernière fois qu'il est bien enveloppé dans l'épaisse couverture de laine qu'il a volée...
(Incipit)







(incipit)
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Plus l'hiver avance, plus le temps semble ralentir dans la rue. Quand le jour se lève enfin, la température ne monte pas. Élie a connu le froid dans le bois. Moins trente même. Mais en ville, l'air glacial s'insinue sous les vêtements les plus chauds et s'amuse à ronger les humains.
Marcher dans Montréal leur permet de se réchauffer, mais ils se résignent à chercher un abri plus sûr que leurs tentes. Tous les refuges sont pleins. L'humidité transperce les os, bleuit les chairs. Élie sent la peur le gagner. A-t-il passé au travers de tout ce qu'il a vécu pour mourir de froid dans une ville insensible ?
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Parfois, les mots sont inutiles contre le chagrin.
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Le paysage défile, et Élie caresse le bracelet en peau de caribou décoré de perles de verre que Lisbeth a fabriqué et qu'elle lui a donné ce matin à son départ. Autrefois, les femmes apprenaient cet art de leur mère et de leur grand-mère. Mais c'était avant que le gouvernement du Québec oblige les Inuit à abandonner leur vie nomade et les regroupe de force dans des villages où les maisons préfabriquées ont remplacé les igloos, où les monotoneiges ont pris la place des traîneaux et des chiens, et où les gens noient maintenant leur mélancolie dans l'alcool, la drogue et toutes les violences que l'homme blanc a apportées dans son sillage.
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Partout où il existe, les êtres humains aiment le printemps. Après des mois sans lumière, ils ont l'impression de renaître.
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J'arrivais d'un monde où l'on estimait que l'humain, créé à l'image de Dieu, trônait au sommet de la pyramide de la vie. La nature offerte en cadeau devait être domptée. Et voilà que je me retrouvais dans un nouvel ordre des choses, où tous les êtres vivants étaient égaux et où l'homme n'était supérieur à aucun autre.
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Elle a aussi du mal à se faire à l'idée que la vieille devant elle a bien vécu tous ces événements terribles. Cela lui rappelle quand, à ses premiers procès criminels, elle s'est retrouvée face à des victimes et à leurs agresseurs. Il lui avait été ardu d'imaginer les crimes que décrivaient témoins et victimes. Son cerveau refusait d'admettre des faits et des actes qui lui paraissaient inhumains. Elle n'arrivait pas à concevoir que la jeune femme sage aux traits délicats en train de parler devant le juge avait bel et bien été violée avec brutalité par l'homme posé, bien vêtu et rasé de près, assis dans le box des accusés. C'est une chose d'entendre des histoires d'horreur, cela en est une autre de les voir incarnées.
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Partout où il existe, les êtres humains aiment le printemps. Après des mois sans lumière, ils ont l'impression de renaître.
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Michel Jean
Je connais chaque lac et chaque montagne . Toujours pareils. Éternels . J'ai perdu mon père, plusieurs amis . Mais les lacs et les montagnes , eux, sont encore là.
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Mashteuiatsh, août 1936

Le corps étendu sur le sol est déjà raide. La fille le caresse. Des émotions contradictoires la traversent toujours quand un lièvre se prend à ses pièges, mélange de tristesse et de sens du devoir accompli.
_ Pardonne-moi, petite bête. Merci de nous donner ta vie, murmure-t-elle en relâchant de ses doigts frêles le fil de laiton serré autour du coup.
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Dix ans de réclusion, voilà le prix de sa liberté selon les Blancs. Pour les Innus, c'est le banissement à vie de sa communauté. Une sentence définitive. Jugé coupable du meurtre de son père, il ne pourra jamais retourner chez lui.
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ELLE

Dans le bois, la communication , c'est souvent un simple regard. Un mot peut faire fuir le gibier ou signaler notre présence à un ennemi. Parler n'est
pas nécessaire. " Écoute et observe, avait l'habitude de dire ma mère. Goûte ,
touche, sens aussi." C'est ainsi que j'ai grandi. Et ces cinq mots , des mots simples qui représentent les cinq sens et qui incarnent toute la philosophie
de ma mère et des miens, depuis des millénaires, je les porte toujours en moi.
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Cet après-midi là, même si tous savent que le soleil leur envoie ses derniers rayons chauds de l'année, les rires montent autour de la statue de Giovanni Caboto. Des voix atikamekw, innues, cries, inuktitut se mêlent dans un jouyeux brouhaha. La nature des peuples nomades les poussent à se réjouir des changements de saison. La transhumance est ancrée dans leurs gènes.
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Je ne suis qu'une vieille qui a trop vécu. Toi au moins, mon lac, ils ne peuvent rien contre toi. Tu es immuable.
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J'ai grandi dans un monde immobile où les quatre saisons décidaient de l'ordre des choses. Un univers de lenteur où le salut dépendait d'un bout de terre qu'il fallait travailler et retravailler sans cesse. Mes plus anciens souvenirs remontent à la cabane où nous vivions, guère plus qu'une modeste maison de colons en bois, carrée, avec un toit à deux versants et une seule fenêtre sur sa façade. Devant, un chemin de sable. Derrière, un champ arraché à la force des bras à la forêt. C'est un terroir rocailleux et, pourtant, les hommes le traitent comme un trésor, le retournent, l'engraissent, l'épierrent. Et il ne rend en retour que des légumes fades, un peu de blé et du foin pour nourrir les vaches, qui donnent le lait. La récolte serait bonne ou pas. Cela dépendrait du temps. Le Ciel en déciderait, disait le curé. Comme si Dieu n'avait que ça à faire.
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