Citations de Michel Jeury (169)
On s'habitue vite aux mauvaises odeurs des bêtes ou des choses, mais plus difficilement à l'infection qui vient des personnes près desquelles on doit vivre. Oh, ce premier soir... J'aurais voulu être à courir dans un sentier de la montagne, sous la pluie glaciale ! (p.100)
A certains moments, elle était tout à fait humaine. D'ailleurs, elle avait un sexe de femme et les guettes-agiles ne faisaient pas l'amour autrement que les humains, du moins quand ils le faisaient, car les mâles étaient des monstres de paresse. Alors, les femelles cherchaient près des hommes ce que ces petits singes mous et gras ne savaient pas leur donner : le plaisir, le rêve, la magie...
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Tu peux exhiber tes seins et tes cuisses à tous les mâles de ta forêt natale sans qu'un seul lève le petit doigt pour te violer. Mais tu devrais savoir que les hommes ont le désir à fleur de peau, même si les canons de beauté ne sont pas tout à fait identiques. Et puis je te rappelle que nous arrivons sur un monde furieux !
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La beauté est plus difficile à affronter que l'horreur. Il s'interdit de fermer les yeux, puis se força à regarder l'ange noir, image même de la tentation.
« Encore heureux qu’il y ait le changement, sans lequel la vie ne vaudrait pas d’être vécue. » (p. 14)
« Nous ne croyons pas aux vies antérieures. Il n’y a que des vies simultanées, même si elles ne sont pas décalées dans le temps. Une infinitude. » (p. 121)
Dans les moments d'indécision, on tient la destinée captive en soi, vibrante de la toute-puissance des avenirs possibles. C'est un plaisir presque sensuel, vite changé en souffrance quand le choix tarde. Je m'étais délecté un temps ; je commençais à souffrir. Il me fallait décider maintenant.
Tout est bien. Après une période d’inquiétude, de désespoir au pire, le peuple du Variana prendrait conscience de cette réalité : on n’abolit pas l’Histoire. On peut seulement la contourner, la ralentir ou utiliser sa propre force pour la dominer – et c’est déjà extraordinaire.
– Je cherche un exemple probant !
— Et vous n’en trouvez pas ? C’est peut-être que l’administration, sous le masque de l’utilité publique, a surtout pour but de défendre la propriété et les privilèges divers. C’est peut-être qu’elle n’est pas indispensable?
Le changement ! Vous n’avez que ce mot à la bouche. Changer est le droit de tous. A condition que la société ne bouge pas ! Nous avons le droit et le devoir de changer, mais tout progrès nous est interdit.
Je décrirais une société égalitaire, tolérante et non violente, et cependant joyeuse, active, intense. Je raconterais une civilisation sans pouvoir, où rien, jamais, ne dépassait l'échelle humaine, car l'homme y était la mesure de tout. Je parlerais d'une technologie douce, tranquille, ni destructrice, ni dominatrice, vouée aux petites unités, à l'exploitation des énergies renouvelables : le soleil, le vent, la terre chaude.
une maison-bateau fonctionnait comme un véritable écosystème artificiel, utilisant l'énergie solaire et éolienne, recueillant l'eau de pluie, recyclant les déchets et les eaux usées, possédant son jardin potager et son bassin de pisciculture. C'était une habitation entièrement autonome pour une ou deux familles ou une petite communauté.
À Se Jonoem, on utilisait l'argent, ou ce qui en tenait lieu, seulement pour les transactions avec l'extérieur. Et dans le village, les dettes n'étaient même pas personnalisées. Les quelques verres que nous avions bus, c'est la communauté entière qui les devait à la fermenterie.
Ils avaient dépassé le stade du développement pour se fixer à celui de la sagesse. Ils n'avaient gardé que cette part de la technologie qui servait la société et non le pouvoir, qui soulageait l'homme sans l'écraser.
Je comprenais mieux l'origine de la "coutume", le fait et le mot. Ceux qui se montraient habiles à un métier et y prenaient goût avaient généralement pour habitude, pour coutume de le pratiquer régulièrement. Parfois, ils cessaient d'être des aides pour devenir Coutumiers. Alors ils s'en allaient pour rejoindre un groupe, un clan de même coutume.
On appelait "aides" au Yonk ceux qu'on nommait "sans-coutume" au Serellen.
Rue de Justice vivent les délinquants, les criminels, les pervers... Mais il y en a peu. Enfin, tous les gens qui ont été condamnés à une peine de résidence dans le Hall du fond. Il y a aussi ceux qui se sentent coupables d'une faute quelconque et qui veulent expier volontairement. Il y a ceux qui veulent aider les prisonniers en vivant avec eux. Il y a encore ceux qui ont à se plaindre de la société, qui s'estiment victimes ou menacés d'une injustice : alors, ils viennent habiter la Rue pour attirer l'attention du Hall.
Au printemps de la deuxième année qui suivit mon arrivée à Tildom,les glutons envahirent la Jelmiade,comme on le craignait depuis longtemps.Un comité 'd'ultime défense" fut immédiatement fondé et l'on m'admit parmi ses membres.
Bah, on ne perd rien à paraître à son avantage.
Il ne fait pas encore jour, c'est la lune qui brille...
Quand il était sorti, il s'imaginait que le nouvel État allait ressembler à l'éden. Il fut d'abord déçu. Il ne regrettait pas Grand État II. Mais Grand État III se caractérisait par une duplicité générale. Et la renaissance des libertés s'accompagnait d'un retour au jour des puissances privées qui s'étaient abritées depuis un siècle derrière l'État.
Quant à l'avenir de l'État, il n'ignorait pas que les utopistes libertaires dans son genre avaient été trompés et manoeuvrés par les véritables maîtres du pouvoir ; et cela continuerait jusqu'au jour où l'on n'aurait plus besoin d'utopistes libertaires...
En général, les observateurs du Grand État au Timindia racontaient des histoires assez folles. Avant de devenir eux-mêmes fous...