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Critiques de Michel Pierre (40)
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Principe de Mélancolie

Minuscule (47 pages) et néanmoins dense recueil

contenant des réflexions sur le bonheur, la mort,

la tristesse, l'art (peinture), la place du poème dans

la poésie, Dieu, le rêve, surtout celui de l'enfance,

la vie.



L'auteur nous fait état de ses " sentisations "

(sentiments doublés de sensations où l'inverse)

où se grommellent des mots et des querelles de

chattes.



Dans cet ouvrage, tiennent également une place

importante les ouvriers et les oiseaux.



Des reflets de pensées portent sur la Résurrection

où " les morts se mettent en marche à l'intérieur

d'eux-mêmes ".





Tout ou presque est là dans ce monde où l'auteur

imagine " le visage plat des hommes au bout du

monde " et ressent Dieu " dans la plus courte des

épluchures ".



Des rapprochements insolites fourmillent où l'on

retrouve pèle mêle :

. des chats, à qui il achète une bicyclette,

. des dimanches où " la solitude brille comme du

verglas. "



Dans l'ingénue réflexion, des assemblages

improbables s'opèrent tels :

" l'enfant au toupet rouge, un l'oiseau vertical,

la mère en sourdine et le père au plafond. " p.45



J'ai beaucoup apprécié ces " révoltes qui allument

des querelles de chat . " p.46



Enfin dans l'essentiel des mots des phrases à

double voire triple sens érotico-réaliste où

" Parfois midi s'échappe d'un corsage comme

le ferait une ancienne chaleur contenue à dessein "

a des seins ?







D'autres exemples de la " prosétique "

(prose poétique) de cet auteur hors du

commun :



" L'essentiel des maux

Parfois midi s'échappe d'un corsage comme le

ferait une ancienne chaleur contenue à des-

sein. Assez pour que le rêve s'extasie d'exister

et au milieu duquel le voisin souvent véhé-

ment vous sert le vin. Et de vous accorder aus-

sitôt avec le chant éthylique des sitelles, courir

l'amble au-devant d'orages qui rafraîchissent

votre émoi jusqu'au milieu des carrefours à

succion où vous disposez la calomnie sur

d'étranges lits dressés contre votre honneur,

découvrez enfin derrière les haillons de famille

un paysage humain cependant que les morts

encore encombrent l'office, que les autos écra-

sent des larmes invisibles, que vous obtempé-

rez à toute toux d'orgasme difficilement répri-

mée et, qu'au fond de votre poche veuve, une

main surprise renoue de vieilles habitudes.

p.47





" Oh la la !

À peine foui dans le poème j'en veux sortir.

Ainsi, de la vie, en est-il, elle qui se frotte au

grain de la peau. Je hais toute représentation.

J'exulte à ne parler que de toi, interstice du

temps, absolu d'absolu, qu'importe. Au moins

je sais y reconnaître la source de ton sexe d'où

mes textes s'écoulent en silence comme une

épopée, tandis qu'en nous Dieu s'ajoute à ce

rien que nous sommes sans devenir. La fée

sémantique, la faux peut-être, décapite tris-

tesse et cécité. Malgré mon geste de hausser

l'amour sous cette chemise brunie qui enve-

loppe nos funérailles, d'adoucir l'étain de tes

bras laiteux qui désignent l'inverse due route

à suivre, ô mort aux estuaires paresseux, cortè-

ge de solitudes organiques où se grommellent

des mots de chatte comme à la porte d'un

enfer.

p.17





" Un poète hors d'usage

L'intérieur du poète est plat. Une enflure ) la

périphérie du langage peut tromper votre

attente, un mot de trop, la rencontre avec les

sourdes complaisances de l'imparfait. À mieux

l'observer il semble qu'il pulpe du bec, heurte

le silence de la page, raisonne avec le vide, reste

capable d'un souffle d'amour mais qui, sitôt

rendu, touche le bois de la langue et s'abîme.

Ce qui l'auréole n'est plus le filigrane sédimen-

taire qui aide aux classements de l'œuvre mais

déjà l'écho d'une autre clameur, celle de jeunes

disciples glapissant de chagrin, bœuf coincé

dans la raie durable du hasard.

p.18





" Soyons mortels

Je suis deux. L'un se moque de l'autre. Ou

l'hiver raconte l'été, l'hirondelle le subjonctif.

Parfois je sors de moi sans me prévenir. Au

coin de la rue je flaire des identités nouvelles.

Je sniffe hors de la bulle, conscient qu'une par-

tie de mon être y ronfle, qu'au bruit je peux

diriger mes retours, en prévoir l'opportunité.

Aussi mes extravagances n'ont-elles de com-

mune mesure avec celle des héros qui traver-

sent la planète, la foudre au cul. Et quand je

biaise c'est pour mon propre compte. L'écho

est la voix principale d'une voie intérieure.

p.19





" Question

Le rêve ne se vend plus. Sinon ma maison

serait celle d'un apothicaire par où passerait le

vent entre les interstices de la réalité.



je me vante d'une révolte anodine au fond

d'un vieux cœur qui a battu comme un volet

dans la tempête. J'excelle aux chants guerriers

mais la douleur du soir émousse jusqu'à mes

tristesses secondaires. Est-ce là vivre ?

p.20





" La vie qui bouge

Il suffit d'observer l'oiseau dans son encoche

de silence pour que la vie se mette à bouger.



p.22





" Paroles

Le pendu heurte l'aube d'un à-coup désespéré.

Mieux serait d'en venir aux mains avec la poé-

sie qui grogne à l'intérieur du sang et cherche

une incorrigible pente. Mais rien n'est révélé

aussi juste que la misère, celle que lisent tes

yeux dans les miens. Ce matin ne me sera pas

rendu. Je traverserai les marges de silence cam-

pées devant ma solitude. Je me dirai : je ne suis

que cela, en ferai le tour, palperai le squelette

infini du réel. J'ajouterai : je n'avais d'amour

qu'au fil des mots. Dieu est une longue

conversation.

p.24





Hangards à solitude

Les enfants jettent leurs rires au milieu de la

journée qui grandit plus vite qu'eux, ignorent

aussi ce vieillard futur au cœur providentiel,

prétendent que Dieu dirige les sources, enluni-

fie les paupières, détache de leur corps des mor-

ceaux de vie jusqu'à abandonner un bras au

silence et transhumer de mémoire en oubli vers

les objets moussus dans les hangars à solitude.

p.27

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Aventureuses

Beau livre reçu dans le cadre de la Masse Critique de Décembre. Je remercie Babelio pour m'avoir sélectionné pour le recevoir et à Casterman pour son envoi soigné (mais sans mot). Je l'ai choisi pour deux raisons, j'ai lu par le passé les BD d'Hugo Pratt et j'aime beaucoup son style et de deux, pour l'offrir ensuite à mon frère qui m'a justement fait découvrir Corto Maltèse et ses aventures de par le monde.



Nous retrouvons donc dans ce beau livre les différentes femmes qui ont croisé la route de Corto Maltèse, agrémenté de différents témoignages et de superbes portraits en aquarelle. J'ai pris grand plaisir à les détailler. Il y a également des croquis et des extraits de certains volumes. Je ne me souviens pas de toutes ces jeunes femmes. Certains des noms me semblaient inconnus et pourtant, les croquis d'Hugo Pratt m'ont rappelé à leur souvenir. Ça m'a donné très envie de relire les albums de cet auteur dont mes préférés sont Les Celtiques et Corto Maltèse en Sibérie. Il faudra aussi que je me les procure car à l'époque, je les avais emprunté à la bibliothèque municipale. Par contre, au vu de certains titres d'albums, j'ai eu des doutes, soit je ne connais pas tous les albums, soit les titres de certains ont changé. À l'époque où j'ai découvert cet auteur, il était déjà décédé donc à moins que des albums aient été édités à titre posthume, je ne vois pas d'autres raisons. En tout cas, c'est un très bel album et livre-objet avec de superbes dessins réalisés de différentes manières (aquarelle, fusain, …). J'ai d'ailleurs préféré regarder en détails les graphismes que lire certains de documents liés à chaque portrait. Certains m'ont intéressés car faisant le lien avec Corto Maltèse, d'autres quand ils étaient originaux (recettes de cuisine) et quelques uns moins car ils n'étaient issus que de connaissances ou de journaux…



Comme vous l'aurez compris, ce bel album a été une excellente lecture. Je pense me procurer prochainement une de mes BD préférées de M. Pratt. Je vous conseille donc de découvrir ce beau livre que vous appréciez ou non le style d'Hugo Pratt.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Hugo Pratt : Lignes d'horizons

Il y a un peu plus d'une semaine, j'ai eu la chance d'être invité par le musée des Confluences à la visite presse de leur toute nouvelle grande exposition temporaire de ce printemps intitulé « Hugo Pratt, lignes d’horizons ».



L'occasion idéale de découvrir l'univers du papa de Corto Maltèse, un univers que je connaissais bien mal et que cette si brillante exposition nous donne l'occasion de connaitre, sous un angle aussi ambitieux que stimulant.



Le catalogue d'exposition, complément idéal de l'exposition propose ainsi un parcours d’exposition au long cours, quasiment initiatique, d'une «littérature dessinée », ouverte sur le monde qui dialogue intensément avec quantités d'objets de collections présentés.



Un voyage aussi fascinant que stimulant intellectuellement!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le Dernier Exil : Histoire des bagnes et de..

Documentaire absolument saisissant sur l'enfer des galères et des bagnes dans lequel la France a joué un très grand rôle puisque cet ouvrage s'est essentiellement focalisé sur le bagne établi par la système français.

Une histoire bouleversante d'hommes et de femmes qui ont souffert et dont la plupart sont morts dans des conditions inhumaines.



D'abord envoyés sur les galères puis enfin au bagne, ces criminels ou tout simplement ces êtres humains, accusés d'avoir simplement volé ou âtre l'auteurs d'usage de faux, ont ensuite été envoyé dans le pire des bagne, celui de la Guyane, tout particulièrement à Cayenne, d'où en général, l'on ne revenait pas, ou alors l'on ne revenait pas vivant tant les conditions de vie étaient difficiles.

L'auteur nous parle également des îles du Salut (toujours en Guyane français) composées de l'île Royale, l’île de SAINT6joseph et enfin l'île du Diable réservée aux déportés politiques. Dans ces îles, pas besoin de gardiens ou très peu car les crocodiles qui bordent les côtes se chargent parfaitement de toute tentative d'évasion.

Après la Guyane, il y a également eu la Nouvelle-Calédonie et enfin la Sibérie qui ont servi de bagnes.



A travers ce bouleversant documentaire retraçant l'histoire du ou plutôt des bagnes mais aussi grâce aux dessins, gravures et surtout témoignages d'anciens bagnards, le lecteur ne peut se sentir que désarmé face à la cruauté humaine. Il y retrouve des noms connus tels que Vidocq, Eugène Dieudonné (non pas l'humoriste mais bel et bien le bagnard) ou encore Guillaume Seznec dont la culpabilité ne fut réellement jamais démontré et dont l'affaire reste encore non-élucidée à ce jour pour ne citer qu'eux et plonge dans l'Histoire en faisant une remontée en arrière de presque trois siècles.



Récit et témoignages très instructifs dont on ne ressort pas indemne. De plus, l'édition "Découvertes Gallimard" est une pure merveille. A découvrir !
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Les Femmes de Corto Maltese

Un bel album pour aficionados du beau marin...et pour nous, mesdames, une galerie de rivales de papier toutes plus séduisantes, plus exotiques, plus mythiques les unes que les autres!



On révise ses fondamentaux?



Voici la jeune Pandora Groovesnore, le bijou romantique de Corto, puis Soledad Lokâarth la blonde évangéliste, voilà l'Irlandaise Banshee O'Danann qui porte malheur à ceux qu'elle aime et refuse de suivre Corto; voici encore Morgana Dias Do Santos Bantam, la banquière farouche, Hipazia Theone, la philosophe réincarnée au grand front pensif qui a fréquenté Corto dans des vies antérieures mais que Corto , à Venise, ne reconnaît pas, la chère Bouche dorée, l'amie de la famille, qui fait savoir à Corto qu'il est fils d'une gitane et d'un marin de Cornouailles, rencontré à Malte.. la jeune Changhaï Li, la camarade révolutionnaire qui n'a pas froid aux yeux et fait une prise de jiu jitsu à Raspoutine (il faut oser...), Tracy Eberhardt, l'aviatrice,un vrai garçon manqué, Lady Rowena l'espionne allemande, Marina Seminova, sous ses toques de fourrures sibériennes,et encore tant d'autres, inspirées par les égéries du cinéma ou de l'actualité, mais toutes si captivantes, si particulières, si mystérieuses...



Oui, vraiment, le célibataire farouche à la boucle d'oreille est un homme à femmes ...et quelles femmes!
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Carnet de la cambuse : Les recettes de Cort..

Je mets ce bouquin, admirablement illustré, dans mes « En cours » pour toute l'année 2022. En effet, j'ai décidé de me faire un petit challenge pour ne pas perdre la main question cuisine. Il consiste juste à réaliser, dans le courant de cette année, au moins 1 recette par mois tirée de ce livre (j'ai pris un peu d'avance car j'en suis à 3 au 13/02/22). Il est à noter qu'il existe 2 éditions de cet ouvrage ; puisqu'en plus de celle-ci, il en existe une autre, sous le titre « Cuisiner à bord avec Corto », ISBN 9782203223455, D.L. avril 2021 (que je possède également (merci les enfants pour ces jolis cadeaux)). Je compléterai donc cette note dans le courant de l'année et sinon, en tous les cas, je la finirai en décembre (si d'ici là n'est pas survenue la fin du monde ;-). Puisque je ne suis qu'un riverain, que je ne demeure pas au bord d'un océan ou sur un port maritime, non plus sur une jolie goélette ou un cargo rouillé ; Cuisiner, est ainsi une autre façon de « voyager », moins aventureuse et plus sédentaire, mais qui sollicite aussi les 5 sens, ainsi que le partage […]

Allez, à bientôt, salut et bon appétit.



Décembre 2022 ; Challenge réussi ! Petit bilan : 1/ j’ai évité les recettes trop exotico-loufoques ! Par exemple le ragoût de caribou, les vipères et autres boas et les pieds panés de dromadaire en vinaigrette ! Si j’avais un dromadaire (en bonne santé) je ne lui mangerai pas les pieds ! 2/ Des 5 grands chapitres du livre j’ai été le plus inspiré par ceux des Escales en Méditerranée et des Saveurs du Pacifique. 3/ Question cocktails je penche plus vers les bases de Rhum, plus agréables et joyeux à mon goût (notamment le Daïquiri). 4/ Des quelques 90 recettes du livre, plus de la moitié sont à base de poissons, crustacés et/ou fruits de mer, et je n’en ai trouvé que 7 ou 8 végétariennes (c’est trop peu je pense, car il faudra bien limiter notre consommation de viandes et de poissons ... mais c’est un autre sujet). 5/ Je renouerai donc avec un nouveau challenge culinaire pour l’année 2023.

À bientôt et bonne année.

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L'exposition coloniale de 1931

J’ai lu avec grand intérêt cet ouvrage, écrit dans les années 1960, et enrichi aujourd’hui d’un avant-propos et d’une postface particulièrement pertinents à l’aune des débats sur la colonisation à la mode française, et de la tentation de raccourcis fondés sur l’anachronisme, le désintérêt pour l'effort de se plonger dans un matériau scientifique et historique pourtant existant, la tentation du « reset » et de la culture de l’effacement, ces derniers pourraient bien devenir la marque de notre époque, que je trouve personnellement fort prétentieuse, au point de pérorer sur l'inutilité des efforts à maintenir pour mieux comprendre d’où nous venons.

L’exposition coloniale de 1931 dont l’objectif principal était d’instiller l’esprit colonial au public, a reconstitué le monde colonial, en miniature, à Paris, au bois de Vincennes entre mai et novembre 1931.

Ses quatre visages furent la propagande, la fête de jour comme de nuit, la foire à visée économique, et aussi l' événement scientifique.

La description qui en est faite est précise, agréable à lire, très accessible. La figure du maréchal Lyautey qui fut son grand organisateur y est très présente. Autour des innovations qu’il a portées :

- Le choix d’une implantation en banlieue ouvrière et populaire, occasion saisie de mieux le desservir par le prolongement de la ligne 8 et de poursuivre un plan d’urbanisme dans l’esprit haussmannien

- La présence pour la première fois d’une Cité de l’information très innovante, pour attirer les acteurs économiques vers la "Plus Grande France"

- L’hommage à l’action missionnaire

- Le souci de valoriser chaque culture, belle idée avec des applications très concrètes : rétributions correctes des 2000 participants des « colonies », éviter l’effet zoo humain en tout cas dans l’enceinte de l’exposition, multiplier les actes permettant une meilleure connaissance par des films, des débats, une multitude de conférences.

- Une charte coloniale fut même élaborée pour traiter le déficit alimentaire, les grandes pandémies tropicales, créer écoles d’agriculture.

L’intérêt que j’ai aussi trouvé dans ce livre est l’explicitation des raisons de l’échec de cette exposition réussie, fortement fréquentée, médiatique et donc démultipliée, , financière, elle fut même, en tant qu’événement bénéficiaire !

Par contre, elle n’aura pas de prolongement, elle cristallisera des oppositions en leur faisant gagner du temps, elle n’infléchira pas le racisme et n’aura aucune influence sur les lobbys puissants dans leur capacité à maintenir la facilité dans l’exploitation des territoires, nous connaissons la suite..

J’y ai également appris des comportements d’autres nations plus ou moins impériales, dont le Grande-Bretagne, absente de l’exposition coloniale de 1931 beaucoup plus respectueuses de faire évoluer leurs relations vers un bien meilleur équilibre vis-à-vis de leurs colonies que le coq gaulois y compris même mâtiné de romantisme- humaniste, tel celui de Lyautey, dont il peut être capable, brillamment mais tardivement !

Je vous souhaite une bonne lecture, y compris aux amateurs-chercheurs de traces encore visibles, réelles, matérielles, ou dans les esprits et mentalités : l’ouvrage vous mettra sur la piste !

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Aventureuses

Les livres sur l'univers d'Hugo Pratt sont tellement nombreux que l'on ne sait jamais à l'avance si celui que l'on va ouvrir va nous permettre de prolonger le voyage, ou au contraire nous rappeler que l'aventure touche à sa fin...

C'est donc avec un peu d'appréhension que j'ai parcouru les premières pages, avant de céder face aux splendides aquarelles, au doux grain de papier et à ces jeunes filles ou femmes qui défilent et qui, tour à tour, nous narrent Corto ou sont elles-mêmes l'objet d'enquêtes. Certaines ravivent de beaux moments de lecture, d'autres (nombreuses !) se suffisent à elle-mêmes et se remémorent leur rencontre avec le beau marin un sourire au coin des lèvres, non sans une once de moquerie affectueuse.



Au-delà de l'univers de la Ballade de la Mer salée et des ouvrages qui ont suivi, Aventureuses propose aussi quelques "chapitres" dédiés aux autres héroïnes féminines d'Hugo Pratt : le prétexte à des découvertes charmantes, ou au plaisir éhonté d'ajouter de nouvelles aquarelles à l'ouvrage, sublimant toute la femme sous toutes ses formes.



Une très belle plongée dans un univers merveilleux qui nous manque, où le féminin est à l'honneur. Ai-je omis de préciser que je dois la réception de ce très bel ouvrage à une opération Masse Critique ? Merci babelio !
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L'exposition coloniale de 1931

Archidoc réédite le passionnant ouvrage des historiens Catherine Hodeir et Michel Pierre sur l'exposition coloniale de 1931 dont la première édition est de 1991. En trente ans les controverses sur la colonisation n'ont pas cessé, ce qui a donné aux auteurs l'idée de compléter le texte initial. Michel Pierre a écrit un avant-propos tandis que Catherine Hodeir y ajoutait une postface intitulée Historiographie et enjeux contemporains.

Notre vision du colonialisme n'a pu qu'évoluer depuis les années 1930. Beaucoup des visiteurs de l'exposition étaient attirés par l'exotisme et la beauté de ce qu'on leur présentait. J'imagine que la plupart étaient enchantés des merveilles qu'ils voyaient et remisaient bien loin leur conscience politique. Les voyages étaient rares et c'était une façon de parcourir le monde. Seule une petite élite s'est émue de ce colonialisme arrogant. Néanmoins, malgré l'immense succès de l'exposition, le compte à rebours était enclenché. Il en était fini du grand empire français et notre pays, avec le reste de l'Occident, entrait dans la phase postcoloniale.

Je recommande ce texte très intéressant, dans une édition soignée et très abordable, pour mieux comprendre les débats d'aujourd'hui.

Reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique

Je remercie les Éditions Archidoc et Babelio
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Bagnards - La terre de la grande punition :..

de 1854 à 1938, les différents bagnes de Guyane en Amérique du Sud (Saint-Laurent-du-Maroni, Cayenne, les îles du Salut, Crique-Anguille) vont accueillir plus de 70 000 condamnés classés en 3 catégories : transportés, relégués ou déportés.



Cet ouvrage est un condensé de dossiers, de témoignages et d'archives qui racontent la vie quotidienne (survie surtout), les lois propres aux différents bagnes et la mort de ses prisonniers.

Certains noms sont célèbres ou vous parleront un peu : Dieudonné de la bande à Bonnot, le capitaine Dreyfus, Seznec, Papillon.



Un pan de notre histoire de France que l'on apprend pas ou peu et c'est bien dommage !

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Le Dernier Exil : Histoire des bagnes et de..

Photos, dessins, croquis, détails de la vie quotidienne. Une plongée en apnée dans ce monde sans âme que fut le Bagne à la Française.

Terrible
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Une autre histoire du XXè siècle, tome 10 : Mémoi..

Dernière décennie du XXe siècle, fin d'un millénaire,



Mais ce n'est pas pour autant que le monde s'embellit, le terrorisme, les guerres.

L'arrivée d'Internet pour le grand publique, les technologies s'intensifient, avec le portable notamment.

J'ai aimé cette époque personnellement, je la préfère à celle des années 2020.

l'on était pas tous sur les réseaux sociaux, ou le nez penché sur les portables, regardez dans les trains, bus..

Je pense que le peuple s'abrutit, enfin, c'est mon avis.

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Une autre histoire du XXè siècle, tome 8 : Les ..

Fin de la guerre au Viêtnam en 1975 enfin, car beaucoup de patriotes ont défilé , protesté contre cette guerre. Une défaite pour les USA, je dirais même embourbé.

La détente, face à cette guerre froide.

70-80 il n'y a pas que la guerre, non, mais un nouveau monde qui se développe, une mue qui prépare le XXIe siècle.

À lire pour comprendre..



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Une autre histoire du XXè siècle, tome 7 : Les ..

Un monde en évolution, mais encore des guerres comme le Viêtnam, tragédies, assassinat, mais pas que des malheurs, cela marquera l'entrée vers une nouvelle liberté, Beatnik, hippie, un renouveau, car les jeunes en ont assez de toute cette politique, de ses malheurs..

Les débuts de la télévision avec pour marquer l'humanité les premiers pas de l'homme sur la Lune, estimé à 25 millions téléspectateurs rien qu'aux États-Unis..

L'avancée de la médecine avec la 1re transplantation cardiaque en 1967.

Une décennie à découvrir ou redécouvrir.



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Trésors sacrés

Un livre consacré à certaines reliques du monde chrétien, dont on apprend le parcours historique souvent surprenant.

J'ai beaucoup aimé cet ouvrage de Michel Pierre, qui présente à ses lecteurs un aspect oublié de la religion chrétienne, mais qui fut primordial à l'époque médiévale, qui est le culte des reliques. Une dizaine d'entre elles sont abordées dans cet ouvrage relativement court, parmi lesquelles la Croix, le Sang, le Saint Suaire de Turin, les ossements des Rois Mages, la peau de l'âne du Christ, la Ceinture de la Vierge etc. Ou peut être devrais-je dire LES saint-suaires, LES ceintures, etc. Car comme le démontre très bien l'auteur, le culte des reliques et le prestige qui y était attaché a généré un commerce macabre et lucratif, incitant à la production de reliques sinon fausses, à tout le moins douteuses.

Mais l'authenticité de la relique n'est pas vraiment de première importance: ce qui compte, c'est le Miracle qu'elle accomplit. Les guérisons, les pluies lors d'épisodes de sécheresses, ou à l'inverse l'arrêt des pluies lors des inondations, la protection des fidèles, et tant d'autres phénomènes attachés aux reliques témoignent que ce qui compte, c'est qu'elles remplissent leur rôle: il suffit d'y croire, et d'avoir la Foi. Notre époque qualifiée de matérialiste a du mal à le saisir...

Un très bon ouvrage, avec une plume agréable (quoiqu'un peu trop "piquante" en deuxième partie d'ouvrage), qui n'est pas exempt de petites erreurs factuelles de l'auteur, mais qui donne un bel aperçu de son sujet et invite à l'approfondir. Dans un second tome?



Concernant le travail d'éditeur, tout a été fait avec soin, et je n'ai noté qu'une seule coquille ("aoroastrisme" au lieu de "zoroastrisme" dans la partie sur les rois-mages). Les illustrations en début de chapitre sont appréciables, mais je regrette l'absence d'un court cahier couleur présentant ces fameuses reliques, qui aurait été vraiment bienvenu. Seul regret: si la couverture est très réussie, le titre doré a tendance à s'effacer au cours de la lecture, à cause du frottement des doigts.



Je suis assez curieux de découvrir les autres titres de la collection, et recommande celui-ci à toute personne un tant soit peu curieuse de l'histoire de la chrétienté et de ces fameuses reliques!



Un grand merci à Babelio et aux Editions du Trésor pour l'envoi de cet ouvrage, arrivé avec un petit mot que j'ai beaucoup apprécié!
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Bagnards - La terre de la grande punition :..

Une grande enquête sur le quotidien du malheur !

A lire
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Une autre histoire du XXè siècle, tome 6 : Deux..

L'après guerre, la reconstruction, le travail facile, beaucoup estiment cette période comme une époque qui prospère notamment dans les arts ménagers, la mode..

Mais il y a cette nouvelle peur, la guerre froide.

Une décennie d'espérance mais aussi de peur d'un nouveau conflit tout aussi dévastateur.

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L'enfant qui arpentait ses rêves sur des pati..

Un roman très sombre, conté avec excellence.





Les rêves étaient une éclaircie dans l’obscurité de la nuit mais ils pouvaient être aussi fragiles et délicats que des sentiers de verre. Il arrivait trop souvent qu’ils se brisent et ouvrent des voies effroyables, de braises et de cendres.



Il fallait les arpenter avec des patins de soie.



De prime abord, on pense rêve, enfance, insouciance, ingénuité, fraîcheur… Eh bien non… On est loin de tout ça.





Au cours des ans, Le Toine avait grandi mais son esprit était resté petit. C’était pas arrivé là tout seul par hasard un soir […] Non, c’était arrivé bien autrement. bien plus gravement.



C’était un soir. Un très vieux soir de guerre.



[…] Il posa le front contre la vitre gelée, cherchant dans la nuit un signe, un appui. Il essaya très fort, autant qu’il le put, dans son esprit toujours petit, de trouver un coin seulement à lui et comment s’y réfugier. A ce moment-là, son avenir rencontra son passé. Il y resta bloqué.



Voici le Toine, élevé par son père. Il n’a pas connu sa mère. Un jour, pendant l’Occupation, le Toine a une dizaine d’année, des gendarmes viennent arrêter son père, le laissant seul et démuni, livré à lui-même.



Abandonné, l’enfant fusionne avec la nature qui l’entoure, avec sa montagne, dont il parcourt les chemins incessamment. Il perçoit les rumeurs, s’interroge sur la mer qui porte ces grands bateaux synonymes de liberté retrouvée… Le Toine s’avance doucement vers l’adolescence en marge de cette guerre, qui l’effleure à peine. Mais voilà, rien n’est rose dans sa vie, et pour bien faire, son pauvre destin va vite le rattraper.





La police française, à la botte de l’occupant, a remis aux autorités allemandes le père du Toine. Par loyauté sans doute. A moins que ce ne fut, après tout, qu’une façon discrète de montrer à l’humanité une part de sa vérité!



L’ours borgne veille sur le sommeil de l’enfant. Il n’y a plus dans la pièce que le silence saccadé de la nuit. Comme si la guerre, soudain prise d’accalmie, était presque finie. Mais la guerre n’est pas finie. Les hommes règlent leurs comptes, brisent des jours impatients. S’emploient férocement à débâtir le monde.



[…] Les temps passaient. Le Toine grandissait, devenait fort. […] Mais dans son esprit, le Toine restait petit.



Et puis, un jour, il y aura Tiphaine. Que la vie n’a pas épargnée non plus…



La vie, au travers des yeux du Toine, est douce, innocente, s’écoule lentement. L’on n’éprouve pas le temps passant, mais les sentiments et ressentis du Toine. Toujours bienveillant. Toujours sensible. Cette écriture est comme un pansement sur les blessures terribles infligées au pauvre enfant.



C’est beau, poétique, tout en images, touches d’émotions, touches de sensations. La pureté de cet esprit un peu lent. Ses rêves d’enfant et la terrible réalité. La solitude incommensurable de ce petit bonhomme… L’espoir qui s’amenuise petit à petit… Et pourtant, il s’est accroché le Toine!



Un récit tragique, mais une plume majestueuse, subtile, élégante et poétique. Un récit dévoré en quelques heures, impossible à lâcher. Un enfant qu’on aimerait prendre dans ses bras et soulager. Tiphaine que l’on voudrait tant sortir de là… Il faut se laisser porter par le récit de cette misère, comme l’on écouterait dévaler le courant léger d’un ru.



Un grand merci à Pierre Geneste et aux Editions l’Astre Bleu de ce très beau cadeau.


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Une autre histoire du XXè siècle, tome 9 : Un n..

L'Europe émerge de plus en plus, se construit, mais tout n'est pas rose.

Les prémisses du terrorisme avec l'Espagne, l'arrivée de Jean-Paul 2 papes polonais, marque un coup de force face au communisme.

La Chine s'affirme, grandit de plus en plus.

Les années 80-90 voit un nouveau monde apparaître..

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Corto Maltese : Mémoires

Un joli album illustré qui nous mène sur les traces de Corto, parcourant géographie et histoires à travers les lieux et personnages emblématiques de la série.

Un moment de lecture agréable pour les fans !
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