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Citations de Michel Tremblay (481)


La pluie nous tombait dessus, les éclairs éclataient, suivis du tonnerre qu'on prétendait si dangereux, les arbres étaient secoués par un vent violent et produisaient un bruissement qui aurait dû me terroriser, mais plus rien ne semblait dangereux parce que j'étais à vingt pieds du sol, dans les bras de mon père qui, par la seule force de sa volonté, faisait en sorte que rien ne m'arrive!
Rien ne pouvait m'arriver!
Protégé contre tout mal, rendu invincible par la présence de mon père qui affrontait la tempête au lieu de se cacher, j'étais l'enfant le plus heureux du monde.
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C'est donc mon père qui m'a fait aimer mon teddy bear. Avec une simplicité qui m'étonne encore aujourd'hui.
Il a commencé par nous asseoir l'un en face de l'autre, l'ours en peluche et moi, il nous a en quelque sorte présentés l'un à l'autre une seconde fois, puis il a parlé tout doucement.
Il a d'abord parlé de moi au teddy bear avec une telle chaleur, me déclarant à travers lui un amour d'une telle force, que j'ai été obligé de m'appuyer contre la tête de mon lit: pour la première fois de ma vie, je pouvais entrevoir la place prépondérante que je tenais dans le coeur de mon père, et j'en étais foudroyé.
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MANON : J'me sus rendue compte par moé-même que c'est vrai que le bon Dieu existe! | SANDRA : J'vois vraiment rien d'autre que le cul pour me garder en vie.
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FERNANDE : Il reste plus d'Outremont en toi que je ne le pensais! / LORRAINE, ironique : En effet, la quétaine et la femme du monde se livrent en moi un dur combat… / FERNANDE : D'après ce que je peux voir par tes agissements, c'est la quétaine qui gagne! / LORRAINE : J'espère bien!
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C'est ben beau les pelules pis l'eau, mais en plus, évidemment, y faudrait que j'suive un régime! Oui, monsieur... Faut croire qu'y'a pas de bon Dieu pour les gros, hein... T'as beau toute essayer, tu reviens toujours à la même maudite affaire: le régime! Bâtard! Piqûre pas piqûre, pelule pas pelule, eau pas eau, y faut que tu suives un régime, en plus! Y faudrait quasiment que j'passe mes grandes journées assis sur les toilettes, pis que Pit vienne me porter quequ'p'tites branches de céleri de temps en temps, crisse! Chus t'un être humain, moé avec!
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J'fais c'que j'peux, mais j'arrive à rien, c'est pas de ma faute! J'ai dû v'nir au monde pour être grosse, pis j'suppose que j'vas mourir grosse. J'vas m'être faite dire toute ma vie par tout le monde que chus grosse, j'vas avoir toute essayé c'que j'pouvais pour maigrir, pis j'aurai pas réussis.
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Quans j'pense à ça, j'ai envie de courir chez Laura Secord m'acheter deux livres de chocolats aux cerises, de toutes les manger, pis d'envoyer tout le monde chier! Mais j'le fais pas... pis en attendant... j'pisse!
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ARMAND : Pis c't'après-midi-là, Serge tu m'a faite le plus beau cadeau, peut-être sans t'en rendre compte... / CHARLOTTE : ...pis j'vas la laisser mourir là! / ARMAND : T'en rappelles-tu de c'que t'as faite? / CHARLOTTE : Tant pire pour elle! / ARMAND : Nicole v'nait juste de s'acheter son stéro... / GILBERTE : C'est comme les commerciaux... / ARMAND : ...tu m'as emmené dans le salon... Tu m'as assis dans monfauteuil... / GILBERTE : Y'essayent de nous faire accroitre toutes sortes de niaiseries, là... / ARMAND : ...pis tu m'as dit... / GILBERTE : Y nous prennent pour des épais... / ARMAND : " Écoute ben ça, popa! " / GILBERTE : C'est vrai! Voir si tout c'qu'y disent est vrai! Voyons donc! / ARMAND : Pis t'as mis un record sur le pick-up...
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Elle sentait le camphre. Je voyais la petite épingle dorée retenant le carré de camphre qui n’avait pas quitté sa jaquette depuis le mois de novembre.
- Tu sens l’hiver.
- T’as ben raison, j’devrais ôter ça…
Elle entreprit de dégrafer l’épingle mais ses mains s’étaient déformées un peu plus ces derniers mois ; je dus l’aider avec mes petits doigts malhabiles.
- Tu veux y aller au spectacle demain, hein ?
- Certain… Daniel Paradis y va avec sa matante, j’veux y aller moé aussi !
- J’vas parler à ta mère…
- Pourquoi tu penses qu’a’veut pas que j’aille ?
- C’est pas qu’a’veut pas que t’ailles… c’est juste que c’est pas son idée à elle… pis qu’a’l’a probablement peur d’être inquiète. Tu comprends, a’sera pas avec toé pour te surveiller…
- La madame a l’air fine, a’parle comme dans le radio !...
- Mais on la connaît pas.
Un bruit de pas dans le corridor, la tête de ma mère dans l’entrebâillement de la porte.
« Michel, laisse ta grand-mère tranquille, c’est l’heure du lit.»
Me sentant protéger par la présence de ma grand-mère, je pris mon courage à deux mains.
«C’est-tu vrai que t’as peur de la madame parce qu’on la connaît pas ?»
Maman regarda sa belle-mère avec une lueur de reproche, comme si celle-ci venait de la trahir.
- Qu’est-ce que vous y’avez mis dans’tête, encore !
- J’vois pas pourquoi c’t’enfant-là aurait pas le droit d’aller voir un spectacle…
- Même avec une étrangère qui pourrait… je le sais pas, moi… le vendre !
Elle me prit par la main d’une façon un peu brusque, ce qui ne lui ressemblait pas du tout, pendant que sa belle-mère éclatait de rire.
- Enfant insignifiant ! Arrête donc d’aller toujours bavasser à ta grand-mère comme ça… A’ rit encore de moi, là…
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J'ai tout raconté dans mon langage d'enfant, les formes, les couleurs, les personnages, l'histoire, ce fut long et passablement animé, au point même où ma tante a fini par demander : " C'tu toute vrai, ça, coudonc, ou ben si t'en inventes des bouts ? ", mais j'ai gardé pour moi l'horrible découverte que j'avais faite, cette incapacité que j'avais de m'exprimer au milieu d'une foule, de faire comme elle, de participer à une liesse collective. Mon histoire fut probablement très intéressante, mais elle resta incomplète et personne, pas même ma mère, ne s'en aperçut.
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LA DUCHESSE : […] C't'effrayant, c'te soleil-là, c't'effrayant! M'as mourir! Mais ça fait rien, tu vas v'nir brune pis belle! (Elle s'éponge le visage.) Ça, c'est pas vrai pantoute, parce que tout c'que j'arrive à être, c'est rouge comme un homard… Un homard! Seigneur-Dieu! J'commencerais-tu à parler de moé au masculin? Quelle horreur! C'est vrai que homarde…
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ALBERTINE À 60 ANS. C’est le renfermé que ça doit sentir. Mais j’ose pas ouvrir le châssis… J’ai trop peur d’attraper mon coup de mort… J’me sus enfermée dans la maison où chus venue au monde… même pas… dans une chambre de c’te maison-là… pour me protéger des senteurs du dehors. Y’a pus rien qui peut me toucher, j’ai perdu l’odorat.

ALBERTINE À 70 ANS. Ça sent la mort au compte-gouttes ! J’ai-tu passé à travers tant d’affaires juste pour en arriver là ?

Les autres la regardent.

Elle se mouche avec un kleenex.

Ça va aller mieux demain.

ALBERTINE À 60 ANS. Tu penses ?

ALBERTINE À 70 ANS. Oui, j’le pense !

[…]

ALBERTINE À 60 ANS. J’ai pus aucun souvenir, d’aucune senteur. Même pas celle des sapins qui m’avait tant étourdie quand j’étais arrivée à duhamel. Toute ma vie, après, quand on parlait de senteur, j’me revoyais, debout sur la galerie, en train de me remplir les poumons de santé ! Aujourd’hui… (Elle regarde Madeleine.)… même si t’essayais de me décrire c’te senteur-là pendant des heures, j’m’en rappellerais pas.
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j’reste dans ma chambre, tranquille, j’achale pus personne… Une p’tite lumière qui brille au bord de la nuit ? Ç’a l’air tellement paisible, de loin… pis plaisant. Y’a deux femmes, su’a’galerie.
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Albertine à 40 ans : C’est comme une boule de feu, Madeleine… Albertine à 30 ans : J’ai beau hurler, frapper, ça reste toujours là… c’est aussi présent après qu’avant une crise…
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Madeleine : Crie moins, Bartine! Essaye de t’exprimer sur un ton un peu plus doux...
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Albertine à 40 ans : Ben voyons donc!… Tu viens me promener ton bonheur sous le nez pour que j’le sente ben comme faut… Albertine à 40 ans : Sauve-toi pas! Madeleine : Quand t’es comme ça, ça sert à rien d’essayer d’argumenter avec toi, t’écoutes pas…
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Albertine à 40 ans : Tu m’enrages assez, des fois Madeleine, avec tes petits airs supérieurs! … On sait ben, moi, y faut que j’endure toutes sans rien dire mais aussitôt que j’commence à dire quequ’chose à quelqu’un vous m’envoyer chier!" et "… Pis moi j’arrêtais pas… j’t’ais pas capable! C’est pas Thérèse que j’frappais, j’pense, c’est … c’est toute la vie.
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MADELEINE : Conte-lé pas si tu veux pas… / ALBERTINE À 70 ANS : C'est tellement difficile. / ALBERTINE À 30 ANS : On dirait qu'on est tu-seules, tou'es deux, dans le monde… / ALBERTINE À 70 ANS : Y fait tellement noir, tout d'un coup… / ALBERTINE À 60 ANS : Ça donne envie de chuchoter… / ALBERTINE À 40 ANS : Non, ça donne envie de tout détruire!
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Albertine à 70 ans

Pauvre Madeleine...J't'en ai fait voir de toutes les couleurs, hein...mais j'sais pas si tu savais à quel point j't'aimais.

Madeleine la regarde

Madeleine

Non. On n'a jamais su si tu nous aimais ou si tu nous haissais vraiment...Tu nous le disais tellement que tu nous haissais! À chacun son tour ou tout le monde ensemble...Des fois, y'a rien que ça qui venait de toi, on pouvait le sentir, on aurait presque pu le toucher!



Albertine à 40 ans

Si tu savais comme c'est dur de se sentir tu-seule dans une maison pleine de monde! Le monde m'écoute pas ici-dedans parce que j'arrête pas de crier pis j'crie parce que le monde m'écoute pas. J'dépompe pas du matin au soir! À onze heure du matin chus déjà épuisée! J'cours après Marcel pour le protéger pis j'cours après Thérèse pour l'empêcher de faire des bêtises plus graves que celle de la veille! Pis j'crie après moman plus fort qu'a' crie après moi! Chus tannée d'être enragée, Madeleine! Chus trop intelligente pour ne pas me rendre compte que vous me méprisez pis chus pas assez prime pour vous boucher!


Madeleine

Cris moins, Bartine! Essaye de t'exprimer sur un ton un peu plus doux...


Albertine à 40 ans

J'peux pas...mon coeur déborde d'affaires tellement laides, si tu savais...

Silence.


Albertine à 50 ans

Ça va passer


Albertine à 60 ans

Oui, mais ça va revenir...
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Tu t'en vas dans l'Est ? "
- Oui, oui... "
L'autobus arrivait... J'avais de la difficulté à parler tellement j'étais essoufflé. Lui continuait à sourire
"C'est quequ'chose, monter la côte Sherbrooke avec toute c'te glace-là, hein ?
- Ah ! oui... (Continue, continue... parle ! Une niaiserie, n'importe quoi, mais parle !) C'est quequ'chose... "
(C'est tout ? T'as rien trouvé de mieux que de répéter ce qu'y venait de dire ? T'es pas juste niaiseux, t'es t'épais rare !)
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