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4.26/5 (sur 55 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Chambéry , le 17/05/1925
Mort(e) à : Paris , le 9/02/1986
Biographie :

Michel de Certeau, né le 17 mai 1925 à Chambéry et mort à Paris le 9 janvier 1986, est un intellectuel jésuite français auteur d'études d'histoire religieuse (surtout la mystique des XVIe et XVIIe siècles) comme le montre son ouvrage La fable mystique, édité en 1982, et d'ouvrages de réflexion plus générale sur l'histoire, la psychanalyse, et le statut de la religion dans le monde moderne.
Jésuite, il restera toujours fidèle à cette institution, bien qu'évoluant dans ses marges. Il est co-fondateur de l'École Freudienne de Paris, autour de Jacques Lacan. Il s'engage en faveur des étudiants en 1968. Historien de la mystique et a minima « convaincu d'expériences », Michel de Certeau est une personnalité complexe dont l'œuvre traverse tous les champs des sciences sociales. En 1984, il est élu directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales avec comme intitulé général de ses séminaires : « Anthropologie historique des croyances, XIVe-XVIIIe siècles ».

L'influence psychanalytique se retrouve fortement dans son œuvre historiographique, où il analyse le « retour du refoulé » au travers des limites arbitraires de l'histoire officielle, et la survivance du « non dit » dans les marges de l'écrit. Il est une référence, souvent cité dans les recherches liées aux Cultural Studies.
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Source : Wikipédia
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Par Annette WIEVIORKA, directrice de recherche émérite au CNRS Tout historien, et même préhistorien, établit un lien avec "ses" morts dont il tente de restituer l'histoire, de la Lucy d'Yves Coppens aux morts qui sont ses contemporains. L'opération historiographique a souvent été décrite, de Jules Michelet à Michel de Certeau, comme opération de résurrection des morts et oeuvre de sépulture de ces morts qui hantent notre présent. Il y a aussi d'autres morts. Ceux des siens qui sont autant de dibbouk pour l'historien parce qu'ils ont orienté sa vie. Ce sont des morts fauchés avant d'avoir été au bout de leur vie, des morts scandaleuses. "Je suis le fils de la morte". Ce sont les premiers mots de l'essai d'égo-histoire de Pierre Chaunu. Ces morts nourrissent les récits familiaux, devenu un nouveau genre historique, de Jeanne et les siens de Michel Winock (2003)("La mort était chez nous comme chez elle") à mes Tombeaux (2023). Les morts de la Shoah occupent une place tout à la fois semblable et autre. C'est la tentative d'éradiquer un peuple, la disparition du monde yiddish dont ceux qui en furent victimes prirent conscience alors même que le génocide était mis en oeuvre. Ecrits des ghettos, archives des ghettos, rédaction de livres du souvenir, ces mémoriaux juifs de Pologne écrits collectivement pour décrire la vie d'avant, recherche des noms des morts, plaques, murs des noms, bases de données.... Toute une construction mémorielle. Vint ensuite le temps du "je"(qui n'est pas spécifique à cette histoire) , celui des descendants des victimes, deuxième, troisième génération, restituant l'histoire des leurs. Chaque année, plusieurs récits paraissent, oeuvres d'historiens ou d'écrivains, qui usent désormais des mêmes sources, témoignages et archives, causant un trouble dans les genres.

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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Michel de Certeau
Tel Robinson sur la grève de son île, devant "le vestige d’un
pied nu empreint sur le sable", l’historien parcourt les bords de
son présent ; il visite ces plages où l’autre apparaît seulement
comme trace de ce qui a passé. Il y installe son industrie. À partir
d’empreintes définitivement muettes (ce qui a passé ne reviendra
plus, et la voix est à jamais perdue), se fabrique une littérature ;
elle construit une mise en scène de l’opération qui confronte
l’intelligible à cette perte. Ainsi se produit le discours
qu’organise une présence manquante.
.
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Michel de Certeau
Est mystique celui ou celle qui ne peut s’arrêter de marcher et qui, avec la certitude de ce qui lui manque, sait de chaque lieu et de chaque objet que ce n’est pas ça, qu’on ne peut résider ici ni se contenter de cela. Le désir crée un excès. Il excède, passe et perd les lieux. Il fait aller plus loin, ailleurs. Il n’habite nulle part…
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Les récits […] traversent et […] organisent des lieux ; ils les sélectionnent et les relient ensemble ; ils en font des phrases et des itinéraires. Ce sont des parcours d’espaces.

[…] Ces lieux sont liés entre eux de façon plus ou moins serrée ou facile par des « modalités » qui précisent le type de passage conduisant de l’un à l’autre […] Tout récit est un récit de voyage, - une pratique de l’espace.
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Le style, cette manière de marcher, geste non textuel, organise le texte d'une pensée.
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La ritualisation raffinée des gestes élémentaires m'est ainsi devenue plus précieuse que la persistance des paroles et des textes, parce que les techniques du corps sont mieux protégées de la superficialité des modes.
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Citations éditions POINT:

Page 18
dans Contre l'inconscience
Entre deux formes d'inconscience, celle qui refuse de voir les dégats et celle qui se dispense de reconstruire, celle qui nie le problème et celle qui renonce à chercher une solution, il nous faut scruter les voies de la lucidité et de l'action.

Page 34
dans La fiction donnée à l'oeil
Ce qui est donné à l'oeil est enlevé à la main.

Page 73
dans Le langage de la violence
Le fait qui s'impose avant tout examen des faits, c'est que la violence est marquée au fer rouge sur ce "langage malade" (Austin).

Page 108
dans la culture à l'école
Lors de ma première expérience d'enseignement aux Etats-Unis, j'ai été d'abord surpris par le nombre de fautes d'orthographe que commettaient des étudiants très avancés. J'ai été habité par l'horreur , apprise dès l'école primaire, pour la faute d'orthographe. En fait, ces Américains m'ont libéré en me réapprenant ma propre histoire: pour les écrivains des XVIème et XVIIème siècle l'oral était la référence première, et l'écrit sa trace sur le papier.

Page 188
dans Politique et Culture
Le rapport aux pouvoirs change donc. Ils se servent de la culture, sans la compromettre. Ils sont ailleurs. Ils ne sont plus engagés par les discours qu'ils fabriquent.

Page 222
Dans la conclusion, ce petit truc qui m'a fait tiquer l'oeil:
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Depuis que le livre académique côtoie le livre de poche
p 96 ...l'enseignement universitaire ajoute son effet propre à la multiplicité des informations et des images que véhicule la culture de masse. Il ne les ordonne pas; il s'y ajoute. Il ne tranche pas sur elle; il a la même forme qu'elle.
(...)
p 98... souvent, avec les matériaux de sa culture, l'étudiant procède à la manière de collages comme on fait ailleurs un "bricolage" individuel de plusieurs enregistrements sonores ou une combinaison de peintures "nobles" avec des images publicitaires. La créativité est l'acte de réemployer et d'associer des matériaux hétérogènes. Le sens tient à la signification dont les affecte ce réemploi. Ce sens là n'est dit nulle part pour lui-même; il élimine toute valeur sacrée dont serait crédité un signe en particulier; il implique le rejet de tout objet tenu pour "noble" et permanent. Il s'affirme donc ainsi avec pudeur, alors même qu'il a la figure du blasphème. Le matériau universitaire ne saurait être privilégié du seul fait qu'il vient d'un agrégé, d'une "bonne thèse" ou de la longue durée d'une investigation.
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Cet essais est dedié à l'homme ordinaire. Héros commun. Personnage disséminé. Marcheur innombrable. En invoquant, au seuil de mes récits, l'absent qui leur donne commencement et nécessité, je m'interroge sur le désir dont il figure l'impossible objet. A cet oracle confondu avec la rumeur de l'histoire, que demandons-nous de faire croire ou de nous autoriser à dire lorsque nous lui dédions l'écriture que jadis on offrait aux divinités ou aux muses inspiratrices ?
Cet héros anonyme vient de très loin. C'est le murmure des sociétés. De tout temps, il prévient les textes. Il ne les attends même pas. Il s'en moque. Mais dans les représentation scripturaires il progresse. Peu à peu il occupe le centre de nos scènes scientifiques. Les projecteurs ont abandonné les acteurs possesseurs de noms propres et de blasons sociaux pour se tourner vers le choeur des figurants massés sur les côtés, puis se fixer enfin sur la foule du public. Sociologisation et anthropoligisation de la recherche privilégient l'anonyme le quotidien où des zooms découpent des détails métonymiques - parties prises par le tout. lentement les représentants hier symbolisateurs de familles, de groupes, et d'ordres s'effacent de la scène où ils régnaient quand c'était le temps du nom. Le nombre advient, celui de la démocratie, de la grande ville, des administrations, de la cybernétique. C'est une foule souple et continue, tissée serré comme une étoffe sans déchirure ni reprise, une multitude de héros quantifiés qui perdent noms et visages en devenant le langage mobile de calculs et de rationalités n'appartenant à personne. Fleuves chiffrés de la rue.
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Michel de Certeau
Ignacio Gárate : Je voudrais commencer par une question qui peut paraître banale, mais dont je pense qu’il faudrait éclaircir le sens, du moins celui que vous proposez, à savoir l’application de la psychanalyse à la littérature, par exemple, pour quoi faire ? Quel serait son intérêt ?
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Michel de Certeau : À mon avis, il ne s’agit pas d’une application. Dès le début de son œuvre, c’est-à-dire en commençant les Études sur l’hystérie, Freud, déjà, dit qu’il est surpris par sa découverte psychanalytique et que le discours scientifique proportionné à cette découverte l’oblige à quitter le discours scientifique et le déporte vers ce qu’il appelle le style des romanciers et des poètes; autrement dit, il y a quelque chose dans la nature même de l’expérience analytique qui est de type littéraire. Et je pense que c’est quelque chose qui est marqué dès le début de l’œuvre de Freud, qui va s’accentuer d’ailleurs au fur et à mesure de la vie de Freud, et à la fin, pendant ses vingt dernières années, le personnage central, ce n’est ni le client ni l’inconscient, c’est l’écrivain, c’est l’écriture. Au fond, on retrouve exactement la même chose chez Lacan : le début de la carrière de Lacan, même avant sa thèse, c’était de déceler, dans les processus psychotiques qu’il analysait, ce qu’il appelait des schizographies, c’est-à-dire des procès de type littéraire qui, disait-il déjà, sont absolument du même type que des procès du surréalisme, etc. Autrement dit, je pense que dans la psychanalyse, il y a une découverte, on pourrait dire une redécouverte de la littérature en tant que problème théorique. Dans cette perspective, on pourrait dire que Freud, c’est le renouveau de la rhétorique ; la Science des rêves, c’est justement l’analyse d’un certain nombre de procédures productrices de représentations et ces procédures sont de type rhétorique : la condensation que l’on dit métonymie, la métaphore, etc. Une redécouverte de ce qu’on appelait, jusque-là, les figures de rhétorique et dont on avait perdu la signification pour en faire simplement des sortes de classifications des ornements du langage. Une redécouverte de ce champ-là comme formalité de pratiques organisatrices de représentations et aussi comme jeu, dans le champ du langage, de quelque chose qui ne relève pas de ce qu’immédiatement ce langage énonce, annonce. De ce point de vue, je ne dirais pas qu’il y a un problème de l’application de la psychanalyse à la littérature, je dirais plutôt que la théorie psychanalytique est fondamentalement de type littéraire.
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Seule la fin d'un temps permet d'énoncer ce qui l'a fait vivre, comme s'il lui fallait mourir pour devenir un livre.
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