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Critiques de Mike Davis (27)
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City of Quartz : Los Angeles, capitale du f..

A toi, fan de Los Angeles, du cinéma américain, du roman noir, de l'urbanisme, de l'économie capitaliste, ... ou à toi, fan en devenir, qui ne le soupçonne même pas, ce livre t'es destiné.



Bible de L.A. cet ouvrage aborde tout : l'origine, l'évolution, l'écologie, la culture, l'énergie, l'urbanisme, les arts, la politique ... c'est précis, critique et complet.
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Petite histoire de la voiture piégée

Dans son livre le plus personnel à ce jour, Dans la disruption, comment ne pas devenir fou ?, Bernard Stiegler fait une analogie entre deux formes de la barbarie : une barbarie « soft » qui est le fait des entrepreneurs et innovateurs et prenant la forme de la disruption et une barbarie « hard » qui est le fait de Daech. Dans un entretien lors de la promotion de son livre, il écrivait ainsi « Pendant la terrible année 2015, nous avons rencontré la barbarie de Daech [acronyme arabe de l'EI, ndlr]. A côté de cette barbarie horrifique, il existe une autre forme de barbarie, plus «soft», une barbarie technologique qui nourrit la barbarie terroriste. »* À la sortie du livre, cette analogie et d'autres propos avaient fait fortement réagir certaines personnes - notamment Nicolas Colin, directement visé par Stiegler et co-auteur avec Henri Verdier, de L'âge de la multitude: Entreprendre et gouverner après la révolution numérique, et Stéphane Vial, qui parlait de « la fin d'un philosophe ».



Les figures de l'entrepreneur et de l'innovateur sont souvent et particulièrement dans notre époque associées aux entrepreneurs des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon), GAFAM (GAFA + Microsoft), BATX (Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi) ou NAITU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber), à des Xavier Niel en France, ou à d'autres entrepreneurs.



Ces figures d'entrepreneurs et d'innovateurs ne sont pas pour autant uniques : des entrepreneurs et innovateurs se trouvent ainsi dans d'autres domaines.



Dans Les entraîneurs révolutionnaires du football, quelques entraineurs de football - comme Cruyff et Guardiola - sont présentés comme des innovateurs. Dans l'introduction, les auteurs définissent le révolutionnaire de la façon suivante : « le révolutionnaire n'est pas forcément l'initiateur. Il n'est pas toujours « le premier ». Inventeur ou pas, il est celui qui a fait sienne une idée innovante ». Certes, les auteurs ne théorisent pas car le propos de leur livre n'est pas directement celui de l'innovation.



Dans Petite histoire de la voiture piégée , Mike Davis va encore plus loin en racontant l'histoire de la voiture piégée depuis le premier attentat de l'histoire - selon Davis, il s'agit de l'attentat commis par l'italien Mario Buda** contre Wall Street en 1920 - jusqu'à nos jours - le livre conduit jusqu'à l'Irak contemporain - du point de vue de l'histoire de la technologie et de l'innovation. Comme il l'écrit, « La voiture piégée, comme toutes les technologies gagnantes de la modernité, mérite donc sa propre historiographie, qui devra prêter une attention spécifique aux innovations techniques et tactiques ».



En moins de 250 pages, Mike Davis retrace les différentes innovations apportées par les différents groupes terroristes et également les services secrets des États - le terrorisme d'État (notamment d'Israël et des États-Unis) est traité - ayant eu recours à la voiture piégée, le « bombardier du pauvre ».



Cette technologie présente l'avantage - du point de vue de celui qui s'en sert - d'être une basse-technologie : elle est simple, économique et « populaire ». Dans un tableau édifiant de son livre, Davis récapitule ainsi toutes les innovations dans ce domaine singulier : elles portent sur la technologie elle-même - par exemple, « À la recette américaine et irlandaise - véhicule plus nitrate-fioul - venait désormais s'ajouter un ingrédient décisif propre à la cuisine libanaise: le kamikaze à la volonté implacable, capable de foncer à travers des postes de contrôle sous les yeux de gardes abasourdis et de transporter sa charge meurtrière jusqu'au seuil d'une ambassade ou d'une caserne » - ou sur ce qui entoure la technologie - par exemple, « Même si le conducteur anonyme du véhicule piégé qui avait détruit l'ambassade irakienne près d'un an auparavant pouvait en fait revendiquer le privilège d'être le premier, c'est Sheik Qassir qui est passé au panthéon de la culture moyen-orientale comme le Edison ou le Lindbergh de l'attaque suicide à la voiture piégée. Cette célébrité doit beaucoup à l'ingénieuse innovation publicitaire du Hezbollah, qui a entreprise de filmer en vidéo ces opérations » ; à noter la référence à Thomas Edison, industriel et inventeur productif.



Dans cette passionnante historiographie, Mike Davis mobilise le langage des « innovation studies » comme dans le passage suivante :



« Toute histoire d'une technologie donnée court le risque de l'autisme et de l'exagération. Il est trop facile de croire que le monde moderne n'est que l'addition de ses inventions et de leurs conséquences sociales automatiques: la machine à vapeur engendre le socialisme, les voyages en train le tourisme, la radio les dictateurs, les ordinateurs les "nerds", et ainsi de suite. Mais comme Marx nous avait prévenus il y a déjà longtemps, l'avenir d'une innovation dépend de l'existence de structures sociales (ou de "rapports de production") capables de développer son potentiel et de tirer profit de ses performances. Les Grecs d'Alexandrie, par exemple, s'amusaient avec des jouets propulsés à la vapeur, mais à une époque ou la main d'oeuvre servile était abondante, ils n'avaient nul besoin d'une technologie économisant le travail humain. de la même façon, la voiture piégée en tant qu'arme terroriste existait en puissance pratiquement plus d'une génération avant que le groupe Stern s'en serve pour semer la haine en Palestine; son évolution ultérieure pendant la guerre froide, tout comme l'essor du "terrorisme" en général, fut en partie freinée par l'autorité des superpuissances et leurs réseaux d'alliances. Mais, après Beyrouth et Kaboul, et entre autres grâce à Bill Casey et à ses collaborateurs pakistanais, elle a proliféré dans le monde entier comme une mauvaise herbe, prenant racine dans les milliers de fissures créées par les conflits ethniques et religieux que, paradoxalement, la mondialisation a mis au jour. Elle fleurit également dans les territoires sinistrés par une inégalité extrême, à la périphérie des villes pauvres, et même dans les recoins désespérés du Midle-West américain. »



Le livre de Davis est aussi efficace qu'un Shrapnel même si la lecture peut s'avérer parfois difficile : reprenant l'historique de la voiture piégée depuis Buda jusqu'à l'Irak contemporain en passant par les attentats sionistes contre les Britanniques en Palestine en 1947, ceux de l'IRA en Grande-Bretagne et ceux des Tigres tamouls au Sri Lanka, Davis entre dans le détail des groupes terroristes, de leurs ramifications, de leurs opérations, ...



Auteur de nombreux essais sur les villes contemporaines, Mike Davis analyse également les réponses des villes contres les voitures piégées en montrant que les réponses ne sont que rarement technologiques mais davantage sociales ou socio-économiques.



Depuis la publication du livre de Mike Davis, les terroristes sont passés à un autre paradigme technologique - encore plus de type basse-technologie que la voiture piégée - avec parfois les mêmes réponses inopérantes des États et des gouvernements.



Alors que Schumpeter en son temps conceptualisait le concept de la destruction créatrice, ici, avec les innovations de la voiture piégée, on a affaire à des créations destructrices.



* http://www.liberation.fr/debats/2016/07/01/bernard-stiegler-l-acceleration-de-l-innovation-court-circuite-tout-ce-qui-contribue-a-l-elaboration_1463430



** En écrivant cette chronique, le "Bomb the Stock Exchange" de Matt Elliot m'accompagnait :



"When you wake up with tears in your face

Can't make the voice go away

Can't take the pain, it's easier to go insane

Than to study yourself wane



When all of your memories are sad

Forgotten the dreams that you had

Friends are a lie, that don't care if you live or die

What to do but cry?



When you can't stand the light when you wake

You're reliving the same old mistake

Just to escape the fear, you get fucked on your choice of gear

It's the only choice round here



If you'll top yourself anyway

Why not bomb the stock exchange?"

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City of Quartz : Los Angeles, capitale du f..

Lu il y a plus de 10 ans, ce livre reste à mes yeux un ouvrage majeur dans ma construction intellectuelle. Quand on jette un œil dans le rétro, ils ne sont finalement pas si nombreux ces essais marquants.



Il faut dire que "City of quartz" est passionnant de bout en bout. Mike Davis fait preuve d'une érudition impressionnante en utilisant des ressources et des matériaux très différents : œuvres culturelles (littéraire et cinématographiques principalement) portant sur Los Angeles, études économiques ou sociologique, analyses politiques, etc.



L'ayant lu de longue date, je ne peux rentrer dans le détail mais je me souviens notamment de son analyse des espaces urbains (dans le mobilier notamment) qui paraissent aujourd'hui visionnaires. Qu'on pense simplement aux sophistications en cours à Paris pour chasser du centre ville les SDF...



L'autre qualité du livre est de nous faire voir l'envers du décor dans une ville qui vend littéralement du rêve (Hollywood, Disney). C'est vraiment très très intéressant. Ce livre de sciences humaines n'est pas toujours facile d'accès mais par la diversité de ses sources et de ses analyses, il peut facilement être lu par toute personne un tant soit peu intéressée par les questions urbaines.



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Dead cities

L’obsolescence des villes



Ce petit livre de Mike Davis rassemble trois textes passionnants - nourris des travaux des historiens, de la littérature, de la photographie, ou encore d’études scientifiques ou biologiques - sur la destruction des villes et le rapport de la ville à la nature.



«Le cadavre berlinois dans le placard de l’Utah» évoque le «Village allemand», cette ville construite en 1943 dans le désert de Saltbrush dans l’Utah pour y être détruite – c'est-à-dire pour y tester les bombes incendiaires et «réussir» à mener à bien «le dernier grand projet de travaux publics du New Deal : la destruction par le feu des villes japonaises et allemandes». En quelques pages très denses et souvent terrifiantes, l’auteur raconte la genèse de ce «projet», et notamment les débats internes qui agitèrent les dirigeants politiques et militaires anglais et américains avant de décider de ces massacres, la méticulosité de la reconstitution de ce Village allemand sous l’impulsion des industries pétrolières, de l’armement et d’Hollywood alliés pour le projet, afin de véritablement tester l’efficacité de la propagation des incendies, les objectifs de rendement des bombardements et l’espoir délirant de susciter une révolte populaire antifasciste dans la population allemande qui conduisirent à cibler les quartiers ouvriers les plus densément peuplés, avec le «résultat» que l’on connaît.



«La cible de l’«opération Meetinghouse» - le raid aérien le plus dévastateur de l’histoire mondiale – était l’équivalent tokyoïte de Wedding ou du Lower East Side : le quartier ouvrier congestionné d’Asakusa. Le commandant de la cinquième division aérienne, Curtis Le May, considérait les Japonais de la même manière qu’un Heydrich ou un Eichmann les juifs et les communistes : «Nous savions que nous allions tuer de nombreux enfants et de nombreuses femmes quand nous avons brûlé cette ville. Cela devait être fait. […] Pour nous il n’y a pas de civils au Japon». […] L’enfer qui en résulta – Akakaze, le « vent rouge » en japonais – fut plus meurtrier qu’Hiroshima, tuant environ cent mille personnes.»



Partant des attentats du 11 Septembre et des prédictions de destruction apocalyptique de la ville présentes dans la littérature depuis un siècle, le deuxième texte aux résonances ballardiennes, «Les flammes de New York», met en lumière la fragilité de villes américaines coupées de leur environnement naturel en prétendant dominer la nature, devenues trop complexes et vulnérables, alors que leurs habitants, maintenus dans l’angoisse bien avant Septembre 2001 par ceux qui entretiennent et s’engraissent sur l’idéologie de la peur, rêvent d’une vie totalement sécurisée.



«Barry Glassner, un des maîtres du genre, a systématiquement démythifié quelques-uns de nos démons les plus communs – les jeunes hommes noirs, les dealers, la terreur du « politiquement correct », etc. – qui obstruent délibérément la possibilité d’une compréhension publique de problèmes sociaux tels que le chômage, l’échec scolaire, le racisme ou la faim dans le monde. Il a méticuleusement analysé la manière dont les peurs conjurées par les médias étaient des «expressions obliques» responsables du refus post-libéral de réformer les véritables conditions de l’inégalité. La peur était devenue la pierre angulaire du glissement droitier depuis 1980. Selon lui, les peurs des Américains «se choisissaient les mauvaises cibles» et les récents équivalents de la fameuse émission radiophonique d’Orson Welles sur la «Guerre des Mondes» ne faisaient que les détourner de problèmes bien réels. «Les martiens, insistait-il, ne vont pas débarquer.» »



Dans «Villes mortes : une histoire naturelle», Mike Davis montre enfin comment la nature bafouée reprend ses droits dans les villes bombardées ou dans les quartiers-ghettos nés de l’hyperségrégation à l’œuvre dans les villes américaines, quartiers cycliquement condamnés au déclin et à la destruction par les spéculateurs et des politiques publiques malavisées ou sous contrôle.

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Paradis infernaux : Les villes hallucinées du..

Capitalisme cannibale.



Paru en 2007 aux éditions Les prairies ordinaires, cet ouvrage rassemble quatorze textes d’auteurs et de nature très différents, sous la direction de Mike Davis et Daniel B. Monk, mais qui tous dénoncent à travers les lieux et les villes, de Dubaï à Kaboul, les conséquences désastreuses du «capitalisme sauvage et fanatique qui caractérise notre époque», en termes d’accaparement et d’épuisement des ressources par les riches et d’exclusion des pauvres.



Ce qui est parfaitement illustré ici est l’avènement hallucinant d’un clivage spatial sans précédent depuis les années 1990, avec la création «d’univers alternatifs pour formes de vies humaines privilégiées», catastrophe morale et écologique, source de désir et de révolte pour ceux qui en sont exclus, soit avec la création ex-nihilo de villes ou communautés de luxe, comme à Arg-e Jadid en Iran ou dans les Nouveaux territoires à Hong Kong, soit avec la gentrification de villes entières comme à Paris, soit avec la création d’enclaves de luxe dans un océan de violence et de misère comme à Kaboul ou Managua, créant des crises écologiques – en premier lieu la pénurie d’eau – dont les pauvres subiront en premier les conséquences.



Aux sources de cette forme ultime du capitalisme, Marco d’Eramo («Du Minnesota à l’Arizona») décortique les ressorts de cette incarnation de la dévoration du collectif qu’est le Mall of America, mastodonte de 390 000 m² inauguré en 1992, et qui aspire à remplir toutes les fonctions sociales en les marchandisant, et de la ville privée de Sun City en Arizona, ségrégation volontaire de personnes âgées riches dans une ville-bunker régie par un règlement de copropriété aux milliers d’articles qui prend le pas sur le droit constitutionnel (interdiction de recevoir des jeunes de moins de 18 ans chez soi plus de 30 jours par an, interdiction aux employés de parler aux résidents, etc.) : lorsque l’utopie prend les traits du cauchemar.



Coup de grâce aux utopies de villes sur les mers, «Utopies flottantes» de China Mieville dévoile les dessous peu reluisants du projet avorté de Freedom ship, forme ultime de la «gated community» pour permettre à 100 000 fortunés de prendre littéralement le large, dévoiement d’une forme d’utopie par les libertariens qui érigent «une avarice toute banale – la réticence à payer des impôts – en combat de principe pour la liberté politique».



Le chapitre sur Dubaï de Mike Davis, archipel clinquant du luxe utopique dans une planète de bidonvilles, mérite une lecture intégrale dans le livre de 2006 «Le stade Dubaï du capitalisme».



Dans ce livre décapant et nécessaire on mesure à quel point l’appellation de libéralisme est usurpée tant nous sommes loin des soi-disant mécanismes autorégulateurs des marchés mais dans un programme de privatisation systématique des services publics rentables, de détournement des fonds publics au profit de groupes d’individus proches du pouvoir, de gangsters milliardaires et des riches en général, avec des pratiques et une explosion des inégalités qui rappelle l’ère des barons voleurs, dans un monde où les valeurs collectives et les ressources naturelles sont menacées d’épuisement.
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City of Quartz : Los Angeles, capitale du f..

Lu il a y une dizaine d'années. Dans le contexte d'un voyage dans cette ville. Je me souviens surtout des chapitres consacrés à la « sécurisation » de cette ville à travers l'urbanisme, de manière à refouler les miséreux en dehors de la ville. Également l'histoire des transports en communs, très développés dans les années 20 puis, sous les coups de boutoir du capitalisme et le développement de l'automobile, tout a été fait pour favoriser cette industrie au détriment des lignes de tramways.

Un livre très complet.
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Le Stade Dubaï du capitalisme

Dans ce passionnant et très court essai de 2006 (traduit en 2007 par Hugues Jallon et Marc Saint-Upéry), l’analyse de l’historien, ethnologue et sociologue urbain Mike Davis, suivie d’un texte de François Cusset, sur ce que représente Dubaï, comme apogée de la folie du capitalisme, rejoint les fictions les plus extrêmes, de Philip K. Dick ou du même Hugues Jallon.



La construction du premier édifice en béton à Dubaï date de 1956, et l’abolition de l’esclavage de 1963. Le béton a depuis envahi la ville-État, avec le développement de cette cité spectaculaire et monstrueuse, emblématique de la consommation de masse, du divertissement et de la destruction des ressources naturelles, mais l’esclavage, lui, n’a pas disparu.



On sait en général que Dubaï est devenu une destination touristique, centre commercial et parc à thème pharaonique où l’on peut skier sous cloche alors qu’il fait plus de 45 degrés dehors, mais Dubaï est aussi depuis trente ans un grand centre commercial et financier, une zone de blanchiment d’argent, le centre financier des islamistes radicaux, en même temps que le partenaire des Etats-Unis dans leur «Guerre contre le terrorisme» et la tête de pont dans la région des entreprises nord-américaines, ainsi qu’une plaque tournante de la prostitution avec des milliers de prostituées provenant, entre autres, de Russie, d’Inde ou d’Iran.



Les facteurs de cette « réussite » sont nombreux et en majorité peu avouables, la situation géographique de Dubaï, la taille de son port artificiel achevé au milieu des années 1970, l’argent des iraniens qui utilisent Dubaï comme plateforme commerciale, «l’attractivité fiscale» avec la création de zones franches, le laxisme d’un régime peu soucieux de connaître la provenance de l’argent qui atterrit ici, et surtout la réorientation des flux internationaux de pétrodollars qui ont cessé après septembre 2001 de considérer les États-Unis comme le refuge le plus fiable, et une main d’œuvre extrêmement «bon marché», dans leur immense majorité des étrangers privés de leur passeport et de tous leurs droits, qui travaillent pour un salaire de misère, entassés dans des foyers insalubres loin des yeux des touristes et expulsables ad nutum.



«Grâce à la fatale addiction d’une planète désespérément assoiffée de pétrole arabe, cet ancien village de pêcheurs et de contrebandiers est bien placé pour devenir l’une des capitales mondiales du XXIe siècle. Parce qu’elle préfère les vrais diamants au strass, Dubaï a déjà surpassé Las Vegas, cette autre vitrine désertique du désert capitaliste, dans la débauche spectaculaire et la surconsommation d’eau et d’électricité.»



La transition directe à Dubaï du féodalisme à l’hypercapitalisme, en sautant toutes les étapes intermédiaires du développement, pour construire une cite idéale du capitalisme, répond de fait aux aspirations de nouvelles élites cosmopolites, dont la vision du monde est essentiellement celle d’un consommateur et d’un touriste, et dont le sens de la continuité historique et des responsabilités a été dissous dans un mode de vie itinérant et coupé des autres classes, ainsi que le décrit très bien Christopher Lasch, notamment dans «La révolte des élites» (1995)



«Dubaï est l’incarnation du rêve des réactionnaires américains – une oasis de libre-entreprise sans impôts, sans syndicats et sans partis d’opposition (ni élections d’ailleurs). Comme il se doit dans un paradis de la consommation, sa fête nationale – non officielle -, qui définit aussi son image planétaire, est le fameux Festival du Shopping, parrainé par les 25 centres commerciaux de la ville. Ce grand moment de folie consumériste démarre tous les 12 janvier et attire pendant un mois quatre millions de consommateurs haut de gamme.»



Une lecture courte et indispensable.

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City of Quartz : Los Angeles, capitale du f..

Histoire détaillée de Los Angeles pour une analyse très aboutie de ce qu'est un certain capitalisme.



Publié en 1990, traduit en français en 1997 à La Découverte par Michel Dartevelle et Marc Saint-Upéry (qui donne ici en prime une somptueuse préface), le deuxième ouvrage de Mike Davis, historien, ethnologue et sociologue urbain, toujours difficile à classer, est celui qui le fit soudainement et magistralement entrer parmi les grands analystes de la modernité contemporaine.



Décortiquant en 350 pages (et 40 pages de notes et bibliographie détaillée) l’histoire de Los Angeles, Mike Davis parcourt un terrain extraordinairement solide et détaillé, mobilisant sources statistiques de tous horizons, comptes-rendus de discussions législatives, articles de journaux et entretiens, mémoires des protagonistes, travaux universitaires ou encore sources fictionnelles pouvant illustrer des points particuliers, pour mêler habilement analyses dures et perceptions plus subjectives de la part des acteurs, et rendre compte ainsi de cette terrible richesse socio-historique en six chapitres denses et un prologue en forme de paradoxe associant la cité utopique déchue de Lalno del Rio et l’urbanisation frénétique en cours dans l’Antelope Valley.



« Ombres et lumières » examine le corpus intellectuel et culturel, ou ce qui en tint lieu au fil de l’histoire, de la Cité des Anges : théoriciens, écrivains, journalistes qui prirent Los Angeles pour objet ou pour décor, façonnant mythes et contre-mythes au fil des années, pour le meilleur et pour le pire, de construction volontariste d’une idylle de « rêve californien » à la création désenchantée du roman noir hollywoodien, de la rage de Joan Didion au nihilisme de James Ellroy, des précurseurs démystificateurs Louis Adamic ou Carey McWilliams aux exilés européens fuyant le nazisme, des scientifiques militants militaro-industriels du CalTech aux architectes mercenaires - et néanmoins intarissables sur leurs mérites - enrôlés par les promoteurs immobiliers.



« Les jeux du pouvoir » détaille pas à pas, époque après époque, l’évolution des différentes catégories de dirigeants de Los Angeles et de ses environs, du poids de leurs lobbies, de leurs alliances et revirements, et aussi – peut-être surtout – de leurs éventuels compromis entre idéologies fortes et opportunismes encore plus puissants. Ces jeux de pouvoir furent longtemps incarnés, une fois les velléités socialisantes chassées du paysage, tôt dans le siècle – et sans attendre la piqûre de rappel du maccarthysme, par la rivalité entre la bourgeoisie « wasp » de Downtown et de Bunker Hill, avec son racisme forcené, et la gentry juive du Westside, appuyée sur Hollywood, et aimant à se colorer de progressisme à l’occasion, tandis que les ghettos noirs et hispaniques ne pouvaient que compter les points, depuis leur permanente descente aux enfers – avant de se complexifier dans la période récente, en gardant toutefois comme on le reverra dans des chapitres ultérieurs quelques lois aussi immuables que rarement formulées à voix haute…



« La révolution des nimbies » analyse sur la longue période la manière dont cette « nation de propriétaires » qui domina d’emblée Los Angeles put, au fil des années, détourner la démocratie en une emblématique célébration du particularisme micro-local, symbolisée par l’expression qui fit ensuite florès, « Not In My Backyard », permettant à la fois de refuser toute amélioration collective qui ne profiterait pas directement aux plus influents, de faciliter le dumping fiscal entre juridictions voisines, d’entériner la création de communautés légales ségrégatives de fait, et d’aboutir in fine à un mécanisme infernal de déréliction du service public au profit d’intérêts privés toujours plus gourmands.



« La forteresse L.A. » dresse un constat sans fard, et par moments carrément terrifiant, de l’empire dans l’absence d’Etat que représentent les forces policières et carcérales, publiques et privées, à Los Angeles.



« Le marteau et le caillou » montre comment l’émancipation ratée des ghettos au tournant des années 60 et 70, avec la destruction des Black Panthers, tout particulièrement, jointe à un véritable assèchement de la dépense sociale, conduisit très naturellement en quelques années, à l’émergence des grands gangs des Crips puis des Bloods, à l’explosion du crack, et à la vietnamisation de la lutte policière, dans les discours (saisissants) comme dans les faits (accablants, et dont seule une faible proportion parvient à franchir l’écran du consensus médiatique angeleño)



« Le dépotoir des rêves », enfin, remonte aux sources de la très faible industrialisation de Los Angeles et de sa région, étudie l’exception aéronautique, ses succès, ses faiblesses et ses déboires, et décrypte le processus de tertiarisation extrêmement précoce comme de catastrophe environnementale très tôt écrite, avec l’écroulement sous les déchets qui guette et menace de plus en plus régulièrement…



Sans doute l’un des livres les plus fouillés et décapants qu’il m’ait été donné de lire sur la manière dont un certain capitalisme, pour peu que ses contrepoids s’affaiblissent trop ou s’alignent sur lui, engendre un tissu social, culturel, économique et, in fine, tout simplement urbain qui n’a en soi rien de « moderne » ou de « futuriste » (malgré la propagande active autour de ces qualificatifs), mais au contraire de purement déliquescent, comme une vaste apologie de la fuite en avant, ainsi qu’aurait pu le dire Chad Mulligan (le sociologue de « Tous à Zanzibar », pas le producteur de disques de « Grand Theft Auto », hein), tout personnage fictif qu’il soit.

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Soyez réalistes, demandez l'impossible

Il est plaisant de retrouver Mike Davis, sa plume acérée dans les six textes mis aujourd’hui à disposition : « A court de chewing-gum », « Crash club », « Manif de conducteurs », « Obama peut-il voir le Grand Canyon ? », « Toma el valle : en direct de la révolution » et « Les dix commandements du militant ».



L’auteur nous parle de Occupy Wall Street et de la place publique « c’est encore sur la place publique que prospère le mieux l’auto-organisation militante, et c’est encore dans la libre discussion que se cristallise la volonté politique », des trois piliers du McWord (« la consommation américaine, la stabilité européenne et la croissance chinoise »). Il compare, dans un texte de 2008, l(a) (im)possible politique d’Obama en regard de la politique rooseveltienne, ou nous invite à être radical pour « parvenir à la démocratie économique ; en l’espèce, à un système où les gens ordinaires décideraient de grandes questions comme les dépenses sociales, les taux d’intérêt, les transferts de capitaux, la création d’emplois, le réchauffement climatique… Si le débat ne porte pas sur le pouvoir économique, alors il ne sert à rien »



J’ai particulièrement été intéressé par « Toma el valle : en direct de la révolution », la description de la mobilisation d’El Centro, le programme couvrant les droits des migrants, l’opération anti-Wind, le féminisme et les droits des anciens combattants.



L’auteur nous rappelle l’importance de ne pas laisser nier, enfouir les mémoires, de faire connaître les histoires, les luttes « il est fondamental de relayer les histoires venues de l’Amérique profonde et de ses marges dans les médias nationaux. Le récit de la contestation doit devenir la fresque des luttes menées par les gens ordinaires… ».



Dans « Les dix commandements du militant », il énonce et explique des taches/orientations, sur l’auto-organisation, le caractère nécessairement temporaire et révocable des directions, le remplacement régulier des porte-paroles, la place de la démocratie représentative, les alliances, l’importance de « Occupy the Hood » (Occupez le quartier, mouvement initié par de jeunes militant-e-s noir-e-s), la construction d’infrastructures répondant aux besoins élémentaires, la diversification des manifestant-e-s (gens de couleur, syndicalistes), l’emploi des mots du quotidien, etc.
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Dead cities

L’inclassable total. Essai ? Prophétie ? Philo ? Histoire ? SF pré-apocalyptique ? Branché sur les grandes grosses infernales villes, leurs massacres programmés et leur étrange destinée végétale visualisée sur les ruines de Tchernobyl, ce véritable OVNI s’accroche aux pattes et dessille les yeux.

Un gros morceau analyse-de-guerre, assez horrible dans les faits et réellement glaçant dans l’esprit qui découvre, dans l’effrayante première partie, la stratégie volontaire et assumée des bombardements de masse, des populations civiles, au Japon et en Europe de l’Est. (Et qui plus est en visant, sciemment, les quartiers miséreux pour favoriser des rebellions envers les pouvoirs en place des quartiers encore cossus o_O)

Impossible de résumer davantage, c’est à lire.



Source : http://laclefdefa.wordpress.com/2010/02/10/amatsubu/
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Le Stade Dubaï du capitalisme

Pour certains, Dubaï est un symbole de réussite et de prospérité. Pour d'autres, il est l'exemple type de la décadence à l'occidentale. A Dubaï, tout est plus grand, plus clinquant et plus tape à l'œil que dans le reste du monde : les grattes-ciels, les centres commerciaux ou encore les hôtels. Car à Dubaï, le pétrole coule à flots ; du moins pour quelques années encore. [...]
Lien : http://shyankar.blogs.courri..
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Au-delà de Blade Runner

Avec Au-delà de Blade Runner : Los Angeles et l’imagination du désastre (Allia), Mike Davis m’a permis de continuer à explorer la psychogéographie des Etats-Unis : c’est un monde urbain apocalyptique, structuré par la peur, une véritable « esthétique du désastre » qui nous sont ici décrits. Mike Davies s’évertue à repenser la ville à travers ses crises (les émeutes de 1992) et sa surenchère sécuritaire et propose une réflexion sociologique /géographique / politique pour éviter qu’LA ne se transforme en la cité-labyrinthe pestilentielle vue dans le film de Ridley Scott. Inspirant.
Lien : http://www.delitteris.com/in..
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Soyez réalistes, demandez l'impossible

C'est avec humour, culture et simplicité que Mike Davis parviens à exposer des situations, des mouvements et des idées complexes. Un appel à la lutte et à l'action davantage qu'un véritable essai, comme il a pu en faire par ailleurs, convaincant pour ceux qui veulent bien prendre une heure de leur journée à "demander l'impossible". Un petit plus perso pour "les dix commandement du militant".
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Dead cities

Ressorts sociaux et politiques de la destruction des villes : trois essais toniques et décapants.



Publié en 2003, traduit en 2009 par Maxime Boidy et Stéphane Roth aux Prairies Ordinaires, "Dead Cities" regroupe trois essais de Mike Davis, le difficilement classable et passionnant historien américain qui s'est créé, au fil des années, une spécialité des approches ethno-sociologiques nourries d'architecture et d'urbanisme.



"Le cadavre berlinois dans le placard de l'Utah" prend appui sur une visite du site militaire, partiellement déclassifié désormais, de Dugway, dans l'Utah, où fut minutieusement reconstitué jadis une banlieue ouvrière de Berlin (ainsi que des "villes de papier" japonaises, d'ailleurs), en 1942, pour y tester sans relâche les engins incendiaires destinés à être largués sur les villes allemandes durant la seconde guerre mondiale - et sur l'archipel nippon. C'est l'occasion pour Mike Davis de fouiller par le menu, en inlassable décrypteur d'archives et de témoignages qu'il est, à la fois le débat entre Anglais et Américains, partisans des bombardements de masse dits "de terreur" et partisans des bombardements de précision, débat qui déchira aviateurs, scientifiques et politiques anglo-saxons en 1942, avant de voir le triomphe de "l'école britannique", bien soutenue par certains Américains toutefois, et de lancer la destruction systématique des villes allemandes, en visant un effet maximal sur les populations, et tout spécialement sur les populations ouvrières. En étudiant les raisons et les justifications invoquées pour cet acharnement et de son aspect "de classe", des aspects particulièrement glaçants d'une certaine conception de la lutte du Bien contre le Mal apparaissent, en même temps que l'extraordinaire "mise à disposition" de savoirs d'ingénieurs, d'architectes, d'urbanistes et de spécialistes des matériaux, au service d'une destruction des populations.



"Les flammes de New York" rapproche dans une lecture des années 1920-1980 les fictions anti-utopiques et apocalyptiques ayant mis en scène la destruction de New York - jusqu'au moment où une part de cette fiction devient réalité en septembre 2001- des politiques de la peur développées désormais au nom de la lutte anti-terroriste, pour élucider la part fantasmatique qui permet de "faire avaler" si aisément un ensemble de mesures au fond profondément mercantiles.



"Villes mortes : une histoire naturelle" passe en revue avec un certain systématisme l'ensemble des expériences, simulations et travaux ayant été conduit depuis plus de 50 ans, dans un cadre scientifique et écologique, sur la manière et les formes parfois inattendues dont la nature "reprend ses droits" lorsque des pans des métropoles contemporaines, au coût de maintenance absolument prohibitif, sont abandonnés - souvent pour des raisons de marché immobilier et de politique de la ville - ou détruites, et l'on revient ici au premier essai du recueil, en étudiant le devenir urbain et écologique des villes bombardées, effondrées ou rasées.



Souvent connu des lecteurs français, notamment ceux ayant un intérêt pour la science-fiction, par son "Au-delà de Blade Runner - Los Angeles et l'imagination du désastre" (1992 et 2000, traduit en 2006 chez Allia), Mike Davis démontre à nouveau dans ces trois essais la puissance de sa recherche boulimique au service d'un décryptage social et politique de réalités urbaines que les amis de la main invisible aiment à croire purement techniques et scientifiques.

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Late Victorian Holocausts

Voici un livre qui m'a été prêté, avec le commentaire : « Tu verras, c'est très intéressant ! ». Difficile dans ces conditions, de ne pas faire l'effort de le lire… Petit problème : c'est en anglais, et avec un vocabulaire dont je n'ai pas trop l'habitude. J'ai donc mis beaucoup de temps, et en plus il y a plus de 400 pages …OK, j'avoue, j'ai sauté quelques passages. Mais je n'ai pas abandonné !

Le sujet du livre est très vaste : il s'intéresse à des crises de famine qui ont sévi à l'échelle du monde, vers la fin du règne de la reine Victoria, des années 1877 à 1900 en particulier.

L'auteur relie au départ ces famines à des crises climatiques, en particulier des sécheresses provoquées par le phénomène « El Niño ».

Une partie du livre est donc consacré à l'établissement de ce lien, une étude qui a commencé au XVIIIème siècle pour ne se conclure que dans les années 1980.

Puis, élargissant le propos, Mike Davis se demande comment ces sécheresses ont pu provoquer de telles catastrophes humanitaires, dans des pays comme l'Inde ou la Chine, qui avaient pourtant des ressources pour pouvoir faire face.

S'ensuit une analyse détaillée de l'influence de la colonisation, en particulier de la domination anglaise sur l'Inde et la Chine au XIXème siècle. Et les problèmes semblent bien avoir été provoqués par la volonté du colonisateur de vouloir intégrer ses dominions dans un circuit économique mondial, organisé par l'Europe et les Etats Unis, en faisant sortir en particulier l'agriculture des méthodes traditionnelles qui donnaient satisfaction jusqu'alors (constitution de réserves, irrigation, mise en commun de certaines ressources étaient bien maîtrisées par le système traditionnel).

D'où la conclusion qui est aussi le sous-titre de l'ouvrage, et désigne « El Niño » comme le responsable de la création du Tiers Monde.

(Pour ma part, je dirais plutôt que le responsable est la colonisation.)

Le livre est très abondamment documenté, parfois assez technique dans le domaine de la météorologie ou de l'économie agricole.

Il m'a fait découvrir, dans des passages parfois très durs à lire, ces terribles famines qui, apparemment, n'avaient que très peu d'écho dans la société française de l'époque.



Information complémentaire : je viens de m'apercevoir, en consultant la référence "Mike Davis" sur Babelio, que ce livre a bien été traduit en français sous le titre :

"Génocides tropicaux : catastrophes naturelles et famines coloniales (1970 -1900) aux origines du sous-développement."

Éditeur : LA DÉCOUVERTE (24/05/2006)

ISBN : 2707148857

Je vais le signaler à la personne qui m'a prêté le livre...



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Le pire des mondes possibles : De l'explosi..

Le lecteur curieux des questions sociales dans les villes du Sud trouvera dans ce livre une matière extrêmement dense, des réflexions pluridisciplinaires passionnantes.



Si la lecture de se livre est difficile tant par les questions humaines et politiques qu'il soulève, il est accessible et compréhensible à tous même s'il s’agit bien d’un ouvrage scientifique, comme l’atteste par exemple une bibliographie extraordinairement riche qui constitue une mine pour toute personne intéressée par les villes des pays en développement, mais qui comporte également les caractéristiques d’un essai polémique et engagé, ce qui en rend la lecture stimulante. Le lecteur tantôt partage les indignations de l’auteur dénonçant les injustices multiples dont sont victimes les citadins pauvres, tantôt s’emporte contre le caractère outré de certaines remarques, contre des métaphores douteuses (« amibe géante » pour désigner Mexico) ou encore peut être dérouté par un style très provocateur, à l’instar du titre d’une partie intitulée « Vivre dans la merde ».

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Le pire des mondes possibles : De l'explosi..

Mike Davis nous propose ici une étude précise de ce phénomène impressionnant : les bidonvilles ont en effet pris une place considérable dans le paysage urbain mondial! Ce livre nous permet un panorama global et détaillé (de nombreux exemples et chiffres précis! ) et conduit nécessairement à une prise de conscience!
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The Georgians 1714-1837 : British history

Ce livre en anglais résume bien la dynastie des « rois de Hanovre » qui dure de 1714 à 1837 pendant cette période on assistera donc à la révolution industrielle et à l’abolition de l’esclavage entre autre.

Ce livre malgré qu’il soit court et donc peu approfondi apporte un coup d’en projecteur sur une période riche de l’histoire anglaise qui est peu connue en France.
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Le Stade Dubaï du capitalisme

Dubai est la ville de tous les superlatifs. Plus grande tour, plus grand centre commercial, plus grand parc d'attraction, débauche de luxe, tout y flatte les instincts les plus avides de spectacle et de consommation de l'homme moderne. Grandissant au fur et à mesure que la demande en pétrole s'accroît, la cité est construite à coup de pétrodollars qui seraient bien plus utiles pour bâtir la société de l'après or noir. L'auteur propose une analyse marxiste assez fine et tout à fait effrayante du phénomène. Comme disait Mathieu Kassovitz dans La Haine, jusqu'à maintenant tout va bien"!
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Paradis infernaux : Les villes hallucinées du..

Cet ouvrage collectif est anti-guide de variations urbaines. C’est aussi la description précieuse d’un futur déjà présent, de l’étalage nauséeux des richesses dilapidées.



Les libéraux réellement existants fêtent la chute du mur de Berlin, tout en multipliant les constructions de murs, de frontières intérieures visibles et invisibles, de camps retranchés, d’objets fétiches et d’enclaves diverses.



C’est aussi, faut-il le souligner, un usage privatif de biens communs confisqués pour des dépenses somptuaires, des horizons fragmentés ou des imaginaires frelatés « où les riches peuvent traverser en dieux tout-puissants les jardins cauchemardesques de leurs désirs les plus secrets ». C’est enfin une violence redoublée contre les autres, la majorité des populations.« Que nous révèlent les ‘‘mondes de rêve » de la consommation, de la propriété et du pouvoir sur le devenir de la solidarité entre les hommes ? »



Les territoires visités sont divers :



l Rêve américain d’une ville sans ville, du Mall, immense bloc de béton voué à la consommation, où « les activités publiques comme la promenade s’exercent dans un espace privé »,



l Barge colossale comme utopie flottante,



l Grandiloquente Dubaï et sa majorité de serfs invisibles,



l Chaos militaires et infidèles de Kaboul,



l Oasis californienne dans l’Iran des mollahs,



l Pékin et son olympisme néolibéral,



l Encore une Californie, mais cette fois de pure synthèse à Hong-Kong,



l Aridité, townships et tours de verre dans Johannesburg



l Capitalisme de copinage, rêves incontrôlés et violence néolibérale au Caire,



l Managua, ville délocalisée ou ville palimpseste,



l Medellin avant et après



l Budapest au l’heure du kisch néo-habsbourg



Et en guise de conclusion, un beau texte optimiste d’Eric Hazan sur Paris comme ombre portée « Ils sont trop incultes pour savoir que le vieux rêve d’enfermer Paris et de le vider de ses pauvres, de ses délinquants, de ses fous et de ses étrangers s’est souvent terminé par un réveil violent. L’ombre portée d’un tel événement s’étend loin devant lui. Ces temps derniers, on la voit avancer tous les jours. »



Les villes hallucinées du néo capitalisme sont les cauchemars des un-e-s, des utopies barbares pour d’autres, des paradis infernaux.



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