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janvier 28, 2015
[Masse critique Babelio] « Viscères » de Mo Hayder
2015 Éditions Presses de la Cité (Sang d’encre)
Française Langue française – 441 pages – Sortie : 15 Janvier 2015
Temps de lecture : 4 jours
Note 4étoiles-trèsbonmais
Synopsis
Il y a quinze ans, deux amoureux ont été retrouvés sauvagement éviscérés dans le bois attenant à la maison de campagne des Anchor-Ferrers. Le principal suspect, qui a avoué les crimes, est depuis sous les verrous. Mais aujourd’hui, alors que Oliver, Matilda et leur fille, Lucia, n’ont pas oublié cette découverte macabre, l’histoire se répète, plongeant la famille dans la terreur.
En grand peintre de l’angoisse, Mo Hayder nous livre une série de tableaux sanglants, dans lesquels le commissaire Jack Caffery, toujours hanté par la disparition de son jeune frère, est plus vulnérable que jamais.
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Merci à Babelio et aux éditions Presses de la cité pour leur confiance.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le titre et la photo de couverture, attirent immanquablement l’œil.
De l’auteure britannique, Mo Hayder, j’avais lu et adoré Tokyo (un petit bijou, pas loin du chef-d’œuvre). Avant de commencer Viscères, j’avais tenu à me replonger dans l’univers unique de la romancière, histoire de renouer avec son écriture si particulière en me lançant dans une lecture sans cesse repoussée en bas de ma pile à livres, Pig Island (une lecture sympa mais décevante en regard de l’excellent Tokyo).
J’attaquais par conséquent ma lecture de Viscères avec enthousiasme et beaucoup d’attentes.
Le début est déjà un morceau de bravoure à lui seul. De par l’ambiance oppressante qu’il parvint à installer dès les premières pages. Haletant, intrigant, il ferre magistralement le lecteur, et lui donne envie de poursuivre sa lecture d’une seule traite.
L’ambiance est d’ailleurs l’un des points névralgiques de Viscères. Elle est très réussie, à la fois angoissante et mystérieuse.
Comme toujours chez Mo Hayder, un soin très particulier est apporté à la construction de l’intrigue. Cette construction par paliers, ce crescendo narratif, c’est la marque de fabrique de l’auteur britannique. Ça et l’extrême originalité de ses scénarios toujours machiavéliques, souvent loin des sentiers battus.
En outre, l’alternance des points de vue des différents personnages, de l’inspecteur Caffery (qui me devient de plus en plus sympathique) aux victimes en passant par les criminels, apportent indéniablement une dimension supplémentaire au récit.
L’identification aux personnages s’opère sans difficulté, l’auteure sait comment nous les rendre proches, et quoiqu’ils ne soient pas les personnages les plus attachants qui soient, le lecteur ne pourra que se sentir concerné par leur sort peu enviable. C’est donc en toute logique que j’ai bien souvent eu peur pour eux, peur de ce qu’on allait leur infliger.
Le synopsis, s’il n’est pas cent pour cent neuf, possède somme toute une certaine originalité.
En plus de la trame principale, d’autres sous-intrigues parallèles a priori sans ramifications entre elles (du moins le croit-on), sous-tendent l’ensemble du récit. On est d’ailleurs impatient de parvenir à l’épilogue de Viscères pour découvrir par quel habile tour de passe-passe, l’auteure réussira à tisser les différents fils narratifs entre eux pour amener sa conclusion.
Et c’est peut-être là où le bât blesse un peu : les ficelles qui font avancer l’histoire sont tout de même un peu « grosses » pour être totalement crédibles. Le hasard fait trop bien les choses et les rencontres « fortuites’ de l’inspecteur Caffery avec des témoins-clés de l’affaire, juste au moment où son enquête se met à piétiner paraissent tombées un peu trop à point nommé. J’ai eu une sensation d’artificialité.
Chose rare dans les thrillers d’ordinaire, les méchants ont une vraie épaisseur et Mo Hayder nous donne le temps (et l’opportunité) d’apprendre à les découvrir, à les connaître (notamment leur passé, leurs motivations et leurs personnalités) en nous livrant accès à leurs esprits et à leurs pensées. Par ailleurs, grâce à un subtil basculement de point de vue, opéré par Mo Hayder à la moitié du roman, nous quittons la compagnie des victimes pour celle des coupables, sans que l’intrigue n’en perde pour autant en intérêt. C’est un beau tour de force !
Pour conclure, je dirais que ce qui est passionnant dans Viscères, c’est que rien ni personne n’est réellement ce qu’il semble être de prime abord, ce qui nous offre de belles surprises et une conclusion inattendue.
Dans l’ensemble, je n’ai pas été déçue, c’est du très bon Mo Hayder et j’ai retrouvé dans Viscères, tout ce qui me séduit chez cette romancière. L’écriture nerveuse, précise et organique, l’originalité des intrigues, le soin apporté à la construction scénaristique (ici avec un ingénieux glissement de focale parfaitement exécuté), les rebondissements inattendus….
En résumé, Viscères a su me tenir en haleine, en dépit de quelques petites longueurs, et même s’il ne m’a pas coupé le souffle comme Tokyo, j’ai éprouvé des émotions fortes pendant ma lecture.
Je ne sais pas s’il deviendra un classique du suspense comme l’on dit certains critiques américains mais le fait est que l’on passe un très bon moment de lecture en sa compagnie…. Je recommande sa lecture aux amateurs de frissons comme aux aficionados des romans à tiroir où le jeu des apparences est érigé au rang d’art majeur.
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