Immigration Is Good For Britain | Monica Ali
Les médecins portaient leur autorité sur eux ; elle émanait de leur blouse blanche et de leurs foulées toujours pressées, pleines de détermination. Arrêtez-moi maintenant et vous mettez une vie en péril.
La vendeuse, une fille d'une vingtaine d'années au visage recouvert d'une épaisse couche de poudre et aux yeux fardés de mauve, la considérait d'un air méfiant. Ce jour-là, Razia portait une chemise d'homme sans col sur un pantalon brun extensible qui s'achevait malencontreusement avant le haut de ses chaussettes. La vendeuse jeta un rapide coup d’œil à ses propres vêtements, qu'elle lissa machinalement comme s'ils risquaient d'être contaminés par un terrible virus anti-mode.
Je veux parler du choc entre les valeurs occidentales et les nôtres. Je veux parler de la lutte pour s'intégrer et de la nécessité de préserver son identité et son héritage. Je veux parler de ces enfants qui ne savent pas qui ils sont. Je veux parler de ce terrible combat pour ne pas perdre la raison tout en essayant d'offrir à sa famille ce qu'il y a de mieux.
Tu savais, commença-t-elle, que les humains ont quarante-six chromosomes, les chiens et les poulets soixante-dix-huit, les scorpions quatre et les petits pois, quatorze?
Non, admit Nazneen. Je l'ignorais. C'est quoi un chromosome?
Shahana eut l'air choqué.
Oh, un truc de biologie. Mais ça t'est égal qu'on en ait moins que les poulets?
Cette femme était grosse et pauvre. Pour Nazneen, c'était inconcevable. Au Bengladesh, on ne pouvait être ni pauvre et gros ni riche et maigre.
Ce qu'on ne peut pas changer doit être enduré. Et comme rien ne pouvait être changé, il fallait tout endurer. Ce principe gouvernerait son existence. C'était à la fois un mantra, un état d'esprit et un défi. Ainsi, à trente-quatre ans, après que trois enfants lui furent offerts et que l'un d'entre eux lui fut repris, alors qu'elle avait un mari puéril et un jeune amant exigeant imposé par le destin, quand pour la première fois de sa vie elle se découvrit incapable d'attendre que l'avenir se dévoile et obligée de le forger elle-même, Nazneen fut aussi surprise par sa propre capacité à réagir qu'un nouveau-né agitant son poing serré et se donnant par mégarde un coup dans l’œil.
Bref, tout ce que je voulais dire, c'est qu'on a beau tout tourner et retourner dans sa tête, ça fait aucune différence. Qu'est-ce que j'ai pu perdre comme temps à me tourmenter ! De toute façon, ce qui nous attend arrive quand même. Et nous, on voit jamais rien venir, parce qu'on regarde pas dans la bonne direction.
Pourquoi voudrais-tu sortir ? lançait Chanu. Si tu sors, il y aura au moins dix personnes pour dire : "Je l'ai vue dans la rue". Et je passerai pour un imbécile. Personnellement, je ne vois pas d'inconvénients à ce que tu sortes, mais ces gens-là sont tellement ignorants... Qu'est-ce qu'on peut y faire ?
"Les gens disaient qu'il était simple d'esprit parce qu'il lisait tout le temps. Les livres lui avaient fait perdre la tête, et plus il perdait la tête, plus il lisait ."
" Le bébé était étonnant. [...] La chaleur de son ventre rond pouvait réchauffer Le Monde. Sa tête embaumait comme une fleur sacrée. "