Citations de Murielle Szac (110)
Hermès avait trouvé la clé d'un univers invisible. Seul celui qui sait attendre et regarder peut y entrer.
L’homme ne connaît pas non plus son heure,
pareil aux poissons qui sont pris au filet fatal,
et aux oiseaux qui sont pris au piège ;
comme eux, les fils de l’homme sont enlacés au temps
du malheur,
lorsqu’il tombe sur eux tout à coup.
(Ecclésiaste, 9,12)
Bintou, ton cartable est vraiment trop lourd. Laisse tout dans ton casier. Tu sais, s'ils viennent te chercher, moi, tes affaires je te les ramènerai, n'importe où. Je te retrouverai toujours, partout où ils vous enverront. Ca sert à ça, non, une meilleure amie ?
(...) les Chinois sont inscrits à l'école sous un nom français. Il paraît que leurs parents le font exprès pour qu'ils passent inaperçus parmi nous.
Quand il fait beau, Martin ne joue jamais dans la cour de récré. Il se plante bien au milieu et il regarde le ciel.
Un instant p'tit Louis se demande pourquoi lui a choisi la clandestinité et la résistance, tandis que G... a opté pour la collaboration et la milice. Comment se construit-on un destin de héros ou de traître ?
Un instant les Hébreux se regardèrent, hésitants, presque penauds. Mais l'un d'entre eux se baissa, ramassa une pierre et rétorqua : " Qui es-tu, toi, l'étrangère à la peau noire, pour nous donner des ordres ? Ton mari nous a lâchement abandonnés ? Nous sommes perdus, seuls dans le désert depuis quarante jours. Il faut nous mettre sous la protection d'une divinité. Va-t'en ! " Puis il jeta son caillou en direction de Tsippora.
Les Allemands viennent de commencer l’embarquement. Les yeux sont braqués sur ceux qui grimpent sur le navire. C’est un groupe de résistants venus du village de Keramia qui monte en premier. Un grand-père, coiffé de son sariki noir, un père et ses trois fils, un oncle, tous membres de la même famille, attirent les regards. Ils se tiennent droit, la main posée sur l’épaule de l’autre. L’un d’eux se retourne soudain et chante le premier couplet d’une mantinada :
Oh, mon Dieu, je vous en conjure, changez les cieux
Et alignez toutes les étoiles pour dessiner la forme de la Crète.
Aussitôt un autre poursuit :
Un printemps sans mois de mai j’aurais pu l’imaginer
Mais jamais, au grand jamais, que mes amis trahiraient.
Un troisième enchaîne :
Il y en a qui sont pris de vertige en haut de la falaise
Et d’autres qui, au bord du vide, dansent le pentozali.
Dehors, le ciel vrombit comme une ruche géante. Des centaines d’avions obscurcissent l’horizon. Derrière eux, des planeurs s’avancent, d’où surgissent des centaines de parachutistes.
Mécaniquement, Petros brandit son Rolleiflex pour immortaliser cette image aussi incroyable que terrifiante.
Le ciel est couvert de parachutes blancs.
Au bout de leurs corolles déployées se balancent des hommes surarmés.
L’Allemagne nazie est en train d’envahir la Crète. En un instant, la plaine s’est transformée en champ de bataille.
Ce n’est pas un métier ça, mon fils ! Tu aurais pu devenir médecin, avocat ou même diplomate. Mais photographe ! Une activité de saltimbanque, de traîne-savate ! Et quelle utilité ? En quoi sers-tu la société ?
[...]
Si, maman, ce que je fais est utile, très utile même. Regarde-les comme ils sont fiers. Ils savent que désormais le souvenir de leurs traits, de leur corps, sera gravé à jamais pour leurs descendants. Ils imaginent déjà ce portrait glissé dans la petite boîte en forme d’autel, juchée sur leur tombe, avec une lampe à huile qui brûle en permanence à côté de l’icône, pour éloigner le mauvais œil. Et puis, dès à présent, cette façon de poser crânement, visage austère et farouche, est une manière de dire au monde en ébullition : nous sommes là, nous sommes prêts, nous ne nous laisserons pas faire.
Lutter, résister, chanter.
On n'enferme pas les enfants dans des cages.
Ce que Thésée venait de voir dépassait l’imagination.
Le minotaure était doté d’une énorme tête de taureau, posé sur un corps d’homme. Une longue chevelure broussailleuse lui descendait jusqu’au milieu du dos. Il avait des muscles si saillant qu’on aurait dit une cuirasse.
Malgré sa répulsion, Thésée ne put s’empêcher d’éprouver une sorte de fascination pour le monstre.
Vraiment excellent je l'ai fini en 15 jours, vivement le deuxième volume !
La pire plaie ici, c'est l'orgueil, la démesure, vous le savez bien. Oubliez votre arrogance, votre soif de paraître, et tout ira bien. Car vous êtes désormais les représentants de Zeus pour une compétition sportive dont la renommée s'étend sur toute la Grèce et bien au-delà...
Les hirondelles volent bas sur Rodakino. À cette minute, ce que Yorgos voit, jamais aucun homme ne devrait le voir. Jamais aucun homme ne devrait le vivre.[...]
Yorgos, tétanisé, bloqué dans son arbre, assiste impuissant à cette monstrueuse tragédie. [...]
Les Allemands ne prennent pas le temps de brûler les habitations. Ils grimpent dans leurs camions et déposent des barbelés à l’entrée de Rodakino, signe que le village est devenu une zone interdite.
Et puis le silence.
Et puis la nuit.
Yorgos ne sent plus ses jambes, ne sait plus qui il est. Il descend péniblement de son arbre[...]
Ce qu’il a vu n’a pas de nom.
Ce qu’il a vu n’a pas de fin.
1943
La mort a grimpé par nos fenêtres,
elle est entrée dans nos palais,
elle a fauché l’enfant dans la rue,
les jeunes gens sur les places.
Jérémie, 9, 21
*****
Le coup de cœur de mon fils de 6 ans pendant le confinement !
Pour lui ce fût la découverte de la mythologie grecque et pour moi une sacrée révision...
Très beau livre, nous allons suivre Hermès de près pendant des années ( enfin, dans le livre)