Nalini Singh

Car contrairement à l'autre nuit, Hawke n'avait pas l'air énervé. Sa colère était plus profonde et beaucoup plus froide. Sienna ne s'expliquait pas cette différence...jusqu'à ce qu'ils aient atteint le 4 x 4 et qu'il se penche au-dessus d'elle.
- Tu portes l'odeur d'un autre homme, gronda-t-il.
Le corps de Sienna s'embrase à la sensation de sa chaleur toute proche, mais elle n'avait pas l'intention de céder et de perdre le terrain qu'elle avait gagné.
- Ouais, eh bien, je ne suis pas une louve, mais je suppose que tu portes l'odeur d'une autre femme.
Sans le moindre avertissement, il la mordit, plantant les dents là où son cou rejoignait son épaule. Il sursauta et le sentit lui empoigner les hanches. Elle avait la colonne vertébrale en feu et la peau tendue d'impatience...mais si elle s'abandonnait, c'était terminé. Réfléchis, Sienna, réfléchis. C'était presque impossible avec Hawke qui l'enveloppait et prenait possession d'elle. De la chaleur humide s'écoula entre ses cuisses, et il dilata les narines. Oh, seigneur.
Plus par réflexe de défense que sous l'impulsion d'une pensée rationnelle, elle fit jaillir une ligne de feu de glace à l'endroit où il la mordait.
Il s'écarta en grondant.
- Tu m'as brûlé.
C'était son loup qui parlait, sans l'ombre d'un doute.
Elle porta la main à son épaule et toucha la morsure encore chaude.
- Juste un avertissement. (Elle avait pris soin de ne pas le brûler, juste le menacer.) Je n'aime pas avoir tes dents dans la peau.
Les yeux de Hawke se mirent à luire.
- Menteuse.

- Tu n'as pas à craindre que la meute soit en danger. J'ai parfois peur à l'idée de perdre le contrôle, dit-elle avec une franchise abrupte, mais je passe d'autant plus de temps à renforcer mes boucliers. On a aussi prévu un garde-fou au cas où.
Comprenant que le garde-fou en question risquait bien d'être fatal, Hawke dit:
- Tu penses vraiment que je te laisserais partir comme ça?
Le regard implacable qu'elle lui lança lui donna soudain l'ai d'être beaucoup plus âgée que lui.
- La décision ne t'appartient pas.

- Pourquoi est-on ici ? demanda-t-elle d'une voix glaciale. Pourquoi marche-t-on sous les étoiles en pleine nuit ?
Ses yeux pâles de loup se mirent à luire dans le noir, le regard d'un homme qui avait l'habitude d'obtenir exactement ce qu'il voulait.
- Nous sommes des compagnons de meute. La nuit est belle. C'est aussi simple que ça.
- Foutaises, cracha-t-elle sur un ton brusque, la gorge à vif. Tu me donnes juste assez pour être sûr que je n'arriverai pas à t'oublier, mais jamais tu n'irais à l'encontre de tous tes grands principes. Eh bien, tu peux aller te faire foutre. (Elle avait dit ça tout bas, car elle refusait de perdre son sang-froid devant lui.) Je ne veux pas de tes miettes.
Elle tourna les talons et s'engagea entre les arbres dans la direction qu'elle supposait être celle de la tanière.

Sienna le dévisagea.
- Mince, Sin, Il a clairement indiqué que tu étais à lui/
Elle fut assaillie par le souvenir de son corps ferme d'homme, si proche du sien qu'il aurait pu l'embrasser, de sa voix rauque qui avait caressé ses sens, de ses grandes mains chaudes sur sa peau.
- Non, se força-t-elle à dire, il n'y a rien entre nous.
Hawke ne me permettrait pas.
- Tu es sûre ? (Riordan plissa les yeux.) Le truc, c'est que plus personne d'autre ne va s'approcher de toi maintenant.
- Tu plaisantes ?
Il haussa les épaules et passa une main dans ses cheveux bouclés couleur chocolat noir.
- Il est le chef, chéri. Il faudrait être idiot pour essayer de braconner sur son territoire.
Elle grinça des dentes.
- Je. Ne. Suis. Pas. Son. Territoire.

- Je viens d'apprendre qu'aucun des garçons ne m'inviterait à sortir après la scène que tu as faite à Wild, dit-elle, la gorge sèche. (Le loup se contenta de la regarder sans ciller.) Placarde une annonce sur les murs s'il le faut, mais veille à ce qu'ils sachent que je ne suis pas à toi.
Le besoin qu'elle avait de lui était si violent qu'il lui lacérait les entrailles. Lorsqu'il finirait par coucher avec Rosalie ou un autre compagne de meute, Sienna serait anéantie; elle ne pouvait rien contre ça; mais elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour ne pas avoir à subir l'humiliation d'être publiquement rejetée.
Le grondement qui monta dans la gorge de Hawke lui hérissa les poils de la nuque. C'était un supplice de rester là sans bouger alors qu'elle ne songeait qu'à s'abandonner et se frotter contre lui. Non. Assez. Il compte prendre une amante. Ce rappel mental de ce qu'il projetait pour étancher la soif de contact de son loup fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
- Je suis sérieuse, Hawke.
On ne l'y reprendrait plus à se jeter dans les bras d'un homme qui ne voulait pas d'elle.
- Si catégorique, murmura-t-il sur ce ton calme qui déclenchait chez elle une montée d'adrénaline. (La part primitive de son esprit savait qu'elle était en présence d'un prédateur). Tu as quelqu'un en vue.
Sans bien savoir ce qui lui prenait, elle dit:
- Non. Mais je n'ai aucune intention de mourir vierge.

- Ta fourrure ferait un beau manteau pour ma compagne, dit une voix traînante lorsqu'il s'avança dans la clairière qui entourait la maison de Lucas.
Après avoir gratifié Vaughn d'un doigt d'honneur spontané tandis que la sentinelle aux cheveux ambrés restait dans l'ombre d'un grand genèvrier au tronc d'acajou, Hawke dit:
- Je sens Luc...il est à l'intérieur ?
Il indiqua d'un signe de tête la cabane située sous un autre grand arbre dont les branches soutenaient une aure inoccupée.
- Ouais. Ne songe même pas à entrer.
- Est-ce que j'ai l'air d'avoir subi un lobotomie ?
La compagne de Lucas, Sascha, était enceinte jusqu'au cou. Résultat, les tendances protectrices du chef des léopards étaient devenues meurtrières.

Maria, Cadence et les autres étaient juste en face et acclamaient...
Sienna.
Qui dansait sur le bar.
Avec des bottes de dominatrices et un haut qui contenait à peine ses seins.
Les yeux étincelants, Hawke commença à fendre la foule. Quelques jeunes mâles agressifs se retournèrent pour riposter...et se figèrent, détournant le regard dès qu'ils virent la domination dans le sine. Même les humains comprirent et s'écartèrent en blêmissant de son chemin le plus vite possible.
Il comprit en partie pourquoi José l'avait appelé lorsqu'il vit les humains alignés devant le bar avec une lueur dans les yeux qui disait qu'ils seraient prêts à verser le sang pour posséder cette femme qui dansait avec tant de fougue et de grâce sensuelle. Bien sûr, les SnowDancer l'auraient défendue à coups de poing et de griffe si quelqu'un avait essayé de la toucher, et le bar de José aurait été saccagé en quelques minutes.
Puis il y avait les léopards et les loups qui se jetaient des regards mauvais tandis que des membres des deux meutes flirtaient entre eux. Riordan était surveillé par au moins trois félins qui ne songeaient qu'à l'attaquer, tandis que Lake et Amos ne lâchaient pas le léopard qui dansait avec Ebony.
Tout ça promettait de virer au drame.
Repoussant brutalement les humains assis au bar, il tendit la main et saisit une botte.
Sienna s'immobilisa.
- Descends, gronda-t-il en croisant ses yeux marrons, si quelconques comparés à son véritable regard de cardinale. Tout de suite.
La musique vrombissait toujours, mais tout le monde dans le bar s'était tu.
Sienna n'obéit pas aussitôt, ce qui mit le loup de Hawke dans une colère noire.
- Dernier avertissement, bébé.
- Je n'enfreins aucune règle de la meute, dit Sienna en soutenant son regard.
Chaque personne dans le bar prit une brusque inspiration.
Hawke ne leur accorda aucune attention. Il en avait assez vu. Il tira d'un coup sec et précis et lui fit perdre l'équilibre.
Lorsqu'elle tomba, il la rattrape et la jeta sur son épaule.
- Dehors ! ordonna-t-il aux autres loups en repartant.
Ayant apparemment repris son souffle, Sienna commença à gigoter et à se débattre.
- Lâche-moi !
Elle se figea lorsqu'il lui donna une tape sur les fesses.
- Ne m'énerve pas davantage.
- Brute, marmonna-t-elle dans sa barbe, mais il l'entendit. Tu n'as aucun droit de me punir. Aucun.
Il resserra son étreinte alors qu'ils sortaient dans l'air froid de la nuit.

Emmett partit d'un rire et déposa un baiser sur la tempe de sa compagne.
— Raconte-leur ce que Lucas a dit quand il s'en est aperçu.
— Vous savez que je suis l'assistante administrative de Luc, n'est-ce pas ? (Ria attendit qu'ils hochent la tête pour poursuivre.) Quand il s'est rendu compte que j'étais enceinte, il m'a passé un savon.
Andrew cligna des yeux.
— Tu es sérieuse ?
Les félins adoraient les enfants autant que les SnowDancer. Il n'imaginait pas que le chef des léopards ait pu être contrarié par un tel événement.
— Eh oui. Il m'a demandé ce qu'il allait devenir quand je prendrais un congé maternité. (Ria attendit une seconde avant de leur révéler le dénouement de l'histoire.) Puis il m'a dit de mettre les pieds sur la table et ne m'a même plus laissée tenir une agrafeuse, jusqu'à ce que je menace de lui donner un coup sur la tête avec.
Indigo éclata de rire.
— Combien de fois t'a-t-elle menacé depuis que tu sais ? demanda-t-elle à Emmett.
— Juste une vingtaine, répondit-il en se fendant d'un lent sourire.

- Je suis vraiment brisée, Max. (C'était l'ultime secret, l'ultime vérité.) Je peux faire semblant d'être normale, mais je ne le suis pas. Je ne le serai jamais.

J'ai été assez souvent en relation avec des hommes humains pour remarquer que vous semblez être atteints d'une inaptitude congénitale à fonctionner quand une femme est au volant, et j'aimerais autant que vous concentriez toute votre attention sur notre affaire.

Des vapeurs brûlantes vinrent lui lécher la peau quand il éclata de rire à une plaisanterie de l’un de ses amis. Le son de sa voix était une caresse sensuelle et ténébreuse.

-Tu m’as tenu la main pour que je ne sois pas seul, assena-t-il d’une voix rauque. Tu m’as protégé quand j’étais seul et brisé, même si tu avais été maltraitée autant que moi. Tu as plus de courage, d’espoir et de générosité au fond de toi que la plupart des gens de cette planète.

-Je te révèle l’étendue de mes dégâts, Canto… La Payal que tu vois, c’est la Payal que j’ai construite à partir des ruines de celle que j’étais jadis… Ma personnalité ne tient que grâce à une colle précaire qui pourrait lâcher un jour.

-Je vais te submerger, le prévient-elle. Je vais prendre et prendre encore.
-Prends autant que tu veux. (Il referma la main sur sa queue-de-cheval tandis que son goût changeait la faim de Payal en addiction.) J’en aurai toujours plus pour toi.

- C'est quand les gens pensent qu'ils n'ont pas voix au chapitre que les problèmes surviennent.

Ce fut à ce moment que l'enfant leva les bras, un sourire radieux aux lèvres.
Zaira n'avait jamais affaire à des enfants. Pas même des enfants Flèches.
- Qu'est-ce que je suis censée faire ? demanda-t-elle à Aden.
- Prends-la dans tes bras.
- Comme un sac de matériel ?
- Un peu plus délicatement.
Alors même qu'il disait ça, Aden se déplaça et s'accroupit devant la fillette.
- Que dirais-tu de moi, plutôt ?
Il ouvrit les bras et l'enfant s'y jeta.
Pas le moindre instinct de survie, estima Zaira.

Nous ne cherchons pas à dissimuler la fracture, mais à la respecter, car elle est une partie intégrante du caractère de l’objet, précieuse pour l’histoire qu’elle raconte. »



Tomoko Aoki, maître kintsugi

« Ç’aurait dû être irritant, mais il se trouvait qu’elle n’avait rien contre son regard insistant. Cet homme rendait la femme aussi vorace que la louve. D’autant qu’il continuait de l’observer ainsi après qu’elle lui avait montré ses griffes… Soit il ne connaissait pas la peur, soit c’était un fou qui n’avait aucun instinct de conservation.

Car oui, elle l’éventrerait s’il le fallait. »

« Comme ça avait été stupide de sa part de s’imaginer qu’Alexei pouvait être à elle.

Il était une créature de ce monde, une créature de lumière. Elle était un cauchemar. »

- C'est comme une maladie qui traverse les frontières des espèces et ne touche que le sexe masculin... Se servir de la serviette, puis la laisser par terre, marmonna-t-elle à Hex alors qu'elle entreprenait de sécher les cheveux de l'ennemi.