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Citations de Nancy Huston (1129)


Grand-maman dit que je m'abime les yeux à force de lire et que j'aurai bientôt besoin de lunettes (c'est-à-dire qu'ils devront m'acheter des lunettes), mais au moins quand on lit les gens ne viennent pas vous frapper avec une règle, on peut se perdre dans la page et peu à peu le monde s'efface.
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J'aime beaucoup tenir la main de p'pa quand on traverse la rue, d'ici un an ou deux je serai trop grand pour le faire alors je veux en profiter autant que possible.
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La prière, c'est un peu comme une conversation privée entre soi et Dieu sauf qu'on n'entend pas les réponses, il faut juste y croire.
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Je voulais te poser une question, dit Leonid.
- Hm ? dit Sean
- Où est-ce que tu achètes tes chaussettes ?
- Mes chaussettes ?
- Oui... Elles ont l'air de bonne qualité. Elles le sont ?
- Celles-ci ? Euh... c'est à dire...
- Tu vois, parce que je ne sais plus comment faire. Je n'arrive pas à m'habituer à l'idée que les chaussettes de bonne qualité n'existent plus. Ça me donne le cafard. Tu achètes une paire de chaussettes, tu les mets deux, trois fois et voilà que ton gros orteil sort au bout. Je suis prêt à payer plus cher, à condition qu'elles tiennent plus d'une semaine.
- C'est sûrement un complot capitaliste, dit Sean un peu distraitement.
- Ça me met hors de moi ! insiste Leonid. Je vais au supermarché, j'étudie les étiquettes sur les chaussettes et tu sais ce que je vois ? "Acrylique majoritaire." C'est une tragédie, Sean, tu te rends compte ? Ils n'essaient même plus à nous rassurer avec du coton ou de la laine : non, "acrylique majoritaire" ! Si c'est ça le seul ingrédient qu'ils osent avouer, on se demande ce qu'il y a d'autre là-dedans !
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...les spectateurs raffolent d’images pleines de gore et d’hémoglobine ; ils ricanent pendant que des gens se font décapiter ou couper en mille morceaux, se curent le nez pendant que des bombes réduisent des villes en cendres ; nombre d’entre eux se délectent aussi de voir des fillettes sauvagement violées par des hommes adultes ; mais, ça a beau être une des formes de violence les plus répandues sur la planète, une femme qui frappe un petit garçon les fait se tortiller sur leur chaise… Bizarre, eh? (p. 101)
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Les violents changements induits par l’exil vous replongent dans l’immaturité et la dépendance de l’enfance, vous transforment en un imbécile marmonnant, hésitant et balbutiant, incapable de gérer sa propre vie. (p. 244)
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Adam a le droit de nommer les animaux, les animaux n’ont le droit de nommer personne, les Beiges ont le droit de nommer les Marrons…
Les Marrons, interjecte Felisa, avaient le droit de nommer leurs enfants, mais seulement de façon provisoire. Chaque fois que l’enfant changeait de propriétaire il recevait un nouveau nom. D’où Malcolm X, bien sûr. 
Les femmes elles aussi […] devraient toutes s’appeler X. Jusqu’à tout récemment, elles aussi devaient changer de nom en changeant de propriétaire. À la naissance elles portaient le nom de leur père, plus tard celui de leur mari. 
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... un million de fois par an des touristes mâles en provenance du Canada (ou d’Europe ou d’Asie mais surtout du Canada) glissent quelques pesos dans la main de gamins cubains des deux sexes pour avoir le droit de pomper leur semence dans leur corps affamé. 
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Absorbés dans la lecture d'un roman, nous sommes plus moraux que lorsque nous agissons en citoyens, en parents, en époux ou en fidèles d'une Église. Tous les événements se déroulant dans le secret de notre âme, nous ne sommes pas menacés par ces êtres verbaux que sont les personnages. Nous les écoutons, souvent, avec plus de tolérance, de curiosité et de bienveillance que les êtres de chair et de sang qui nous entourent -- et non seulement nous leur pardonnons leurs faiblesses, nous leur en savons gré !
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La prière, c'est un peu comme une conversation privée entre soi et Dieu sauf qu'on n'entend pas les réponses, il faut juste y croire.
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Elle s’accrocherait à n’importe quoi Saffie. Emil est son prétexte, son alibi, le sine qua non de ses amours avec Andras. Emil est leur otage.
Que pense-t-elle faire dans trois ans ? Elle n’y pense pas. La vie dans l’amour fou est une série de maintenant, étayée par un passé soigneusement censuré et par un avenir nébuleux.
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il vérifie la liste d’ingrédients pour sa propre contribution au repas. De l’ananas frais (il l’a acheté en boîte), des fraises fraichement cueillies (il les a acheté surgelées), un demi-litre de rhum, un demi-litre de jus de citron, un tiers de litre de jus d’orange, un quart de litre de grenadine, deux bouteilles de cognac et deux litres de Canada Dry. Il a envie qu’à la fin de la soirée tous ses invités sans exception soient imbibés – même Beth la vertueuse, Beth l’abstinente – et rien ne vaut le punch pour la consommation involontaire de grandes quantités d’alcool.
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Les hommes au salon avec la bouteille de whisky, les femmes à la cuisine avec les casseroles, tant pis si c’est un cliché, se dit Sean, au fond tout le monde est très heureux comme ça.
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"J'adore les livres où quelqu'un meurt. Je rêve que ma mère meurt et que des centaines de gens viennent à ses funérailles, grand-maman et grand-papa se tiennent au bord de sa tombe, l'air affligés, et je leur dis : "Mais pourquoi vous n'étiez pas plus gentils avec elle quand elle était vivante?""
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Le couple que forment les parents, écriras-tu dans ce texte, même dans les cas les plus banals, d'une vie conjugale stable, moyenne, médiocre, prévisible, est de toute façon perçu par l'enfant comme une alliance de créatures surhumaines et toutes-puissantes. Que le malheur y fasse irruption, que l'anomalie grave s'y produise, et cela devient grandiose: c'est le combat des Titans; la guerre des Centaures contre les Amazones; Héra et Zeus dont les chamailleries retentissent à travers les cieux; le meurtre d'Agamemnon par Clytemnestre; le suicide de Jocaste... s'ouvrent alors, béants devant l'enfant, les grands espaces vertigineux de la mythologie.
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Tu sais comment fonctionne un film : les dix premières minutes, le public est infiniment tolérant et acceptera tout ce qu'on choisit de lui montrer ; après, on a intérêt à faire sens.
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Jamais il n’a rencontré une femme comme celle-ci : une femme qui, rien que pour s’amuser, est prête à copuler avec un parfait inconnu, sans promesse de deuxième rencontre, sans déclaration de respect, sans certificat de bonne santé, sans engagement d’aucune sorte, sans culpabilité, sans amour… bref, sans rien.
Et donc… eh bien… rien. 
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Les morts sont les invisibles, mais ils ne sont pas les absents.
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La dépaysée ----Eté 2016

En effet, à force d'avoir vécu dans (...) des lieux nombreux et variés, je perds progressivement ma capacité d'être patriotique. (...)
Comme moi, Gary [Romain] a connu un nombre inhabituel d'identités nationales, et, bien sûr, ceux qui changent trop souvent de casquette finissent par se sentir nu-tête. dans -La Promesse de l'aube-, Gary exprime cela à sa façon inimitable, par le paradoxe : "Mon égocentrisme est tel que je me reconnais instantanément dans tous ceux qui souffrent et j'ai mal dans toutes leurs plaies". (p. 42)
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Dans le noir quasi-total de sa cabine exiguë, sous le pont du navire secoué par les tempêtes de la fin novembre, au long des neuf jours et neuf nuits que dure l'interminable voyage de Liverpool à Québec, Neil vomit. Il rend Trinity College, la reine Elizabeth, la reine Victoria, le roi Edouard VII, le roi George V, et Billy Walsh l'archevêque de Dublin. Il rejette le square Saint-Etienne et la mort de son cousin Thom. Il se débarasse de Daisy, Dorothy, sa mère, son père, sa vie d'avant, son soi d'avant, et jusqu'au nom Kerrigan. C'est d'ailleurs un nom qu'il fait bon prononcer en gerbant; il ressemble déjà à un bruit d'expectoration.
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