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Citations de Nathalie Azoulai (283)


En anglais, dit-elle une fois, le mot « fair » signifie blonde et belle, il suffit de regarder Miriam Hopkins ou Marlene Dietrich, ajoute-t-elle. Les regarder où ? demande-t-il pour qu’elle aille fouiller dans sa pile de magazines et revienne bredouille en disant qu’elle a surtout gardé ceux des années 1940 sans qu’il ose lui demander ce qu’elle a fait des décennies précédentes et des suivantes.
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De toute façon, quand on coud, on ne peut pas lever les yeux. Elle ajoute que c’est une drôle de coïncidence que la livraison ait lieu le même jour que la naissance du bébé sans oser lui demander ce qui le met le plus en joie.
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Sa mère ne regarde pas tant les appareils que les autres garçons de son âge qui déambulent entre les rayons. Il sait que, où qu’elle soit, elle le compare, cherche à vérifier s’il est comme eux, ou différent. Seuls ses cheveux le distinguent, quelques vaguelettes crépues qui ondulent sur le haut de son crâne qu’elle lui fait normalement couper court, à ras, avant même qu’elles ne se reforment. Si, de loin, elle peut imaginer qu’il a une chevelure aussi souple et soyeuse que les autres, des mèches où jamais le peigne n’accroche, il suffit qu’il s’approche pour qu’elle aperçoive les repousses briser l’illusion.
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Il sait qu’au seul nom d’amazone, sa mère voit toujours apparaître des images de cinéma, des crinolines à flanc de cheval. Son visage s’illumine un instant, doux et indulgent, comme le sien. Elle préfère de loin cette comparaison à celle qu’il emploie certains jours quand il traite sa sœur de culbuto.
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Je pense encore à ce trajet qui les ramène vers Paris, à ces mois, ces années qui nous séparent de notre prochain dîner, à nos vies qui auront le temps de creuser leurs différences.
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Une nouvelle pensée tonne dans l'esprit de Jean : les créatures de Dieu se battent, s'entre-tuent pour des villes et des royaumes, mais elles peuvent également s'attirer violemment comme les roches de Magnésie.
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Le maître n'ose pas dire que les récitations de Jean sont différentes des autres mais quand il l'écoute, il est happé par un vent de coton.
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Quand il traverse le parc tout seul, il regarde les arbres comme des vigies silencieuses, une forêt de bras graciles auprès desquels se blottir, se réfugier quand le soleil ou la plage tape trop fort.
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Car les mots sont pareils à la terre, ils sèchent quand ils sont trop remués, perdent en sens et en force, ont besoin de toujours plus de mots entre eux pour signifier. Il se demande ce que seraient des mots frais puis, las de tant de confusion, enfouit cette question dans un coin de son esprit et s'endort.
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Le sang est rouge, les labours marron, répond Hamon, on ne change pas la perception générale que Dieu a donné aux hommes, c'est source de désordre.
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Jean écoute la leçon comme une explication du monde, simple et tranquille. Il note tout. Il aime sentir le respect absolu que les règles éveillent en lui. Les règles séparent, ordonnent et nomment. La voix du maître est si douce, si bienveillante. La grammaire coule sur lui comme un serment d'affection, plus doux et plus nourrissant que tous les sermons.
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Officiellement, elle veut quitter son temps, son époque, construire un objet alternatif à son chagrin, sculpter une forme à travers un rideau de larmes.
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Jean trouve l'expression cruelle. Comment une langue peut-elle mourir ? [...] Il tempère sa frayeur, ne constate aucun trouble chez les autres enfants, espère que les mots comme les âmes sont capables d'immortalité.
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Et son héroïne sera grecque.
Les Grecques sont mieux reliées aux dieux, sans compter qu'elles disposent du Minotaure, de l'espace fou du labyrinthe où les âmes se perdent et s'entortillent à leurs démons.
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Un matin, il décide qu'aller voir la mer le distraira. Il galope longtemps, le regard fixé sur l'horizon.
C'est un drapé bleu et vert qui se soulève de part en part, une nappe qu'on a dressé sur les confins pour que les hommes circulent, voyagent, se rapprochent, s'éloignent, ou se perdent.
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Il déteste le temps parce qu'il use l'amour et le chagrin de l'amour
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C'est un succès et une surenchère de calomnies. Ce n'est pas de l'amour, vous ne nous aviez pas habituées à cela, se plaignent les dames. Vous empoisonnez les âmes, l'invectivent les messieurs. Une autre tragédie talonne la sienne, celle de Quignault, toute grouillante de vers, battue de courants d'air. Les caractères sont ineptes, ajoute Nicolas, tandis que chaque fois que votre Phèdre à vous meurt, c'est toute l'âme humaine qui s'amenuise.
Personne ne voit qu'il a tissé ensemble culpabilité et innocence pour qu'au sommet du péché son héroïne ait une chance de salut. Ce sentiment qu'il a eu de gravir une montagne en poussant l'antithèse jusqu'au bout, en faisant de sa Phèdre le plus ardent des oxymores, il est seul à le concevoir et à l'éprouver dans cette débâcle, cette fatigue qui l'ensevelit. Partout on encense ses vers, mais on blâme son goût du vice, de l'inceste et du mensonge.
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Et, comme sensible à ce chant qui monte dans le secret de son cabinet, sa fille préférée lui demande un matin d'entrer à l'abbaye. Elle y fait un premier séjour puis un deuxième, plus long, annonce que c'est là qu'elle veut prendre ses voeux. Jean s'en réjouit. Pendant des mois, il intrigue pour rétablir le noviciat, espère revivifier l'abbaye grâce à elle. Désormais, quand il s'y rend, sous ses yeux se rejoignent les deux extrémités de sa vie, son enfance et son enfant. Dans la pénombre du parloir, le visage de sa fille est si clair, son regard si fébrile, et celui de sa tante, si sombre mais si serein. Entre les deux, il voit le trajet d'une planète en révolution ou le mûrissement d'un fruit que rien d'autre que l'amour de Dieu ne viendra mordre, le seul amour qui dure et ne blesse pas. Il veut cet amour pour sa fille, et pour toutes ses soeurs, l'inverse de celui qu'il a donné en pâture à ses héroïnes et qu'elles ont déchiqueté jusqu'à l'os.
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Cyniquement, elle aurait presqu'envie d'ajouter qu'il n'y a pas de mort, rien que des preuves de mort. p. 311
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Jena trouve l'expression cruelle. Comment une langue peut-elle mourir ? [...] Il tempère sa frayeur [...], espère que les mots comme les âmes sont capables d'immortalité. p. 39
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