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Citations de Nathalie Azoulai (283)


Mais j’ai lâché Anna Karénine, je l’ai lu avidement jusqu’à la page 350 et je me suis arrêtée tout net. Je n’arrive pas à le reprendre, je ne peux plus lire que la moitié d’un roman épais. J’entends souvent que les gens n’ont plus le temps pour ça mais si on fait le calcul, ils passent des heures devant des séries, à commencer par moi qui cède à ce loisir paresseux. C’est une question de cerveau, pas de temps, et de motivation, comme si l’idée que les romans ne disent plus le monde s’installait dans nos esprits. C’est une malédiction car le désir d’écrire, lui, ne disparaît pas et augmente même avec l’espérance de vie (après la retraite, les gens ont du temps pour ça). Mais la littérature, elle, a peut-être l’avenir d’un artisanat très rare comme la glyptique ou la plumasserie, bonne à ne plus fournir qu’une clientèle triée sur e volet. Si au moins elle avait le savoir-faire des luthiers, indémodable, indispensable et modeste, mais non, même pas.
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Sa mort a déclenché en moi un vrai siège à l’intérieur duquel le chagrin sinuait à peine. J’ai pensé que c’était l’affairement, toutes ces choses à organiser sous le choc, les membres gourds, l’œil perpétuellement rivé sur tout ce qui avait pu m’échapper : je bougeais, je parlais, mais tout était ralenti, mes pieds étaient pris dans la glace, ça ramait, ça n’avançait pas.
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Titus mange goulûment. Il a une faim proportionnelle à l'énergie que lui demande ce moment. Bérénice ne touche pas à son plat. Elle reste immobile, le regard fixé sur son assiette. Puis elle pleure.
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"Des petits sons, des mots, des gestes agacés, des mouvements de tête erratiques puis soudain, une impulsion plus longue, ample, balancée, qui déroule la question: De quelle patrie sont- ils vraiment les patriotes ?"
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Mais au-delà de ces tautologies de salon, Jean éprouve d'autres sensations lorsqu'il compose; parfois entre les paquets de vers galants qui lui viennent ensemble, la mécanique ralentit et laisse arriver un alexandrin plus singulier, plus libre, tête nue dans le vent.

Mon âme loin de vous languira solitaire.
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Nathalie Azoulai
Il déteste le temps parce qu'il use l'amour et le chagrin de l'amour.
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Primo, dans ma classe, il y avait trop de filles, des filles partout, des filles tout le temps. Avec leurs drames permanents, leurs dialogues maniaques, il m’a dit, je lui ai dit – pourquoi les filles restituent-elles les échanges avec un tel détail quand les garçons les résument ? – leurs allures de grappes sur les marches, les bancs dans la rue, leurs voix aiguës.
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Les plus belles femmes le pressent (Jean Racine) de confidences. Parfois crues, comme celle qui lui dit que les séparations sont bien moins majestueuses dans la vie que dans sa pièce, qu'elles n'ont pas cette harmonie grave, qu'elles sont stridentes, crèvent les tympans, une personne qu'on quitte est une personne qu'on désosse et qui couine de toutes parts, dont on déchire les plus tendres cartilages, sans ordre ni méthode.
N'est-ce pas plutôt le cœur qu'on nous arrache suggère-t-il
Non...non... ce sont les os répond-elle.
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On dit qu'il faut un an pour se remettre d'un chagrin d'amour. On dit aussi des tas d'autres choses dont la banalité finit par émousser la vérité.
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Il y aura dans sa voix la douceur d'un rayon de miel minuscule, éphémère, fragile, et tout autour, les terres vastes et désolées de l'abandon.
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Un jour, elle n'aura plus d'enfant parce qu'elle ne pourra plus en avoir....
Trop vieille, trop exangue...
Cette idée la meurtrit. Son allure se ralentit. Sauf que, cette fois-ci, cette une lenteur d'agonie
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Il n'a qu'une ambition, celle de composer des vers qui plaisent et qui restent. A l'idée de naissance ou de providence, il doit résolument substituer celle de carrière. Le verbe plaire entre dans son vocabulaire.
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Une journée type (d'une mannequin) :

- Lever 4h
- Départ de Suède, avion 5h30
- Arrivée à Paris 8h30
- Une voiture l'attend pour l'emmener sur le shooting.
- Coup de téléphone du booker pour lui dire qu'elle est en retard
- Arrivée 9h30 sur le set, place de la Concorde, dans un camion loge: tout est prêt et tout le monde l'attend.
- 9h35 début de la coiffure
- 10h15 début du maquillage
- 11h première image juste pour vérifier la lumière: la coiffure ne va pas.
- 11h05 retravail de la coiffure
- 11h20 fitting, en string dans le camion glacé place de la Concorde, oops, le réalisateur du making of entre dans la loge quand elle est toute nue ! Ses chaussures sont trop petites, pas de collant, il fait 8° dehors.
- 11h40 début du shooting: micro-robe, du vent, elle marche plus vite, moins vite, trop vite, elle s'arrête, elle ne comprend pas le photographe qui hurle, elle est loin, elle a froid, la styliste ajuste ses vêtement, l'heure tourne, une image, deux images, il faut se dépêcher...
On lui demande son âge, 17 ans, elle ne comprend rien à ce qui se dit pendant tout le shooting puisqu'elle ne parle pas la même langue que l'équipe. Livraison de sandwhichs, elle grignote seule dans son coin avec son Blackberry en jouant à des jeux vidéos. Son booker l'appelle: après son aller/retour à New York, elle doit aller directement à Londres. Elle ne dormira pas chez elle avant quatre jours si tout va bien.
- 14h30 re-maquillage, "petites retouches"
- 14h45 retouches coiffure
Et rebelotte, des chaussures trop petites, 8°C, vent, pluie, "smile, not a big smile, a tiny smile, chin down, your hands up, be careful, slow down..."
- 18h30 une voiture l'attend
- 20h30 destination Roissy, départ pour New York.
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La gloire des filles de Port-Royal, ces vierges sages, vient du sang du Christ, poursuit-il.
Je ne comprends pas, dit Jean.
Dieu les a dotées par cette saignée spontanée d'une compréhension supérieure à la nôtre. Elles savent chaque mois ce que signifie perdre son sang. Pas nous.
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Un matin, il décide qu'aller voir la mer le distraira. Il galope longtemps, le regard fixé sur l'horizon.
C'est un drapé bleu et vert qui se soulève de part en part, une nappe qu'on a dressée sur les confins pour que les hommes circulent, voyagent, se rapprochent, s'éloignent, ou se perdent. Comme Ulysse. Plus que les forêts, les plaines, les vallées, la mer le rend sensible à l'idée de bords. Les histoires ne sont jamais plus belles, se dit-il, que lorsqu'elles se tendent d'un bord à l'autre, lorsque les mers séparent.
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Et quand ils se voient - de moins en moins rarement - il semble à Jean désormais qu'entre les gestes et les regards du protocole serpente un autre regard venu de plus loin, de dessous les circonstances, d'un pays où ils ont le même âge, la même valeur, tous deux aux commandes de leurs troupes : ainsi le poète puise-t-il un peu de bravoure chez le capitaine, tandis que le capitaine, de cet or sans poids ni couleur que manie le poète. (p. 203-204)
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Nathalie Azoulai
Au hasard, elle a tout juste 17 ans, l’année scolaire commence à peine. Le professeur finit d’écrire un énoncé au tableau. « Trouver une fonction à valeurs réelles, continue sur un ensemble dense dans R et discontinue sur un autre ensemble dense dans R. » Il pose sa craie, se retourne, dit, c’est difficile, je vous laisse deux minutes… si quelqu’un a une idée… qu’il lève le doigt. Il ajoute qu’on peut distinguer entre les rationnels et les irrationnels. Elle fixe l’énoncé blanc en plissant légèrement les yeux, elle entrevoit quelque chose, ne bouge pas. Puis ça va très vite comme chaque fois mais, à cette vitesse, elle doit opposer tout le calme, toute la lenteur dont elle est capable. Elle griffonne sur son cahier sans trop déplacer son poignet puis repose son crayon. Quelques secondes encore, elle suit les contours d’une tache sur la table, dans un sens, puis dans l’autre sens, et lève le doigt. Le professeur se hisse et se tortille pour apercevoir la personne au bout de la seule main qui se lève, loin derrière toutes les rangées. Adèle serre les dents, ne baisse pas sa main, pense aux gesticulations d’un suricate dans le désert. Combien de têtes aux cheveux courts et aux oreilles dégagées avant la sienne ? Combien de nuques ensuite qui vrillent quand il dit, Mademoiselle… ? Prinker, Adèle Prinker, répond-elle en deux temps, comme Bond, James Bond. Eh bien, mademoiselle Prinker, venez donc au tableau, ordonne le professeur, pour ainsi dire navré.
In Dans les Jupes de son Père, Le Monde 04 août 2020
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[...] Racine, c'est la France.
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Racine, c'est le supermarché du chagrin d'amour.
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Elle trouve toujours un vers qui épouse le contour de ses humeurs, la colère, la déréliction, la catatonie...Racine, c'est le supermarché du chagrin d'amour, lance-t-elle pour contrebalancer le sérieux que ses citations provoquent quand elle les jette dans la conversation.
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